Lúthien Nylaathria

Lúthien est née dans une petite cité Elfe secrète au cœur d'une forêt bien protégée par divers charmes destinés à perdre les visiteurs non désirés. Lúthien se passionna rapidement pour les créatures magiques et l'invocation, et devint une magicienne assez douée. Elle avait beaucoup d'imagination (un peu trop selon les anciens) et se passionnait pour les divers contes et histoires. Elle avait beau pouvoir entrer en contact avec d'autres mondes, sa seule envie finit par être de savoir ce qu'il y avait dans ce monde-ci, au-delà de la forêt. On l'avait prévenue de l'existence des chasseurs de sorcières, de vicieux humains persécutant tout les représentants de la magie. Mais elle ne put s'empêcher d'aller jeter un œil à ces "humains". Malgré les interdits, elle se mit à espionner régulièrement les villages alentours, ne trouvant nulle trace des terribles créatures qu'on lui avait décrites...
Et puis un jour, ce fut comme dans les contes que ces humains racontent. Lúthien tomba sur un humain égaré dans la forêt par les charmes des elfes. Un jeune seigneur, qui avait probablement poursuivi une biche jusqu'à perdre son escorte. Lúthien ricana, le gibier, lui, savait qu'il était en sécurité chez les elfes. Elle observa un moment le jeune homme tourner en rond en pestant. Voyant la nuit tomber, elle finit par avoir pitié et se montra. Elle rit devant les yeux écarquillés du chevalier qui semblait avoir vu un fantôme. "Je suis une elfe, humain, pas une dame blanche ou une banshee ! Viens, ton chemin est par là". Elle guida vers la lisière de la forêt le jeune homme qui s'avérait être le compte Adalric de Fenoyl. Celui-ci ne partit pas avant demandé à la jeune elfe comment ils pourraient se revoir.
Ils se revirent. Certes, leur attirance naquit d'une sorte de fascination, chacun était pour l'autre une légende ayant pris corps et ils s'enorgueillissait d'être un pont entre des peuples que l'histoire opposait. Mais ils apprirent aussi à se connaître et s'aimer pour eux-mêmes. Malgré la désapprobation de ses parents, Lúthien épousa le compte Adalric. Elle eut un fils, Edwin, et une fille, Lison. Elle fut heureuse quelque temps, et eut la joie de voir ses enfants devenir de jeunes adultes. La magie était bien tolérée dans le royaume et elle espérait améliorer encore la situation, construire un monde où la magie pourrait cohabiter avec l'homme. Hélas, ce projet n'était pas du goût de tous. Alors qu'une paix sereine semblait promise au Compté de Fenoyl, seigneurs et nobles voisins anti-mages s'allièrent pour faire avorter la lignée de métisses qui croissait au château de Fenoyl. La famille fut attaqués par des assassins Yamilo, seule Luthien en réchappa, grâce à une téléportation désespérée.
***
Non, ils ne pouvait disparaître, pas si vite ! C'était impossible... Lúthien était agenouillée devant les cadavres, elle hurlait sur quiconque osait s'approcher. Elle s'enferma dans la pièce et commença à murmurer des invocations malgré sa gorge nouée. Elle se mit à chercher dans d'autres plans les âmes de ses enfants et de son bien-aimés. Les servants qui osaient jeter un œil par la serrure n'osait croire à ce qu'ils voyaient. La rumeur commença à courir dans le château que l'elfe sorcière était devenue folle.
Pendant des jours, Lúthien fouilla les royaumes parallèles : les champs d'émeraude et les collines dorées, les portes de la lune et les neufs enfers, la maison du savoir et les abysses... en vain. Désespérée, elle finit par visiter un ange. Au milieu des nuages éclatants, l'être céleste était impassible, il la dominait de toute sa hauteur et de ses ailes déployées. Quand elle présenta sa requête, elle se sentait aussi naïve et vulnérable qu'une enfant. L'ange la regarda d'un air à la fois hautain et bienveillant. "Nul ne peut changer l'équilibre." Dit-il de sa voix de métal. Il leva la main vers Lúthien et la renvoya brutalement dans son plan. Quand Lúthien reprit ses esprits, elle vit qu'elle avait été projetée à l'autre bout de la pièce. Un peu de sang coulait de son nez. En face, les morts était toujours là, immobiles. Elle s'approcha à quatre patte, misérable. Ses mains tremblantes caressèrent les visages mutilés de ses enfants, ses lèvres effleurèrent les lèvres de marbre de son amant, puis elle sortit, laissant enfin les prêtres et les servants préparer la crémation.
Alors qu'elle regardait les bûchers, Lúthien ne pouvait maintenant penser qu'à la vengeance. Dans les mois qui suivirent, elle traqua et élimina avec méthode tout ceux qui avaient trempé dans le complot et lui avait volé son bonheur. Les Yamilos qui avaient été engagés furent difficile à trouver mais elle y parvint. Ils étaient aussi plus puissants et lui firent cadeau de quelques cicatrices. En échange Lúthien leur offrit simplement la mort.
Quand tout cela fut fait, elle laissa les humains à leurs stupides guerres de succession fratricide et retourna vers les siens. Pourtant, le sang versé n'avait suffit à apaiser sa rage, elle avait toujours soif de combattre les ennemis de la magie. Elle s'engagea alors dans l'armée elfique sous les ordres de Aldaril Eressar. Au fil des combats, sa colère refroidit et Lúthien s'assagit quelque peu. Elle gravit les échelons et devint capitaine. Au fil des batailles, elle apprit à connaître Aldaril qui malgré son rôle, pensait que l'avenir des elfes était la cohabitation et le métissage avec les autres races. Grâce à lui, Lúthien se rappela qu'elle aussi avait un jour cru à ce monde idéal ou mages et non mages pourraient vivre en paix.
A la fin de la guerre, Lúthien retourna dans sa forêt natale. Elle entra dans la clairière où elle venait si souvent dans sa jeunesse, elle s'agenouilla près de l'arbre sacré pour prier, et alors seulement elle se mit à pleurer son mari et ses enfants. Ayant connu tant de combats et de blessures dans sa chair, Lúthien pensait connaître la souffrance et savoir la surmonter, mais la douleur qui déchira alors son cœur dépassait tout ce qu'elle avait connu. Elle comprit alors que pendant toutes ces années, elle n'avait fait que revêtir d'acier des blessures encore à vif. Effondrée sur la mousse, elle suffoquait dans ses sanglots et pensa mourir de chagrin. Mais elle ne mourut point. Lúthien se releva en essuyant ses larmes, l'arbre et la clairière n'avait pas bougé, elle marcha doucement vers la maison de ses parents. Elle ne pensait pas y trouver autant de bienveillance, et c'est pourtant dans cette maison que sa douleur laissa peu à peu place à la tristesse puis à une douce nostalgie.
Elle se consacra alors au perfectionnement de ses arts magiques. Elle chercha la sagesse et la connaissance auprès des érudits vivant au plus profond des forêts, explorant d'autres plans, vivant au-delà du temps et de l'espace, communiant avec les puissances élémentaires et les créatures d'outre-monde. En visitant le monde flottant, Lúthien fit la connaissance d'un étrange renard au pelage flamboyant. Il était toujours là lorsqu'elle visitait ce plan, il semblait curieux. Parfois, il la guidait dans son monde vers des lieux secrets : des forêts d'érable rouges, des statues de pierres se reflétant dans de petits lacs, des forêts humides peuplées d'esprits lumineux... Au fil du temps, une étrange complicité naquit entre Lúthien et la créature, le renard de feu nommé Kyukon. Lúthien commença à invoquer le renard dans son monde. Plutôt qu'une convocation, c'était une invitation, que la bête acceptait volontiers. Ils se rendirent visite ainsi régulièrement jusqu'à ce qu'un jour Kyukon lui fasse comprendre qu'il souhaitait rester avec elle. Lúthien ouvrit alors un passage entre leurs monde et exécuta le rituel d'appel. Kyukon traversa d'un saut guilleret le portail et vint se placer dans le cercle devant Lúthien, devenant ainsi son familier.
La vie de Lúthien pris un nouveau tour lorsqu'elle reçut un message d'Aldaril Eressar. Il parlait d'une cité, un havre pour les créatures magique, un havre menacé qui avait besoin de protection. Aldaril l'invitait à devenir protectrice de cette cité. Ce message ravivant en elle l'idéal d'une cité où la magie pourrait vivre au grand jour, Lúthien accepta. Elle fut protectrice de la cité pendant un temps, puis, l'académie manquant d'enseignants, elle accepta le poste de professeure d'Etudes des Créatures Magiques et Invocations.
Aujourd'hui Lúthien vit dans l'une les ailes de l'académie, enfin, la porte de son refuge s'y trouve. Le visiteur pénétrant dans ces appartements n'y trouvera qu'un salon meublé à la mode du moment, et une petite chambre avec un lit à baldaquin sans rien de particulier. Il remarquera toutefois un étrange tableau représentant une forêt dans un style à la fois fantastique et étrangement réaliste. Celui qui le regarde assez longtemps pensera voir les feuilles onduler lentement en faisant apparaître et disparaître des taches de soleil sur la mousse, il croira voir le ruisseau scintiller ou devinera une maison dans la cime d'un arbre au loin. Puis il pensera avoir rêvé. Ce lieu existe bien pourtant, et quand Lúthien rentre chez elle, elle enjambe tranquillement la bordure dorée du cadre et une forêt silencieuse remplace soudain les meubles impersonnels et le bourdonnement incessant de la cité. Derrière elle, le cadre disparait, elle est ailleurs. Elle marche jusqu'au vieux chêne qui abrite entre ses branches une maison de pur style eflique. Cette forêt est son refuge, accessible d'elle seule et de ses invités. Si par malheur un intrus arrivait à y pénétrer, il serait incapable d'en trouver la sortie, qu'il courre dans n'importe quelle direction et le sort le ramènera sans faillir dans la même clairière.

Plutôt petite pour une elvarion, Lúthien est une elfe fine à la silhouette vaporeuse. Elle s'habille simplement, de manière fonctionnelle, sauf lorsqu'elle doit visiter quelque officiel de haut rang. Son visage fin est encadré par ses cheveux blonds, presque blancs, parfaitement assortis à ses yeux bleus glace. Comme la plupart des elfes, elle est une beauté éthérée, mais son charisme émane aussi de sa présence particulière. Les humains ne lui donneraient même pas 20 ans, et pourtant on devine instantanément qu'elle n'est pas une enfant. Son calme, la profondeur de sa voix et de ses silences trahissent son expérience.
Lúthien est fluette mais pas gauche, sa démarche est gracile mais sûre. Si sa dextérité ne s'exprime plus depuis un moment dans le maniement des armes, elle en fait la démonstration dans sa pratique magique. Il n'est pas rare que ses élèves restent bouche bée en la voyant tracer à main levée des symboles magiques à la géométrie parfaite.

Malgré les déceptions de sa jeunesse, Lúthien est restée une idéaliste. Elle souhaite œuvrer pour le bien et la paix, même si elle n'est pas naïve quand au réalisme de tels objectifs. Elle désespère parfois en se disant qu'elle ne verra jamais de ses yeux un tel monde. Alors elle se replie sur son monde privé, son regard erre au loin, comme si elle était ailleurs, et souvent elle est ailleurs, conversant avec des êtres dont nul ne devine l'existence. Dans ces moments, elle se dit que rien n'a d'importance, que notre monde n'est qu'un monde parmi d'autres... Mais il suffit qu'une attaque sur la cité réveille sa colère et son envie de protéger ce qui mérite de l'être, ou bien que l'innocence d'un enfant lui rappelle que chaque action peut changer un destin, et alors elle reprend son œuvre avec une foi nouvelle.
Lúthien trouve son plaisir dans sa relation avec la nature, ses jeux avec son familier, le perfectionnement de sa magie et la musique. Elle habite à Targatt mais n'apprécie guère les rues mouvementées, elle préfère le calme des jardins, des temples et des bibliothèques.
Bien qu'elle s'attache à respecter tous les êtres vivants et à ne pas faire preuve de discrimination dans ses enseignements, elle éprouve une grande difficulté à enseigner à des élèves qu'elle perçoit comme orientés vers le mal. La vue ou l'évocation positive de Yamilos est également une des rares choses qui puisse lui faire perdre son sang froid.