[Chute de dominos] Acte 1 - L'Hayili entre en scène

Chute de dominos - Acte 1 - l'Hayili entre en scène

Tous furent téléportés dans le temple.

L'aura de la prêtresse de Maurii,qui avait le don d'apaiser les cœurs, avait déjà débuté ses soins, assistée dans sa tâche par la demoiselle de Velaniel. Maurii l'informa de la survie de Kardey, qui avait trouvé la force de se téléporter au temple. Dans un état grave, elle avertit qu'il risquait de ne plus jamais remarcher. Cephas secoua légèrement la tête. Visiblement, le petit prêtre manquait toujours de compréhension des pouvoirs que ses déesses avaient mis à sa disposition... La prêtresse d'Alieri quant à elle avait revêtue son armure et vint à la rencontre du haut-prêtre, non sans d'abord adresser un signe de tête courtois à la personne qui accompagnait le haut-prêtre.

"La réplique est prête." annonça-t-elle en prenant le chemin du bureau de Cephas.

Le haut-prêtre se tourna vers Yahn qu'il considéra un court instant.

"Vous pouvez nous suivre si vous le souhaitez. Ou rester ici et découvrir les lieux. Cependant, les fidèles venus chercher protection sont pour le moment répartis dans les différentes alcôves. La visite ne sera donc pas des plus optimale."

Il sourit, ses yeux multicolores étant redevenus aussi rieurs que d'ordinaire et tourna les talons pour rejoindre la prêtresse d'Alieri dans son bureau, déjà occupé par sept autres prêtres. Si certains arboraient une mine inquiète, d'autres en revanche semblaient n'en avoir rien à faire. C'était notamment le cas du prêtre du prêtre de Feanor.

La pièce était plus vaste qu'il n'y paraissait de prime abord et était plutôt lumineuse comme des plus ordonnée. En fait c'était même bien trop bien rangé. Pas une poussière, pas un parchemin ou grimoire qui trainait et la bibliothèque du haut-prêtre semblait là encore, bien peu fournie pour un prêtre de la connaissance et de la magie. Le tout donnait une impression de faux-semblant, ou que le bureau n'était en fait pas utilisé.

Les prêtres étaient répartis autour d'une maquette de la cité. Celle-ci semblait avoir été générée par le prêtre de Gilpin, un halfelin qui semblait concentré sur sa tâche, bien que son regard ne se lève toutefois vers Cephas, avant d'être attiré par le visage inconnu de Yahn auquel il sourit avec malice sans un mot. La prêtresse d'Hellaynea n'était pas non plus en reste et reliquat ostensiblement le mâle qui venait de faire son entrée, ses yeux trahissant la lubricité de ses pensées, au point que la prêtresse d'Alieri n'esquisse un rictus dégouté et ne détourne le regard. Les autres prêtres présents se contentèrent soit de lui adresser un vague signe de tête, soit de l'ignorer

Sans s'en préoccuper, Cephas prit place autour de la maquette. Il murmura une phrase inaudible et la maquette fut soudain illuminée de plusieurs couleurs, révélant les endroits où les sorts étaient actifs, ainsi que le nombre de personnes impliquées, du moins détectées, et l'intensité de ces derniers.
On pouvoir y voir une forte concentration de population le long des murs de la cité, dans le cercle, de même que dans l'académie, le palais et les casernes, bien qu'en moindre importance, ainsi que les trente personnes sous influence du démon qui allaient en tout sens et attaquaient les patrouilles. Dans les ciel de la maquette était représentés les trois portails et les sorts de visions actifs. L'étoile brillait aussi au-dessus de la maquette, projetant sa lueur sur le reste de la reproduction. Au sol, la lave et la corruption tendaient à se juxtaposer. Si la zone prise par la roche en fusion avait cessé de s'étendre, ce n'était pas le cas de la corruption positive qui ne s'arrêterait sans doute pas si facilement.

"Notre priorité est d'empêcher que le cercle ne soit atteint et que davantage de victimes ne soient à déplorer. Pour cela vous dresserez une barrière afin de contenir le peuple d'un côté de la barrière et le séparer à la fois la corruption et du démon qui devront être cantonnés de l'autre côté. Cependant, pour empêcher l'infernal de fuir vers le cercle, il faudra auss..."

"Pourquoi ?" l'interrompit la voix de la prêtresse d'Alieri.

Cephas redressa la tête vers elle d'un air interrogatif.

"Ce que vous appelez corruption n'est rien de moins qu'une bénédiction. Je ne vois pas de raison de la contenir. De mon point de vue, elle pourrait être justement ce dont la cité a besoin pour retrouver enfin un semblant de paix et de sérénité sans devoir endurer les nuisances de..."

"Ca y est le cafard se réveille." ironisa la prêtresse d'Hellaynea.

S’ensuivit un brouhaha sans nom, chacun souhaitant donner son avis sur la place qu'étaient censée avoir, ou non, les "négatifs" dans la cité. Seuls les prêtres de Gilpin et d'Hextor se taisaient. C'était le problème principal de l'organisation de l'Hayili... Les prêtres, à l'image des divinités tutélaires qu'ils vénéraient, ne pouvaient pas s'encadrer. Raison pour laquelle, il était souvent recommandé que l’administrateur et garant de la foi Hayiliste sur un territoire ne soit issu d'aucun des courants majoritaires. C'était le cas des prêtres de Jaben notamment, comme de ceux de Gilpin.

"Depuis quand est-il aberrant pour Feanor et Alieri de sauver des vies ?"

Bien que l'aura de Cephas ne témoigne pas de la moindre once d'agressivité, il semblait soudain faire beaucoup plus froid dans la pièce et la tension était montée d'un cran. Le silence revint instantanément et avec lui, la tension retomba.

"Gilpin va vous téléporter chacun à vos positions respectives." Des points lumineux apparurent sur la reproduction. Tous placés exactement à la limite du cercle et des autres zones de la cité, pour faire tampon. La prêtresse de Maurii entra dans le bureau en s'excusant de son retard et prit place à son tour autour de la table. "Pile à l'heure comme toujours. Vous servirez de catalyseur à Maurii qui lancera le sort de barricade."

La prêtresse acquiesça. C'était une conversation qu'elle avait déjà eu avec le haut-prêtre lors du débriefing qu'il avait fait, après l'attaque de Kira et de sa horde de morts. Elle savait donc quoi faire. Et avec l'aide des autres prêtres, il n'y aurait pas de soucis, bien qu'il ne serait pas des plus agréables de se lier avec les prêtres négatifs que le panthéon portait. Elle le ferait pourtant sans rechigner car toute vie était un trésor à préserver.

Les prêtres s'étaient offusqué à son arrivée qu'il ne daigne que rarement les appeler par leurs prénoms ou noms respectifs. Au lieu de cela, Cephas les nommait par le nombre de leur divinité révérée. C'était presque un blasphème en soi... Mais le haut-prêtre avait une mémoire très sélective. Et se rappeler des noms de ses ouailles n'était pas réellement important à ses yeux. Seule l'était leur fonction, qui prenait naissance en la divinité même à laquelle ils avaient accordé leur vie et leur foi. Ainsi, tout le monde s'y retrouvait.

"Vous serez seuls pour gérer. La zone Est du cercle sera, dans un premier temps, la plus fortement touchée. D'une part car c'est là que la corruption positive touchera en premier la barrière que vous aurez dressé. Maurii gèrera la partie Est de la barrière. Par ailleurs, le démon semble vouloir s'y diriger."

Sur la réplique, au centre de la zone de corruption représentée par une couleur dorée, un "trou" dans tout ce doré, semblait se déplacer rapidement. Le fait que ça soit dénué de la moindre couleur leur indiquait qu'il s'agissait d'une zone où la magie était totalement absente. Ca ne pouvait être que le démon.

"Alieri et Feanor. Vous serez tous les deux à l'intérieur de la barricade. Du fait de la nature de votre canalisation divine, vous serez renforcés par ses effets. Votre but est de forcer le démon à changer de route de sorte qu'il se retrouve bloqué entre vous et le céleste."

Puisque le démon s'était enveloppé d'une petit zone d'anti-magie, il serait effectivement à même de traverser la barrière sans soucis et donc, d'atteindre le cercle. Il fallait à tout prix l'en empêcher.
Et puis ce plan avait le mérite de permettre aux deux positifs de se défouler sur un véritable ennemi et de ne pas faire reposer la barrière sur une conviction vacillante. Maurii avait beau être "positive", jamais elle ne laisserait mourir qui que ce soit. Elle acceptait et aimait toute forme de vie. C'était bizarre mais pour une fois, elle allait être la clé de voute de son plan.

Si le plan fonctionnait, Cephas n'aurait qu'à attendre la fin de l'infernal pour lancer une dissipation globale, malgré le risque qu'il encourait à agir sur une telle surface. Il lui était toutefois impossible de faire autrement. Recourir à l'aide des rares autres prêtres, restés au temple, affaiblirait le temple. Hors de question. Et il ne pouvait pas non plus affaiblir les prêtres qui érigeraient leur barricade.

Le haut-prêtre jeta un regard vers les autres pour s'assurer que toutes les instructions avaient été entendues et comprises. Il dévisagea particulièrement le prêtre d'Hextor, dieu de la tyrannie,  nouvellement arrivé qui finit par hocher la tête en signe d'acceptation.

Gilpin joignit les mains en fermant les yeux. La seconde suivante, il frappa une fois dans ses mains et tous les prêtres disparurent dans une petite volute de fumée typique. Sur la réplique, les points de différentes couleurs apparurent, telle des piliers protecteurs, formant une cercle intermédiaire entre les quartiers du Cercle et le reste de la ville. Exception faite des deux prêtres d'Alieri et de Feanor qui apparurent sur des toits sur la partie Est de Vodrel, à trois cent mètres de la position du démon qui filait vers eux rapidement. Finalement, le point désignant la prêtresse de Maurii s'illumina de mille feu et le sorte de barricade prit forme, les autres prêtres disposés en cercle servant de relai.

Bon, jusque là ça suivait son cours. Il fallait qu'il se prépare.

Cephas retira la robe violette qu'il portait, révélant les symboles sacrés tatoués dans son dos et sur son torse. Se rappelant de la présence de Yahn, il lui adressa un simple clin d’œil en plaçant son index tendu devant ses propres lèvres. Puis disparut.

Sur la représentation miniature de la cité que pouvait librement admirer Yahn, un point lumineux apparut dans le ciel, une dizaine de mètres au-dessus de l'ange et de Kubilay.

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Chute de dominos - Acte I - de Vodrel au Temple Hayiliste

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Le jeune maggyar avait tenté de poursuivre le combat, à distance, à sa manière. Pour cela, il avait attendu le moment opportun, c'est-à-dire le plus susceptible de prendre le démon au dépourvu, pour matérialiser un emprisonnement du mal sur la trajectoire d'Asuar.  

Cylar avait préalablement modifié le sort pour tenter de le lancer à distance bien qu'il ne soit pas prévu pour un tel usage initialement. Tendis qu'il se concentrait, une vive lumière brilla dans le ciel, tel un petit astre solaire. Un frisson parcourut le jeune homme. La lumière, éminemment positive n'était pas la seule chose émise par ce dernier. En effet, il semblait que d'autres effets se cumulent. Cylar esquissa un léger sourire en songeant à l'état d'esprit du démon devant un tel déploiement de force. Il n'y avait aucune chance qu'il s'en sorte. Entre l'ange et le reste...

Quoi qu'il en soit, c'était le bon moment ! Mais tendis que Cylar lançait son sort sur le chemin du démon, il se rendit compte que la magie n'avait pas de prise sur lui. Merde. Ce bâtard savait user d'anti-magie ?! Mais il ne pourrait sans doute pas tenir sa zone indéfiniment. Il lui suffisait d'attendre pour réitérer l'expérience... si l'ange ne l'avait pas déjà tué d'ici là bien sur. Le maggyar en herbe tenta de nouveau de canaliser sa magie mais ses réserves étaient totalement vide et tout ce qu'il put faire, fut de se tourner pour vomir le "presque rien" que contenait encore son estomac avant de se rendre compte que ses métamorphoses avaient disparu. Il se laissa tomber sur le dos. A bout de force, il ne remarqua même pas la flamme violacée et noire qui luisait par transparence dans sa poitrine.

Il ferma les yeux en essayant de ne pas s'évanouir, bien qu'il soit déjà en position allongée. Cylar n'avait fermé les yeux qu'un instant mais, en les rouvrant, il se rendit compte que le lieu avait changé. Arcana était toujours auprès de lui, mais ils n'étaient plus sur les toits mais dans ce qui ressemblait à un temple. Il n'était pas le seul au sol. Sa vue se troubla et il s'endormit de fatigue tendis qu'une silhouette féminine s'affairait au-dessus de lui à soigner le trou béant qu'il avait dans la jambe et son bras gauche, presque entièrement détruit par l'acide qu'il avait lui-même lancé. Sa tunique, des plus simples, bien que l'étoffe laisse entendre qu'il ne faisait pas parti de la couche de population la plus pauvre, n'était pas en très bon état mais avait encore des traces du bleu sombre qu'elle arborait quant elle était propre.

 

Yahn se retrouva soudainement au sein du temple de la cité. Quelle étrange sensation que ce sort de téléportation; c'était bien différent du "Transport d'Ombre" où tout était plus lent, ou du "Transport de Foudre" où tout était plus vif, là, tout avait juste brusquement changé de sorte qu'il avait fallu une bonne seconde à l'Ishaldi pour reprendre ses marques. Il jeta un bref coup de d'oeil périphérique à la vaste salle où de nombreuses personnes avaient atterries avant de reporter son regard sur Cephas et de remarquer qu'une personne en arme se dirigeait vers eux. Yahn lui rendit son salut d'un léger mouvement de tête puis décida de suivre le haut prêtre sur son invitation. Comment aurait-il pu en être autrement ? Cet homme avait plus que suffisamment suscité la curiosité de l'Ishaldi et il en avait parfaitement conscience d'après l'amusement et l'intérêt qui se lisait dans ses yeux.

Ils parvinrent ainsi à un bureau supposé être celui de Cephas mais cette pièce avait quelque chose d'illusoire; trop de mobilier pour une pièce de cette taille et pourtant, trop peu de choses utiles pour justifier ces meubles et les fonctions de l'homme, comme si cette pièce n'avait pas de réelle utilité. Plusieurs personnes étaient réunis et Yahn se douta qu'il s'agissait de différents représentant des dieux de ce monde. Il essaya alors de se remémorer ce qu'il avait lu et d'essayer de deviner qui servait quelle déité,  une seule n'était pas bien compliquée à identifier étant donné la lubricité qui se lisait sur son visage tendis qu'elle lui saluait. Il lui fit un signe de tête mais l'accompagna d'un léger sourire en se souvenant de la mise en garde du Haut prêtre, un sourire ni tout à fait engageant ni tout à fait neutre donc.

l'Ishaldi se positionna debout contre l'une des bibliothèque, les bras croisés contre sa poitrine et écouta attentivement les directives que Cephas distribuait aux autres prêtres. Il les appelait par le nom de leur divinité, ce qui démontrait de son sens pratique et de l'absence de superflu en situation d'urgence. Mais d'après ce qu'il comprit de son plan, ils ne se contenterait que de jouer la neutralité et d'empêcher que la situation ne dégénère d'avantage via une barrière et un petit jeu du chasseur chassé avec l'ennemi. C'était à la fois logique et décevant... Yahn espérait observer des actions et des sorts intéressants afin de développer ses connaissances maigres sur ce monde; cette stratégie ne lui fournirait pas autant de données qu'il l'aurait souhaité. Mais lorsque le briefing fut terminé et les protagonistes envoyés à leurs positions, le Haut-prêtre se dévêtit de sorte à être mis-nu; pourquoi donc ?! Yahn plissa légèrement les yeux tandis que, dans son esprit, les hypothèses commençait à germer; et Cephas attisa alors d'avantage sa curiosité en le voyant avant de disparaitre à son tour.

L'Ishaldi adressa alors la parole au prêtre restant :
" Auriez-vous un artefact, un objet, sort ou quoi que ce soit qui me permettrait d'observer Cephas avec plus de clarté que cette représentation de la cité ? Cet intriguant m'y enjoint de toute évidence et je ne souhaite pas décevoir son invitation."

Chute de dominos - Acte 1 - l'Hayili entre en scène

Le seul prêtre qui n'avait pas paris la parole portait un masque qui arborait un large sourire, quoi qu'un brin inquiétant, à l'image de certains masques antiques et il en portait d'autres, imprégnés de magie, à la ceinture. Son apparence entière semblait tournée vers les arts de la scène. Pourtant, il portait un plastron qui semblait fait de métal. Pourtant, son chatoiement pouvait paraitre étrange, un brin irréel pour un vétéran.

Le prêtre s'était contenté de s'accouder de manière fort négligente aux bords de la réplique tendis que Cephas s'était dévêtu.

Il redressa toutefois la tête lorsque l'invité du haut-prêtre lui fit sa demande. Le prêtre resta interdit un moment avant de partir dans un grand éclat de rire comme si il s'agissait de la chute d'une des meilleures blagues qu'il lui avait été donné d'entendre.

Tout en riant, il avait fait le tour de la réplique mais sans pour autant rejoindre l'inconnu, demeurant à distance de son épée. Il saisit adroitement une paire de couteaux de lancer avec lequel il se mit à jouer négligemment tout en s'adossant à ladite réplique

"Espionner le haut-prêtre tu souhaites donc ?" Un ton de reproche. Son masque avait changé de mimique pour arborer un visage en colère. Mais quand exactement ce changement s'était fait ? Impossible à dire.

Il lui lança un couteau, visant la carotide. Le lancer était franc et précis. Il faut admettre que viser une cible statique, surtout à une si "courte" distance, restait assez aisé. Le couteau cependant suivrait les mouvements de Yahn et reviendrait immédiatement à lui si celui-ci tentait de l'esquiver. La vraie surprise résiderait dans le moment où le couteau toucherait quelque chose. Peu importait quoi en fait puisqu'il se transformait alors en un parchemin qui permettait de lancer un sort de scrutation, sans qu'aucune blessure quelle qu'elle soit ne soit infligée à la "victime".

Le masque riait maintenant, de même que le prêtre d'Olidamara dont l'image sembla vaciller un instant tendis qu'il sautillait sur place.

"L'entité invite rarement mais s'amuse souvent. A quel jeu allez-vous jouer ?"
finit-il par demander tendis qu'il franchissait les derniers mètres qui le séparaient de l'inconnu d'une démarche bien trop gracieuse et féline pour qu'elle soit naturelle.

Pourtant, il finit par désigner du bout de son index le parchemin.

"Allez-y."

L'acteur croisa les bras et se mit à observer Yahn le plus calmement du monde, tranchant drastiquement avec son attitude précédente. Il aurait pu s'agir d'une toute autre personne que ça n'aurait pas été des plus étonnants que cela, même le timbre de sa voix était différent.

 

Yahn n'avait pas pris le temps de fouiller suffisament sa mémoire pour définir à quelle divinité ce prêtre était affilié, mais il n'était pas bien compliqué de définir sa dangerosité en l'observant ne serait-ce qu'un petit peu. Une allure à la fois martiale et théâtrale, et à sa démarche, on pourrait jurer qu'il est plus proche de l'art de l'assassinat que de la prêtrise. Il sortit même un couteau de lancer pour jouer négligemment avec.

L'Ishaldi n'avait pas changé de posture mais il était dors et déjà parfaitement évident que ce couteau serait lancé dans sa direction, que ce soit pas réelle animosité ou par simple test. Le masque avait changé; il n'aurait su dire à quel moment, il était à présent d'aspect bien moins engageant.

* il se joue de moi ... * pensa-t-il. Encore une personne merveilleusement intéressante !!! S'il avait pu ressentir de la joie, c'est probablement l'émotion qui se serait répandue en lui à ce moment là. Mais toute pensée fut brutalement stoppée par la réaction aguerrie de ses réflexes corporels. A peine ses yeux avaient-ils capté un début de mouvement des mains de prêtre que son pied droit se décala en arrière postant son corps à 45° par rapport à l'homme qui lui faisait face et sa propre main droite monta à hauteur de tête tandis que cette dernière s'inclinait sur son épaule gauche. Ses yeux, eux, n'avaient pas quitté le prêtre.

Après une seconde, Yahn remarqua la sensation étrange de ce que tenais sa main droite; il ne s'agissait pas du contact froid du métal... il abaissa doucement sa main et s'autorisa à porter son regard dessus pour constater qu'il tenait non pas un couteau de lancé mais un parchemin. Son interlocuteur semblait répondre à sa demande alors qu'il riait à présent en se rapprochant de l'Ishaldi pour lui poser une nouvelle question.
Yahn reporta son regard vers ce qui aurait pu être les yeux du prêtre si celui-ci ne portait pas de masque, et lui sourit.

" Je n'en sais absolument rien ! " répondit-il d'une voix enjouée.
" Mais connaître le jeu n'est utile que si l'on souhaite essayer de gagner, ou de ne pas perdre. Pas si l'on souhaite simplement y participer." Il lui fit un sourire aussi sincère et innocent qu'il en était capable.

Mais son esprit lui, était déjà occupé. "L'entité" ?! parlait-il de lui même ? de son dieu ? ou bien de Cephas ? et s'il s'agissait de Cephas, pourquoi ce mot ? Cet homme était de plus en plus intéressant. Mais celui qui se tenait devant lui était loin d'être inintéressant également. C'est décidé, l'Ishaldi allait passer plus de temps au temple !
Le prêtre le sortis de ses pensées en l'enjoignant à utiliser le parchemin. Sa voix n'était plus la même mais cela n'interloqua pas Yahn outre mesure; après tout, son apparence elle-même changeait donc pourquoi pas sa voix ?

Il déroula le parchemin et le lut. Il vit alors. C'était assez perturbant, comme si il avait une sorte de double vue. Il pouvait observer Cephas tout en voyant se qui se trouvait devant ses yeux. Un léger sourire germa au coin de ses lèvres.
De ce qu'il observa, Cephas manipulait une énergie colossale et amenait à lui ... des êtres ? des esprits ? des âmes ? difficile à dire, il n'avait pas encore assez de connaissances pour en être sûr mais toujours était-il certain que le Haut Prêtre attirait à lui quelque chose d'extérieur pour puiser dedans. Puis il lança son sort, indéfinissable...comme une vague d'énergie inévitable et englobant toute chose...
La scrutation se stoppa nette et Yahn vit le parchemin tomber en miette, la maquette de la ville s'effondra sur elle-même et d'autres objets de la pièce semblaient ternir soudainement.

Une violente douleur fit alors irruption en lui, si violente qu'il dû mettre un genoux en terre alors que sa main droite était crispée au centre de son torse. Il haletait alors qu'il essayait de demeurer maître de lui-même. Il avait déjà connu cette sensation, mais quand ? comment ? où ? ... son esprit fusait à la recherche de l'information, elle était là, quelque part en lui... ha ! oui, là ... il avait ressenti cette douleur le jour où il avait franchi le seuil de ce monde ...
La douleur s'estompa doucement, il pu se relever, et il savait qu'il n'était définitivement plus seul.

Il regarda le prêtre au masque et se contenta d'un "Je vous remercie."

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Le prêtre ne se formalisa nullement de voir son couteau être stoppé aussi aisément et gloussa joyeusement à la réponse de l'homme.

"Un nouveau joueur ?!" se réjouit-il en claquant ses mains l'une contre l'autre à quelques reprises. Le masque s'était de nouveau fendu en un sourire alors que les fentes pour les yeux se plissaient davantage. Tendis que le sort de scrutation du parchemin permettait à l'inconnu de voir ce que mijotait Cephas, l'homme masqué s'était déplacé vers un autre coin de la pièce, plus précisément vers un grimoire dédié habituellement aux enfants comme le laissait suggérer la gravure de la reliure de cuir qui liait le tout, représentant un enfant entouré de la plupart des dieux Hayilistes.

Il se tournait de nouveau vers l'invité du haut-prêtre quand ils furent touchés par la disjonction. Les objets magiques de la pièce furent soudainement vidés de toute forme de magie, l'un d'eux tombant même en cendres devant eux.

Le prêtre d'Olidamara revint à l'hôte qui semblait, mal bien qu'aucune blessure ne soit apparente. En quoi  ou plutôt, pourquoi la disjonction semblait avoir eu un tel effet ? Car il était évident que c'en était la cause. Le timing était par trop parfait pour suggérer une autre option. Le prêtre fit un pas vers lui, et trébucha. Il n'avait apparemment pas remarquer que la ceinture, magique, qu'il portait s'était dénouée, pour tomber au sol en emportant avec elle son pantalon. Le masque, étrangement, était resté bien en place mais s'était figé, redevenant le simple morceau de bois qu'il avait été à l'origine.
Le prêtre serra les cuisses en émettant un petit cri strident à la manière, surjouée, d'une pucelle surprise dans son bain et plaça le grimoire devant ses attributs.

Suite à son cri, probablement, une jeune femme, Demoiselle de Velaniel, entra dans le bureau, la mine inquiète.

"Tout va bien ?!" s'enquit-elle avant de rester interdite devant le spectacle qui s'offrait à elle. Nul doute que la déesse protectrice, si pure, n'allait que peu apprécier.

Le prêtre d'Olidamara semblait la regarder fixement sans émettre le moindre son et c'est finalement l'invité de Cephas qui brisa le silence, lourd, qui s'était installé. La Demoiselle soupira et détourna le regard du prêtre d'Olidamara pour se tourner vers l'inconnu encore poussiéreux des destructions que les autres quartiers avaient subis.

Elle fit un pas vers Yahn, tendant une main vers ce dernier, bien qu'elle fut encore à quelques mètres, mais fut interrompue dans on élan par un couteau de lancer qui avait filé devant elle pour l'arrêter. Elle tourna un regard sévère vers le prêtre au masque qui avait ramassé sa ceinture et était en train de batailler pour trouver comment la faire tenir elle, et son pantalon.

"Reste dans le public." l'invectiva-t-il d'un air totalement distrait.

"Ce n'est pas un jeu ! Nous sommes les seuls à pouvoir intervenir rapidement !" s'agaça-t-elle avant de persister, franchissant enfin les derniers mètres qui la séparait de l'inconnu en pestant à voix basse. "Qu'a-t-il fait encore..."

Le prêtre masqué ne chercha pas à l'interrompre une nouvelle fois, trop occupé, d'apparence du moins avec sa ceinture bien qu'il ait secoué la tête aux propos de la vierge. Il remarqua d'ailleurs que les emplacements où trônaient quelques instants plus tôt des parchemins, formaient maintenant au sol de petits tas de cendres. Il tomba à genoux en se lamentant ostensiblement et de manière très audible.

"Êtes-vous blessé ? Puis-je vous aider ?" demanda-t-elle, les yeux débordant de compassion. De toute évidence, elle était le genre de personnes à surprotéger tout le monde sans se rendre compte que son attitude pouvait parfois donner envie de fuir certains, peu sensibles à tant de mièvrerie, enfin... de compassion maladive.

 

Alors qu'il se relevait de la violente douleur qui l'avait atteint, Yahn remarqua le sensible changement de posture du prêtre et le pas qu'il avait voulu faire pour le rejoindre; il avait visiblement saisis que l'Ishaldi avait été touché par la disjonction mais n'ayant aucun autre élément à son sujet, il ne pourrait rien en déduire ... et vu son attirance plus qu'évidente pour le jeu, cela pourrait offrir à Yahn un nouveau levier en ce moment.
Mais le prêtre se retrouva présenté en son plus simple appareil par la trahison de sa ceinture.

Pourquoi cette interuption du sort de scrutation ? pourquoi ces tas de poussières dans la pièce là où des grimoires et des parchemins se tenaient auparavant ? pourquoi cette ceinture a-t-elle soudainement lâché ? et pourquoi le masque est-il resté neutre alors que le prêtre surjoué très clairement une fausse pudeur ?
L'hypothèse la plus plausible est que le sort de Cephas relevait de la dissipation de masse. Mais une dissipation, aussi puissante soit-elle, pourrait-elle affecter à ce point des objets enchantés ? et l'affecter lui ? non.... c'était autre chose... ce n'était pas un sort qui l'avait affecté lorsqu'il avait franchi le seuil de ce monde, il avait été coupé de tout, ce qui n'est plus le cas, une dissipation ne pourrait en être la cause....

Une prêtresse avait fait irruption pendant le bref instant de ces réflexions, elle semblait d'un niveau inférieur aux prêtres qui avaient été réunis dans la salle auparavant, une subalterne peut-être ?
Yahn remercia le prêtre pour son aide et aussitôt la jeune femme sembla prendre conscience de sa présence et fit un pas pour s'enquérir de son état mais fut stoppée net dans son élan par l'arlequin.

*Il a mordu. Apparement.*

Elle reprit son mouvement vers l'Ishadi et lui-même fit quelque pas à sa rencontre pour clore la distance qui les séparait. Elle semblait douce et maternante, elle pourrait certainement subvenir à ses besoins immédiats. Il lui répondit donc :

" A priori rien de bien méchant, encore un peu sonné des explosions en ville ... "

Il simula un retour de la douleur dans sa poitrine et s'affaissa légèrement pour appuyer l'impression de souffrance qu'il donnait
" A la réflexion, je dois admettre qu'un peu de repos me serait salvateur. Auriez-vous un lieu à m'indiquer où je pourrais récupérer ? ... et je suis gêné de l'admettre ... mais serait-il possible que j'occupe ce lieu quelque temps ? car je n'ai point de toit à mettre au dessus de ma tête ..."

Il quitta la prêtresse du regard pour poser ses yeux bleu-gris sur le prêtre d'Olidamara afin de vérifier s'il faisait toujours semblant de se lamenter ou si, comme il le supposait, il observait à nouveau le moindre de ses faits et geste. Puis il revint à la prêtresse.
Si elle était bien ce que l'Ishaldi supposé, elle ne lui refuserait pas le gîte et lui offrirait peut être même le couvert. Il aurait ainsi un point de chute sûr à proximité de sources de connaissances pouvant lui permettre de retrouver ce qu'il était .
Il suivrait alors la prêtresse hors de la pièce mais prendrait le soin de jeter un dernier coups d'œil, un sourire en coin, l'espace d'un battement de cil, de ses iris aux reflets de rubis.

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Le prêtre d'Olidamara n'avait pas tenté de "protéger" davantage la Demoiselle de Velaniel. Le fait qu'il soit intervenu une fois était à son sens amplement suffisant pour la mettre en garde. Contre quoi exactement ? Aucune idée. Quelque chose clochait avec ce type. C'était comme se retrouver devant le roi des menteurs. Ce qui, pour le prêtre défroqué, était le comble de l'ironie. Il aurait voulu avoir davantage de temps avec l'invité du haut-prêtre mais le jeune femme ne lui en laissait guère l'opportunité. Pour autant, il était incapable de dire si ce dernier feignait ou pas, ce qui... n'était pas des plus déplaisants en fin de compte. Les vrais joueurs étaient rares après tout et le prêtre masqué savait apprécié les jeux construits.

La Demoiselle et le joueur s'étaient finalement rejoins et ce dernier évoquait un malaise due à l'explosion. Pourtant, ces dernières minutes, il n'avait aucunement souffert. Le masque retrouva finalement son expression qui se figea en un large sourire rieur bien que rien dans la posture du prêtre ne puisse venir corroborer celle-ci, tout son être étant dirigé vers l'observation de l'inconnu.

La jeune femme de son côté n'avait rien relevé de particulier. Au contraire, tendis qu'il s'affaissait de nouveau légèrement, elle se fendit vers lui et l'entoura de ses bras pour tenter de le soutenir de son mieux, la mine inquiète.

"Venez vous allonger. Vous pourriez avoir subi des dommages internes... Vous n'auriez pas du vous relever comme cela voyons !" râla-t-elle avec peu de force tout en entrainant le jeune homme hors du bureau du haut-prêtre, abandonnant le prêtre masqué à ses affaires.

Elle entraina Yahn au travers d'un fin couloir qui n'était pas présent lorsqu'il était arrivé.

"Hélas... vous êtes nombreux à avoir tout perdu je le crains..." La jeune femme semblait réellement atteinte par cet état de fait. Un peu plus et elle aurait peut-être même pu fondre en larmes mais elle se reprit courageusement. Ils passèrent devant plusieurs petites pièces aménagées en dortoirs improvisés où les blessés les plus graves étaient installés. Elle fit entrer Yahn dans une salle où 4 lits étaient disposés.

Deux d'entre eux étaient déjà occupés. Le premier par un jeune homme aux cheveux bleutés qui gisait dessus, inconscient, une rune de sommeil ayant été apposée sur lui. Yahn avait pu le voir dans le hall du temple lorsqu'il était arrivé. Une servante était debout à ses côtés, elle regardait avec attention un prêtre tenter de finir de soigner ses nombreuses blessures.

De l'autre côté de l'étroite pièce, un autre lit était occupé par un homme d'apparence sombre et au visage anguleux. Ce dernier était conscient et d'apparence très calme. Plongé dans ses pensées, il ne jeta qu'un bref coup d’œil au nouveau venu. Il n'avait pas l'air blessé mais tout dans son apparence laissait voir qu'il souffrait encore d'un sérieux affaiblissement et les trois fines stries de chair rosé qui parcouraient presque toute la longueur de son visage tendaient à montrer qu'il avait pris un coup direct d'une patte griffue.

La prêtresse désigna un lit libre à Yahn et lui demanda de s'y allonger le temps qu'un soigneur passe l'ausculter.

"Vous êtes libre de rester autant de temps que vous le souhaitez. Malheureusement, nous n'avons pas assez de place pour faire des chambres séparées, vous devrez donc la partager. Nous essaierons d'apporter une soupe à chacun ce soir. Je reviens avec un soigneur..."

Elle lui adressa un sourire bienveillant et ressortit de la pièce, non sans d'abord être aller s'enquérir de la santé des deux autres "patients", notamment pour la rune de sommeil. Le prêtre soupira en indiquant que le jeune homme était trop agité et qu'il refusait de rester. Compte tenu de la gravité de ses blessures, il avait été contraint de l'endormir. La prêtresse acquiesça simplement et ressortit en adressant un sourire qui se voulait rassurant à Yahn.