Rencontre médical avec la fillette à la poupée (PV) (Finit)

Comme plusieurs personnes avant elle, la jeune Anna avait été convoquée dans le bureau de l’infirmière de l'académie dans le but de faire un suivi médical de sa personne. Le plus étonnant fut que son rapport soit presque vide. À vrai dire, excepté son nom ainsi que son niveau d'étude, il n'y avait presque rien sur ce rapport. Rien qui soit digne de valeur du moins. Il était seulement inscrit qu'il s'agissait d'une jeune fille introvertie qui ne parlait pas à personne et suivait les cours silencieusement. Il était aussi inscrit qu'elle avait un formidable potentiel magique. La jeune renarde soupira en lisant ce rapport, se disant que Talmar accueillait décidément des personnes bien étranges. Elle se promit d'avoir une discussion avec Marinn dans les prochains jours pour tenter de pallier à ce problème. Notamment en surveillant un peu plus ses élèves. Elle n'avait rien contre les mages noirs, mais elle s'inquiétait tout de même de voir des élèves ainsi guider vers la sorcellerie. Ils n'étaient que des enfants après tout...

Elle donna bien évidemment rendez-vous à la jeune Anna dans son bureau après les cours. Les élèves commençaient à parler entre eux à voix basse de ses rencontres. Beaucoup d'élèves semblaient appréciés de voir la nouvelle infirmière s'inquiéter autant de leur sort et leur offrir son aide dans les problèmes qu'ils affrontaient au quotidien. Des parents, trop durent. Des émotions nouvelles dans le coeur d'une jeune fille. Ce genre de chose la était facile à gérer généralement, surtout avec sa connaissance et son empathie naturelles.

Le jour venu, la jeune Anna se présenta en silence à son bureau. Alexia l’accueillit en souriant doucement comme à son habitude et la guida vers le fauteuil réservé aux consultations. Comme à son habitude, elle lui demanda si quelques choses lui feraient plaisir comme breuvage avant de s’asseoir elle-même sur son fauteuil, remarquant la poupée qu'elle semblait serrer fermement contre elle. Il n'était pas étrange de voir une adolescente posséder encore une poupée. Beaucoup gardaient précieusement les jouets de leur enfance. Cependant, il était plutôt rare de les voir se promener avec. Cependant, elle reporta bien vite son attention sur la jeune fille.

Bonjour Anna. Je suis Alexia, la nouvelle infirmière. J'aimerais parler un peu avec toi, si tu es d'accord.

Comme à son habitude, elle sortit délicatement une plume ainsi qu'un parchemin qu'elle déposa à ses côtés, prête à prendre ses futures notes sur la rencontre qui allait suivre.

Bien sûr, tout ce que tu diras ici restera entre nous. Peux-tu commencer par me parler un peu de toi s'il te plait?

Alors que les derniers préparatifs pour un voyage vers l’inconnu se faisaient, Anna avait reçu une lettre de… L’infirmière…

C’était bien curieux, mais cela pourrait être l’occasion de passer une dernière fois à l’académie qui avait désormais un nouveau directeur. Il n’y avait que peu d’information sur de nouvelle tête, une jeune fille ramenée par ce Marinn. A partir de ce simple résultat, la poupée pouvait en déduire ce qu’était cette Alexia. Premièrement une personne positive au point d’être respecté par ces De Rayem mais qui possédait une véritable vocation pour sa mission aussi futile soit elle. Rare sont les infirmières et co qui convoquerait leurs élèves pour des raisons aussi navrantes qu’un pseudo traumatisme psychologique.

Encore fallait le conserver et récupérer des données. De toute manière c’était la seule chose qu’elle ferait. Assimiler les nouvelles fluctuations magiques de l’académie pour comprendre de l’extérieur ses systèmes. Pourquoi pas utiliser cette jeune fille qui avait la confiance du lumineux. Il y avait tant de choses à faire mais voyons avec le temps.

Anna se rendit donc au rendez vous non sans très volontairement éviter la plupart des passants élèves comme professeur, une petite ombre qui passait inaperçu de tous.

Entrant dans la fameuse salle de rendez vous, elle ne osa pas vraiment d’intérêt sur ce qu’il s’y trouvait. Ca n’avait aux yeux d’Anna pas d’intérêt. Tout comme les breuvages et les gâteaux que la jeune fille refusa de manière sèche sans montrer le moindre signe de dégoût ou d’intérêt. Elle ne pensait rien. En revanche le regard sur la poupée n’était pas apprécié de la jeune fille qui regardait l’infirmière d’un regard nettement plus tranchant jusqu’à ce qu’elle lâche des yeux son jouet.

Bonjour Anna. Je suis Alexia, la nouvelle infirmière. J'aimerais parler un peu avec toi, si tu es d'accord.

La jeune fille haussa légèrement les épaules.

Comme vous voulez, c’est votre métier.

Le ton était monotone, l’intérêt toujours pas présent.

Bien sûr, tout ce que tu diras ici restera entre nous. Peux-tu commencer par me parler un peu de toi s'il te plait?

Anna pencha la tête légèrement.

Et pourquoi devrais je vous parler de moi. C’est mon esprit et mes affaires. Tout échange doit être équitable. Si vous voulez que je parle de moi, il va falloir parler de vous également.

Elle plissa légèrement les sourcils avec un regard plein de suspicion.

De plus vous mentez. Vous dites que tout restera entre nous, dans ce bâtiment c’est impossible. J’ai entendu dire que vous maîtrisiez une magie de silence, dans ce cas il y a de forte chance que vous ayez des serments. Mais pour anticiper votre réponse c’est parfaitement inutile en ce lieu.

L’académie est une structure magique quasiment vivante qui a de forte de chance d’assimiler la mémoire de tout ce qui se passe en ces lieux depuis des siècles. Même sous serment, elle absorbera donc la discussion même dans une zone de silence avec les images.

Anna croisa les jambes en s’accoudant à son fauteuil avec un léger sourire.

Même si le directeur vous dit que non, il ment. Il peut ne pas regarder mais il ne crèvera pas les yeux de sa bâtisse.
Donc voici une question pour vous…

Est-ce que vous ne le saviez pas ou bien vous êtes juste malhonnête ?

Alexia s'était confortablement assise devant cette fameuse Anna en lui proposant de commencer à lui parler. La meilleure des choses aurait été qu'elle commence toute seule, sans qu'elle est à lui demander. Malheureusement, ce n’en fut pas le cas, bien au contraire. Elle se contenta de refuser, prétextant qu'un échange devait être équivalent entre deux personnes. Alexia ne voyait pas de mal à lui parler un peu d'elle pour tenter d'ouvrir le dialogue. Après tout, ça ne serait pas la première gamine qui possède une attitude désagréable. Cependant, celle-là était différente. Elle n'exprimait aucune émotion et semblait vide de toute substance, comme si elle ne ressentait rien du tout. Finalement, elle exprima ce qui semblait être de la méfiance en lui expliquant certaines choses sur l'académie qu'elle n'aurait jamais dû connaitre. Notamment la scrutation totale. Pourtant il s'agissait d'un domaine que seuls les professeurs connaissaient. Sauf si l'un des professeurs lui en avait parlé.

Elle nota donc rapidement ses observations de départ sur le parchemin vierge devant elle. Après tout, il était de son devoir de fournir une analyse poussée sur chaque élève et professeur à problème de l'académie. Elle ne mentait cependant pas en disant que les informations données dans cette salle ne la quitteraient pas. Le directeur ne saurait que le minimum. Notamment, que cette enfant connaissait certains secrets qu'elle ne devrait pas connaitre et devait être surveillée. Il fallait savoir d'où venait cette fuite. Malgré tout et sans se départir de son doux sourire, elle répondit à la jeune fille.

Je ne sais pas comment tu la sus, mais tu as raison. Mais n'oublie pas que notre directeur est un homme de valeur et de confiance. Il m'a donné sa parole que ses conversations resteraient privées et je le crois. Maintenant, j'aimerais que nous passions à la suite.

Elle écrivit encore quelques lignes sur son parchemin avant de prendre une gorgée d'eau. Elle ressentait un certain malaise en sa présence, mais chassa bien vite cette drôle d'impression. Après tout, elle n'était qu'une enfant. Malgré ses notes frôlant le génie, elle n'en restait pas moins une enfant ne possédant qu'une faible puissance. Aussi, elle n'avait pas de raison de se sentir mal à l'aise en sa présence. Cependant par sécurité elle enclencha tout de même le bouclier invisible et indétectable que l'infirmière pouvait déployer autour d'elle. Question de... se sentir un peu mieux.

Elle voulait donc que l'infirmière lui parle un peu d'elle? Peut-être que ça pourrait servir à établir un contact en effet. Elle hocha donc finalement la tête pour elle même et plongea dans ses souvenirs. Il n'y avait pas grand-chose à dire sur elle, mais ça serait toujours ça de prit.

Et bien, je suis née dans un petit village, dans le nord de notre monde. Dans un endroit où il neige constamment et/ou les hommes doivent continuellement porter de la fourrure pour survivre. J'ai grandi en Targatt et j'ai intégré l'académie à mes 14 ans, dans la maison Selionn. Je suis finalement devenue infirmière pour aider les étudiants et les petites filles comme toi à être en pleine forme et se sentir mieux.

C'était bref, mais il était inutile de s'étendre sur certains moments de sa vie puérile et sans intérêt. De toute façon, il s'agissait de la stricte vérité. Ainsi, on ne pourrait pas dire qu'elle avait menti à une élève.

À toi maintenant. Parle-moi un peu de toi.

Accoudée à son fauteuil, les jambes croisées, la jeune fille souriait légèrement. Il regardait avec une certaine attention l’infirmière devant elle tandis que la poupée avait bien senti le bouclier qui s’installait entre eux. Elle prenait peur ? Anna n’en avait que faire et ne montrait pas un signe de plus que tout à l’heure. Finalement l’infirmière se décida à reprendre la parole.

Je ne sais pas comment tu la sus, mais tu as raison. Mais n'oublie pas que notre directeur est un homme de valeur et de confiance. Il m'a donné sa parole que ses conversations resteraient privées et je le crois. Maintenant, j'aimerais que nous passions à la suite.

J’ai eu de la chance disons…

Il lui suffisait d’un contact physique pour avoir accès à la mémoire d’autrui, il suffisait de viser les êtres les moins connaisseurs en matière de magie spirituelle pour passer totalement inaperçu.

Valeur, confiance et parole sont des paroles d’enfant. Nous êtres de Talmar ne connaissant pas cela. Et visiblement les derniers événements montre que la parole est un argument bien inutile…

Enfin… Vous pouvez encore grandir… Passons à la suite comme vous l’avez dis.

De toute façon, l’essentiel était là. Maintenant tout le monde serait persuadé qu’il y avait des taupes dans l’établissement, un monde propice à l’instauration de la discorde et de la méfiance. Qui donc était le traître ? N’était ce pas un démon qui voulait faire douter les élèves et le personnel. Des questions auxquelles le De Rayem devra répondre…

La jeune fille regardait ensuite l’infirmière griffonnait des notes. À partir de son point de vue, elle pouvait facilement lire ce qu’elle écrivait à l’aide des mouvements de la main et du stylo. Ce n’est pas de cette manière qu’elle pourrait lui cacher quelque chose…


Et bien, je suis née dans un petit village, dans le nord de notre monde. Dans un endroit où il neige constamment et/ou les hommes doivent continuellement porter de la fourrure pour survivre. J'ai grandi en Targatt et j'ai intégré l'académie à mes 14 ans, dans la maison Selionn. Je suis finalement devenue infirmière pour aider les étudiants et les petites filles comme toi à être en pleine forme et se sentir mieux.

À toi maintenant. Parle-moi un peu de toi.

Anna prit alors un des biscuits sur la table avant de le regarder sans le manger.

Je vois je vois.

Je peux mieux comprendre ce que vous êtes et pourquoi vous vous comportez comme tel actuellement.

Par rapport à votre choix de mot et de vocabulaire… Je peux déduire que votre condition actuelle n’est que le résultat de votre vie que vous-même jugé sévèrement.

Dans le grand nord, vous avez vécu dans une certaine forme de solitude et dans un milieu très hostile. Cette solitude et l’hostilité de vivre dans un monde de non mage ne sont elles pas la cause chez vous d’un profond traumatisme que votre inconscient à refoulé pour faire de vous une personne qui se dévoue corps et âme aux autres.

Votre obsession de vouloir aider tout le monde au point de convoquer tout le monde pour pas grand-chose ne serait il pas la preuve de ce traumatisme ? Pour ne pas vous isoler, pour ne pas être dans la solitude, pour ne pas être oublié ou traité d’une mauvaise manière ne seriez vous pas en train de surjouer votre rôle ?

Le regard toujours froid continuait.

Vous dites vouloir aider tout le monde, pour votre métier par pur altruisme mais au fond de vous-même ne voulez vous juste pas être importante pour quelqu’un ? Pour les autres ? Pour ne pas revivre les peines d’autrefois.

Vos actions ne pas naturelles, vous êtes tellement lisse au point que cela en devient inhumain.

Alors… Qu’êtes-vous réellement Alexia Oniarth ?

Plus tard elle finit enfin par répondre à la question de l’infirmière.

Simple. Je suis née ici, et je suis allé à l’académie. Je n’aime pas grand-chose sauf la lecture.

J’ai parlé un peu de moi. Donc j’ai répondu à votre question. Vous devez désormais répondre à la mienne.

Pourquoi vous continuez à jouer la comédie uniquement pour être agréable aux autres. Ce ne serait pas plus simple d’autre vous-même ? La vraie vous ?

Alexia avait finalement réussi à faire parler la jeune fille. Elle le croyait sincèrement, après tout comme elle le disait elle-même, toutes personnes étaient bonnes au fond. Elle le croyait sincèrement, mais la gamine rendait quelque peu mal à l'aise la jeune renarde. Son regard froid et sa façon de s'exprimer... Bref, ce n'était rien de rassurant. Malgré tout, elle sourit de façon rassurante à la jeune fille après s'être entourée au préalable du bouclier de l'aronde. Il s'agissait d'un réflexe nerveux, bien plus qu'une réelle réponse à une menace. Cependant, pour l'instant ce n'était pas très important. Elle avait posé plusieurs questions différentes à la jeune fille et attendait la réponse avec une certaine attention, malheureusement ce n'est pas ce qui allait se passer.

Elle commença donc à ce lancer dans une explication sur les prétendus besoins de la renarde qui fronça légèrement les sourcils. Elle avait vraiment une attitude très étrange pour une enfant de son âge et elle n'aimait pas particulièrement ce qu'elle sous-entendait. Enfin, elle perdit légèrement son sourire et soupira en secouant la tête avant de noter quelques choses sur le parchemin. Cette enfant serait très dure à prendre en main. Elle finit finalement d'écrire ce qu'elle avait à noter et plongea son regard dans celui de la jeune fille, cherchant les mots pour lui faire comprendre la vérité.

Peut-être est-ce l'impression que tu en as. Mais je fais simplement ce travail parce que je l'aime, Anna. Il existe des personnes voulant sincèrement le bien des gens, alors j'agis en conséquence. Ne t'inquiète pas, ma vie va très bien et je n'ai aucun souvenir de l'endroit ou je suis née. Maintenant, revenons à toi. Nous allons procéder à ton examen médical.

En gratta encore un peu le papier et soupirèrent légèrement devant ses réponses en monosyllabe. Celle-là était clairement un cas grave de sociopathie. Voir peut-être quelques choses de plus graves. Alexia termina d'écrire dans son parchemin en soupirant, avant de faire signe à la petite de ce lever. Visiblement, il n'y avait rien de plus à faire pour le moment, il était donc temps de passer à l'entrevue médicale.

Lentement, la renarde guida Anna vers un lit et lui pointa pour qu'elle se couche sur ledit lit. Lentement, elle passa une main lumineuse au-dessus du corps de la jeune fille pour analyser son corps et fronça les sourcils, ne sentant rien d'étrange, sinon une énergie qu'elle n'arrivait pas à déceler. Elle baissa finalement une dernière fois les yeux sur sa poupée avant de lui sourire aimablement.

Voilà, c'est terminé Anna. Merci d'être venue. Je risque de fixer un nouveau rendez-vous dans les semaines à venir. N'hésite pas à revenir me voir au besoin.

Sur ses paroles, elle libéra la jeune fille qui partit sans demander son reste. Dès qu'elle fut sortie, Alexia se mit à trembler de tout son corps et se laisser tomber sur l'un des lits en plaquant une main sur sa bouche. C'était quoi cette gamine... Elle était... terrifiante... Quelques choses chez elle se dégageaient et... merde... Alexia se pencha après avoir verrouillé magiquement l'infirmerie et se mit à vomir dans l'un des sceaux posés près des lits, secouer par des hoquets de douleur. Pourquoi cette peur resurgissait-elle maintenant... Elle déposa faiblement une main sur son ventre et se coucha au sol sur les dalles froides de l'infirmerie. Prendre de grande inspiration. Se calmer. Compter jusqu'à trois. Un, deux, trois... Expire...