[TERMINÉ]Quand les blessures de l'esprit ne se referme pas

Depuis le petit incident au parc, Harmony se montrait beaucoup plus attentionnée qu'elle ne l'avait jamais été auparavant envers lui. Il appréciait la jeune fille, toutefois, si sa présence lui procurait un certain apaisement, parfois il avait envie d'être seul.

Ces crises, il en avait fait plusieurs pendant son retour. Avec les soldats avant son retour à l'académie, quand Ceiph avait tenté de les surprendre avec Harmony, mais aussi seul dans son lit à cause de mauvais rêve. Selon les cas, la crise pouvait s'apparenter à une grosse crise de colère, parfois plutôt à une crise d'angoisse. Bien que dans les deux cas, ça ait tendance à venir au même résultat : Recroqueviller , enfermer dans sa bulle et pleurer, les yeux empli de terreur. Ça ne lui était pas non plus des dizaines de fois et ce n'est pas lui qui les contera. Mais en gros, ça lui ait arrivé cinq fois en public dont deux à l'académie. Le pire c'était la nuit. Il dormait effectivement un peu plus que lorsqu'il travaillait avec Lomac mais ces nuits n'était pas douce pour autant. Rythmés par les cauchemars , ses nuits étaient entrecoupées et peu réparatrice.


Le lendemain de sa crise en présence de son amie, il reçut une visite du grand directeur. Celui ci lui remit un petit parchemin. un bout de papier qui servait à rien en fin de compte puisque le blond lui en dit tout le contenu. Dans le moindre détail. Les gens s'emmerdaient vraiment pour rien. Bref, il demandait gentillement à Ayo de se rendre à l'infirmerie afin de parler de ce qu'il s'était passer. Avec une grande bienveillance, il ajoutait qu'il ne devait pas hésiter à parler quelqu'un de tout ça. L'infirmière était là pour ça mais il pouvait aussi en parler à d'autre gens. Le directeur lui indiqua, que dans tous les cas, il devait aller voir Alexia au moins pour cette fois. Ensuite s'il trouvait quelqu'un  d'autre pour en parler, ça ferait l'affaire. Il avait insisté sur le fait que c'était important si le jeune garçon voulait s'en sortir, faire le deuil de cette histoire. Honnêtement, il n'avait pas tout compris. A part que Marinñ ne semblait pas trop  lui laisser le choix, du moins pas pour demain.

Ce blond pouvait bien dire ce qu'il voulait, Ayo n'avait pas besoin d'aide. Il avait besoin qu'on le laisse tranquille, qu'on le laisse faire ce qu'il veut, qu'on lui fiche la paix! Il verra les gens qu'il voudra, quand il voudra. Point. Il était donc bien décidé à ne pas y aller. Enfin ça c'était après la visite de Marinñ. Mais lorsqu'il se réveilla en hurlant et en pleurant dans son dortoir, rejeter et insulter par ces camarades qu'ils venaient de réveiller au beau milieu de la nuit, il lui vint à l'esprit que ça lui ferait peut être du bien.

Au petit matin, il se rendit au parc pour s'exercer un peu à sa nouvelle routine. Peu à peu il commençait à percevoir le résultat de ces efforts. il lui semblait courir un petit peu plus longtemps. Avec son pouvoir, 5min. Il n'était pas dans l'endurance mais dans l'intensité. Toujours à fond. Un tacite crédo auquel il n'avait que rarement dérogé. Sauf en ce qui concerne les choses de l'intellect. A chacun sa tare après tout.

L'heure de sa visite à l'infirmerie approchait, mais plus il en approchait, moins il avait d'y aller. Il ne savait pas dire, il ne savait pas ce qu'il y ferait, il ne savait pas , il avait peur. Peur de réveiller ses souvenirs qu'il rendait incapable de se contrôler. Non...Il n'irait pas. A la place il resta dans le parc. Mais c'était sans compter sur les gardiens et le directeur. Il s'approcha d'Ayo pendant qu'il somnolait dans le parc. Marinñ s'accroupit. Craignant de déclencher une autre crise en le réveillant. Il s'immisça dans son esprit brisé. Avec une certaine subtilité, il lui expliqua qu'il devait se rendre à l'infirmerie tout en l'empêchant de se réveiller. Pendant ce temps, le gardien qui accompagnait le directeur transportait le garçon dans l'infirmerie. Marinñ fut grandement affecté de voir à quel point l'esprit de ce garçon était brisé. Il ne se permit pas de tout fouiller bien sûr, mais il était tellement brisé qu'il n'y avait pas vraiment besoin de fouiller quoi que ce soit. Pour l'instant, il laissait à Alexia le soin de tâter le terrain par la communication traditionnelles. Il savait qu'elle avait ses chances d'y parvenir. Elle était d'une douceur capable de toucher même les coeur les plus sombres. Du moins c'est ainsi que Marinñ la percevait.

Avant de partir, le directeur fit comprendre à Ayo qu'il était à l'infirmerie, que tout allait bien puis expliqua à Alexia rapidement la situation. S'excusant auprès d'elle de la part du garçon en lui disant que l'esprit de Ayo avait subit de très lourdes séquelles psychologiques. C'était une évidence, mais il pouvait l'appuyer par ce qu'il avait vu alors il lui sembla naturel de le faire.

Sur ce, il quitta la pièce en souhaitant bon courage à son amie et employée.

Une quinzaine de minutes plus tard, Ayo se réveilla sur le lit de l'infirmerie. Il ne se rappelait pas s'être endormi ici. Mais il avait eu un rêve où le directeur lui disait qu'il l'emmenait à son rendez vous.  Sa première réaction fut la frustration. La frustration qu'on ait profiter de son sommeil. S’enchaîna  une colère fugace qui le propulsa directement à la porte pour essayer d'en sortir sans demander son reste. Mais, elle ne s'ouvra pas.

Dans cet état, il ignora toute injonction de quiconque. Il demandait juste à sortir. C'était d'abord à un son à peine audible puis le volume avait monter crescendo sans qu'il prenne vraiment conscience de la présence d'Alexia. A force d'essai sans résultat, la colère le quitta pour laisser place à une pure angoisse. il se laissa tomber sur place, comme à bout de force. sur les genoux, la tête contre la porte qu'il désespérait de pouvoir ouvrir.

Les dommages de la guerre

"La bonté est la plus noble faculté de l'âme humaine et la plus grande des vertus."

Alexia avait été profondément touché d'apprendre ce qu'avait vécu le jeune Ayo durant sa captivité. La guerre avait fait de nombreuses victimes, mais même parmi les survivants les séquelles étaient encore visibles. Alexia repensait elle aussi à ces tragiques événements. À tous ceux qui étaient morts pour protéger cette cité contre les démons. Des créatures du mal qui avait attaqué sans réelle raison une cité qui ne voulait que vivre paisiblement pourtant. Cependant, elle était allée de l'avant, tâchant d'oublier ces tragiques événements. Malheureusement, ce n'était pas aussi simple pour tout le monde et elle espérait pouvoir réellement aider Ayo à avancer. Elle ne savait pas si elle réussirait et pour la première fois, elle se demandait même si elle ne devrait pas faire appel à un expert en magie spirituelle. Elle n'aimait pas user de cette forme de magie pour soigner l'esprit de ses patients, mais parfois c'était une solution envisageable. Si l'esprit du jeune homme était trop endommagé pour être soigné avec des moyens conventionnels, elle devra sans doute demander à Marinn de trouver quelqu'un.

Malgré tout, elle cherchait avant tout son bien sans user de méthode douteuse pour pénétrer son esprit. Alors qu'elle préparait divers potion et remède en prévision de son arrivée, elle fut surprise de voir Ayo accompagné de Marinn et de deux gardiens. En fait, le jeune homme semblait avoir perdu connaissance et le directeur expliqua brièvement la situation à la renarde. La douce jeune femme hocha doucement la tête et lui assura qu'il était entre de bonnes mains avant de l'inviter à prendre congé. Elle termina donc ses préparations pour le réveil du jeune homme qui ne tarda pas. Elle l'entendit tambouriner contre la porte en hurlant jusque dans son bureau et elle se précipita vers lui, inquiète de sa réaction.

Elle le trouva à genou devant la porte, essayant faiblement de l'ouvrir, sa respiration saccadée et ses tremblements révélant l'état d'esprit qui l'habitait. Avec douceur, elle s'agenouilla devant lui et déposa doucement une main sur celle du jeune homme. Lorsqu'il croisa son regard, il put admirer son sourire sincère et doux. Il n'avait rien à craindre ici et puisqu'il avait déjà rencontré Alexia, il savait qu'elle était d'une douceur infinie. Elle ne laissera rien lui arriver ici.

-Ayo, tu n'es pas en prison. Je suis ici pour t'aider. Pas pour te faire de mal. Tu comprends?

Elle lui transmit une douce vague anesthésiante pour le calmer et l'aider à se relever avec toujours autant de douceur. Elle lui guida sans le presser vers l'un des lits de l'infirmerie. Plus précisément, dans une petite chambre privée qu'elle avait aménagée pour les élèves qui devaient rester alités pendant plusieurs jours. La chambre était conquête et l'une des fenêtres donnaient sur la cité, permettant d'admirer le paysage en contrebas. Elle s'assit sur le lit et invita Ayo à en faire autant avant de faire apparaître une tasse d'un liquide sucré qu'elle lui tendit. La concoction était principalement là pour l'aider à se détendre, mais elle n'avait aucun effet magique. Elle préférait attendre avant de devoir le droguer. Et encore, elle préférait éviter cette option.

-Je suis avec toi Ayo. Je sais que tu aimes être indépendant et libre, mais parfois dans la vie il est important de demander de l'aide. Ce n'est pas une faiblesse que d'avouer qu'on a besoin d'aide. Mais une force. Je veux que tu me parles de ce que tu vis. Prends ton temps et ne te force pas. Mais c'est important que je le sache, d'accord?

Elle lui sourit avec gentillesse et douceur. Habituellement, sa douceur et sa compassion avaient vite raison de l'obstination des élèves. Bien peu voulaient l'avouer, mais la présence de la renarde à l'infirmerie était une douceur bienvenue pour la plupart d'entre eux. Ils savaient qu'en cas de besoin ils trouveraient Alexia, prête à les aider sans les juger ou sans rien demander en retour.

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Pris dans une tornade de souvenirs des tortures qu'il avait subit, ce n'était pas un jeune garçon qui suivit l'infirmière , mais un pantin, une marionnette. Il s'était tu à ses mots mais restait absent, ses yeux figés comme s'il était témoin de tortures plus immondes les unes que les autres. Il voyait ce qu'on lui avait fait, mais qu'on avait aussi fait à d'autre.

Du sang, il y en avait partout. Il en était couvert. Du siens, de celui d'autres sans doute. Un gars assez costaud avait hurlé de douleur tandis qu'un démon lui arrachait lentement les couilles de ses griffes. Il l'avait laissé crever là, attaché à des chaîne qui le maintenait plus ou moins debout... Des femmes désœuvrés et sale qui devait être là depuis plus longtemps que lui se faisait torturés et violé plus ou moins en même temps. Quand ils en étaient las, ils les torturaient jusqu'à la mort. L'une d'elle s'était même faîte violée après avoir été tuée. Ayo en vomit le peu de chose qu'il avait dans le bide ce qui avait faire rire son geôlier. Pour s'en amuser encore plus, il s'était même approcher et avait collé le cadavre contre son corps meurtris avant de recommencer sa besogne.

Quand l'image nécrophile passa dans son esprit, Ayo eut une soudaine remontée acide sans conséquence mais visible extérieurement par l'effet de sa gorge qui se contracta étrangement. Mais quand le cadavre fut poser contre lui, une seconde plus violente le fit vomir et le ramena finalement à la réalité. Ces images...il ne s'en souvenait pas. Elles avaient l'air pourtant d'un réalisme troublant. A chaque crise il voyait de nouvelle choses, toute aussi horrible les unes que les autres. Cela dit c'était la première qu'il voyait ce viol macabre. Une partie savait que ces choses étaient réelles. Qu'il les avaient vu, vécu. Une autre partie refusait littéralement d'y croire.

Perdue mais en quelques sorte, calmé, il regarda autour de lui. Il était toujours à l'infirmerie mais de nouveau sur un lit. Les premiers mots de l'infirmière n'avait jamais atteint son esprit alors absent, embourbé dans sa propre prison mentale. Regardant alentours, une voix dirigea son regard directement sur l'infirmière dont il prenait enfin conscience de la présence. Ses yeux s'embuèrent et se chargèrent de larmes tandis que le jeune garçon se blottit contre l'infirmière sans se poser de question.

"Faîtes quelques choses . Aidez moi Je veux que ça cesse....S'en es trop..." lachait-il  d'une voix déformé par ses  pleurs

"Je...veux plus voir toutes ces horreurs... je n'en veux plus"

Blotti comme un enfant se blottirait contre sa mère, il avait posé sa tête sur les cuisses d'Alexia sans y penser.

Une âme brisée

"La bonté est la plus noble faculté de l'âme humaine et la plus grande des vertus."

Alexia avait senti son coeur se serrer dans sa poitrine en voyant le jeune homme en pleur, le visage déformé par la peur. Elle ne l'avait pas repoussé lorsqu'il s'était blotti contre elle, bien au contraire. Elle l'avait serré contre elle de manière maternelle et avait délicatement caressé ses cheveux bruns en le laissant s'appuyer contre ses cuisses. Ce n'était sans doute pas très professionnel, mais ce jeune homme avait besoin de douceur et de tendresse. Pas d'un régime strict et de règle l'empêchant de s'exprimer lorsque le besoin se faisait sentir. Elle lui frictionna doucement le dos en essayant de l'aider à se calmer, ce qui était difficile dans son cas. Elle ne maîtrisait que partiellement la magie spirituelle et elle ne voulait pas prendre le risque d'aggraver son état psychique en jouant avec son esprit. Même s'il commençait à être clair pour la douce infirmière, que son état était très grave. Il n'était pas dit qu'elle puisse faire quelque chose pour lui dans cette condition.

Elle continua donc de le garder contre elle, le berçant légèrement et le laissant calmer ses pleurs et ses sanglots en silence. Dans son état, il n'avait pas besoin de belle parole, mais simplement d'une présence réconfortante et rassurante. Si Alexia ne brillait pas spécialement par ses capacités magiques, elle était cette présence rassurante pour les élèves de l'académie de magie. Ayo ne faisait pas exception heureusement. Il semblait se calmer lentement. Et alors que ses sanglots s'apaisaient légèrement, la renarde murmura à son oreille.

-Je suis là pour toi, Ayo. Ne t'inquiète pas, je vais t'aider et bientôt tu pourras reprendre ta vie ou tu la laisser.

Elle sourit avec tendresse et le laissa au choix rester contre elle ou se détacher pour reprendre un peu d'assurance. Mais vu ce qu'elle venait de voir, il était clair qu'elle avait besoin d'une aide extérieure et qu'elle devra sans doute faire appelle à un mage compétent dans le domaine de la magie spirituelle. Elle en maîtrisait quelques bases, mais ce n'était rien d'exceptionnel. Et elle voulait un professionnel. Quelqu'un de confiance qui pourrait l'aider à remettre Ayo sur la bonne voit. Cependant, il n'était pas question de lui effacer la mémoire. Plutôt de l'aider à ne plus penser de cette façon à ces événements traumatisants. Plutôt que d'effacer, il devait accepter et se tourner vers un avenir meilleur.

En lui souriant toujours, elle se leva et prit délicatement une fiole d'un bleu très clair qu'elle lui tendit. Elle l'aida à boire à cette potion qui l'aiderait pour les prochaines étapes. C'était un léger calmant qui aiderait son esprit et son corps à se détendre, sans pour autant l’assommer ou le plonger dans un état second. Elle avait besoin qu'il soit détendu, mais que son esprit soit encore présent. Une fois qu'il eut bu la totalité de la fiole, elle sourit un peu plus et lui demanda enfin.

-À quelle fréquence fais-tu des crises comme celle-là? Est-ce qu'elles sont toujours aussi fortes?

Car oui, pour qu'il termine en pleure dans les bras de la renarde, ce devait être horrible. Elle ne pouvait pas deviner ce qu'il avait vu, mais ça ne devait pas être agréable. Loin de là. Il faisait plutôt penser à quelqu'un qui avait vécu une expérience horrible, ayant marqué son esprit au fer rouge.

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Les démons de la nuit

"La bonté est la plus noble faculté de l'âme humaine et la plus grande des vertus."

Alexia avait serré avec délicatesse le jeune homme contre elle, lui permettant de retrouver un peu de chaleur humaine et de se faire réconforter. Le pauvre... malgré son corps d'adulte n'en restait pas moins un jeune adolescent. Ça devait être dur pour lui de vivre ses cauchemars continuellement. Elle avait déjà lu sur ce genre de traumatisme et l'auteur disait bien qu'il pouvait s'agir d'un cas irréversible. Et dans le cas contraire, ça pouvait durer de longues années. Elle ne voyait pas Ayo endurer cela durant plusieurs années, voir le reste de sa vie. Même si elle n'aimait pas particulièrement l'idée d'user de la magie spirituelle pour effacer sa mémoire, elle devra sans doute faire appel à un mage compétent. Cependant, il n'était pas question de lui effacer la mémoire si elle pouvait faire autrement. Elle demanderait plutôt au mage de lui permettre d'accepter ce qui s'était passé et de l'aider à passer à autre chose.

Elle sourit avec douceur et continue de caresser les cheveux du jeune homme en le gardant contre elle quelques minutes, avant de le lâcher pour ce lever. Il se leva à sa suite et la renarde ne l'empêcha pas de la suivre pendant qu'elle lui tendait la tasse contenant la boisson pour le calmer. Il sembla hésitant, mais finit par la prendre pour le boire d'une traite. Il se sentirait sans doute plus calme et détendu après avoir pris cette mixture. Elle versa un verre d'eau glacé qu'elle lui tendit pour chasser le gout amer du breuvage et hocha doucement la tête à sa demande.

-Bien sûr que tu peux dormir ici. Je vais te préparer une chambre et les gardiens viendront déposer tes effets personnels dans cette dernière. Et si tu as un problème, je serais juste à côté. Je dors dans mon bureau, juste là.

Elle lui pointa la porte de son bureau, à l'opposer des chambres, et sourit de manière rassurante. Sans doute aurait-il été mieux traité dans la maison Selionn. Mais les Meridius n'avaient sans doute pas la même conception de l'aide. Le pauvre, s'il réveillait tout son dortoir chaque soir il finirait par se faire des ennemis. Il sera mieux à l'infirmerie. Les murs étaient enchantés pour empêcher le bruit de les traverser, mais Alexia était immédiatement mis au courant en cas de problème. L'aronde avait de nombreux avantages tels que celui-ci. Enfin, elle déposa délicatement sa main sur celle du jeune homme et la renarde lui demanda avec douceur.

-Est-ce que tu veux me parler de ses visions que tu as? Tu n'es pas obligé, mais ça peut t'aider d'en parler, au lieu de garder ça pour toi.

Elle lui offrit comme toujours ce doux sourire et l'invita à reprendre place sur le lit avec son verre d'eau. Avec un peu de chance, le breuvage calmant éviterait une nouvelle crise s'il explorait ses souvenirs.

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Un pas après l'autre.

"La bonté est la plus noble faculté de l'âme humaine et la plus grande des vertus."

La jeune renarde remarqua le regard nouveau que lui portait le jeune homme. Elle rougit légèrement, mais ne fit rien pour le critiquer ou l'empêcher de la regarder. Il n'était pas le premier jeune homme à lui faire remarquer qu'elle était très jolie et généralement, elle n'en faisait aucun cas. Elle se contentait de sourire en remerciant la personne de ce charmant compliment. Mais cette fois, il s'agissait d'un jeune homme qui avait physiquement son âge et qui fixait ses courbes avec une certaine insistance. Cependant, elle se voyait mal le gronder alors qu'il sortait tout juste d'une terrible crise mentale. Elle agita donc le doigt pour faire disparaître la tâche de vomis laissée par terre et se concentrer sur le jeune homme.

Elle lui sourit lorsqu'il la remercia de lui permettre de coucher à l'infirmerie et répondu vaguement à sa question. Ce n'était sans doute pas de sa faute et cette simple réponse convenait à l'infirmière. Et prit place près de lui et prit doucement sa main pour le calmer, avant de reprendre la parole. Elle n'avait pas l'habitude de forcer les gens à faire ce qu'elle voulait et même dans ce cas, elle voulait l'accord du jeune homme pour mettre son idée à exécution.

-Ayo, je vais être honnête avec toi. Ton expérience t’a... profondément marqué. Je crois que tu as besoin d'une aide que je ne puis pas t'offrir. Je vais en parler à une connaissance qui pourrait peut-être t'aider à accepter ses souvenirs. Pour qu'ils ne puissent plus te faire souffrir. Quand pense-tu Ayo? Je serais là et je veillerais sur toi, même si ce n'est pas moi qui opère.

Elle lui sourit avec douceur et garda sa main dans la sienne en haussant simplement les épaules lorsqu'il s'excusa pour le vomi. Après tout, c'était un détail. Et elle était infirmière, elle avait l'habitude de ce genre de chose. Elle sourit donc simplement en attendant la réponse du jeune homme, en profitant pour ajuster légèrement sa robe pour essayer de cacher un peu ses formes que le regard de Ayo semblait continuer de suivre. Elle devra sans doute avoir une conversation avec lui là-dessus, maintenant que son corps était celui d'un homme...

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Le jeune garçon aux allures de jeune homme se mis en position comme s'il voulait dormir. Sur le coté, les jambes légèrement ramenés vers lui et il ferma les yeux. Il était suffisamment fatigués pour s'endormir presque instantanément et c'est plus ou moins ce qui ce serait passé, si Alexia n'avait pas continuer à lui faire la conversation.

Accepter...Elle voulait qu'il accepte!? Cette blague. Il fit volte face assez rapidement se retrouvant sur le dos. Plongeant un regard noir envers l'infirmière. Ouais elle était sympa. Ouais, elle venait de l'aider. Mais il fallait pas pousser non plus! Il lui vint l'idée étrange de lui faire mal. Pas nécessairement pour le plaisir mais pour qu'elle se rende compte de ce qu'il a vécu. Histoire de voir si elle pensait sérieusement qu'on pouvait accepter ça. Malheureusement il n'avait pas de cadavre à porter de main et même s'il en avait un, il n'aurait sans aucun doute pas le cran et encore moins le goût de faire une telle chose.

Il se leva et s'approcha d'Alexia dans un calme relatif.

"Ton corps est attaché en étoile à la verticale. C'est à peine si tu touche le sol" Il commençait un monologue avec un calme froid tandis qu'il tournait très lentement autour de l'infirmière en ne la lâchant jamais du regard.

"Tu as été torturé pendant des heures. Tu as mal de partout, tu es couverte de sang et de certaines blessures coule encore du sang. Devant tes yeux, une femme se fait torturer à mort. Un geôlier....Un démon hideux, doté d'un sexe gros comme ça ( montre un cercle avec ses mains qui a peu près large comme son poignet), la pose nue contre moi et lui fourre le cul comme un sauvage. Son corps encore chaud se vide de son sang sur moi, nu depuis des semaines, des mois peut être. Je n'en sais même rien. Le cadavre se refroidit doucement et le connard cornu continue sa besogne."

Il avait énuméré lentement cette scène. Tout du long, la pression en lui montait. Il était évident qu'il avait vécu la scène. Elle se reflétait presque dans ses yeux brun au fil de son histoire. Une infime partie de lui racontait ça pour se soulager, mais sa pensée première était de lui faire comprendre le ridicule de sa phrase et donc qu'elle souffre rien qu'à l'imaginer. On ne pouvait pas espérer accepter des choses comme ça. Lui ne le pouvait pas. Il ne le pourrait pas. Accepter ça c'était accepter de devenir un monstre. Du moins, c'est ainsi qu'il le voyait.

Sur la fin, face à Alexia, il approcha son visage et frôla ses joues tandis que sa bouche s'approchait de son oreille.
"Tu penses vraiment pouvoir accepter ça?" lâcha t'il sèchement en chuchotant.

Ayant terminé de narrer sa scène, il reprit naturellement une certaine distance avec Alexia et pris la direction de la porte.

"T'es sympa. Mais personne de saint ne peut accepter ça." lâcha t-il finalement sans se retourner ni considérer de répondre à sa demande. Il ne voulait pas d'autre aide. Seulement dormir là serait bien. ça suffirait amplement.

Une colère justifiée

"La bonté est la plus noble faculté de l'âme humaine et la plus grande des vertus."

Alexia garda le silence durant la longue tirade du jeune homme qui semblait ne pas avoir apprécié sa façon de s'exprimer. C'était pourtant vrai. Elle ne lui demandait pas d'oublier ni même de pardonner. Mais d'accepter. Accepter que cette situation se soit produite et qu'il n'eût rien pu faire pour se défendre. Mais comme beaucoup de patients dans son cas, il répondait par la violence. Hors de l'académie, la douce renarde aurait sans doute été terrifiée. Mais dans l'infirmerie, elle était tout simplement intouchable. Et elle le savait. Voilà pourquoi elle se contentait de fixer tristement le jeune homme qui lui expliquait ce qu'il avait vécu. Elle ne put retenir un haut-le-cœur devant la description de cet acte bestial et monstrueux. C'était horrible d'imaginer ce qu'il avait vécu et elle avait bien fait de ne pas chercher à fouiller dans son esprit elle-même. Elle n'aurait sans doute pas supporté cette vue digne des enfers et aurait perdu la raison, sans doute autant que Ayo lui-même.

Alors que le jeune homme se retourna, la renarde poussa un léger soupir avant de se lever. La porte était bien sûr toujours verrouillée, car elle ne pouvait pas prendre le risque de le laisser partir dans cet état. Il était un danger pour lui-même et pour les autres, si une crise de colère prenait le dessus alors qu'il était hors de l'académie. Elle savait qu'il ne devait théoriquement pas sortir, mais elle savait aussi que bien des règles de l'académie étaient laxistes et à peine surveillées. Elle s'approcha de lui et dit simplement, d'une voix douce, mais ferme.

-Et imagine si tu avais été cette femme. Et qu'elle était toujours vivante. Imagine si on t'avait violée, brutalisée et laissée pour morte avant qu'on revienne te battre à mort et tuer devant toi ce que tu avais de plus cher. Sans doute te dirais-tu que la mort est une option bien plus plaisante que de revivre tout ça en boucle. N'est-ce pas? Mais ce n'est jamais une solution de baisser les bras.

Cette fois, c'était à elle de parler de son histoire. Mais elle n'en dit pas plus. Elle lui faisait simplement comprendre qu'il n'était pas le seul à avoir traversé des épreuves horribles l'ayant laissé en pièce au sol. Mais il était toujours possible de remonter la pente. D'accepter ce qui nous était arrivé pour faire la paix avec notre passé et aller de l'avant. C'était difficile et parfois une aide magique était obligatoire, c'était d'ailleurs le cas du jeune Ayo, mais c'était possible. Mais elle ne pouvait rien faire pour lui s'il était dans cet état. Avec une infinie douceur, elle prit délicatement sa main et lui sourit avec tendresse.

-Reviens t’asseoir et continuons cette discussion calmement. D'accord?

Elle le guida ensuite vers le lit d'où il était parti pour continuer cette conversation très importante. Elle ne pouvait pas permettre qu'il quitte l'infirmerie dans cet état. Mais pour cela, le jeune homme devait montrer être prêt à avancer avec elle. Le chemin serait long et fastidieux, mais elle serait là pour le guider. Elle reprit donc ça place et continua.

-Je vais prendre rendez-vous avec un mage spirituel qui pourra t'aider à continuer ta vie, sans que tu oublies ce qui s'est passé. Il est important que tu t'habitues à ce corps qui est maintenant le tien et que tu fasses la paix avec ton passé. Être en colère c'est normal, mais ça n'effacera rien. Tu comprends?

Elle laissa le jeune homme répondre et poser ses commentaires. Sans doute qu'il en aurait beaucoup, mais elle n'avait pas lâché sa main. Il était important pour la renarde de lui montrer que malgré les atrocités dont il avait été la victime, la douceur existait encore dans ce monde. De même que la gentillesse. Il ne tenait qu'à lui de le comprendre.

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Clap de fin

"La bonté est la plus noble faculté de l'âme humaine et la plus grande des vertus."

Alexia soupira légèrement devant la réponse du jeune homme et son refus de vouloir s'aider lui-même. C'était un réel problème, mais elle ne pouvait pas lui tordre un bras pour qu'il accepte son aide. Il avait au moins accepté d'effacer ses événements traumatisants de son esprit. L'infirmière n'était pas admiratrice de cette méthode, car selon elle il fallait accepter son passé. Mais elle ne pouvait pas vraiment lui en vouloir de vouloir oublier les horreurs qu'il avait vécues auprès des démons. Elle le regarda se coucher dans un lit et comprit qu'elle ne tirait rien de plus de lui. Malgré tout, elle lui souhaitait d'une voix douce.

-Repose-toi bien Ayo. Si tu as besoin de quoi que ce soit, je serai dans mon bureau.

Elle se leva ensuite pour quitter l'infirmerie. Elle entra dans son bureau et nota rapidement de faire appel à un mage spirituel de confiance pour chasser les mauvais souvenirs du jeune homme. Elle ne pouvait rien faire de plus, sinon veiller sur lui et attendre.

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