Prophétie en marche [Rattaché à "Chute de dominos"]

Réalisation de la prophétie

Comme il l'avait confié à la prêtresse d'Alieri, quelques heures après les révélations de Kardey concernant une prophétie de sa trinité, et de ce qu'elle pouvait impliquer, le haut-prêtre était lui-même parti en quête d'informations.

Il avait d'abord rejoint une de ses alliées de toujours, prêtresse de Uetich qui confirma la prophétie en émettant toutefois quelques réserves quant à l'interprétation qu'il fallait en faire. D'après elle, des erreurs s'étaient glissées dans les déductions qu'ils en avaient faites. Elle mit également en garde le prêtre de Jaben sur le double-tranchant inhérent à toute prophétie. Car si certaines actions avaient pour but d'empêcher certains pans de se réaliser, on ne pouvait savoir si celles-ci n'étaient pas déjà inclues dans ladite prophétie. Ainsi, on se retrouvait parfois à la réaliser plus surement qu'à l'empêcher, en tentant de s'interposer avec les mauvaises cartes.

La prêtresse d'Uetich put confirmer qu'une partie de la prophétie avait déjà eu lieu et montrait donc un passé récent, en progression. Ainsi, Cephas se sentit contraint de poursuivre son investigation en plongeant plus profondément dans les intentions divines. Il devait parvenir à déterminer de quelle manière Lehadin était impliqué. Ses prêtres profiteraient-ils simplement du chaos ou en étaient-ils à l'origine ? Un point qui n'avait rien d'un détail. D'autant plus que ses prêtres "proclamés" étaient rares... Lehadin préférait de loin attribuer une aide ponctuelle à un "inférieur" qu'il appréciait plutôt qu'à faire de quiconque son porte parole. Il était connu que ses prêtres étaient donc surtout là pour jouer les écran de fumée. C'était l'identité de ses élus qui était primordial. Et ce dieu savait emmêler ses intentions si bien que même la déesse des secrets peinait à les démêler...

Malgré le risque qu'il encourait, Cephas rejoignit la position de haut-prêtre de Lehadin que la prêtresse d'Uetich avait pu lui transmettre.

Le haut-prêtre atterrit dans une salle qui fut scellée dès qu'il s'y matérialisa. Il n'était toutefois ni surpris ni inquiet. Les prêtres de Lehadin étaient connus pour adorer les pièges en tout genre, en plus de tous leurs autres vices.

Toutefois, la première partie de leur entretien se déroula plutôt "bien", considérant à qui il avait affaire. Le seconde en revanche, fut beaucoup plus houleuse et le combat s'engagea. S'il fut vite réglé contre son adversaire principal, amenant à la destruction du temple comme du haut-prêtre et des quelques fidèles qui étaient présents, il lui manquait toutefois de vraies réponses. Une lecture de son âme, qu'il empêcha momentanément de partir, ne lui montra que cinq visages. Cinq visages seulement.

Il repartit voir la prêtresse d'Uetich afin de faire un rituel conjoint. Avec leurs sorts combinés de visions et de connaissance, il serait à même de tout savoir de ces personnes. Malheureusement, la traitrise de Lehadin allait toujours plus loin que prévu et c'est une affliction divine qu'ils se prirent de plein fouet. La prêtresse d'Uetich perdit la vie en renvoyant Cephas à Targatt, espérant que la distance, ou des mages compétents, empêcheraient sa mort.

Le haut-prêtre réapparut donc par un matin ensoleillé, dans un flash aveuglant, en pleine place du marché de Vodrel, tendis que les marchands installaient leurs étales.

L'homme gisait à même le sol, inconscient. Si il n'avait que peu de blessures graves visibles, il semblait impossible à réveiller et seul un mage suffisamment érudit pourrait voir que son âme et son corps étaient assaillis par une magie divine d'une puissance telle qu'elle consumait et consommait ses forces tant physiques que magiques et spirituelles. L'énergie que l'affliction absorbait lui servait à se renforcer et gagner encore en force. Le haut-prêtre s'était instantanément plongé dans un sommeil forcé afin de lui permettre de mettre toute son énergie dans la lutte contre la propagation de l'affliction qui, malgré tout, gagnait du terrain rapidement.

Je reçus ce matin là une incarnat envoyée par l'académie qui requérait l'aide urgence de Sofia. Je me demandais un instant ce que ma femme avait à voir avec l'académie avant de me rappeler qu'elle avait accouché sa nouvelle directrice Kubilay Bones. Mais Sofia s'était absentée alors je me proposait pour la remplacer. Si l'académie venait chercher un médecin ça ne devait pas être pour n'importe qui... ni quelque chose de banal. Certes, Alexia était au final une piètre guérisseuse mais on ne venait pas chercher pour autant les meilleurs médecins de Targatt sous n'importe quel prétexte.
Nous nous téléportâmes donc juste à côté du malade sur la place où semblait avoir eu lieu un incident. Je reconnus Alexia ainsi que Kubilay Bones que j'avais vu de loin dans divers affaires mondaines. La directrice semblait déjà affairée à barder de sorts celui qui devait être le patient, un prêtre.
Ignorant l'infirmière, j'interrogeais la mage blanche sur son diagnostique. Elle supposait une sorte de malédiction divine touchant à la fois l'âme et le corps. Moi qui commençait à m'ennuyer à force de soigner des maladies banales, je trouvais pour une fois un défi à la hauteur de mes compétences.
Je menais tout de même ma propre analyse - notre patient était certes dans un état critique mais un mauvais diagnostic l'aurait mené aussi sûrement à la mort. J'arrivais à une conclusion similaire, l'affliction se comportait en quelque sorte comme une tumeur, utilisant l'énergie du métabolisme pour se répandre.
Dame Bones m'annonça vouloir amputer la partie de l'âme infecté avant que l'affliction ne touche les parties importantes, puis tenter de la régénérer. Ce qui comportait le risque de décupler les afflictions physiques. La stratégie me semblait risquée mais mes compétences s'arrêtaient à la superficie de l'âme. Je me contentais donc de proposer de mettre le corps en mort clinique tout en le préservant par le froid. L'idée étant de diminuer la puissance de l'affliction en la privant d'énergie physique tout en préservant le corps. J'indiquais à la mage blanche qu'elle disposerait d'environ 30 minutes, après quoi le corps subirait des dommages. Elle aurait donc le loisir de s'occuper de l'âme sans trop se soucier des conséquences sur le corps dont je pouvais m'occuper. Je la prévins cependant qu'il faudrait également empêcher l'âme de quitter le corps le cas échéant.
Je pris tout de même la peine de mettre en place des protections adéquates sur moi même pour éviter de me prendre une réplique de l'affliction dans l'affaire. Puis quand la mage blanche fut prête, je diminuais progressivement la température du corps du prêtre jusqu'à l'arrêt de ses fonctions vitales. Je n'utilisais pas souvent ce genre de techniques mais cela s'avérait utile de temps à autre pour les opérations délicates et les hémorragies compliquées. Restait à voir si cela allait fonctionner pour priver une tumeur magique de sa source de pouvoir. Au besoin, je pouvais au pire appliquer la même approche que Kubilay et amputer les parties trop endommagées avant de les régénérer. Chose qui serait aussi bien plus simple sur un corps dont les fonctions étaient temporairement stoppées.

Réalisation de la prophétie

Cephas avait à peine eu le temps de se placer dans une transe qu'il espérait pouvoir sauvegarder suffisamment son âme avant d'être téléporté dans la foulée. Cet état ne lui permettait pas d'interréagir mais il était d'une certaine manière, conscient de ce qu'il se produisait en lui.

Il sentit un brasque afflux de magie autour de lui et des mouvements en lui, plus précisément, au niveau de son âme. Ce qui n'avait, en soi, rien de rassurant bien qu'il doive reconnaitre que le mage à l’œuvre avait de la suite dans les idées, et le courage de mettre en œuvre ce type d'actions. Par ailleurs, il se rendit compte qu'il ne sentait plus son corps et à mesure qu'il refroidissait, pour le préserver, sa conscience faiblissait presque d'autant au moins qu'il pensa sombrer dans une inconscience réelle.

A mesure que son énergie baissait, sa transe perdait en intensité et il finit par sombrer véritablement dans le noir. Une chance sans doute sinon il aurait vraisemblablement paniquer en voyant les morceaux d'âme qu'ils disséquaient. Toucher à une telle chose sur quiconque était, de base, suicidaire, mais sur un prêtre touché par une affliction d'un dieu ennemi, les luttes internes en termes d'afflictions divines touchaient un niveau bien supérieur à ce qui se produisait d'ordinaire. Tout d'abord, l'affliction majeure qui avait affecté Cephas tenta de se répandre aux personnes en contacts directs, physiquement ou magiquement parlant avant que l'âme de Cephas n'en vienne à produire une sorte de miasme magique qui tentait d'aborder aussi bien la première affliction que toutes les magies autour, réduisant d'autant les efforts de ceux qui tentaient de le sauver. Enfin, les badauds furent sans aucun doute impressionnés par la quantité de magie qui fluctuait violemment, envoyant des sorts aléatoires, non maitrisés et donc hautement volatiles, menaçant d'engloutir la place entière sous un tas de boue suite à un sort de transformation qui avait touché toute la zone.

Finalement, au terme des vingt minutes, l'affliction première ayant été endiguée et envoyée au loin, le reste se calme tout aussi vite. Le Magikae et l'Actium, s'ils avaient bien été mis sous pression, avaient été protégés par les mêmes surdoses de magie que Cephas avait produit qui avaient agi comme une barrière temporaire et instable, mais présente. Elle n'aurait certes pas tenue sur la longueur, mais avait permis de préserver ces sections.

Une fois les cercles disparus, Cephas resta inconscient encore une trentaine de secondes, respirant à peine, jusqu'à ce que subitement, un troisième œil s'ouvre au milieu de son front, irradiant d'une puissante magie qui aurait le don de décontenancer sans doute les mages présents qui seraient à même de ressentir un mélange subtile et optimal, parfaitement synchronisé, de magie profane et divine. Les yeux du prêtre s'ouvrirent à leurs tour. S'ils étaient bien toujours multicolores, leur intensité était cette fois-ci sans pareille. L'aura qui émanait du haut-prêtre n'avait rien d'humaine mais n'était pour autant pas entièrement divine. Dans le même temps, l'ensemble du corps du haut-prêtre se mit à rayonner et léviter vivement tendis que son âme était intégralement restaurée.

Finalement, une fois la restauration achevée, le troisième œil se referma et Cephas "s'éveilla", l'aura s'estompant pour redevenir celle que le haut-prêtre montrait d'ordinaire.

Il dévisagea ses soigneurs sans un mot, adressant un simple sourire et signe de tête à Alecto et Alexia avant de rester une seconde totalement interdit en découvrant le visage de Kubilay. Le haut-prêtre finit tout de même par lui adresser le même signe de tête en lui tendant la main.

"Je vous remercie Dame...?"

Privée de l'énergie physique que lui offrait le corps du prêtre, l'affliction tenta de se propager en cherchant de l'énergie ailleurs. Mes propres défenses semblaient suffire mais je réalisais qu'Alexia n'avait pas eu la présence d'esprit de se prémunir de cela. Comme d'habitude elle était autant un poids qu'une aide, mais je posais tout de même une main sur son épaule pour protéger son corps de l'affliction qui commençait à remonter le long de ses flux magiques. Je lançais aussi un bouclier autour de notre petite équipe afin d'éviter que nous soyons déstabilisés par les sorts aléatoires qui commençaient à surgir. Quand aux curieux qui étaient restés à nous regarder, ils n'avaient qu'à se débrouiller. Je restais concentré sur ma tâche, ignorant le chaos magique qui semblait s'emparer de la place.

Kubilay sembla bien s'en sortir malgré tout cela et j'observais avec curiosité les bribes de ce que je parvenais à comprendre de son rituel. Quand elle eut terminé, je ramenais progressivement le corps à température normale en faisant repartir les fonctions vitales. Il se réveilla bien plus tôt que ce que j'avais prévu et d'une manière qui - je dois l'avouer - me déstabilisa quelques secondes. Selon toute vraisemblance, le dieu que servait ce prêtre avait pris le relais pour terminer les soins que nous avions commencés. Reprenant contenance face au prêtre qui se relevait, je lui rendit simplement son signe de tête.

Comme le prêtre commençait à échanger des politesses avec Kubilay, je me retournais vers la place. Nous avions visiblement des dommages collatéraux... En dehors de notre petite formation, la place s'était totalement transformée en bourbier dans lequel quelques personnes s'étaient retrouvées empêtrées. Certains marchands avaient réussi à protéger leurs petits étals mais d'autres avaient fui avec la plupart des badauds, laissant leurs biens à la merci des sorts aux effets divers. Je lâchais un bref soupire. Tout cela faisait désordre et il se trouverait à coup sûr un débile pour venir m'accuser. Je n'aimais pas particulièrement faire étalage de ma maîtrise élémentaire mais je décidais de faire une exception pour cette fois. Les soins avaient demandé un effort intense mais finalement assez court et j'avais encore des réserves de magie suffisantes. Je posais une main au sol et transformait progressivement la boue en une surface rocheuse uniforme, les personnes auparavant prisonnières étant au passage sortie et déposée sur la terre ferme. J'éteignis aussi d'un regard les petits départs de feu qui vivotaient ça et là.

- Va donc voir s'il y a des blessés. Lançais-je à Alexia pour qu'elle se rende utile.

Pour le reste de la casse, je renverrais la note à madame Bones, après tout c'était elle qui m'avait entraîné dans cette histoire.

Réalisation de la prophétie

Le haut-prêtre n'avait pas encore véritablement prêté attention au petit chaos qu'il avait causé par désir de subsistance et ce n'est qu'en voyant le sort du maître soigneur à l’œuvre qu'il prit conscience des quelques destructions engendrées.

Soucieux de ne pas s'attirer les foudres d'une foule en colère, non parce qu'elle représenterait la moindre menace mais davantage parce qu'il serait dommage de se mettre de potentiels fidèles à dos, il profita de l'occasion pour lancer un sort qu'il n'avait pas utilisé depuis un certain temps bien qu'il l'affectionne tout particulièrement : altération de la réalité.

Sur toute la zone, les étales et objets magiques, ou non, endommagés furent restaurés. A ceci près des éventuels objets magiques majeurs pour lesquels il faudrait les réparer un à un... bien qu'il serait très étonnant qu'aucun d'entre eux puisse subir le moindre dommage réel avec de tels sorts, à moins que la propriétaire ne manque cruellement de chance. Normalement, la magie inhérente à de tels objets les protégeaient de destin aussi funestement banal.

Tendis que le haut-prêtre écoutait d'une oreille distraite les propos de ladite Dame Bones, il lança son sort. Pour les spectateurs, ce serait comme si un retour temporel avait lieu sous leurs yeux ébahis. Cependant, et bien qu'il soit théoriquement capable d'une telle prouesse, le sort était bien plus direct car plutôt que de faire revenir les objets touchés à un état antérieur spécifique, il se contentait de remodeler simplement ce qui avait été pour que "ce qui sera" convienne à tous. De la même manière, il ne fit guère de différence entre les objets et les gens si bien que ceux qui avaient des blessures -mineures seulement- furent, tout comme leurs possessions, intégralement soignés.
Il laissait les badauds plus grièvement blessés aux bons soins du sorcier et de son renard.

*Votre maitrise de la magie élémentaire est stupéfiante. J'espère que j'aurai le plaisir d'échanger avec vous à propos de vos autres talents.* Finit-il par adresser par télépathie au sorcier, maintenant qu'il avait entièrement retrouvé ses esprits et que son âme était totalement stabilisée, bien que son regard soit toujours fixé sur Kubilay à laquelle il se contenta de sourire davantage, amusé devant le même genre de renfrognement que l'on constatait chez les plus jeunes esprits.

"J'ai donc de la chance d'être tombé sur une personne si respectueuse de la loi que vous semblez l'être."

Ses yeux multicolores ne la lâchaient pas des yeux bien que son attention soit partiellement ailleurs, plus précisément, tournée vers la renarde dont il voyait clairement la nature et à laquelle il adressa également un ultime message télépathique. Il n'employait pas ce moyen par arrogance mais par politesse. Dame Bones étant encore en train de parler, il ne souhaitait pas lui manquer de respect en lui coupant délibérément la parole. Cependant, il voyait dans ces bons samaritains, deux opportunités qu'il avait à cœur de saisir.

*Je connais un lieu où vos compétences, comme votre bon cœur, seront appréciés à leur juste valeur, et où vos compétences pourront pleinement s'épanouir. Si cela vous intéresse, n'hésitez pas à venir me voir au temple.* adressa-t-il à Alexia d'un ton doux tendis même qu'il avait rebondi sur l'assertion de Kubilay.

"Attendre les protecteurs ? Alors même que vous êtes celle qui avez sans doute ici le plus conscience de l'impérieuse situation dans laquelle nous nous trouvons ? A moins évidemment que vous ayez un intérêt tout trouvé à me faire perdre mon temps."

Bien que le ton soit des plus doux, les propos et plus encore, leurs sous-entendus, l'étaient d'autant moins. Les yeux multicolores du haut-prêtre semblaient lire les tréfonds de l'âme de la jeune femme, voyant et comprenant tout. Mais ce n'était peut-être qu'une impression.
Elle le questionna finalement ce après quoi il ne put s'empêcher de sourire davantage.

"Je regrette Dame Bones, mais vous n'êtes rien, et, à tout le moins, vous n'êtes pas la Reine. Or, je ne m'adresserai qu'à elle, ou à son plus "loyal" serviteur, que je reconnaitrai sans nul mal pour l'avoir en fonction parmi mes ouailles."

Il ne lui confierait rien, ni son erreur d'appréciation, ni aucune information. Et encore moins celles qui pourraient la concerner plus ou moins directement. Quoi qu'il en soit, sa défunte amie ne l'avait donc pas envoyé là par hasard. Et pas uniquement pour le sauver. Dans le but qu'il trouve certaines réponses. Et il venait de trouver un des morceau du puzzle. Son sourire se fit un peu plus triste. Les prêtres des secrets étaient décidément ses préférés. Mais il ne pourrait plus aller les voir, pas après ce qu'il s'était produit.

Restait à recroiser les éléments qu'il avait obtenu avec ceux que Kardey aurait peut-être pu dénicher dans les méandres des fils des proches de la reine.

Un portail s'ouvrit derrière l'épaule du haut-prêtre duquel sortit un faucon pèlerin muni d'un fin ruban violet serti d'une minuscule pierre. L'oiseau mordilla affectueusement le doigt de Cephas avant de prendre son envol, filant très rapidement vers le palais, et plus précisément vers la Reine afin de lui délivrer la demande d'une entrevue "immédiate" suite aux nouvelles qu'il avait pu recueillir, tout en précisant que la présence de Kardey était "requise". Il ne s'agissait ni plus ni moins que d'un ordre de son supérieur hiérarchique après tout.

J'avais vu venir la gifle de la part de dame Bones mais je ne l'arrêtais pas. J'avais effectivement déjà fait assez pour cette petite infirmière et elle ne valait pas la peine que j'arrêtes un Maggyar qui voulait punir sa subordonnée. Je m'abstins donc de tout commentaire mais j'étais tout à faire d'accord sur le fond.

- Elle a perdu le droit de m'appeler maître quand elle a choisi vos enseignements plutôt que les miens. Je vous souhaite bien du courage si vous pensez en faire plus qu'une infirmière. Dis-je à la Maggyar avant de regarder Alexia se traîner misérablement au sol et se détourner sans un mot.
La directrice de l'académie semblait encore garder des traces de sa fonction de protectrice et commençait à interroger notre patient. Mon intervention de médecin ne m'avait donc valu qu'un remerciement de la part de la directrice de l'Académie. J'espérais qu'elle n'allait pas faire une habitude de ce mode de rétribution. Mais le sort que lança le prêtre était des plus intéressants, et sa puissance ne faisait aucun doute. Peut-être allais-je pouvoir au moins tirer quelques échanges utiles de cet incident puisque le clerc me proposa une rencontre ultérieure.

*Avec plaisir, prêtre. Vôtre magie est tout aussi intriguante.* Répondis-je avec un petit sourire pendant que la maggyar se prenait le bec avec lui. Je serais bien resté écouter de quelle "impétueuse situation" ils pouvaient bien parler mais quelqu'un vint me tirer par la manche pour que j'aille sauver les quelques blessés qui restaient. Soit, je ne pouvais pas dénigrer l'appel à ma vocation.

Réalisation de la prophétie

Malgré la surprise qui avait marqué son visage un instant, tout le reste de ses propos comme de son attitude de manière générale, avaient été joués de telle sorte à laisser filtrer effectivement certaines informations possiblement déductibles tout en provoquant ostensiblement son interlocutrice. C'était le moyen le plus rapide -à défaut de lui imposer quelques sorts divins qu'elle risquait de mal prendre- pour découvrir si elle avait les qualités que Lehadin recherchaient.

Cephas se prit à sourire tendis qu'elle lui reprochait que ses mots, durs, soient adressés à celle qui lui avait sauvé la vie.

"Allons, il serait présomptueux pour vous de croire que je vous dois quoi que ce soit. Jaben ne me laisserait pas mourir si je ne le devais pas."

Il était parfaitement en paix avec l'idée de mourir un jour, maintenant ou demain ne faisait pas grande différence si ce n'était que tant qu'il était en vie, il avait du travail. Cependant, ses propos n'étaient pas totalement honnêtes. Jaben n'était intervenu que parce qu'il s'agissait d'une affliction d'ordre divin... et pas n'importe laquelle dirons-nous. Si ça avait été n'importe quoi d'autre, ou plutôt, n'importe qui d'autre, il ne serait pas intervenu directement. Par ailleurs, Jaben n'était pas non plus le dieu de la connaissance pour rien. Dans l'esprit du haut-prêtre,il ne faisait aucun doute que l'intervention tardive de son dieu tutélaire n'était due qu'à l'intervention de Kubilay. Il devait avoir eu envie d'en voir davantage sur sa magie et la maitrise qu'elle en avait pour parvenir à gérer ce type d'affliction. Nul doute que ça servirait à Jaben, voir à d'autres dieux, un jour.

Il gloussa cependant à plusieurs reprises par la suite de son discours et notamment quand elle évoqua qu'il fut dans le camp des "gentils".

"Je suis déçu. A votre âge et après ce que vous avez vécu, que vous puissiez encore croire aux gentils et aux méchants semble quelque peu abusif. Après tout ce ne sont que des points de vus divergents."

En bon neutre, il se moquait pas mal de ce genre de choses, qu'il s'agisse d'un véritable alignement ou d'un simple point de vue philosophique ou moral. Ca n'avait de toute façon aucune prise sur lui. De plus, il était intrigué. Pourquoi se placer du côté des méchants ? C'était... un contre pieds qui n'avait pas lieu d'être.

Et elle cochait chacune des cases. Intelligence, arrogance, habileté, volonté... et amour des défis. Ou plutôt des conflits. Il fronça toutefois les sourcils tendis qu'elle mentionnait les cieux. Ca ne l'étonnait pas. Ces êtres étaient des enflures pires que que les démons à son sens. Les diables étaient.. à part et seraient peut-être en voie d'extinction sous quelques centaines d'années. Cephas s'en désintéressait donc, bien que l'impact de leur disparition jouerait un grand rôle dans la fin de la Création. Cependant...

"Vous vous méprenez. Il n'est pas encore trop tard. Sauf si vous vous abandonnez à votre dessein..." et qu'elle rejoignait les autres... il fallait à tout prix empêcher que tous les visages qu'il avait vu ne se rassemblent. Là, en effet... ce serait sans doute trop tard.  

La Primat de Uetich refuserait de le recevoir et de l'aider davantage que ne l'avait fait son amie. Cephas ne pouvait pas non plus se risquer à retourner voir les adeptes de Lehadin pour avoir des informations à la source... Peut-être en revanche que les prêtres d'Ythcatl et d'Olidamara aideraient. Les premiers pour tenter de préserver l'équilibre, les autres parce que c'était une situation presque inédite, ou à tout le moins suffisamment rare et risquée pour que ça les intéressent... Ce qui lui rappelait qu'il avait à portée de main la petite Cepheid. Non...c'était une enfant et non formée. Mais bon... ça pourrait faire gagner du temps éventuellement.

Cependant, bien que certaines pièces du puzzle se mettaient en place, Cephas n'était pas des plus rassurés à l'idée que cette Bones ait eu accès à des prophéties... Car il reconnaissait en elle tout ce que Lehadin recherchait chez ses élus.

Cephas devrait donc se mettre en quête d'un atout inattendu. Il avait envoyé son message à la reine, aujourd'hui la plupart des personnes étaient de sortie, c'était le meilleur moment pour effectuer sa recherche.

Il laissa Kubilay partir en ayant retenu chacun des propos qu'elle avait tenu, et sans rebondir dessus. Ca n'aurait servi à rien et il avait à faire.

Le haut-prêtre s'éleva dans les airs et attendit d'être suffisamment haut lancer différents sorts sur sa propre personne. Il hésita cependant... devait-il plutôt accorder son attention pour soutenir la reine quitte à avoir beaucoup plus de mal pour trouver son atout, ou se concentrer sur lui quitte à leur accorder cette manche ?
Peut-être qu'il pouvait faire d'une pierre deux coups.


Cephas avait fini par être informé de la situation par la reine. Grand bien lui fasse. S'il la laissait gérer la recherche des pierres et interroger la suspecte, Cephas lança un sort de vision à grande échelle qui le préviendrait en cas de pics d'activité magique. Ca fonctionnait aussi avec les auras des individus évidemment, comme avec les objets.
Attentif, il ferma les yeux et se détendit.

[RP TERMINE]