Z'avez pas vu Nuha ?

Le Prince Noir d’Alkhen était assis à une table, à l’étage d’une taverne d’apparence miteuse, bien qu’en réalité l’intérieur était plus que fastueux une fois arrivé dans la cave et les zones réservés à la clientèle vampirique. Le Tonnerre, tel était le nom de l’établissement, était l’un des endroit dans lequel se rendait Teyrnon pour régler des affaires de temps à autre, pour recevoir les individus qui, parfois, réclamait l’aide des vampires pour régler leurs problèmes. Cela n’était guère anodin, les Helmael dominaient une partie significative du Cercle, même si leurs affaire s’étalaient bien au-delà.

Ici, Teyrnon avait passé une petite soirée assez calme. Les gens savaient que les vampires n’aimaient guère être dérangé la journée, bien que le Prince Noir fasse parfois exception à la règle. Les affaires sont les affaires comme on dit. Depuis qu’il avait passé cet accord avec les Leckard, son chiffre d’affaire avait doublé, les Helmael dominaient clairement le jeu. Ce n’étaient que des moustiques, il ne fallait pas grand-chose pour pousser leurs partenaires venir voir Teyrnon.

Alors que le vampire pensait aux rendez vous de la nuit, il entendit quelqu’un toquer à la porte. Un vampire, Cormac Cutter, d’un enfants vampires de Teyrnon, transformé il y a une trentaine d’année, entra dans la pièce. Cormac était bien habillé, bien que d’origine pauvre, l’ancien tueur à gage, trop vieux pour son métier, avait bien failli mourir si Teyrnon n’avait pas été la pour en faire son fils dans le vampirisme. Aujourd’hui majordome, il était devenu son assistant. Il toqua et entra :

- Monsieur, Alecto Leckard souhaite vous voir. Il est en colère et raconte qu’on lui a volé son cheval.

La voix, très articulé mais abîmé par le tabac qu’il fumait de son vivant, était étonnamment discrète et sourde.
Teyrnon lui souffla à cette annonce. Il releva le nez de la lettre qu’il lisait, tout à fait soporifique tout en se grattant le nez.

- Quoi encore ? Un cheval volé ? Ils sont donc empoté à ce point chez les Leckard ? Il est seul ?

Cormac hocha la tête.

- Oui monsieur, il n’est pas accompagné.

Teyrnon soupira, Alecto qui se promenait seul dans les ruelles du Cercle. C’était là qu’on reconnaissait un aristocrate un peu trop sûr de lui.
Il fit un geste négligé en direction de la porte :

- Et en plus il vient sans escorte. Bon très bien faite le venir ici. Et pensez à rapporter du thé et de quoi grignoter, histoire de l’occuper.

Cormac acquiesça. Il alla rejoindre Alecto qu’il avait fait diligeament patienté à l’intérieur de la taverne déserte … ou presque. Trois autre vampires étaient assis ça et là, l’air peu commode.
Lorsque Cormac Cutter, droit comme un i, remonta les marches, il pria Alecto de le suivre et le conduisit dans le petit salon confortable que Teyrnon utilisait.

Un endroit très sobre bien que richement décoré comparé au reste de l’édifice. Il y avait sur une petite table, un panier de fruits, et un service à thé … pour une personne.

Le Prince Noir se leva lorsque Alecto entra, il s’approcha de lui pour lui serrer la main et le guida, tout sourire, vers le fauteuil qui lui était destiné.

- Ah, Alecto, comment allez-vous ? Cela faisait longtemps, je vous en pris venez. Asseyez vous donc ici. Voilà, il y a du Thé et des fruits, vous devez avoir faim à cette heure tardive. Tenez prenez donc une tasse.

Cormac Cutter prit la théière et versa le liquide en prenant de la hauteur. Une façon de faire bien spécifique, pour réoxygéner le breuvage. Il déposa ensuite la tasse pleine à côté d’Alecto. Cormac s’effaça et Teyrnon reprit :

- Voilà, dite moi maintenant que s’est-il passé ? L’on m’a dit qu’on vous a volé votre cheval ? C’est regrettable.

Le vampire sorti un papier, prêt à écrire si besoin une lettre pour on ne sait quel idiot.

- Pouvez-vous m’en dire plus ?

Le vampire restait serviable et poli. Il écoutait gentiment parler Alecto et attendit qu’il finisse. Puis enfin, il prit la parole.

- Alecto, vous n’êtes pas dans le quartier Tamarang ici. Les gens voient un cheval, ils ne peuvent pas savoir qu’il est a vous … il ne faut jamais venir seul dans le Cercle. C’est un endroit dangereux.  Mes gars n’auraient pas touché à votre cheval s’ils avaient su qui vous étiez. Quant aux armoiries … les gens d’ici ne savent pas lire, alors reconnaître une armoirie ? Je crois que vous attendez trop de ces personnes, si je puis me permettre. Nous ne sommes pas à l’Académie, nous sommes dans le Cercle.

Teyrnon joignit les mains, comme pour exprimer la compassion. En réalité il n’en avait cure. Ces humains qui tenaient à leurs chevaux comme à leurs premières femmes …

- C’est dommage de perdre une bête bien dressée, rassurez vous je sais ce que c’est. Il y en a plein dans cette ville, des bêtes à dresser. Votre cheval à l’air d’être exceptionnel. Je vous en proposerais bien un nouveau, mais ce serait une perte de temps je crois. Cependant, je me dois de vous prévenir.

Il prit un ton plus mesuré mais tout en restant impitoyable. Après tout c’était le maître à bord ici.

- Des incidents de ce genre, j’en gère tous les jours et toutes les nuits. Vous savez, les gens viennent me voir puisque ce sont nous qui gardons cette partie du Cercle. Beaucoup se plaignent des techniques douteuses qu’utilise votre patriarche pour s’attirer des esclaves dans son escarcelles, des gens qui sont sous ma protection originellement. Comme je vous l’ai dit, nous ne sommes pas à l’Académie ici, mais dans la rue. Au vu de la vie des êtres humains qui obéissent à la loi des Vampires, sachez que je pourrais tout aussi bien vous refuser le service que vous me demandez, à cause des actions de votre chef de famille dans ses affaires.

Brann et lui avaient passé un accord, c’était vrai, mais Alecto gardait en tête l’époque où les vampires étaient soumis à Drake. Mais cette période sombre était finie.

- Aussi, je suis prêt à vous aider à récupérer votre cheval, qui était sous votre seule garde puisque vous n’aviez pas vous même de garde du corps, mais j’attends moi-même une compensation en retour. Mais comme je vous estime, je ne le ferais pas payer avec de l’or, ce serait insultant. Disons que vous me revaudrez ça. Les Helmaels ne sont pas responsable de vos bien, sieur Alecto. Vous êtes seul responsable de votre jument.

Il fallait qu’ils apprennent à ne pas prendre les Helmael comme les larbins qui leur donnait tout ce qu’ils voulaient. Désormais, les vampires allaient commencer à prendre un peu du poil de la bête. Il était temps.

- A l’heure qu’il est, votre monture est soit déjà morte dans un abattoir, soit déjà revendue. Mais nous chercherons tout de même à la retrouver. Dites moi donc où vous l’aviez laissés la dernière fois ?

Teyrnon doutaient qu’une jument de qualité finissent à l’abattoir, mais sait on jamais avec les crétins vivants dans les rues parfois …

- Ne vous sous-estimez pas, vous n’êtes pas le premier venu, le jour où j’aurais besoin de vous, vous le saurez.

Teyrnon savait pertinemment que le vieil homme pourrait lui être utile, lui même le savait aussi, mais il ne tenait ce genre de propos que pour les apparences sans doute. Le vampire leva une main, comme pour souligner l’évidence.

- La prochaine fois, s’il vous plaît, ne venez pas dans le Cercle comme en terrain conquis, personne ne le fait, pas même moi, c’est dire. Prenez une escorte pour vos déplacement.

Il se retourna vers son domestique, toujours présent dans un coin de la pièce. Il lui demanda :

- Cormac ? Tu sais si quelqu’un à revendu une jument de qualité sur notre territoire dernièrement ?

Teyrnon aurait sans doute une réponse à cette question sans demander à quiconque, mais il préféra demander à Cormac. Ce dernier s’éclaircit discrètement la gorge avant de répondre :

- Hmm … j’ai souvenance de quelques lieux oui monsieur. Je ne suis pas certains du sexe, mais il y a trois chevaux semblable à la description faite par monsieur Leckard.  Il y a eu une vente à l’abattoir de monsieur Jonas, une autre aux écuries de Sieur Lanam et enfin Vorik Zald, le marchand, a aussi acheté un tel animal.

Jonas était une brute, un type pas très locace qui ne réfléchissait pas beaucoup. Il aurait très bien put avoir une jument taillé pour la course qu’il la découperait en tranche pour pour s’en faire des steak. Il n’allait pas demander la provenance ni prévenir qui que ce soit. Ce n’était pas un mal, d’ordinaire, mais ici c’était très fâcheux. Si jamais il avait racheté la jument, il y avait un risque pour qu’il l’ai déjà découpé et revendu …

Pour ce qui était de Sieur Lanam et Vorik Zald, c’était des individus qui tournaient autour des affaires des Helmael. Des gens influents dans certains milieux. Avec eux la difficultés allait être plutôt de racheter la jument … En fait, Teyrnon se prit à se demander s’il ne valait mieux pas que ce soit Jonas qui en ait fait l’acquisition.

- Je vois, nous allons donc rendre visite en priorité à monsieur Jonas. Avec un peu de chance, il n’est pas lié à cette histoire. Cormac, envoyez sur le champs une lettre à Zald et au Sieur Lanam, dite leurs que je vais venir les voir pour cette histoire.

Il était d’usage de prévenir de ses visites d’ordinaire, sauf dans certains cas … mais qu’importe. Autant prévenir ces individus de sa visite de dernière minute. Cela leur laissera le temps d’aller chez Jonas.

- Entendu monsieur, cela sera fait.

Teyrnon se releva, puis il accompagna Alecto vers la sortie, non sans faire venir trois vampires avec lui. Des gars solides qui dissuaderait les crétins des rues.

- Je vous en prie, l’abattoir n’est pas loin d’ici, vous avez de la chance. C’est le plus urgent alors nous iront ensemble assez rapidement. Allons-y !