Eveil (libre)

Réveil
(Consécutif à Chute de dominos)

Lieu : du protectorat (Vodrel) vers le Cercle

Le sort de disjonction lancé par le prêtre de Jaben affecta plus ou moins profondément les objets magiques et enchantements de la cité. Faisant céder l'enchentement qui protégeait le contenu du coffre fort du protectorat, dans lequel étaient entreposés des objets magiques confisqués, ou jugés dangereux, certains objets tombèrent en poussière, entièrement détruits. D'autres furent endommagés, la magie qui les animaient jusque là ayant été détruite sur le coup. C'est ainsi qu'une vielle jarre, passée de mains en mains avant de finir entreposée depuis plus d'un siècle dans le coffre du protectorat se fissura.

Une fumée argentée s'en échappa, se rassemblant au sol où elle reprit la forme d'une femme, vêtue de rose pâle, elle était allongée, son chapeau pointu gisant à côté d'elle. Après quelques instants supplémentaires, ses yeux marron s'ouvrirent, papillonnant quelques fois le temps de s'habituer à la lumière des lieux. Son esprit était complètement embrumé et totalement perdu.

Dans un état second, elle s'était relevée et,machinalement, avait remis son chapeau pointu sur sa lourde tignasse brune. Déséquilibrée, elle avait été contrainte de se tenir au mur, sa vue demeurant trouble. Tardant à se remettre les idées en place, elle tourna la tête vers la jarre dans laquelle elle avait été emprisonnée, comme pour vérifier que c'était bien le monde réel. En la voyant endommagée, un léger sourire fleurit sur ses lèvres. Elle s'étonnait pourtant de ne voir personne pour l’accueillir à son réveil. Ni gardien ni un membre de sa famille...un descendant quelconque.

Elle ne remarqua qu'à ce moment-là les objets détruits. Un accident magique ? Toujours avec lenteur, elle sortit du coffre en se demandant où étaient les gardiens. D'un pas lent et mal assuré, elle entreprit de descendre les escaliers pour se rendre à l'extérieur. Mais c'est l'extérieur qui tomba sur elle en quelque sorte puisqu'un pan entier du mur était écroulé, laissant voir l'état du reste de la ville.

Les yeux écarquillés, elle resta interdite pendant un temps qu'elle n'était pas en mesure d'évaluer. Finalement, une voix l'interpella. Elle baissa la tête vers le bas où plusieurs personnes semblaient sortir d'un trou. Les cellules apparemment vu le piteux état de leurs vêtements. L'un d'eux semblaient s'adresser à elle, lui faisant signe de l'accompagner.

Ses idées toujours embrumées, elle se contenta de lui sourire et de lui faire un signe de main. L'homme secoua la tête et partit en courant. Sybilline de son côté finit avec difficulté de descendre les marches et croisa un homme en armure qui pointa son épée vers elle un instant, avant de considérer qu'il devait s'agir d'une civile puisqu'elle venait des étages où se situaient les bureaux et pas des geôles. Il rengaina son épée et entreprit de l'aider à finir d'atteindre le rez-de-chaussée en s'enquérant de son état.

Elle lui sourit aimablement et le rassura par télépathie. Elle semblait davantage secouée que blessée. Elle devrait récupérer ses esprits d'ici quelques temps. Le protecteur hocha la tête et la laissa dans ce qu'il restait de leur cour d'entrainement tendis que le peu de gardes qui étaient restés en faction se rassemblaient pour faire un état des lieux avant de se lancer dans quoi que ce soit.

Sybilline les regarda faire un temps relativement long. Elle demeura là une bonne heure avant de considérer que son esprit s'était suffisamment "remis en place". ses pensées s'étaient ajustées et son esprit lui paraissait plus clair même si ce n'était pas encore l'eau la plus limpide. Son équilibre aussi semblait être revenu, de même que ses sensations physiques et magiques. Elles étaient encore quelque altérées mais au moins étaient-elles présentes. Parfait.

Elle se releva et sortit de la caserne sans qu'on ne cherche à l'en empêcher. Ne sachant guère où aller et ne reconnaissant rien d'autre que l'académie comme bâtiment, probablement parce qu'il était un des rares encore debout, elle prit le chemin inverse, vers les murailles qu'elle distinguait au loin.

Durant sa progression, elle ne put que remarquer les corps des morts et grimaça en voyant l'état de certains, ou leur âge. Il était clair que, quelle que soit la cause de cela, les civils avaient été directement visés. Elle fut presque prise de nausée et dut faire un effort conscient pour bloquer la réminiscence de certains souvenirs de sa propre histoire qu'elle comptait bien oublier définitivement.

Sybilline finit par arriver dans des quartiers de plus en plus peuplés et vraisemblablement, des plus animés. Un poids s'envola. De nombreux citoyens étaient encore en vie ! Cependant, leur nombre et le diamètre que semblait avoir la ville posait quelques questions. Quant elle avait été emprisonnée, Targatt n'était pas si grande... et une ville ne grandissait pas ainsi en seulement quelques années, pas même en un siècle. Combien de temps avait-elle dormi ?

Déambulant au hasard dans les rues, elle finit par s'asseoir sur un muret, essoufflée. Elle marchait depuis des heures et se rendait compte qu'elle avait faim et soif. Pourtant, c'est le sommeil qui la gagna en premier et, telle une enfant, sa tête s'affaissa tendis que ses yeux se fermaient.

Lorsqu'elle les rouvrit, la nuit était bien avancée et son ventre à lui seul faisait plus de bruits que le clapotis de la minuscule fontaine qu'elle n'avait pas vu en arrivant tant il y avait eu de monde et de passages. Elle s'y précipita et enfoui son visage dans l'eau, buvant jusqu'à plus soif et plus encore. Elle ressortit son visage en soupirant d'aise, un large sourire éclairant son visage. Elle se rassit contre le mur du puits et leva la tête vers le ciel, voilé, se posant mille questions.

Réveil
(Consécutif à Chute de dominos)

La "jeune" femme baissa la tête en direction de la voix et resta une seconde interdite devant le renard à fourrure blanche avant que ses yeux ne se mettent à briller.

"Wah mais tu es si belle toi ! Viens là que je te câline !" prononça-t-elle par télépathie, alors qu'aucun son ne franchissait ses lèvres.

Elle essaya de prendre le renard pour le serrer contre elle et le caresser. Malgré la spontanéité de ses mouvements, Sybilline, si elle parvenait à ses fins, était des plus douce tendis qu'elle câlinait le renard. De même sa télépathie n'avait rien d'une intrusion mentale. Bien au contraire, ses mots agissaient davantage d'une caresse, les déposant à l'orée de la conscience de la personne avec laquelle elle communiquait de sorte que les défenses mentales ne soient nullement mises en danger, si toutefois son interlocuteur en avait.
Bien entendu, elle se doutait qu'elle avait à faire soit à un familier capable d'expression, ce qui arrivait parfois, soit à une métamorphe. Mais elle se moquait qu'il s'agisse de l'une ou l'autre des options. Sa réaction aurait été tout à fait similaire dans un cas comme dans l'autre.

"Qu'est ce que tu fais tout seul ici toi ?! Je ne sais pas trop ce qu'il s'est passé mais ça pourrait être dangereux !" s'exclama-t-elle toujours par la biais de sa télépathie.

Sybilline conserva l'animal dans ses bras, le sécurisant comme on l'aurait fait d'un enfant tendis qu'elle se relevait, visiblement motivée à aller se mettre à l'abri. Elle fit un pas vers les ruelles avant de s'interrompre, tournant la tête de part et d'autres sans savoir où aller.
Elle pencha la tête vers le renard, un sourire désolé aux lèvres.

"Euh... Dis moi... Est ce que tu sais si il y a un endroit susceptible de nous héberger ?" demanda-t-elle par la pensée.

La cité avait vraiment changé. Mais c'était ce qui la rendait encore plus attrayante en un sens. Sybilline avait hâte de la redécouvrir, elle et ses habitants. En espérant qu'ils soient moins pètent-sec qu'à son époque évidemment. Mais pour l'heure... elle était perdue et ne savait pas où aller pour mettre cette magnifique créature à l'abri.

"Ah ! Au fait, je m'appelle Sybilline ! Tu peux m'appeler Syb ou Sysy. Et toi, quel est ton nom ?"

Elle adressa un large sourire, ravi, à l'animal.

Réveil
(Consécutif à Chute de dominos)

Tendis qu'elle se demandait où ils pourraient aller dormir, et qu'elle le demandait également au renard d'un blanc immaculé, celui-ci lui répondit qu'ils pouvaient aller chez lui. Sybilline le regarda fixement durant quelques instants. Elle avait surtout imaginé qu'il lui indiquerait un refuge, un temple peut-être ou quelque chose de ce genre. Un endroit qui acceptait temporairement les vagabonds. Une solution temporaire mais qui leur donnerait secours. Aussi, lorsque le renard lui indiqua qu'elle pouvait aller chez lui, Sybilline se prit à s'imaginer à quatre patte en train d'essayer de se faire une place dans un terrier avant de rosir de sa bêtise. Peut-être que ce serait un très beau terrier ?! Ou tout autre chose.

"Euh..." transmit-elle par télépathie.

Avant qu'elle ait pu formuler une réponse appropriée, le renard sauta de ses bras pour reprendre une forme partiellement humaine. Sybilline mit doucement sa main devant sa bouche pour cacher sa surprise. Non pas qu'il s'agisse en réalité d'une superbe jeune femme mais bien parce qu'elle venait de câliner une inconnue. Heureusement, elle ne semblait pas s'en être plus offusqué que cela. Légèrement gênée, la femme à peau d'ébène sourit à l'évocation du nom que son interlocutrice lui donna. La renarde finit par réitérer son invitation. Avec soulagement, Sybilline accepta. Elle n'avait pas trop envie de se retrouver dans un endroit aussi exigüe qu'un terrier. Donc tout le reste serait forcément mieux et s'il s'agissait d'une métamorphe comme ça avait l'air d'être le cas, alors il s'agirait plutôt d'une habitation normale. Parfait !

Poursuivant la conversation, de son côté à elle du moins, exclusivement par télépathie, à défaut de pouvoir parler sans risques de déformer la réalité... elle reprit donc mentalement la "parole".

"Je te remercie... Je ne veux pas m'imposer, mais... je serai rassurée de dormir avec un toit au-dessus de ma tête cette nuit." Elle manqua de peu d'indiquer que ce ne serait "que" pour une nuit mas se retint, ne sachant pas du tout comment se déroulerait la suite pour elle.

Sybilline rajuste le chapeau pointu sur sa tête et emboita le pas à Alexia, la suivant dans les ruelles du cercle tout en jetant des coups d’œil partout pour découvrir les lieux, même de nuit, il était difficile de se faire une idée.
Alexia lui demanda finalement davantage de choses. sur elle, ce qui était plutôt normal en fin de compte. Sybilline détourna légèrement le regard, soudainement moins assurée qu'avant. Peut-être que la demeure de Tula-ri, si ceux-ci existaient encore, perdurait et, qui savait, peut-être qu'elle avait été épargnée par la catastrophe qui avait frappée Targatt. Mais... elle n'était pas allée voir. D'abord, Sybilline ne savait pas dans quelle direction aller. Ensuite, elle ne se sentait prête pour cela.

"J'ai perdu mon foyer il y a déjà longtemps... Je viens juste... de revenir. Mais trouver la cité dans un tel état... Que s'est-il passé ? Qui a succédé au roi Baragan ? Depuis combien de temps règne-t-il ? L'académie est encore debout ?"

Elle avait tant de questions à poser qu'elle s'était laissée happée par ses interrogations les plus pressantes. Savoir qui était le nouveau roi et depuis combien de temps il régnait lui permettrait sans doute de se situer, chronologiquement parlant, afin de savoir combien de temps il s'était écoulé depuis son enfermement.

Elles s'arrêtèrent devant une petit maison d'aspect un peu délabré et où il régnait un froid glacial. Sybilline entoura ses bras de ses mains pour se donner plus chaud en laissant faire Alexia. En regardant la pièce, elle finit par sourire à la jeune femme.

"C'est bien assez. Et tu as déjà eu la bonté de m'accueillir, il serait mal venu de ma part de critiquer."

A la mention de la viande et des légumes, le ventre de Sybilline se mit à grogner. La femme sombre sourit nerveusement en plaçant ses mains sur son estomac.

"Au risque d'être impolie... je veux bien un peu de soupe s'il te plait. Que puis-je faire pour te remercier en échange de ton hospitalité ?" finit-elle par demander en déposant toujours douceur ses pensées dans l'esprit de la métamorphe.

"Tu travailles dans quel domaine ?" finit-elle par demander tendis que son regard se posait sur les vieux livres et les fioles.

Réveil
(Consécutif à Chute de dominos)

Sybilline remercia Alexia par télépathie et saisit avec plus d'empressement qu'elle l'aurait voulu, le morceau de pain tendu qu'elle engloutit en quelques bouchées tout en écoutant les informations qu'elle lui donnait sur le temps actuel. Une elfe sur le trône ? Qui faisait suite à un Leckard ? Décidément, les temps avaient bien changé... Elle ne formulait pas d'avis particulier, ne sachant pas si elle devait s'en réjouir ou pas. Elle évaluait en tout cas l'écart de temps qu'au moins une centaine d'année... Peut-être davantage...

La femme au teint foncé haussa les sourcils lorsqu'Alexia évoqua l'académie et sa directrice. Cette femme avait l'air tout bonnement affreuse ! Certes les élèves avaient besoin d'un cadre mais ils avaient aussi besoin d'espace et de liberté pour pouvoir faire leurs propres expériences et en tirer les leçons adéquates. Leur dire quoi faire, quand le faire et que penser n'engendrait jamais, de sa propre expérience du moins, quoi que ce soit de bénéfique.

Sybilline ne rebondit toutefois pas sur ses propos, souriant avec une certaine tristesse en se demandant si c'était judicieux, dans de telles conditions, d'essayer de retrouver un poste de professeur. Sans doute pouvait-elle aussi travailler à l'arène. A son époque du moins, plusieurs mages se relayaient et ils étaient responsables de la sécurité et du niveau des créatures, ou constructions, ou défis, que les volontaires relevaient, avec certains prix à la clé. De par ses capacités de constructions, Sybilline avait, à l'époque, été plusieurs fois sollicitées. Cependant, elle avait alors préféré l'accompagnement des élèves à celui des chevaliers-mages.

Aujourd'hui, au moins le temps qu'elle en sache plus, peut-être qu'elle pourrait revoir sa copie... Finalement, son interlocutrice, toujours en pleine cuisine de leur repas, répondit à sa question. Infirmière. Oui, ça devait être compliqué compte tenu de l'ambiance particulière qu'il y régnait.

"J'imagine sans mal ce que ça doit être en effet..." ne put s'empêcher de renchérir Sybilline par télépathie.

"Hé bien... pour ma part, j'ai été professeur de magie spirituelle un temps... Mais je crains qu'il soit révolu. Il faudrait que je trouver une autre voie." ajouta-t-elle en riant à demi bien que rien dans sa situation ne soit susceptible de déclencher l'hilarité.

"En attendant de trouver, je peux toujours m'occuper de l'entretien de ta maison et la remettre à neuve si tu es d'accord. Ne serait-ce que pour m'acquitter de ma dette envers toi."

Sybilline lui sourit largement. Récompenser la gentillesse par de bons services était le strict minimum qu'elle puisse faire.