Libre et seule

L'attaque n'avait pas eut que des mauvais côtés. Beaucoup de personnes étaient mortes. Certaines plus importantes qque d'autres, comme le jeune fille adoptive de la nouvelle Prima de Léhadin, celle qui ne se faisait appeler que par le nom de Sérénissime. Elle avait raison d'avoir choisi un nouveau nom. Les choses mortelles et liées au temporel du monde ne pouvait conserver leur nom quand elles servaient l'illustre des dieux, aussi violent et féroce soient-ils.

Aélith, elle n'avait pas changé de nom. Elle avait décidé, pour la première fois dans sa vie, de conserver le nom que sa dernière maîtresse avait confirmé. Ce nom d'Aélith lui convenait. Il faisait référence après tout à sa première maîtresse qu'elle avait, malgré les mauvais traitement et sa cruauté, appris à aimer. Mais ceci était du passé. Cette servitude pour autrui était derrière elle.

Car, elle faisait parti de ces individus ayant reçu quelque chose de bien de la part de l'attaque sur la cité. Elle qui était un garde royal et esclave de la Reine avait été frappée sévèrement à deux reprises par la corruption positive de la vice-directrice de l'Académie, puis par le sort d'annulation de magie du Prima Cephas. Le premier sort lui avait fait souffrir le martyr, certes. Mais il avait été comme le prix à payer pour le cadeau qui lui était fait en ôtant la marque de sa maîtresse et qui décorait son dos.

Aélith avait été dressé à ne pas désirer la liberté. C'était quelque chose qui lui était étranger et anormal. Cependant, quand à l'infirmerie du Palais elle découvrit que la marque dans son dos avait disparu, elle ne réfléchit pas très longtemps.

Il n'y avait pas à réfléchir. C'était un cadeau. De qui ? Du destin ? Non. Pour Aélith, c'était un cadeau de celle qu'elle priait avec dévotion tous les jours. Au réveil et au couché. Après chaque goûte de sang versé, après chacune de ses pensées cruelles envers celles et ceux s'approchant trop de la femme qu'elle devait protégé et contre lesquelles elles ne pouvaient abattre toute la terreur et la méchanceté de sa race et sa maîtresse suprême, Lloth elle-même.

Car c'est ainsi qu'elle interpréta cette libération de l'esclavage mortel. Lloth l'avait libérée, elle, de quelques mortels de Terraë pour la ramener sous son emprise. Peut-être s'agissait-il d'une façon de se convaincre qu'elle avait encore un maître et donc une utilité dont la disparition aurait causé inévitablement son sacrifice. En tout état de cause, libérée de tous ses engagements à l'égard du Trône, Aélith décida de quitter les rangs de la Garde Royale. Elle ne donna pas plus d'explications et se retint de répondre aux éventuelles convocations de la Reine suite à son acte.

Sa maigre solde en poche -le plus gros ayant été remis à la Reine comme son dressage le lui imposait-, ses quelques prières de Lloth copiée des rares ouvrages qu'elle put trouver en ville, elle rejoignit le Cercle pour y trouver du travail.

Elle accepta les quelques missions d'escorte de marchands fuyant la capitale pour les villages de la Vallée d'Helmancourt ainsi que des missions moins, héroïques : chasser la vermines, surveiller des entrepôts et autres. Sa race, une drow asservie à Lloth était aussi bien un avantage qu'un véritable handicape. Perçue comme trop maléfique par beaucoup, de nombreuses opportunité lui passaient entre les doigts. Mais cette même nature, qui supposait une cruauté naturelle et une dévotion au travail dangereuse lui assurait quelques emploi de traques et des contrats de mise à mort.

Tout l'argent gagné lui permettait de se maintenir en condition pour combattre. Elle savait se contenter sur stricte minimum pour survivre et remplir ses tâches du fait de sa servitude passée. En conséquence, elle pouvait tout dépenser pour ses armes, son armure et ses dons aux loges secrètes de Lloth sous la cité.

Elle n'allait pas perdre de temps à payer un logement avec l'argent gagné. Son ancienne condition lui avait appris à vivre dans les lieux les plus sales et les moins biens protégés des intempéries. Dès lors, elle se contentait très aisément d'un coin de paille dans une grange aux abords de la ville, une cave restait ouverte, d'une ruelle isolée, voire des ruines du quartier elfique.

Cette vie lui convenait bien. Elle pouvait rependre le sang pour sa Maîtresse divine et apprendre ce qu'était la liberté. Toutefois, vint l'annonce que des aventuriers étaient recherchés pour des missions pour le Trône. Aélith hésita un moment avant d'enfin se présenter au Palais pour participer à l'une d'entre elle.