[Chute de dominos] Acte 1 - Positionnement Teyrnon

Le soleil était encore trop haut, bien trop haut dans le ciel pour que les vampires puissent tous ensemble, et pourtant il fallait le faire. Cela faisait déjà vingt minutes que la ville était à feu et bientôt à sang. Il y avait quelque chose dans l’air qui laissait présager le pire. Fort de son expérience, Teyrnon savait qu’une foule apeuré pouvait causer d’énorme dommages, aussi il était allé dans le Cercle pour gérer les problèmes à venir. Il faisait confiance au seigneur Antoine pour gérer la situation à Tamarang, il savait déjà qu’il évacuait les plus riches familles alliés des Helmaels, ainsi que leurs soutient encore en vie dans le quartier. Antoine avait survécu à cette ville pendant très longtemps, Teyrnon ne se faisait pas de soucis pour lui.

Dans tous les cas, le vieux vampire mafieux s’était vite rendu compte, au fil des minutes, que la situation s’aggravait. Il hurlait ses ordres pour que ses gars fasse régner le peu d’ordre qu’ils pouvaient imposer. Mais la situation était critique. Il y avait plusieurs choses à faire en même temps.

Quand les premières explosions eurent lieux, Teyrnon était en train de s'occuper de paperasse dans son bureau. Son réflexe fut de protéger son territoire en déployant ses hommes de main. Protéger les commerces qui payaient la taxe de protection, idem pour les quelques stockages en villes et la surveillance des souterrains pour prévenir toute tentative d’attaque. Teyrnon, dans l’ignorance, crut qu’il s’agissait d’un coup d’éclat de l’une des grandes familles nobles, mais très rapidement, il entendit parler des explosions ailleurs. Il vit le palais en subir une, idem pour l’Académie.

Le pire ce furent les coulées de laves dans les souterrains du quartier Vodrel et des quartiers du Cercle avoisinants. Ce n’étaient pas les territoires des Helmael, mais c’était là un risque majeur. De son côté, Teyrnon se débrouillait pour cacher des riches familles apeurées du quartier Tamarang qui souhaitait se dissimuler ou quitter la ville pour se mettre au vert dans la vallée.
Pour finir en beauté, la magie céleste était à l’œuvre. Était-ce l’influence directe des Anges ? Ces espèces de pigeons crétins ? Ils allaient tout gâcher !

Actuellement, ils étaient dans l’une des auberges les plus grandes et solides de cette partie du quartier. Le vampire y avait établi son quartier général pour gérer la crise sur son territoire. L’endroit disposait d’un accès aux souterrains et de multiples pièces pleines de gens blessés, des gens importants qui attendaient de pouvoir fuir et les quelques vampires assez vieux pour rester éveiller la journée sans problème qui aidaient Teyrnon.

Cormac, le vampire majordome s’approcha en courant du Prince Noir.

- Maître ! Nous avons du nouveau ! Les explosions seraient à cause d’un démon ! Un certain Asuar, les forces de la reine le cherche !

Teyrnon réfléchi quelques instants.

- Qu’en est-il des Xelcius ?

- Je l’ignore, mais je crois qu’ils sont dans une situation critique, on ne sait pas s’il va y avoir d’autre explosions, nous devrions peut-être faire évacuer ? Le Protectorat le fait pour le quartier Vodrel. Des religieux s’amusent à évacuer des gens aussi dans le Cercle.

Le Prince Noir se retourna :

- Tu connais le nombre de personnes qui vivent dans le Cercle ? Une telle évacuation est infaisable et ça ne servirait pas nos intérêts de toute manière. Seuls nos amis des riches familles de Tamarang qui ont trouvé refuge ici seront exfiltrés. Pour ce qui est de la roture, faites évacuer ceux qui paye la taxe des vampires. C’est déjà bien assez, pour le reste je laisse les religieux faire comme bon leur  semble.

Il jeta un œil à l’extérieur.

- Et pour les vampires ? Ils se bougent le cul ? Que font-ils des ordres que j’ai donné ?

- Ils les appliquent seigneur, actuellement les plus jeunes vampires, ceux qui ne maîtrisent pas encore leur soif de sang, sont emmenés en lieu sûr, sous terre et hors des zones à risque. J’ai envoyé des assassins trouver ce démon, Asuar, pour nous rapporter sa localisation. Mais j’ignore s’ils le trouveront.

- Il y a peu de chance, en effet. Cette affaire n’est pas terminée Cormac, prépare les gars au pire. Il faut sécuriser les souterrains et garantir un accès vers l’extérieur. Vérifiez qu’ils n’y ait pas de dispositifs tels que des explosifs ou autre du genre.

- Et pour la population ? Il y a des blessés, des morts.

- Je m’en moque. Ils peuvent crever, je ne veux sauver que les types importants. Trouvez en, les riches familles de Vodrel et de Tamarang, idem les Leckard s’il y en a. N’oubliez pas de protéger les intérêts de Brann, c’est dans notre accord. Par contre, si des lieutenants blessés des Xelcius pouvaient … ne pas survivre à leurs blessures cela nous serait utile. Il y a toujours des accidents malheureux dans ce genre de crises.

Le majordome s’inclina, prenant note des ordres à transmettre. Puis Teyrnon haussa la voix et appela quelqu’un :

- Carlsen ! Viens ici !

Immédiatement après, un type énorme, aux larges épaules et portant une imposante moustache noire se présenta. C’était un des lieutenants de Teyrnon, un humain.


- Où en est la situation ? Cela fait déjà vingt minutes que ça dure.

Le géant toussota et répondit, sur de lui :

- Vous aviez raison, les gens ont peur et certains en profite pour tenter de faire de la casse. Nous les avons maîtrisés rapidement et fait passer le mot. Nombreux sont les blessés à venir vous voir monsieur, Isolde les a parqué dans des soufroirs de fortune, en attendant que des toubibs s’occupent d’eux. Mais ça fait beaucoup. Pour ce qui est des souterrains il y a beaucoup de mouvement là dessous. Les protecteurs et les agents sont à l’affût et ils cherchent ce Démon en ville. On veut pas de problème alors on les laisse passer.

Le vampire se fit pensif. Isolde était l’une des rares vampires ayant des compétences médicales qu’il avait sous la main. C’était l’un des lieutenants de Teyrnon et elle était doué pour le relationnel avec les humains.  Acquiesçant, Teyrnon rajouta :

- Nous avons assez de gars pour tenir notre territoire, c’est bien assez. Passez les souterrains au peigne fin, je veux pas d’autre explosions ici et contrôler toutes les sorties qui donne hors de la ville. Si cette histoire est le prélude à une invasion, je veux que nous contrôlions la situation, que notre territoire soit sous contrôle.

Carlsen haussa un sourcil.

- Que faire des autres quartiers du Cercle ? N’est-ce pas le moment rêver d’agrandir le territoire ?

Effectivement, c’était une occasion de profiter de la cohue pour prendre le contrôle. Mais déclencher une guerre de gang dans cette situation était la pire des erreurs. Teyrnon ne contrôlait rien et ne savait pas dans quoi ils s’engageraient. Si un explosion avait lieu ici, alors cela en serait fini.

- Non Carlsen, nous n’interféreront pas avec les Xelcius. Qu’ils meurent dans les flammes, cela m’est égal. Par contre, les types importants chez eux, ceux qui ont pignon sur rue, ceux là sont intéressants. Les fournisseurs et les soutiens des Xelcius, en les sauvant on leur arrache du pouvoir. Faites passer un mot au Marché Noir, que nos alliés sur place évacuent immédiatement. Et bon sang, trouvez le démon qui est responsable de tout ça ! Faite savoir que sa tête est mise à prix et que toute informations permettant sa neutralisation sera récompensé  ! Cela devrait motiver les gens à se concentrer sur autre chose que sur le pillage.

Carlsen s’inclina et se retira, pour appliquer les ordres de son maître. Teyrnon lui, observa à la fenêtre la ville couverte de cendre. Qu’est-ce que cela laissait présager ? Encore une crise avec les démons ? Les territoires des Helmaels dans le quartier Tamarang avaient été touché assez durement. Deux explosions, ce n’était pas rien. Antoine avait fort à faire. Mais ici, dans le Cercle, rien n’était, pour l’instant, arrivé. Le crime en ville était largement entre les mains des Xelcius, mais la situation pourrait changer si les Helmael parvenait à garder leurs forces vivent et leurs ressources. Toutes les informations arrivaient de manière irrégulière, c’était dur de se tenir au courant. Ce manque de communication risquaient d’être très pénalisant.

Tournant en rond dans son bureau, attendant des nouvelles de ses lieutenants déployés sur les territoires des Helmaels, il espérait que la situation n’allait pas empirer …

Dans les ombres, un vampire apparu. Teyrnon savait qu’il était là, c’était Hassan al’Medhir. Ce maître assassin était un vieil enfant tricentenaire qui avait retrouvé Teyrnon à Targatt. D’une voix grave, il demanda :

- Père, que faire pour les mourants ? Ceux qui ne peuvent être sauvés … nous pourrions … vous le savez bien. Nous avons identifié toute une liste de potentiel candidats parmi les mourants que Elise à accueillie à l'hospice de fortune.

Effectivement, Teyrnon savait à quoi il faisait référence. C’était illégal mais dans l’état actuel des choses, c’était une opportunité.

- Oui allez-y, tu est assez fort pour ça depuis longtemps. Transforme les mourants en vampire parmi les pouilleux du Cercle, mais n'outrepasse pas tes limites. Ne touchez pas aux membres des Grandes Familles s'il y en a, et inutile de transformer tous le quartier non plus. Je vais peut être voir dans les quartiers Vodrel ou Tamarang s'il y a des mourants riches et influents éventuels.

Hassan s’inclina dans l’ombre et disparu à nouveau. Teyrnon avait l’opportunité d’accroître la population vampirique de la ville en toute impunité. Encore fallait-il ne pas exagérer et dépasser les limites actuelles que le vampire pouvait tenir. Heureusement, Hassan était là pour le soulager quelque peu.

Le Prince Noir se leva et alla se rendre auprès des mourants intéressants. Si besoin Hassan pouvait prendre les décisions avec Cormac.

Le vampirisme ou la mort, c’était un choix facile à faire après tout. Le tout était de savoir qui transformer, parmi les victimes du Cercle et de Tamarang alité ici. Il y avait des perles chez les pouilleux, le vampirisme laissait entrevoir la noblesse en eux.
Pour les riches potentiels de Vodrel ou de Tamarang, ce serait plus ... subtil, mais tout aussi bénéfique.