Un retour déchirant (Alecto/Sofia) (TERMINÉ)

La fin d'un songe

La nuit était calme en cette soirée, semblable à toutes les autres. Une autre nuit ou Sofia s'endormait, le coeur en pièce et la haine consumant son esprit après avoir perdu les deux êtres qui lui étaient le plus chers. Il y avait maintenant plusieurs semaines que son mari Alecto et sa fille Tryanna avaient disparu dans une révolte organiser par les adversaires des Leckard. Depuis plusieurs années déjà, elle mettait Alecto en garde contre sa famille. Elle avait senti que les ambitions des Leckard finiraient par leur être fatal et malheureusement, elle ne s'était pas trompée. Depuis quelque temps, elle ne dormait pratiquement plus et n'avait plus la tête à exercer sa profession. La clinique tournait uniquement grâce aux assistants du couple qui continuait de mettre la main à la pâte, mais Sofia elle-même ne participait plus que rarement à la vie de son établissement.

Cette nuit ressemblait donc à toutes les autres. Elle s'était écroulée de fatigue sur le grand lit qu'elle occupait seule depuis de longs mois, songeant à l'homme de sa vie et à sa fille qu'elle avait perdue. Sofia avait toujours été une femme forte difficilement atteignable, mais ses deux pertes simultanées l'avaient détruite. Qui pouvait se remettre aussi facilement de la perte de son mari et de sa fille unique? Maintenant, elle devait s'occuper seule des affaires, entrées tous les soirs dans une grande maison vide. Elle n'entendrait plus les éclats de voix de sa fille et ne retrouverait plus son mari, tard le soir, dans la bibliothèque. Elle était seule maintenant.

C'est donc en simple robe de nuit qu'elle ferma finalement les yeux pour ce plongée dans un sommeil torturé. Cependant, elle ne dormit que quelques heures. Maria, l'assistante de son mari la réveilla doucement, tard dans la nuit. Elle grommela quelque chose d'incompréhensible et se leva lentement sur ses coudes, la fixant d'un regard fatigué alors que la vampire restait devant elle, attendant qu'elle soit éveillée avant de lui annoncer qu'Alecto l'attendait de l'autre côté de la porte.

Son coeur rata un battement et elle ouvrit de grands yeux en la fixant, tétanisé. C'était.... Impossible. Pourtant, elle nourrissait encore un espoir. On n’avait pas retrouvé les corps des membres de sa famille alors... Peut-être était-ce la vérité? Sans même prendre la peine de s'habiller, elle sortit du lit et contourna rapidement Maria sans lui accorder un regard avant d'ouvrir la porte. Son regard s'arrêta sur Alecto, en piteux état, mais bien vivant, qui la regardait tristement. Sofia se mit à trembler de manière presque incontrôlable et s'approcha lentement de l'homme qu'elle aimait. Elle toucha son visage du bout des doigts en tremblant comme une feuille. Comme pour s'assurer qu'il était bien réel. Elle avait rêvé tant de fois à son retour...

-C'est... C'est bien toi... Mi amor?

Elle recula lentement ses doigts de son visage et se jeta contre lui, sanglotant de soulagement de le savoir encore vivant. Maria était sortie de la pièce et semblait les surveiller, s'assurant que son maître ne s'écroule pas de fatigue avant d'avoir annoncé à sa femme la terrible nouvelle. Sofia couvrit son visage de baiser et restant blottis contre lui, remerciant dans sa langue natale tous les dieux qu'elle connaissait de lui avoir ramené Alecto en vie et en un seul morceau. Cependant, un nouvel espoir naquit dans son coeur en le voyant en vie devant elle, elle le regarda dans les yeux et dit nerveusement.

-Tu es en vie! Ça... Ça veut dire que notre pequeno est vivante? Ou est-elle ? Je t'en supplie Alecto, j'ai besoin de la voir! Tu n'imagines pas comment ça été dur sans vous...

Elle attendit sa réponse en reculant, caressant encore son visage et ne voulant pas quitter ce contact. Elle craignait qu'il ne soit qu'une apparition qui allait disparaître si elle fermait les yeux. Mais elle essayait de se convaincre du contraire. Peut-être que ce cauchemar allait enfin prendre fin? Elle avait si hâte de revoir sa fille en vie. Tryanna lui avait tellement manqué, autant qu'Alecto. Mais... C'était difficile à dire. Tryanna était sa fille. La chaire de sa chaire. Même si elle était une femme accomplie maintenant, Sofia l'avait porté et avait pris soin d'elle durant de longues années. Comme toutes les mères, elle continuait de s'inquiéter.

Titre

Sofia pleurait de soulagement dans les bras d'Alecto, heureuse de le savoir en vie et soulagée de savoir qu'il n'était pas mort durant les combats! Elle continuait de pleurer de soulagement en le regardant dans les yeux, sa supplique semblant ébranler Alecto. Elle voulait revoir sa fille. Peut-être pourrait-elle la convaincre de quitter les protecteurs pour travailler ici, dans la clinique de ses parents? Elle était obstinée, elle tenait ça de sa mère, mais Sofia était convaincue qu'elle avait un bon fond. Les Leckard ne pouvaient pas l'avoir corrompu à ce point. Et peut-être qu'elle accepterait de revenir sur sa décision. Sofia serait si heureuse en retrouvant une vie calme auprès de sa famille. De sa seule famille. Ils étaient ce qu'elle avait de plus précieux et ne pouvaient pas s'imaginer continuer sans eux.

Pourtant, la nouvelle d'Alecto tomba rapidement. Tryanna n'était plus. Elle était morte. Les yeux de Sofia s'agrandirent de stupeur et de peur alors qu'elle recula en le fixant. Sa fille... Était morte? La prunelle de ses yeux avait trouvé la mort? Elle sentit une colère sourde l'envahir alors qu'Alecto évoquait cette personne. Cette personne qui l'avait empêché de la soigner. Sofia en avait entendu parler. Ainsi donc, ce demi-diable était la cause de sa mort. Cependant, plus que de la colère, c'est un abîme de tristesse et de chagrin qu'elle trouva au fond d'elle. Elle secoua frénétiquement la tête, le souffle court et murmura.

-N.. Non. Non. Non non non. C'est impossible! Elle ne peut pas être morte!

Elle hurla ses mots à plein poumon alors que ses sanglots redoublaient. Elle avait beau hurler, elle savait qu'Alecto n'était pas un menteur. Du moins, pas avec elle. S’il disait que leur fille était morte, c'était la vérité et elle ne pouvait rien y changer. Pourtant, elle continuait de pleurer prenant appui contre le mur, plaquant une main sur ses lèvres pour essayer d'étouffer ses sanglots. Elle n'arrivait pas à croire ce qu'il lui arrivait. Elle souhaita fermer les yeux et se rendre compte qu'il ne s'agissait que d'un cauchemar. Malheureusement, c'était la réalité. Sa fille était morte et son mari, en larme, avouait qu'il n'avait pas pu la sauver.

Prenant sur elle, elle réussit à calmer légèrement ses sanglots et se blottit contre Alecto en le serrant contre elle. Elle n'avait pas la force de lui dire quoi que ce soit, mais à cet instant, le message était clair. Au moins, lui était revenu en un seul morceau et elle ne comptait plus jamais l'abandonner. Elle avait eu beaucoup trop peur de le perdre. Soudain, elle le sentit faiblir et se retourna vers Maria en la suppliant entre deux sanglots.

-Viens m'aider à le mettre sur le lit! Va me préparer des compresses froides et apporte de l'eau! Et... Et fait cuire quelque chose, il a l'air affamé!

Avec l'aide de la vampire, Alecto fut déposé dans son lit et Sofia commença délicatement à lui retirer ses vêtements. Elle eut le coeur brisé en voyant toutes les contusions et les blessures qui couvrait son coeur. Elle avait encore le coeur brisé d'apprendre la mort de sa fille, mais pour l'heure, elle devait soigner l'homme qu'elle aimait. Avec une certaine tendresse qui ne s'était jamais éteinte au travers des années, elle répara les tissus d'Alecto, faisant disparaître les contusions et lui insufflant doucement de l'énergie.

Sofia revint rapidement avec les objets demandés par la femme médecin et elle continua ces traitements. Elle lui insuffla toujours de l'énergie par petite portion et nettoya son corps avec un chiffon humide. Ce n'était pas excellent, mais après des mois dans un endroit hostile, ça serait déjà un pas en avant. Après plusieurs minutes de ce traitement, Alecto s'agita et ouvrit les yeux. Avant qu'il ne puisse faire le moindre geste, Sofia le retint fermement contre le lit puis s'approcha, déposa un doux baiser sur ses lèvres.

-Je suis là, mi amor. Ne t'inquiète pas, tu es en sécurité et je veille sur toi...

Ses yeux étaient encore rougis par les larmes et une tristesse infinie creusait ses traits. Pourtant, elle s'efforçait de sourire. Elle avait perdu un être cher, mais elle en avait retrouvé un autre. Elle aurait tout le temps de pleurer plus tard. Pour l'heure, elle s'occupait de celui qui était revenu des morts pour elle.

L'amour d'une mère

Malgré la douleur encore bien présente dans son coeur, Sofia essayait de prendre soin de son mari tout en gardant son calme. Elle avait pratiqué ce genre d’exercice des centaines de fois, mais jamais ce ne fut aussi difficile. Les mots d'Alecto raisonnaient dans son esprit et se répétaient en boucle, plongeant une lame dans son coeur à chaque fois qu'elles les entendaient. Sa fille était morte. Maintenant, elle n'avait plus qu'Alecto. Mais maintenant, ils étaient seuls. Elle ne voulait plus entendre parler des Leckard et la famille de Sofia l'avait abandonné lorsqu'elle était encore une enfant. Elle essuya une nouvelle larme silencieuse qui roula doucement sur sa joue et continua de prendre soin de son mari. Elle devait être forte pour lui. Les derniers mois avaient été un enfer pour la femme médecin, mais pour lui ce fut sans aucun doute pire. Coincé dans un environnement hostile, seul, en ayant vu leur fille mourir. Le pauvre... Il avait tellement souffert. Malgré la peine que lui inspirait cet homme, elle ne pouvait pas s'empêcher de ressentir une pointe de rancune. Une phrase se répétait constamment dans son esprit. Si tu m'avais écouté, notre fille serait encore en vie...

Finalement, Alecto s'éveilla et n'offrit aucune résistance à sa femme lorsqu'elle le retint contre le lit. Alecto la fixa quelques secondes, puis serra doucement sa main et l'attira contre lui en lui murmurant de douces paroles à l'oreille. Sofia ferma les yeux et ce sera contre lui comme une enfant, laissant son amour et ses paroles la bercer. Oubliant momentanément la mort de sa petite chérie pour se concentrer sur l'amour que lui procurait cet homme qu'elle n'avait jamais cessé d'aimer, même après toutes ces années. Beaucoup de couples s'éteignaient au fil des années. La flamme s'éteignait et le couple devenait vide de sens et d'émotion. Pour Sofia, c'était totalement différent. Elle n'avait jamais cessé d'aimer cet homme. Ce jeune garçon réservé qui était rapidement devenu un homme. Un homme qui l'avait comblé. Un homme qui avait été un père magnifique pour leur fille. Un homme maintenant brisé qu'elle devait traiter avec tout l'amour qu'elle possédait.

Maria entra finalement dans la chambre avec deux assiettes de nourriture et les déposa sur le lit. Le ventre de Sofia grogna devant cette vue, révélant qu'elle n'avait presque pas mangé depuis quelques jours, mais elle refusa de toucher à l’assiette. Malgré la faim qui lui tenaillait l'estomac, elle n'avait pas la tête à se remplir le ventre. Lorsque Maria lui indiqua qu'elle n'avait presque pas mangé, l'hospitalière lui jeta un regard chargé de reproches avant de lui faire sèchement signe de quitter la chambre. Elle n'était pas d'humeur à se faire reprocher ses habitudes et Alecto n'avait pas besoin de savoir que sa femme se négligeait depuis qu'il avait disparu. Malheureusement pour elle, Alecto remarqua aussi qu'elle ne touchait pas à son assiette et lui demanda d'un ton suppliant de manger.

-D'accord... Je veux bien prendre quelques bouchées...

Elle attrapa la fourchette et plongea l’ustensile dans le plat de viande, mangeant quelques bouchées du bout des lèvres en jetant des regards tristes et inquiets à Alecto. Finalement, elle termina la moitié de l'assiette avant de la déposer sur une commode et de faire de même avec l'assiette d'Alecto. Sofia se glissa ensuite dans les bras de son mari, enfouissant son visage dans son cou en essayant d'être forte pour la suite. Une question lui brûlait les lèvres, mais elle était si douloureuse qu'elle n'osait pas franchir sa bouche. Elle se mit à prendre de grandes inspirations pour essayer de se calmer contre son mari et finit par murmurer.

-Comment... Comment est-elle morte...

Elle écouta ensuite Alecto lui raconter la triste vérité et cette fois, elle ne put s'en empêcher. Un torrent de larmes déferla sur ses joues alors qu'elle se laissa tomber sur le lit, sanglotant en silence devant la mort de sa fille. Elle avait souffert et était morte en combattant. Beaucoup seraient fiers d'elle et diraient qu'elle est morte comme une femme d'honneur en défendant ses convictions. Sofia, elle, voyait surtout que sa petite fille ne lui serait jamais rendue. Qu'elle était morte pour toujours et qu'elle était morte pour cette foutue famille qui n'avait apporté que de mauvaises choses à Alecto ainsi qu'à elle-même! Elle se serra contre Alecto alors que ses sanglots redoublèrent et elle hoqueta d'une voix hachée par l'émotion.

-J'aurais tellement... aimé... la revoir... une... dernière fois... Ohh... Mi pobre pequena querida...

Ses sanglots redoublèrent et elle ce mit à trembler sous le coup de l'émotion. Elle avait rendu beaucoup d'énergie à Alecto et toutes ses émotions commençaient à avoir un impact sur elle. Elle se sentait mal, comme si elle avait de la fièvre. Elle avait le souffle court et tentait de reprendre sa respiration au travers des sanglots qui la secouaient. Puis, soudainement, elle se mit à tousser violemment en repoussant Alecto. Elle se pencha par-dessus le lit et vomit le peu qu'elle avait réussi à avaler dans un hoquet de douleur avant de continuer à pleurer doucement, installé sur le ventre et la tête au-dessus du vite. Elle avait fermé les yeux et il était évident qu'elle avait beaucoup de difficulté à encaisser cette nouvelle. Elle aurait voulu être forte pour Alecto. Être celle qui le rassure et lui dise qu'au moins il était vivant. Mais elle en était incapable... Ça faisait trop mal.

Une maladie du coeur

Sofia avait été mise à terre par la nouvelle que lui avait assénée son mari. Sa fille était morte, uniquement par caprice d'un demi-diable et d'une poignée de rebelles. Ils auraient pu la neutraliser, la blesser et la faire prisonnière. Mais non, ses monstres avaient préféré la laisser agoniser dans un autre plan pour éviter de s'embêter avec elle. Elle avait particulièrement mal réagi. Et sous le stress de cette nouvelle, son corps avait rejeté le peut qu'elle avait réussi à avaler et elle s'était effondrés. Elle était en état de choc et n'avait plus les idées claires. Elle voguait dans un brouillard, la nouvelle de la mort de sa fille déstabilisant ses pensées et son état mental. Heureusement pour elle, Maria n'était pas loin et Alecto prit rapidement le relai en voyant sa femme aussi mal réagir à la nouvelle.

Il la tourna sur la cotée et essuya délicatement son visage avec un bout de tissu, pendant que Sofia le fixait de son regard humide. Son teint était blafard et elle n'avait plus la force de résister. Elle se laissa docilement recoucher et dut recevoir l'aide de son mari pour avaler quelques gorgées de la potion préparées par Maria. Les effets de la concoction furent rapides, mais son esprit était encore embrumé et elle était incapable de calmer son corps et son esprit. C'est à ce moment que Alecto lui proposa de se laisser hypnotisé par Maria. L'hospitalière connaissait les talents de cette apprentie et elle hocha légèrement la tête. Mais elle agrippa faiblement le bras d'Alecto et murmura en le fixant.

-Quédate... No te vayas

Puis, elle laissa Maria opérer cette magie qu'elle connaissait bien pour avoir vu plusieurs patients soulagés de cette façon. Le regard de Maria opéra son effet et elle sentit son esprit la quitter de plus en plus rapidement, jusqu'à sombrer dans un sommeil sans rêves.


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Elle s’éveilla le lendemain matin. Les événements de la veille étaient flous dans son esprit et pour l'hospitalière, il devait encore s'agir d'un rêve. Elle resta couchée, dans son lit, fixant le plafond et essayant de ce souvenir de tout ce qu'il avait vécu. Elle se sentait mieux après une bonne nuit de sommeil, mais lorsque sa main essaya d'agripper Alecto et ne rencontra que du vide, son coeur rata un battement. Avait-elle vraiment rêvé tout ce qu'elle avait vécu? Alecto était peut-être partie faire quelque chose... Ou simplement, elle avait effectivement rêvé et Alecto n'était jamais revenue. Elle s'assit rapidement sur le lit et ne regarda autour d'elle, aucune trace de son mari. D'une voix légèrement paniquez, elle appela, suffisamment fort pour que les habitants de la clinique l'entendent.

-A...Alecto? Alecto!!!??

En se rappelant ce qu'elle avait vécu la veille, elle se souvint de la mort de sa fille. Si c'était vraiment la vérité, elle avait au moins son mari encore en vie. Elle ne supporterait pas de perdre Alecto en plus et elle était prête à accepter la mort de sa fille. Simplement pour pouvoir sentir une nouvelle fois l'homme qu'elle aimait la serrer dans ses bras musclés.

Ce que l'avenir nous réserve...

Sofia était vraiment inquiète pour le moment. Elle s'était levée et en ne voyant Alecto nulle part elle s'était tout de suite imaginé le pire des scénarios. Elle avait peut-être rêvé tous ce qui s'était passé, ce qui ne serait pas la première fois. C'est donc le coeur battant la chamade et les yeux remplis d'eau qu'elle avait hurlée le nom d'Alecto dans la clinique. Un des apprentis vint rapidement la calmer en lui assurant qu'il était bien présent et qu'il arriverait sous peu. Ce dernier l'invita même à retourner dans sa chambre, mais Sofia secoua frénétiquement la tête en refusant tout bonnement de considérer cette option. Elle voulait le voir immédiatement! Et comme souvent lorsqu'elle était dans cet état, il était impossible de la raisonner sauf pour quelques personnes. Dont son mari.

Finalement, Alecto vint vers elle et eut à peine le temps de la saluer avant qu'elle ne fonce sur lui en se jetant dans ses bras. Elle enfouit son visage dans sa tunique comme une enfant et écouta sans vraiment les comprendre les mots qu'il prononçait. La seule chose qui comptait, c'était sa présence et le son de sa voix. Elle lui avait tant manqué. Son odeur, sa douceur envers elle. Tout chez Alecto lui avait cruellement manqué. Elle savourait donc le contact de ses bras en ce calmant progressivement, profitant de sa présence et humant son odeur. Cet homme était l'air qu'elle respirait et elle se sentait revivre en sa présence. Après tant d'années à ses côtés, elle ne se voyait plus continuer la route sans lui.

-Ce n'est pas grave. C'est moi qui suis trop émotive. Mais... Tu m’as tellement manqué...

Elle releva la tête et l'embrassa fougueusement en passant ses bras autour de sa nuque. Certains apprentis eurent la bonne idée de les laisser seuls dans ce moment intime, mais Sofia se fichait de leurs regards. Maintenant qu'elle était éveillée, elle pouvait enfin profiter pleinement de cet homme qui lui avait tant manqué. Elle allongea le baiser et se retint d'aller plus loin malgré le manque qu'elle avait ressenti de ce côté-là aussi. Elle recula légèrement et prit une profonde inspiration. Avant de se laisser à la joie de ses retrouvailles, elle avait une dernière chose à faire. Elle ouvrit les yeux et son mari put voir la flamme d'une détermination qui caractérisait si bien Sofia.

-Je veux voir Tryanna. Je veux lui dire au revoir une dernière fois avant d'incendier le corps.

Voilà, c'était dit. Elle voulait brûler le corps immédiatement et dire elle-même au revoir à sa fille. Bien sûr, Alecto pouvait objecter qu'elle devait être enterrée avec les autres Leckard, mais elle n'avait pas l'intention de laisser cette famille souillée par le mal emporter sa fille jusque dans la tombe. Et si son mari avait l'intention de l'en empêcher, elle l'écarterait. Les Leckard avaient déjà pris la vie de sa fille. C'est elle qui l'avait porté et l'avait élevé. C'était son devoir de se débarrasser de son corps et de s'occuper du reste. Pas aux Leckard.