Une occasion en or. (PV)

Le cercle, lieu évité par la plupart des nobles de la cité. Ce lieu est pourtant, pour les Xelcius, une source de revenus intarissable, ainsi qu’un terrain de jeu.

Victor, ce soir-là, s’y était rendu pour visiter sa taverne favorite. L’ambiance, comme d’habitude, était au rendez-vous et il y avait consommé plus que de raison. C’est donc le ventre lourd, mais d’humeur guillerette, qu’il en est sorti pour rentrer chez lui. Son chemin, cependant, ne fut pas le plus court en direction du manoir. Il choisit de se laisser vagabonder un peu dans le cercle avant.

Pendant son errance, il laissa ses pensées vagabonder. Un simple point sur sa vie. Il est Victor Xelcius, l’un des candidats au futur poste de patriarche de cette famille. C’est la base de sa vie, même si la réputation qu’ils se trainent ne lui convient pas du tout. Il veut obtenir du pouvoir afin de devenir patriarche, certes, mais surtout de la crédibilité à son propre nom. Il a vu avec les évènements de l’ère Drake que simplement suivre les forts ne conviendrait pas. C’est une chance déjà que ses actions avec Cain, l’héritier de l’époque, n'aient eu plus de conséquences.

Il souhaite devenir fort oui, mais désormais plus uniquement pour le bien de sa famille, qui le considère comme un paria vu qu’il n’est pas aussi imprévisible qu’eux.

*Quelle bande d’abrutis… Ils se disent au-dessus des règles, mais n’osent moufter dès qu’une autre famille décide de quelque chose… L’oncle Lomac, au moins, était droit dans ses bottes. Il disait ce qu’il voulait, quand il le voulait.*

Son désir de puissance est désormais pour autre chose, pour une autre personne. Une femme, forcément, douce et attirante. une femme qui le fait se sentir calme, qui l’apaise par sa simple présence. Elle est plus vieille que lui. Elle n’a aucun droit légal de se mettre avec lui, mais tant pis. Il la convoite, et il l’aura. Mais pour ce faire, il doit pouvoir la protéger. C’est ainsi qu’il s’est inscrit au tournoi de la grande fête, qui aura lieu dans quelques jours maintenant.

— Alexia…

Un peu d’ordre mis dans ses pensées, il commence à prendre enfin la direction du manoir. Il est hors de question qu’il se fasse prendre dehors après le couvre-feu. Cependant, en regardant l’heure à l’horloge de l’église, il remarque qu’il a encore du temps. Suffisamment probablement pour passer par les jardins du quartier Tamarang. Il pourra surement s’y arrêter quelques minutes pour se ressourcer dans son petit coin d’océan, comme il l’appelle.

Ainsi donc, il change encore de direction, enfin décidé vers un lieu défini. une voix l’interpelle pourtant.

— Bonsoir, Victor. Justement, je voulais te voir.

L’adolescent se retourne. Il voit une belle femme blonde qui marche dans sa direction. Sa tenue, légère pour la saison, fit frissonner le Xelcius. Elle ne semblait en effet pas tenter de dissimuler son corps, et le châle posé sur ses épaules ne semblait pas avoir d’autre fonction que de simplement réhausser ses atouts.

— J'ai beaucoup entendu parler de toi tu sais et j'avais si hâte de pouvoir enfin te rencontrer.

Victor s’incline respectueusement.

— Bonjour, madame. Puis-je savoir à qui ai-je l’honneur ?

Il se sent légèrement désarçonné par l’aplomb de l’inconnue, il se sent faible malgré la présence de son arme à sa ceinture. Il ne sait pas pourquoi, mais il a l’intuition que s’il s’en fait une ennemie, il n’en sortira pas vivant.

La femme me fixe. Je ne comprends pas. Elle a un regard intéressé, serait-elle simplement attirée ? Non. Une telle beauté ne serait certainement pas attirée par un simple adolescent, même si je sais que je suis beau. D’un autre côté, Alexia a bien craqué sur moi, donc ce n’est pas si surprenant je trouve.

Après que je me sois incliné, elle s’approche de moi, ne montrant absolument aucune hostilité. Contrairement à ma nature prudente, je la laisse faire sans me rendre compte que je ne le ferais pas, habituellement. Je la laisse même passer un doigt doux le long de ma joue sans un mot, frissonnant à peine sous ce contact.

— Appelle-moi Jezabel. J'ai longuement entendu parler de toi et j'aimerais beaucoup que tu m'accordes... Un moment…

Je déglutit. Jézabel, comme elle s’appelle, fait descendre son doigt jusqu’à ma mâchoire, alors que je me retiens de fermer les yeux pour apprécier le contact de l’ongle qui suit doucement la forme de mon visage avant de glisser sur ma lèvre. Je vois par conséquent son sourire, un sourire charmant ne puis-je m’empêcher de penser. Ce dernier s’arrête alors que les lèvres de la femme se mettent à bouger. Le son m’arrive dans le même temps.

— J'aimerais beaucoup te parler. Mais la nuit est fraîche et je t'avoue avoir un peu froid... Que dirais-tu de m'accompagner chez moi... Nous pourrons alors longuement discuter.

Je déglutit, encore une fois, alors que mon esprit ralenti procède au traitement de cette information. Une sensation étrange me prend alors que je commence à me dire que j’avais quelque chose de prévu, que ce n’est pas judicieux.

*Il faut que j'aille… Il faut… J’ai… J’ai vraiment envie… Je veux aller chez elle, je veux la suivre… *

Alors que j’ouvre la bouche pour accepter, je sens sa main se glisser dans la mienne et m’imprimer une douce traction, comme pour appuyer ses propos. Elle me souhaite donc réellement dans sa couche ? Je ne vois de toute façon aucune autre raison pour qu’elle veuille m’inviter chez elle.

— Je... vous suis…

Nous avançons donc, je marche à sa vitesse pour ne pas lâcher sa main, jusqu’à une petite maison individuelle. Quelque chose cloche. Comment une femme habitant dans cette maison pourrait s’habiller d’une telle manière, être si belle, sans avoir de problème avec le voisinage.

Nous entrons donc. L’intérieur est aménagé, certes, mais avec un goût, un style qui semble bien trop vieux pour l’habitante… Elle a probablement récemment emménagé dans cette bâtisse dont les anciens propriétaires sont morts, ce n’est pas étrange vu l’invasion de démons… Et elle utilise son argent pour ses habits plutôt que l’aménagement… Oui… C’est logique…

Une fois à l’intérieur, je reste à ses côtés, ne lâchant sa main que si elle me le demande. Je suis chez elle, j’obéirais donc à ses règles, si elles ne sont pas trop restrictives...

— C’est beau, chez vous.

Je n’ai pas le temps de me poser plus de questions à propos de sa possession du bâtiment, ni l’intention de le faire, ayant déjà trouvé, au vu du peu de lucidité que j’ai pour le moment, une raison logique et valable.

— Merci beaucoup, mais parlons un peu de toi, veux-tu ?

— De moi ? Je…

La phrase que j’allais sortir meurt tandis que les doigts graciles de la jeune femme glissent le long de mon torse. L’alcool n’aidant pas, je la laisse faire et suis le mouvement alors qu’elle me fait reculer doucement jusqu’à ce que je bute sur une surface, en partie molle, qui m’arrive à la pliure des genoux. Je m’assois alors sur le lit et remarque qu’il est de bien meilleure facture que le reste de la bâtisse. Sans me laisser le temps de me concentrer sur ce fait étrange, Jézabel s’assoit à califourchon sur moi, et je sens, je vois, aux formes de sa robe qu’elle ne semble porter que ce fin morceau de tissu en guise de vêtement. Indépendamment de ma volonté et malgré mes sentiments pour la belle infirmière, le fait de la savoir déclenche une réaction, qu’elle ne peut que sentir, à l’endroit exact où elle se trouve.

— Je suis une simple prêtresse et mon dieu m’a beaucoup… Beaucoup parlé de toi. Un homme fort, digne, loyal et capable de soulever des montagnes. Je m'intéresse beaucoup à toi… Je sais que tu veux devenir puissant… Mais avec ton maître actuel…

Je fronce les sourcils au sous entendu qu’elle vient de créer quand aux compétences du professeur Daragonne. Elle sait pourtant, elle vient de le dire, que je suis loyal et que pour gagner mon soutien, parce qu’il me paraît évident qu’elle ne souhaite pas m’aider par simple bonté d’âme, il est très peu conseillé d’attaquer sous cet angle. Mon esprit est cependant à nouveau brouillé, assailli par une vague d’hormones en provenance de la zone en contact avec la demoiselle.

Profitant de mon désarroi, elle s’appuie contre mon torse et je me laisse pousser et allonger sur le lit. Je sens son corps se presser contre le mien, son visage approcher de moi puis, sans que je ne tente rien pour l’en empêcher, ses lèvres viennent effleurer les miennes alors qu’elle commence à me parler.

— Moi je puis t’offrir tout ce que tu désires… Force, puissance, pouvoir… Et un peu plus… Ça te plairait, très jeune homme ?

Son visage disparaît soudain de mon champ de vision, rompant le contact entre nos lèvres. Je laisse échapper un léger soupir de désarroi. Je commence à réfléchir à sa proposition. Elle me dit qu’elle peut m’apporter ce que je veux, et semble prête à mettre son corps en jeu dans cette affirmation. Je sens alors sa bouche se coller à mon cou, ce qui attise l’un de mes désirs. Elle… Elle semble vouloir me montrer dès maintenant ce qu’elle pourrait m’apporter, elle… Je… Je la veux…

— Jézabel…

Je passe alors un bras dans son dos, de peur qu’elle s’éloigne à nouveau.

— Je… Vous… Vraiment ?

Je n’ai pas l’habitude. Je ne me suis jamais fait attaquer aussi avidement, jamais je n’ai autant été du côté receveur de la chose. Et… A vrai dire… C’est une situation qui n’est pas désagréable. Je ne pense même pas à relever qu’elle ne m’a toujours pas annoncé le nom de son dieu, je ne pense même pas à cette histoire de dieu en réalité. Je me laisse simplement porter par les sensations que je reçois.

Je décide finalement de profiter de l’instant qu’elle m’offre, et de réfléchir correctement plus tard. Elle semble de toute façon décidée à me faire ce présent, qui suis-je pour refuser ?

Je commence donc à arrêter d’être passif et je passe mon autre main dans son dos.