"Un service pour une amie"[Quête personnelle - Cain Leckard]

Un service pour une amie

Tout ne s'était pas exactement passé comme il l'avait espéré ces dernières semaines. D'abord Brann était revenu et l'avait poussé à bout, puis il s'était attiré les foudres de Chad et de son elfe alors qu'il tentait "simplement" de maitriser ce qui sommeillait en lui. Pour finalement se retrouver sans pouvoirs et enfermé dans un autre plan. Si le plan en question était plutôt intéressant et agréable, il n'en demeurait pas moins qu'il ne comptait y rester enfermer et laisser encore une personne de plus décider à sa place ce qu'il adviendrait de lui. En plus elle lui faisait rater l'occasion rêvée de rencontrer les "siens" et de voir ce qu'ils valaient. De vérifier ses "liens" avérés et qui sait, peut-être même auraient-ils pu l'aider à maitriser sa forme et son pouvoir. Mais par "sécurité", la reine lui avait refusé cette "chance". Il avait donc œuvré pour sa liberté. Il n'y avait rien de répréhensible là-dedans assurément. Malheureusement, la Reine avait visiblement mal pris l'amputation qu'il avait été contraint d'effectuer sur son familier pour remplir sa part du marché et avoir un droit de passage pour retourner à Targatt.

Tout aurait pu s'arrêter là mais sans compter sur les... "amis" de Kyukon puisqu'un autre renard l'avait piégé pour le venger à ce qu'il paraissait, avant de le laisser sur le carreau avec un avant-bras en moins. Cain avait réussi à se trainer jusqu'à l'endroit d'où officiait Alecto. Ce n'était pas de gaieté de cœur qu'il y était allé mais il préférait le revoir que de crever comme un chien dans le caniveau. Et puis, sa mort aurait trop fait plaisir à Brann et rien que pour cela il était hors de question de rejoindre les enfers trop tôt. Il avait profité de la présence de son grand-oncle pour demander à ce qu'il lui rende le collier qui protègerait son esprit et lui éviterait que des "désagréments" comme celui qu'il avait vécu ne se reproduisent.

Après sa guérison, ils convinrent d'un commun accord qu'il était préférable pour tout le monde qu'il quitte la ville le temps que les choses se tassent. Alecto arrangea le passage à un Cain clairement renfrogné et qui ne comprenait pas pourquoi se donner tant de mal. Sortir de la cité était des plus simples. Il avait l'embarras du choix pour cela : par les ombres, en utilisant passe muraille pour ne citer que les deux qu'il avait déjà employé. A moins qu'ils aient renforcés les murs d'enceinte avec de la magie évidemment pour éviter ce genre de... fuites. Quoi qu'il en soit, le jeune homme restait persuadé qu'il aurait pu se débrouiller seul.

Il était toutefois reconnaissant envers Wilhelmine d'accepter de le reccueillir dans de telles conditions. Elle prenait le risque de se mettre le pouvoir à dos alors qu'il devait certainement avoir un sentiment partagé à propos de sa prise de guerre à savoir Melghir et Arakis et au sujet de son auto-proclamation en tant que Vice-Reine. Si en plus elle abritait un fugitif au sus et à la vues de tous, il y avait peu de chances pour que ça ne lui retombe pas dessus.

C'est conscient de tout cela que pour une fois, Cain évita de faire trop de vagues. Du moins aussi peu qu'il était capable. Il semblait même étrangement attentif et intéressé par tout ce que Wilhelmine tentait de lui inculquer. Il faut dire qu'elle au moins ne cherchait pas sa domination mais simplement à faire en sorte qu'il ait une vision d'ensemble, globale, des enjeux en cours, des ficelles qui se tiraient de part et d'autre du territoire et parfois même au-delà. Cain finit même par se prendre au "jeu" et à se renseigner davantage sur un sujet ou deux.

C'est en considérant avec une certaine justesse les risques qu'elle avait déjà pris pour lui sans rien demander en retour qu'il ne s'offusqua pas un instant lorsqu'elle le fit préparer à partir et le convoqua dans la foulée pour le lui annoncer plus formellement. A dire vrai, il avait imaginé que les hommes de la Reine l'auraient retrouvé bien plus rapidement que cela et il avait mit le temps imparti à profit pour recouvrer toutes ses forces et affermir sa détermination. Celle à ne pas finir dans les geôles en premier lieu, et celle de ne pas lui attirer davantage d'ennuis ensuite. D'autres suivaient évidemment mais ce n'était ni le lieu ni le moment de s'y attarder.

De même, qu'elle se décide à l'envoyer dans un autre pays ne le choqua nullement, c'était une des solutions les plus logiques. Le jeune homme pour changer de son habitude, garda le silence alors qu'elle lui expliquait brièvement le service qu'elle lui demandait tout en lui permettant au passage de s'éloigner judicieusement... si l'on en croyait les bruits à l'extérieur de la salle qui témoignaient à eux seuls de la proximité de la "menace".
Cain prit le sac des mains du serviteur, enfourna le coffret dedans et enfonça la lettre dans la doublure de sa cape de sorte à ce qu'elle ne se perde pas et qu'on ne la découvre pas facilement non plus.

"Délivrer ce coffret est le moins que je puisse faire pour vous remercier, Ma Reine."

Ajouta-t-il avec un léger sourire avant de prêter attention aux dernières instructions. Lettres de change, potions, nécessaire à la survie a priori puisqu'il y avait de quoi bivouaquer.
Les bruits s'approchant rapidement, Wilhelmine brisa son collier qui laissa apparaitre un portail dans lequel Cain s'engouffra sans se faire prier tout en tentant de discerner les derniers mots de son amie. Trouver... Clarence ? Il n'était pas tout à fait certain d'avoir entendu le nom mais c'était tout ce qu'il avait donc il ferait avec.

Il lui fallut quelques secondes pour que son esprit enregistre son nouvel environnement... par chance, la scène qui se déroulait sous ses yeux était assez commune pour qu'il comprenne ce qu'il se passait.
Mais avant qu'il ait vraiment eut le temps de réagir, il se fit éjecter de la chambre... puis du bordel par deux gros bras. Faute de savoir où et dans quoi il avait mis les pieds, excepté dans un bordel en somme, il préféra ne pas répliquer bien qu'une étincelle soit apparue tel un éclair pendant un instant. Ces deux brutes avaient au moins eu un effet positif : Cain avait reconnu leur accent et savait donc au moins dans quelle contrée il était. Il savait donc tout autant qu'il ne parlait pas la langue d’Hochseegrad. Contrairement à Drake. Toutefois avoir accès à ces souvenirs étaient une chose déjà difficile, et reproduire soi-même le son de manière adéquate en était une autre tout à fait différente.

Toutefois ça pouvait peut-être lui éviter de passer 3 ans à apprendre la langue avant de réussir à faire parvenir le coffret à son destinataire.
Les regards qui lui jetaient certains passants finirent par forcer le jeune homme à se mettre en marche bien qu'il ne sache pas vers quoi aller, il se décida à suivre les rues principales, non pas pour chercher une auberge mais pour commencer à découvrir la ville. Quoi de mieux que de le faire de nuit, lorsque les âmes les plus "intéressantes" étaient de sorties ? Du moins telle était son idée initiale. Pourtant, après quelques rues, il s'arrêta en songeant que dans le cas d'une mauvaise rencontre, il n'était pas certain de pouvoir protéger le contenu de son sac en cas de besoin. Ce qui lui causerait quelques problèmes assurément. Il reprit son chemin le plus naturellement du monde mais cette fois-ci en faisant attention aux recoins qui auraient pu abriter une âme pour la nuit, ou des malfrats. Ce serait dommage d'aller se jeter dans la gueule du loup et il puisqu'il ne se considérait pas comme le plus chanceux des hommes, il préférait ne pas tenter le diable, sans mauvais jeu de mots.

Finalement, ne trouvant pas son bonheur, il se décida à sortir de la ville dans l'espoir de dormir à l'abri des regards. Il reprendrait son exploration plus tard. Il se demanda en premier lieu quelles étaient les normes acceptées pour les sorciers. Ou les mages ici. Ce serait bête qu'il finisse en cellule ici alors qu'il était parvenu à y échapper à Targatt.

Une fois sorti de la ville, ou du moins une fois que les maisonnettes commençaient à s'espacer pour laisser place à de la verdure en nombre suffisante pour s'y installer, il avisa d'un bosquet touffu et entreprit de déballer son attirail de sorte à ce que sa toile de tente ne soit pas visible depuis le chemin de terre qu'il avait emprunté. Il mit en place une barrière mortelle à l'intérieur de la tente, juste autour de lui et s'endormit l'instant suivant, le sac lui servant d'oreiller, ce qui était également fort pratique pour le surveiller.

Si la nuit se déroulait sans accroc, il s'éveillait après les premières lueurs de l'aube mais ne repartait immédiatement en ville, préférant mettre quelques heures à profit pour tenter de se "rappeler" de quelques mots clés qui lui permettraient de s'exprimer un minimum et d'être presque intelligible si possible.
peu satisfait de ses progrès après quelques heures, il fut contraint d'arrêter là ses efforts considérant le filet de sang qui coulait de son nez et de la sueur qui couvrait son front sous l'effort qu'il devait faire pour déchiffrer l'esprit de Drake qui, décidément, restait difficilement pénétrable.

Enfin hors de sa tente, il replia le tout soigneusement et se décida enfin à retourner en ville pour la découvrir un peu de jour. En chemin, il alla changer une de ses contre 50 pièces d'or et finit par s'échouer, après plusieurs heures de marche, dans une taverne pour prendre un repas... et quelques informations concernant "Clarence". Connaissant Wilhelmine, la personne devait être une étoile montante à défaut d'être déjà connue. Peut-être que le nom leur dirait quelque chose. Restait encore à pouvoir se faire comprendre.

Il testa le peu de vocabulaire qu'il avait et son accent en demandant de quoi manger et boire au tavernier avant d'aller s'asseoir dans un coin qui lui permettait de balayer toute la taverne d'un coup d’œil.
Quand à ce Clarence, il comptait bel et bien jouer les touristes, voire les débiles si nécessaire pour obtenir plus facilement quelques informations... si seulement quelqu'un avait entendu parler de lui et qu'il s'agissait du "bon" Clarence... et que Clarence soit bel et bien le nom prononcé par la Vice-Reine. Ca faisait beaucoup de "si" mais Cain n'avait pas le choix que de s'en accommoder. Aussi ça ne servait à rien de remuer le couteau dans la plaie sur le fait qu'il se sentait un peu perdu et qu'il doutait soudainement d'être à la hauteur d'une tâche aussi simple. Des pensées qu'il s'empressa de refouler pour "savourer" le plat qu'on lui présentait.

Un service pour une amie

Pour avoir découvert la ville de nuit, Cain devait admettre qu'elle était déjà des plus impressionnantes, tant par sa taille que son activité. En Hésandre la plupart des commerçants étaient fermés la nuit. Ici visiblement les noctambules pouvaient trouver leur bonheur aussi facilement qu'en plein jour, ou presque supposait-il. En s'éloignait des artères principales, il s'était même perdu sans même s'en rendre compte. Du moins jusqu'à ce que les lueurs des lieux les plus passants ne soient qu'un souvenir et qu'il ne voit plus à trois mètres devant lui. Il avait finalement leva le nez et s'était guidé aux lueurs qui rosissaient le ciel pour revenir vers un quartier habitable. Il avait débouché devant la garnison... Inutile de dire qu'il ne s'y attarda pas plus que nécessaire après avoir jaugé que là encore, le nombre de gardes devait être impressionnant... Le reste de sa promenade nocturne lui permit donc de confirmer son impression relative à la garde de la cité qui était omniprésente dans les lieux fréquentés. A ce qu'il pouvait en juger du moins.

Mais le plus étonnant venait des auras des personnes qu'il croisait. Contrairement à d'autres contrées, et notamment Hésandre, les mages ne dissimulaient pas leurs auras et les non-mages ne leur jetaient ni des regards de tueurs, ni des regards effrayé. De même, pour le peu qu'il avait pu observer, tous les "types" de mages semblaient à peu près représenté. Contrairement à Targatt où la poignée au pouvoir cherchait toujours à restreindre les autres facettes qu'ils jugeaient "non compatibles".
En fin de compte, ça laissa à Cain une étrange impression de liberté. Une vraie pour le coup. Il pouvait être "naturel", sans moduler son aura dans ce lieu ? Sans regarder sans cesse par-dessus son épaule pour voir si un membre de sa famille, ou plus récemment la garde de Luthien, n'étaient pas là. Oui... C'était sa première expérience de liberté depuis sa naissance en fin de compte. Il finit par conclure qu'il s'agissait d'une chose à la fois effrayante et affreusement grisante. Il n'avait même pas remarqué qu'un léger sourire avait germé sur ses lèvres qu'il conservait tendis qu'il déambulait dans la ville et prenait finalement le chemin de la sortie d'Hochseegard.

Une fois qu'il eut passé les fortifications et le bastion il découvrit aux pieds de la ville une autre version d'elle-même qui lui rappela le cercle, du moins certaines parties. Que ça soit par l'odeur présente ou pas l'aspect général nettement plus vieux et sale. Pour autant, c'est une senteur des plus agréables qui retint son attention et lui fit lever la tête vers une femme qui sortait d'une maison avec un paysan qu'elle salua avant de retourner vers la cité. Son odeur était un mélange de senteurs naturelles et de fleurs ce qui avait du sens considérant toutes les fioles, flacons et bouteilles qu'elle semblait transporter. N'étant pas un expert, il n'avait aucune idée du nom de la fleur dont le parfum dominait, mais il pouvait dire qu'il appréciait cela. Et il était persuadé d'avoir déjà senti une fragrance dans ce style un jour en Hésandre mais il abandonna vite sa tentative de s'en remémorer puisque la femme le salua. Plutôt habitué à être ignoré, ou plutôt, que les gens s'ignorent mutuellement, il ne répondit que par un signe de tête poli et s'arrêta un instant après qu'elle fut passée pour la regarder une seconde plus avant de reprendre sa recherche d'un coin isolé pour y passer une nuit qu'il espérait paisible maintenant que la fatigue le rattrapait.

Finalement, il avait ouvert le sac à dos et fouiller un peu pour trouver la toile de tente et le sac de couchage sans vraiment faire attention au contenu détaillé sur le moment, trop heureux de pouvoir dormir. Il ne fut réveillé qu'une fois ou deux par des gardes qui lui demandèrent ce qu'il faisait là tout seul. Ne connaissant pas trop les us et coutumes et surtout, n'ayant pas envie de se faire choper bêtement avant d'avoir délivré le fameux coffret, il avait tenté de leur faire comprendre qu'il voyageait pour retrouver quelqu'un et s'était éloigné de la ville pour éviter les mauvaises rencontres. Ca avait du leur convenir car ils ne tentèrent pas de l'extirper de sa tente de force, à moins qu'ils aient détecté ses sécurités... Finalement, une conversation le mena à prononcer le nom de celui qu'il cherchait. Malheureusement ce ne fut pas d'une très grande aide et on lui confirma que l'atmosphère entre Hésandre et Hochseegrad était quelque peu électriques. C'était bon à savoir. Il était donc sans doute censé faire profil bas... bah il verrait bien au fur et à mesure. Et surtout, demain.

Le lendemain Cain avait repris le même chemin en sens inverse et avait pu apercevoir maintenant qu'il faisait jour toute l'étendue des faubourgs et constaté leur insalubrité pour certains... de même le fait fort utile qu'ils crameraient vite si besoin. Il ne pensait pas à mal mais c'était toujours une chose utile à noter pour un pyrokinésiste. Après tout, on ne savait pas de quoi l'avenir était fait.

A mesure qu'il s'approchait des portes, c'est un flot grouillant qu'il croisait. Si il avait trouvé la ville active de nuit, de jour il avait l'impression d'être une vraie fourmilière. Et les industries battaient leur plein, jamais il n'avait vu ni autant de gens, ni autant de contenu, de marchandises, de bric-à-brac, de tissus, de fartas de ... tout. c'était même un peu étouffant dans le fond. Il lui faudrait sans doute un jour ou deux pour s'y faire.

Ayant besoin d'un peu plus d'air, il finit par redescendre vers le port où il entendit certains marchands parler le commun. Après plusieurs étales, il lui sembla reconnaitre un marchand de la République de Poula.
Après pas mal d'hésitations, il s'était fait violence pour entamer la discussion avec l'un d'eux. Si il parvint à faire parler le marchand de tout et n'importe quoi pendant un temps qui sembla relativement long, en revanche, il ne parvint à décrocher quoi que ce soit d'utile pour l'aider. Toutefois, il n'avait pas une ressource d'or inépuisable et n'avait pas pensé à leur en proposer. Ou plutôt il s'était dit qu'il trouverait "autre chose", ou plutôt "quelqu'un d'autre" pour lui être utile. Allé savoir pourquoi, Cain n'accordait pas grande confiance aux marchands de manière générale. Aussi n'insista-t-il pas plus que cela.

Toutefois, l'un d'entre eux avait eu le don d'éveiller sa curiosité en lui demandant d'être présent le soir-même et qu'ils "s'entraideraient". Ce genre d'arrangement puait tellement l'arnaque ! Forcément qu'il y serait !
Puisqu'il avait du temps à tuer avant la fin de journée, il avait continuer à visiter la ville, cette fois-ci en sortant le plan de sa sacoche pour essayer de se repérer plus facilement et surtout mémoriser les lieux importants et les rues adjacentes aux grandes artères, juste au cas où. Évidemment il ne retiendrait pas tout aussi se concentra-t-il sur les environs directs du port.

Puis il tenta de se renseigner sur les pontes de la ville, l'organisation... de quoi trouver peut-être un levier ou deux pour l'aider dans sa recherche en se rendant utile auprès des "bonnes" personnes si côté marchands ça ne servait à rien comme il le pressentait. Il se demanda aussi quelles étaient les conditions pour faire parti de la garde en tant que mage. A moins que d'autres postes plus intéressants puissent l'intéresser... nul doute que ça pourrait lui ouvrir des portes mais il délaissa l'idée en songeant que ce serait sans doute un processus trop long. D'un autre côté, il n'y avait rien pour lui à Targatt, ce serait peut-être le moment qu'il trouve ce qu'il avait envie de faire. Vraiment. Pas par nécessité, mais juste pour lui. Dans le fond c'était une bonne opportunité pour lui de s’apprivoiser autrement que par le sang et les rebellions vouées à l'échec.

Mais avant tout, il voulait se débarrasser du service qu'il devait à Wilhelmine. Il aurait tout le temps après cela d'étudier ses options. De plus, il aurait nettement plus de connaissances sur ce pays pour ce faire. Enfin... normalement.

Il finit par échouer après quelques heures dans une taverne près du port et essaya de baragouiner ce qu'il avait tenté de retenir en vain a priori considérant le peu d'intérêt qu'il suscitait chez le tavernier qui sembla presque l'ignorer, de même que les marins qui le bousculèrent sans même le remarquer a priori. Il n'en fallait pas plus pour que sa patience légendaire ne soit en passe de s'épuiser. Un poing serré, la température de l'air à son contact semblait presque quelques degrés alors qu'il se demandait si il préférait faire bouillir le liquide que des gros patauds buvaient pendant qu'ils étaient en train de le faire ou si faire bouillir leur sang entier ne serait pas plus sympathique à regarder.

Finalement, il parvint à grand peine à se contenir et se contenta d'aller s'asseoir alors que le plat de celui qui l'avait le plus bousculé arrivait au marin nettement trop cuit. Un jeu d'enfant pour lui. Une broutille qui, depuis le temps qu'il l'utilisait machinalement, ne lui demandait ni de concentration visible, ni de parler ou de gesticuler bêtement comme pour lancer d'autres sorts. Ce n'était pas suffisant à son gout mais il devrait s'en contenter... Ca pourrait être pris pour une blague si quelqu'un le grillait, contrairement à ce qu'il risquerait en tuant un type. Même si il semblait y en avoir des centaines pour prendre sa place...

ll dégusta ses lentilles en se demandant si il était censé aimer ou pas. Finalement, il en conclut que c'était mangeable et que c'était tout ce qui comptait pour l'instant. Idem pour la pinte qu'il avait à peine entamée lorsqu'un brouhaha s'éleva au-dehors. Cain ne bougea pourtant pas, trop concentré sur l'étude de son plat. Du moins jusqu'à ce qu'une explosion le fasse sursauter et que le type derrière lui ne lui "conseille" de répondre à l'appel en se révélant comme "magus"... devant une telle foule.
Le jeune homme soupira et délaissa son plat en préférant pouvoir le finir froid que de ne plus avoir de tête si l'inconnu disait vrai.
Avant de sortir de la taverne, il tenta d'en voir davantage de l'homme en question. Il tentait aussi de déterminer quel type de "magus" il était puisqu'il n'y avait presque que d'autres comme lui qui soient a priori capables de le repérer. C'était son aura ou son petit tour qu'il avait vu ? Dans tous les cas, il aurait volontiers parler un peu plus avec ce dernier.

Une fois dehors, il dut pousser quelques citoyens pour se frayer un chemin hors de la marée et constater l'ampleur du désastre en cours. Un brasier d'une taille plutôt gigantesque avait pris forme et avait commencé à bruler quelques étals. Mais, trop étendu, il menaçait également les habitations et éventuellement les gens à l'intérieur.

Cain sentait quelques regards sur lui et songea qu'il trahissait tout ce que lui avait appris Drake. Ce qui était peut-être une bonne chose en fin de compte ?
Toutefois, entre les marchands qui n'étaient pas si clairs que ça et qui avait sans doute décidé de faire exploser leurs concurrents, qui pourraient le rétribuer d'une manière ou d'une autre de ses services; et les vies insignifiantes de personnes incapables de survivre par leurs propres moyens, le choix était vite fait. L'atteinte de son but passait avant tout. Comme d'habitude en fait. Et il jugeait que sauver ce qui coutait cher était ce qu'il y avait de plus rapide pour attirer à lui des personnes qui pourraient sans nul doute lui en dire plus sur... tout ça.

Certes il n'était pas du genre à attaquer des gens sans défense et qui ne lui avaient rien fait mais il n'allait pas non plus aller les sauver. Quoi qu'à la réflexion, il avait déjà attaqué des gens sans défenses avec la Lune... Ouais... Son choix était fait.

Il aurait pu pénétrer dans le feu mais ça aurait été risqué ce qu'il transportait, et dévoiler son immunité. Deux choses fort peu intelligentes, aussi s'approcha-t-il au plus près des flammes mais sans risquer de voir ses vêtements prendre feu. Il aurait aussi pu les protéger de sa pyrokinésie mais vu l'ampleur du feu, il ne pourrait sans doute pas se permettre de séparer ses efforts en deux.

Il ferma les yeux une seconde pour englober de son esprit le brasier qu'il visait et qui attaquerait bientôt les marchandises. Son aura se déploya quelque peu sous l'effort qu'il se préparait à fournir. Il tendit finalement les bras vers lui et tenta de le faire décroitre progressivement. Tel un animal rageur et affamé, Cain semblait l'amadouer pour le forcer à lâcher prise sans faire plus de dégâts. Jamais jusqu'alors il n'avait agit sur autant de feu d'un coup et ça lui demanda de forcer un peu plus ses efforts à deux reprises. Toutefois, il avait la chance dans son malheur que ça soit tombé sur l'élément qu'il contrôlait le mieux. Et puis, conscient que les regards étaient rivés sur lui, il joua un peu la comédie en feignant un affaiblissement de sa personne légèrement plus conséquent qu'il ne l'était réellement, réduisant son aura petit à petit à mesure que le feu régressait. Comme quoi, les automatismes mis en place ont la vie dure malgré tout.

Restait à savoir qui était censé intervenir pour l'autre brasier... Une fois son côté "éteint", il se tourna pour voir où en était l'autre.

Un service pour une amie

Bien qu'il ait pu apprendre pas mal de mal de choses du marchand de Poula, il n'avait pas noté toutes les informations et il y avait e fait de fortes chances qu'il en oublie quelques unes que son esprit aurait jugé comme moins importantes que d'autres. On ne pouvait pas lui en vouloir, c'était la première fois qu'il voyageait, qu'il était livré à lui-même pour ce "vrai" et sans filet de secours. Et c'était bien à cause de tout cela qu'il avait déjà énormément à assimiler. Quoi qu'il en soit, il avait bien noté quelques petites choses étranges chez ces marchands. Une intuition sans doute, rien de plus.
L'âge du Roi et sa vigueur étaient parmi les choses qu'il jugeait comme étant "étranges" mais il n'en avait pas tenu compte en dehors de tenter de retenir le nom de ce type.

Quand à ce Friedrich Hulbarth à qui ils devaient tant visiblement, leurs dires à son encontre avaient fait naitre dans l'esprit de Cain la représentation d'un homme froid et pragmatique non sans lui rappeler son grand-père. Sans doute se fourvoyait-il, mais toujours est-il qu'il ne nourrissait guère l'envie de le rencontrer. Et d'ailleurs il ne devrait pas en avoir la nécessité a priori, donc tout irait bien.

Il tenta de retenir au milieu du flot de paroles le nom des villes qui commençaient à prospérer. Si d'aventure celui qu'il cherchait en avait eu marre de ce raz de marée de vivants, pire, de grouillants, peut-être ce serait-il trouvé un petit coin de paradis bénéficiant du même rayonnement mais sans subir les mêmes inconvénients... Il retint à grand peine à frisson et une grimace de dégout en repensant au monde agglutiné devant les portes lorsqu'il y était passé. Il avait beau se savoir faire parti de cette masse, une part de lui ne pouvait s'empêcher de les considérer comme des nuisibles et de ne pas comprendre comment on pouvait accepter de vivre ainsi. Et l'idée selon laquelle ils "n'avaient pas le choix" lui était indifférente et sonnait comme une excuse à ses oreilles.

Finalement, le Conclave fut abordé ce qui contribua à re concentrer l'attention de Cain sur la voix du marchand. Pour le coup, il emmagasina sans mal toutes les informations le concernant, aussi maigres soient-elles. Le fait qu'un confrère stoppe le marchand dans sa phrase n'était pas pour lui plaire mais il n'était pas en position d'exiger des réponses, aussi prit-il sur lui de ne pas relever et d'embrayer sur celle qui dirigeait la garnison de la ville. La description qu'ils en firent lui rappelèrent un peu de Wilhelmine et un léger sourire amusé fleurit sur ses lèvres. il nota donc qu'elle ferait éventuellement un interlocuteur plus "compréhensif" que les autres. C'était toujours utile de savoir à qui graisser la patte et à qui éviter de le faire.

Au commentaire du marchand sur le fait qu'il garde sa tête et qu'il évoque leur noms à la Vice-Reine, il se permit un petit rire enjoué et leur assuré qu'il n'y manquerait pas en glissant qu'après tout, "il est toujours utile d'avoir des amis en terre étrangère." Surtout par les temps qui couraient. La fortune tournait si vite...

L’aparté concernant le développement du mercenariat fut sans conteste un des éléments qui s'ancra d'office dans sa tête, bien plus facilement que d'autres. Il faut dire que ça répondait à plusieurs des questions qu'il s'était posé quelques heures plus tôt tendis qu'il déambulait dans la cité.
Sur ces bonnes paroles, il l'invita à venir le retrouver le soir sur le navire marchand qu'il lui désigna sur le port qui s'étendait devant eux.

Cain comptait bien s'y rendre en temps et en heure mais il ne comptait pas le faire le ventre vide. Toutefois une fois encore tout ne se passa pas exactement comme prévu. D'abord car il eut énormément de mal à se faire comprendre. Ensuite parce que ces rustres l'avait gonflé. Mais il s'était amusé à leurs dépends et comme pour le récompenser davantage encore, les marins avaient commencé à s'en prendre au tavernier ce qui ne pouvait que lui faire plaisir.

Malheureusement, son amusement fut de courte durée à cause de l'explosion qui retentit, et l'incendie qui se déclara derrière.

Incapable de se charger seul de deux foyers aussi conséquents, il avait choisi celui de ses éventuels contacts, à savoir les marchands, tentant de sauver leurs étales et marchandises. Si il parvint à éteindre les flammes de son côté, ce ne fut que pour laisser l'autre brasier se répandre et bruler vifs quelques personnes, propageant l'odeur caractéristiques d'un bucher sur le port et ses environs. Cain ne pensa pas à feinter de la compassion ou de l'horreur en entendant les cris. En vérité, la seule chose qui lui traversa l'esprit fut que ça ferait toujours quelques bouches de moins à nourrir e qu'ils seraient vite remplacés.

Finalement, il remarqua que les flammes qu'il avait combattu reprenaient du poil de la bête tendit qu'il s'était autorisé à regarder ailleurs, alimentées par le nouveau combustible qui leur étaient amenées. Il pesta mentalement tout en entendant que les pompiers arrivaient. Ou essayaient à tout le moins de se frayer un passage au travers de la foule en panique qui courait en tout sens. Il jura mentalement et se reconcentra sur sa tâche, sans négliger ses efforts cette fois-ci pour éviter davantage des ravages plus importants encore. Il se rendit compte qu'une petite flamme avait même pris sur la manche de son manteau. Faute de pouvoir être blessé par les flammes, il finissait par en oublier que ses vêtements quand à eux les craignaient tout autant que les badauds qui en étaient morts. Il éteignit la petite flamme d'une pensée avant de se concentrer, pleinement cette fois-ci, sur le feu.

Sous l'effort plus important qu'il fournissait, ses iris se mirent à luire, faisant ressortir le doré de ses yeux et renforçant un peu son aura. Bon sang ils en mettaient un temps fou pour arriver ces id... il vit trop tard la vague prendre forme et l'emporter comme le furent la plupart des marchandises dont une sorte de vase se fissura lorsqu'il rencontra son crâne. Plaqué violemment contre la parois d'une maison, le choc lui fit expirer une partie de son air et il faillit utiliser son contrôle de l'air pour générer une bulle d'air. Il n'en eut pas l'occasion, l'eau se retirant aussi vite qu'elle était montée.

Cain retomba à genoux en toussant une partie de la tasse qu'il avait bue quand la vague l'avait surpris. Il se redressa en se tenant l'épaule qu'il semblait s'être blessée dans l'expérience. Rien d'important à en juger par le fait qu'il pouvait toujours la bouger sans hurler à la mort. Une fois de nouveau sur ses jambes, il vit d'une part qu'il avait échappé de peu à une poutre, avant de constater de loin l'arrivée d'une femme parler aux pompiers. Alors qu'il allait se diriger vers elle, un attroupement de marchands se forma autour de lui, monopolisant son attention et l'empêchant de passer. Pourquoi se plaindre ? Il avait exactement l'effet voulu : attirer leur attention à eux. Toutefois, ses contacts n'étaient pas là.
La pensée qu'ils étaient sans doute à l'origine des flammes se forma un instant, à moins qu'ils aient péris par elles. Quoi que, l'un n'empêchait pas l'autre pour autant.

Trempé et dégoulinant, il essayait de comprendre le brouhaha ambiant et de se défaire de la foule. Si le cercle des marchands arboraient des visages reconnaissants, les citoyens portaient des masques composés tant de colère que de tristesse et d'indignation. Il n'en fallait pas plus pour que Cain cherche une issue. Partir en volant était sans doute la solution la plus simple même si il en cramerait sans doute un ou deux ce faisant... Alors que la foule continuait à grossir, que la fille aux cheveux verts approchait, le jeune homme sentait l'agacement poindre, et avec lui, son attrait naturel à répondre à tout par la violence.

Une main se posa pourtant sur son épaule. Cain tourna la tête vers l'inconnu pour remarquer qu'il s'agissait du même homme que précédemment. Il ne l'avait pas spécialement senti approché, ni vu faire d'ailleurs... En tout cas considérant ses vêtements "vieillis", il s'agissait bien du même type que celui qui lui avait déjà conseillé d'aller aider avec ce feu.

Sans se faire prier davantage, il renonça à l'idée de tous les cramer ne serait-ce que pour avoir de l'air, et acquiesça.

"Je vous suis..."

Mieux valait un type louche qu'une foule de gens en colère. Si Cain sentit bien une odeur qui lui disait quelque chose, de loin, il ne tilta pas du tout sur l'essence en question et encore moins sur le fait qu'un homme en porte... ce qui pouvait poser un certain nombre d'interrogations par ailleurs. Trop pressé de s'éloigner de ces cafards, il se prépara à utilisa un sort mineur d'air pour générer au besoin une bourrasque afin de repousser un agresseur pas trop imposant. C'était le sort le plus "doux" qu'il connaissait, il ne pourrait pas faire mieux pour ne "pas faire de vagues" comme le réclamait l'inconnu.

Lorsqu'ils se furent éloignés, les questions fusèrent à une vitesse impressionnante tant dans l'esprit du jeune mage qui était déjà en train de sécher ses vêtements en chemin, tant qu'oralement.

"Je vous remercie de m'avoir aidé, même si je ne saisis pas pourquoi vous le faites ? Qui êtes-vous ? Vous vivez dans cette ville ? Vous parlez parfaitement ma langue..."

Sans doute pas les questions les plus pertinentes mais ce n'était que les premières d'une longue série. Cain porta de nouveau la main gauche à son épaule pour la masser. Croyant sentir de l'eau couler encore de ses cheveux, il y passa sa main pour les plaquer en arrière et constata ensuite qu'un peu de sang y était. Vu le peu ce n'était pas non plus une blessure grave. Sans doute une coupure à cause du vase qu'il s'était pris lorsque la vague avait tout envoyé boulé. Il essuya sa main sur sa manche encore humide sans y faire réellement attention, plutôt occupé à essayer de déterminer où l'entrainait l'homme et soucieux d'obtenir des réponses à ses questions.

Un service pour une amie

L'écran de fumée leur permit de sortir sans trop d'encombres de l’agglutinement de gens sans être vu et sans les cramer non plus. Ce qui était sans nul doute une bonne chose. Cain n'avait pas spécialement envie de se retrouver avec un autre pouvoir aux fesses, même si de son point de vue il aurait été dans son droit, il doutait que les autorités de ce pays voient les choses sous le même angle et quoi qu'il en soit, il n'était pas pressé de le découvrir.

Ils étaient sortis de la brume pile devant les gardes et Cain aurait sans nul doute arboré un air coupable malgré lui si l'homme n'était pas en train de le tirer et que les gardes en questions n'avaient plus urgent à faire que de s'occuper de deux types lambdas a priori.

Il suivit sans se faire prier l'inconnu qui l'entrainait dans des rues de plus en plus étroites et nauséabondes si bien qu'il se demandait si il n'allait pas découvrir les bas-fonds de la cité.Il avait fait les quartiers pauvres extérieurs, pourquoi pas ceux intérieurs. Il y en avait toujours. Du moins, d'après la croyance de Cain.

Il avait finalement commencé à poser ses questions tout en avançant. L'inconnu commença par se présenter, ce qui, étrangement, le rassura un peu. Comme si connaitre le nom d'une personne la rendait moins suspecte. C'était là encore, une habitude stupide. De plus rien ne disait si "Lucien" était son vrai nom ou pas. Il n'avait pas vraiment moyen de le vérifier. Toutefois, il serait malvenu de remettre en question la véracité d'une telle affirmation envers celui qui l'avait tiré de ce mauvais pas.

Pour le moment du moins, il l'appellerait donc Lucien, faute d'avoir envie de prononcer à chaque fois un nom aussi long...

"Dans ce cas... Merci Lucien." Se contenta-t-il de dire en lui adressant un léger signe de tête en même temps.

Lucien finit par répondre à sa question la plus pressante, ou disons, la plus légitime compte tenu des circonstances. Pourquoi l'avait-il aidé ? A cela il répondit simplement qu'il s'agissait d'une compensation pour l'avoir mis dans une situation compliquée. L'homme poursuivit sur le même ton en lui expliquant un peu plus en détail la loi concernant l'obligation qu'ont les mages d'aider si besoin. Ce n'était pas aussi bête que ça en avait l'air comme mesure. D'un certain point de vue c'était même plutôt intelligent et garantissait que les mages qui restent soient utiles au plus grand nombre. Il devait leur paraitre normal que les forts aident les faibles. Du point de vue du jeune Leckard pourtant, c'était la première raison qu'il avait de dénigrer ce pays, aussi puissant fut-il. Permettrait aux faibles d'être entretenus par les forts et plus encore, de tenir les potentiels d'évolution, car c'était bien ce qu'étaient les mages : le meilleur futur possible. Cette loi était à son sens une aberration. Les faibles n'évoluent jamais en comptant constamment sur les autres pour faire les efforts à leur place. Ces cafards ne méritaient pas que des mages soient tenus en laisses pour préserver leurs misérables vies.

Là encore, il garda ses pensées pour lui, ce n'était pas vraiment le sujet après tout. D'ailleurs, l'homme se prenait vraiment la tête pour rien de son point de vue et sa réaction comme sa justification avaient le don de l'avoir étonné si bien qu'il ne put retenir les mots qui suivirent.

"J'y suis allé de mon plein gré. Et que cette "populace"," Il avait presque craché le mot, tel une injure, "décide que mon choix ne leur a pas plu ne vous est pas imputable. Mais puisque ça m'arrange, je vais faire comme si vous aviez commis une faute impardonnable."
Ajouta-t-il avec un sourire à moitié amusé de railler "l'honneur" surprenant de ce Lucien. Une aura plus forte et plus lumineuse et il aurait presque cru avoir été secouru par une saleté de lumineux à la Yearius et sa clique. Fort heureusement, il n'était pas présent pour voir ça.

Concernant sa connaissance de la langue commune, il déclara simplement l'avoir étudié a priori de manière assez approfondie. Un érudit ? Il n'en avait pas l'air. Quoi que, avec ses principes, il ne devait pas être un homme à savoir comment marchander son savoir comme il fallait... Une théorie comme une autre. Et comme toute théorie, avait d'y apporter du crédit, il faudrait l'éprouver. Si l'occasion se présentait.

Finalement, Lucien franchit une porte pour lui faire découvrir une cour intérieur aux allures d'un somptueux jardin clairement entretenu avec un savoir qui n'était pas qu'arboricole. La magie était à l’œuvre en ce lieu de la plus jolie des manière il fallait l'avouer. Même les odeurs de la rue semblaient n'avoir aucune prise ici et seules les senteurs fleuries lui parvenaient. Ca expliquait sans doute l'odeur de l'homme qu'il avait déjà sentie sans vraiment y faire attention et qui lui revint maintenant. Mais la chose la plus intrigante restait la fleur noire au centre de tout ceci. Il n'en avait jamais vu de semblable. Il fallait aussi avouer que ce n'était pas vraiment son centre d'intérêt... les plantes... les fleurs... à part quelques poisons avec lesquels Drake l'avait mithridatiser au fil des années, il n'en connaissait pour ainsi dire aucunes autres.

Finalement c'est une voix féminine qui les interpella et Cain mit quelques secondes avant de replacer la jeune femme dans un autre contexte : celui de la veille au soir lorsqu'il l'avait croisée à l'extérieur de la cité. Au moins ça lui confirmait que ce n'était pas une coïncidence. La question qu'il avait posé à l'homme était donc aussi à formuler à la demoiselle aux cheveux de jais. Pourquoi l'avoir "aidé" ? Et en se servant d'un intermédiaire qui plus est. L'hypothèse qu'elle surveille tous les nouveaux mages entrant dans la cité se forma un instant dans son esprit mais c'était stupide... L'autre idée qui lui vint était un constat des plus pénibles pour son égo, si ça se révélait gros. Peut-être qu'il avait vraiment eut l'air perdu et désemparé par tant de nouveautés d'un coup et qu'elle avait agi par... pure bonté ?
Mais... son instinct comme son arrogance naturelles lui murmurèrent qu'il y avait une raison bien plus réaliste et moins "jolie". Donc plus satisfaisante en un sens puisque Cain considérait la "bonté" gratuite comme de l'hypocrisie ou de la stupidité. Or, la femme en question n'avait pas l'air stupide, et trop... prudente en un sens.

Lucien lui confirma qu'il l'avait bien "pisté" en quelque sorte et l'invita à entrer après lui avoir présenter la femme qui répondait au prénom d'Adélaïde. Par politesse puisqu'on l'invitait à entrer chez elle pour "poursuivre", Cain adressa un signe de tête comme le voulait la coutume de Targatt, encore trop habitué à ses mœurs et ses politesses dépourvues de sens mais qui avaient le don de vous ouvrir autant de portes qu'à vous en fermer si vous ne les respectiez pas. Or, d'une part il était trop curieux pour avoir vraiment envie de se fermer la porte, ensuite il était quand même fatigué de son effort avec le brasier. Et enfin... il ne savait pas résister à une situation potentiellement complexe et qui sait, peut-être dangereuse. Donc intéressante. C'était à croire qu'il était en manque d'adrénaline.

Il pénétra dans la maison et esquissa un demi sourire en voyant que les lieux étaient plus sombres qu'il ne s'y attendait. Un fait qui avait tendance à le pousser à croire qu'il avait vu juste sur certains points à propos de ces deux-là.

Cain n'avait pas encore eu le temps de repérer les sorties potentielles autres que les fenêtres lorsque la femme lui demanda de déposer ses affaires et de s'asseoir pour être soigné avant de réclamer de savoir si il avait mal autre part. Elle était moins "avenante" qu'Alexia c'était un fait.
Il n'osa pas désobéir pour le coup et prit place sur la chaise mais sans déposer la sac qui contenait ses biens les plus précieux.

"Euh... J'ai juste mal à l'épaule mais ça devrait passer..."

Le regard doré du jeune mage revint à Lucien qui imbibait sa peau d'une solution alors que des marques de... brulures semblaient y être apparue. Cain avait eu plus d'une occasion d'observer les effets du soleil, ou d'un simulacre, sur un vampire. Pour autant il ne ressentait aucune hostilité de sa part et il ne lui avait pas non plus sauté à la gorge pour boire son sang alors que celui-ci coulait un peu. Ce qui voulait dire qu'il était sans doute assez vieux. Il se demanda quel âge il avait. Plus ou moins qu'Hedryan ? C'était toujours utile pour connaitre ses chances en cas de conflit. Est ce qu'il cramerait bien ? Est ce qu'il aurait ne serait-ce que le temps de préparer le sort qui avait eu raison de ce connard pervers de suceur de sang qu'avait été Hedryan avant de finir en tas de cendres ?

Alors que le vampire se plaignait, Adelaïde renchérit en évoquant l'aura de Cain. A ce qu'il semblait du moins. Il ne savait pas pourquoi mais il se serait presque senti vexé. D'ailleurs, sa bouche se tordit en une légère moue alors que ses sourcils se levaient d'un air presque blasé et incrédule. Il avait l'habitude qu'on le juge à son aura. Il tenait plus du sorcier que du mage pour ceux qui faisaient la différence. Aussi n'était-il pas vraiment surpris. Mais... ce qui suivit fut nettement plus surprenant et bien moins plaisant.

Cain se releva doucement de sa chaise alors qu'ils venaient d'évoquer sa vraie nature et son aura se renforça légèrement. De manière infime mais de manière à se préparer à faire face à... la plupart des éventualités qui ne seraient pas en sa faveur.
C'était en soi assez alarmant considérant le fait qu'à Targatt une partie de la population voulait sa mort simplement à cause de cela. Mais le plus surprenant venait du fait qu'il ne s'était pas rendu compte que sa nature avait évolué de sorte à transparaitre aussi... clairement. Pourtant, il était sur de ne pas s'être transformé ni d'avoir usé des... aptitudes de ceux de son espèce.

Adélaïde choisir ce moment pour revenir avec un plateau sur lequel des tasses de thé étaient posées. Lucien de son côté tentait de le rassurer sur sa propre nature. Ce à quoi Cain ne put s'empêcher de sourire d'un air légèrement plus narquois qu'il ne l'aurait voulu.

"J'ai eu l'occasion de voir les vôtres en action plus d'une fois. Je suis toujours là. Vous auriez sans doute pu me tuer et vous ne l'avez pas fait. J'étais déjà rassuré lorsque vous avez commencé à vous enduire de cette chose."

Lança-t-il en pointant d'un geste vague l'onguent pour faire comprendre qu'il n'avait pas attendu la révélation pour comprendre ce qu'il était, ni que ça ne lui posait pas de soucis, ni même que ça ne lui faisait pas peur et qu'il pensait avoir les moyens de répondre en cas de besoin. C'était sans doute un peu vindicatif mais que voulez-vous, il faisait déjà de gros efforts pour ne pas l'être autant que le commanderait son instinct.
Conscient qu'il avait peut-être légèrement manqué de respect envers ceux qui l'aidaient, il finit par reprendre la parole.

"Je m'appelle Cain Leckard. Je suis venu pour..."
Il hésita une seconde sur les éléments à révéler mais puisqu'il était désireux de les tester pour découvrir pour quelle raison ils l'avaient aidé lui particulièrement, autant commencer maintenant. Oui, parce qu'il n'allait sans doute pas les croire sur parole non plus. Il n'était pas stupide à ce point-là.
"Je suis venu pour rendre service à une amie en retrouvant un des siens et cette excuse me permet de fuir Targatt un moment."

Il était resté parfaitement stoïque en prononçant ces quelques mots, se contentant d'énoncer des faits sans qu'aucun sentiment ne pointe ni dans sa voix ni sur les traits de son visage. Seuls ses yeux pouvaient montrer à ceux qui étaient attentifs la lueur vengeresse qui y était profondément ancrée.
Adélaïde lui demanda si elle pouvait commencer les soins. Après une seconde de latence, Cain acquiesça et se rassit sur la chaise qu'il avait quitté juste avant.

"Vous avez beaucoup de congénères à Hochseegrad ?"

Cain savait d'expérience qu'il était possible de former des alliances avec quelques nids. Ou à défaut, les utiliser... Drake avait fait les deux avec brio. Et Cain ne demandait qu'à apprendre.
Mais c'est à Adélaïde qu'il posa la question plus cruciale.

"Comment avez-vous su pour ma nature ? Et pourquoi avoir voulu m'aider ? En général les gens qui sont au courant cherchent à me nuire ou à m'utiliser. Voire les deux pour les plus intelligents. Vous ne m'avez pas tué, j'en déduis que vous faites partie de la seconde catégorie. Qu'est ce que vous attendez de moi ?"

Le ton là encore était plutôt calme quoi que distant, pour autant il restait attentif aux mouvements de la femme plus qu'à celle du vampire qu'il était persuadé de pouvoir au moins repousser un moment.

Un service pour une amie

Les réponses qu'on lui apporta n'étaient pas toutes satisfaisantes mais c'était un bon début sans doute. Il rosit toutefois légèrement lorsque le vampire lui exprima qu'il n'avait nulle besoin de faire de l'esbroufe ou du moins de le convaincre de son expérience face aux vampires. En réponse, Cain se contenta de détourner la regard une seconde pour masquer sa gène, ce qui ne fit que la confirmer.

Toutefois, son regard avait trouvé Adélaïde. Une humaine des plus banales ? Si ce n’était de sa magie d'après Lucien. Autrement dit elle n'était donc pas aussi banale qu'on le lui laissait entendre. En quoi consistait donc cette magie si incroyable ? Etait-ce lié aux plantes ? Ca aurait été plausible considérant les effets qu'elle parvenait à obtenir. Du point de vue de Cain, plus doué à détruire qu'à créer, ça tenait presque du miracle que des personnes soient capables de prendre si soin d'autres choses vivantes, même inertes comme l'étaient les plantes. Mais rien ne permettait de dire que son pouvoir agissait dans un tel domaine, aussi ne poursuivit-il pas ses élucubrations plus loin. Il préférait se concentrer sur le vampire qui semblait plus ancien que ce que Cain avait pu prédire. Six cent ans... lorsqu'il était allé à Targatt. Donc il avait potentiellement bien plus que cela en théorie. Du moins possiblement. Il nota pour lui-même d'éviter de le provoquer pour rien. Son don obscur devait être puissant, et sa force comme sa rapidité, encore bien plus assurément.

Le jeune homme était forcé d'admettre qu'il était donc en train de faire la conversation à un prédateur. Assagi sans doute, mais il n'en restait pas moins un être redoutable. Hedryan était stupide mais fort. Cain avait bien failli y rester et il n'était pas arrogant au point de croire qu'il avait eu une large marge de manœuvre. Il avait eu de la chance que ce crétin veuille prendre son temps. Sinon les rôles auraient été inversés. Les autres vampires qui atteignaient ces âges n'étaient pour ainsi dire jamais aussi négligents. Il n'aurait donc pas cette "chance" si il devait se retrouver à affronter Lucien. Toutefois... l'avoir comme allié serait en cas de besoin une aubaine. Du moins si côtoyer une humaine aussi longtemps n'avait pas affaibli ses instincts...

"Oui... Maintenant il n'y a pour ainsi dire plus vraiment de place. L'académie est toujours là, mais le village a disparut pour devenir une ville à part entière. Elle a même son palais."

Sa voix trahit une pointe d'ironie tendis qu'il évoquait le palais. Il changea de sujet.

"On a bien quelques nains de temps à autres mais ils se font rares. Je crois qu'ils n'aiment pas vraiment l’extension que Targatt a eu. Ils ne vienne que lorsqu'ils ont quelque chose à vendre, ou à proposer."

Cain revit le nain, leur guide, qui avait péri le premier face à Mala Auris, puir repensa à la "quête" que les nains leur avait proposé...

"La démesure leur va bien je dois dire."

Qui d'autre se serait permis de risquer d'aller courroucer un dragon aussi ancien...
Parler d'autre chose avait au moins eu le don de l'apaiser un peu. Moins sur la défensive, il s'était même rassit pour permettre à Adélaïde de le soigner. Alors qu'elle posait sur sa plaie un linge imbibé d'alcool Cain se contenta d'un bref froncement de sourcils à l'instant où le contact se fit, moment où le piquant de l'alcool entrait en contact avec la chair à vif.
Puis ce fut le tour de son épaule. Tendis qu'elle malaxait la pâte noire entre ses mains, Cain défit le haut de sa tunique pour révéler son épaule endolorie et lui permettre d'appliquer la pâte.
A peine fut-elle en place que la douleur sembla s'estomper si bien que le jeune homme, qui doutait de ses capacités de soigneuse, lui adressa un regard où se lisait la surprise. Elle semblait décidément pleine de surprises... Et son parfum lui allait comme un gant.

Lucien de son côté répondait à ses questions concernant son "genre" et les spécimens en ville. Ils n'étaient que quatre au plus d'après lui. C'était peu... Mais au vu de ses explications, oui en effet c'était normal qu'ils ne viennent pas s'y établir. Trop de contraintes. Pas de jeux avec leurs proies. Le vampire lui avoua aussi faire en sorte de passer sous le radar des gardes pour éviter de devoir aider les mortels. Cain se permit un sourire amusé.

"J'aurai sans doute du essayer de faire de même pour éviter cette obligation."

Le jeune Leckard mourrait d'envie de savoir ce qui avait pu laisser un tel... monstre en quelque sorte, dans un si piteux état. Et plus essentiel, quelle était donc sa méthode pour se nourrir en toute impunité ? Il ne le voyait pas se nourrir de rats. Quoi que...Considérant ses vêtements, l'hypothèse pourrait tenir. A moins que ça soit encore cette sainte Adélaïde qui ne lui donne de son sang ?

Quoi qu'il en soit, il n'appréciait que peu l'idée qu'on ait décelé si facilement sa véritable nature et avait donc des questions plus pressantes que de connaitre le menu du vampire. Qu'est ce qu'ils lui voulaient ? Comment avait-elle fait ?
La jeune femme s'était tendue lorsque l'aura du jeune homme s'était activée, quoi que de manière minime. Un mage aguerri n'aurait pas ciller pour si peu. Se pouvait-il qu'elle soit si "innocente" que le prétende Lucien. Non. Ca aurait été une erreur de croire quiconque sur parole.

Cain en tout cas ne la lâchait pas des yeux tendis qu'elle finissait de bander son épaule. Lui de son côté attendait toujours une réponse de sa part. Ce n'était pas très courtois mais il n'avait jamais été très fin dans sa manière d'approcher les gens. Qu'ils les apprécie ou pas d'ailleurs.
Enfin, elle prit la parole et daigna lui apporter un semblant de réponse. Au moins comprenait-il enfin comment elle avait fait pour le détecter aussi facilement. Normalement donc, les autres mages de la cité ne devraient pas être aussi prompts qu'elle à identifier sa nature première. Ce qui était une bonne nouvelle. Et que le "soucis" ne vienne pas de lui était également un soulagement.

Toutefois, il manquait le plus important. Pourquoi ?
Lucien semblait prêt à intervenir si besoin. Et Cain n'avait que peu envie de perdre la vie pour un quiproquo, aussi ne tenta-t-il rien de plus. Il finirait bien par arriver à ses fins. Ou prendrait ses distances avec eux. La ville était grande après tout.

Adélaïde finit par avouer qu'elle avait voulu l'aider... C'était bien mignon mais à quoi ? D'après elle, à éviter une mauvaise rencontre. Dans l'esprit de Cain ça sonnait comme une bonne excuse, une banalité, un écran de fumée. Il y avait quelqu'un de particulier à éviter et qu'il aurait été sur le point de rencontrer ? Il ne le pensait pas. C'était peut-être plus généraliste mais ça ne lui convenait pas. Il y avait toujours une cause sous-jacente. Une raison logique à chaque action. Et le "désintérêt" prétendu de cette femme ne faisait que la rendre plus étrange à ses yeux. Finalement, il n'eut pas le temps de répondre puisqu'elle s'enfuit presque avec le plateau dans la cuisine, laissant de nouveau Cain seul avec Lucien.

Le jeune homme se tourna naturellement vers lui pour évaluer ses réactions qui ne se firent pas attendre. Lorsqu'il lui conseilla la "patience", le jeune homme ne put s'empêcher de lâcher un rire bref et sincère.

"Vous venez de souligner une des vertus qui me fait assurément défaut."

La patience... Il avait beau s'y entrainer depuis quelques semaines, ça restait un effort conscient et qu'il voyait presque comme quelque chose de cruel. Il avait beau être conscient que ça pouvait parfois être utile, il avait un mal de chien à réfréner quoi que ce soit en lui.

"En effet, j'ai de mauvaises expériences avec des personnes qui agissaient soit-disant "par désintérêt", par "pure bonté"... Je veux bien lui accorder le bénéfice du doute."

Pour l'instant.

En revanche, l'honneur voudrait que Cain lui soit redevable au moins de vous lui envoyé Lucien et de l'avoir soigné. Il devrait être son débiteur, aussi mineure soit la dette. Fort heureusement, les questions d'honneur et de dettes de ce genre laissaient Cain assez froid. Si il pouvait passer outre, il le faisait sans demander d'autorisation. Aussi, ça lui convenait tout à fait de ne rien "devoir" à ces deux-là. D'ailleurs, il ne considérait pas leur devoir quoi que ce soit dans le fond non plus.

"Vous devriez lui enseigner aussi à ne pas montrer son trouble pour si peu... ça pourrait être pris comme un aveu de faiblesse et pousser un adversaire à risquer un combat."

Un conseil qui était naturellement sorti. D'autres que lui, moins scrupuleux, auraient sans doute effectivement tentés d'extirper les informations de force puisque tout de la réaction de la demoiselle laissait entendre qu'elle avait peu de moyens de défense, ou du moins qu'elle n'avait pas forcément l'habitude de se retrouver dans ce genre de situation... pour qu'un mouvement d'aura aussi minime lui fasse un tel effet.

Lucien finit par lui poser des questions sur les amis de Wilhelmine qu'il recherchait. Vu qu'il n'avait aucune piste il prendrait bien tout ce qu'il trouverait. Quand aux informations dont il disposait, elles n'étaient pas des plus fournies.

"Je n'ai en fait qu'un prénom. Clarence. Ha... Non... Attendez."

Il se mit à fouiller dans ses affaires pour retrouver la bague donnée par la Vice-Reine et la lettre qui allait avec dont il venait de se rappeler soudainement l’existence. Il s'était jusque là concentré sur le prénom en pensant que ça devait être une personne "connue" mais puisque ce n'était pas le cas il allait effectivement devoir tenter d'utiliser les autres cartes fournies par son amie du bout du monde, ou presque.
Cain ressortit la bague et la montra à Lucien.

"Elle m'a dit de la montrer à... n'importe qui en fait je crois donc je suppose que vous pourrez m'en dire plus."

Le vampire lui proposa un lit pour se reposer de son voyage. Cain se sentait effectivement fatigué mais c'était surtout du à la magie utilisée plus tôt et ça s'estomperait si il restait au "repos" comme c'était le cas actuellement. Il ne comptait pas dormir alors qu'il faisait peut-être enfin une avancée. Alors qu'il allait l'éconduire de manière aussi naturelle que malpolie donc, il se reprit précipitamment.

"Je vous remercie... Un peu de repos me fera sans doute du bien."

Il n'allait pas avouer avoir été téléporté en catastrophe à l'autre bout du continent... Ca soulèverait sans doute trop de questions. Quand à laisser ses affaires ici... Il devait admettre que pouvoir se déplacer sans tout son attirail aurait au moins le mérite de moins le faire remarquer et de faire qu'il puisse se mouvoir plus facilement. Mais leur faisait-il confiance à ce point-là ?
D'un autre côté, si ils essayaient d'ouvrir le coffret ils mourraient... Et il pouvait toujours placer des balises magiques discrètement pour être sur de pouvoir retracer ses affaires en cas de besoin.
Il poursuivit donc sur le même ton.

"J'admets que me déplacer en ville sans porter tout ce fartas me fera du bien. Mais je ne voudrais pas vous encombrer davantage... Et... Si je dois rester, au risque de paraitre très impoli, j'aimerai avoir la possibilité d'entrer et de sortir comme je le souhaiterai. Je détesterai devoir réveiller tout le monde si d'avant j'avais envie de sortir profiter d'une taverne, ou de sortir rejoindre un nouvel ami."

Finit-il par dire en songeant au marchand de Poula, bien qu'il soit loin de le considérer comme tel. Et que devrait-il faire à propos des autres ? Ceux dont il avait sauver les marchandises ?

"Qu'est ce vous savez des marchants du port ? Ceux de Poula m'intéressent particulièrement... comme ceux qui ont failli cramer d'ailleurs..."

Pour le moment, il voulait juste des éléments généraux. Réputation ? Rivalités connues ? Il voulait juste un peu plus de détails pour évaluer ce qui suivrait et qui lui permettrait peut-être de mieux voir dans quoi il mettrait les pieds. Après tout, il avait encore le temps avant de devoir aller à son rendez-vous. Il pouvait bien papoter quelques minutes avant d'aller se reposer un peu.

Un service pour une amie

Lucien lui révéla que la femme qui l’avait « aidé » avec le feu faisait partie du conclave. Si en temps normal le jeune homme aurait intégré cette information sans la traiter outre mesure, ce fut un peu différent cette fois-ci. Compte tenu de sa situation d’étranger, mieux valait se prémunir contre les personnes de pouvoir. Aussi illusoire était-il.

Aussi, ses lèvres se crispèrent une seconde avant qu’il ne se décide à poser une ultime question concernant la mage en question.

« Quelque chose semble m’échapper dans la situation. Pourquoi diable m’aurait-on fait passer un sale quart d’heure alors que je me suis plié aux coutumes locales en aidant tous ces… gens. De plus, je ne pense pas être le type de visiteur qui intéresse le conclave. Après tout, je n’ai rien de spécial. »

Hormis sa nature évidemment, il n’était qu’un jeune sorcier fraichement sorti de l’académie de Targatt. Quoi de plus normal pour un jeune homme que de vouloir tester ses dons en voyageant ? Du moins n’était-ce pas l’idée classique que l’on se faisait de « l’après diplôme » ? Bon… il n’avait pas vraiment décroché son diplôme, et il n’était pas exactement en voyage de son plein gré mais ce n’étaient que des détails. De l’avis de Cain, rien chez lui n’était assez puissant ou intéressant pour intéresser réellement une organisation de mages. Et puisqu’il avait fait son possible pour maitriser le feu au risque d’être noyé par l’autre cruche de Lobming, de son point de vue il n’y avait donc aucun problème. Aussi, pour éviter qu’une telle situation ne se présente, il préférait essayer de comprendre la raison qui aurait pu lui attirer des ennuis. Ce n’était pas qu’il ne les aimait pas. En général il se débrouillait toujours pour aggraver son cas. Mais actuellement ça aurait été stupide et il préférait donc se faire discret au moins jusqu’à ce qu’il ait pu délivrer le contenu du coffret à l’ami de Wilhelmine.

« Je suppose qu’une personne publique telle qu’elle semble l’être voit certaines de ses compétences être connues. A-t-elle des domaines privilégiés ? Peut-être connaissez-vous ses pouvoirs ? »

Une simple précaution. Mais c’était le genre d’information qu’il retiendrait et utiliserait sans même y faire attention. Une réminiscence de l’enseignement de Drake sans doute. Quitte à la recroiser cette mage, autant se tenir prêt. Parce que, soyons honnête, savoir d’où elle venait, il n’en avait pas grand-chose à faire pour l’instant.

Alors que la conversation se focalisait sur Adélaïde, Lucien finit enfin par révéler ce que cherchait à comprendre Cain, à savoir qu’elle n’était pas aussi blanche et lisse qu’elle essayait de le laisser croire en aidant tous les… rebuts ? Qu’elle soit en bon terme avec le monde souterrain était une chose mais qu’elle en soit devenue indispensable en quelque sorte et ait acquis ce niveau de respect n’était pas anodin. Une fleur fragile et dénuée d’épines n’aurait pas pu. Étrangement, cette pensée soulagea l’esprit de Cain qui se détendit presque instantanément, son dos se reposant de nouveau dans le fauteuil. Quant à l’inquiétude que son interlocuteur témoignait relative aux étrangers, le jeune homme se contenta de sourire légèrement.

« Je n’ai pas l’intention de vous nuire d’une quelconque manière que ce soit si ça peut vous rassurer. Et oui… je lui demanderai directement une prochaine fois. »

Ses yeux ocre se portèrent un instant vers la porte derrière laquelle Adélaïde avait disparue. Toutefois il n’avait rien de calculateur, demeurait simplement interrogatif.
Revenant à Lucien à qui il avait tendu la bague, Cain nourrit soudain l’espoir d’enfin avancer un peu dans son entreprise pour retrouver ce Clarence. Toutefois il ne lui révéla simplement qu’il s’agissait d’un dérivé des armoiries de la famille Schlacht. Oui, c’était logique après tout. Il fallait bien que ce Clarence ait une preuve valable de l’identité de l’émetteur de ce cadeau. Quant à leur devise… Ça ressemblait bien à Wilhelmine. D’ailleurs il s’était fugacement imagine qu’à son retour à Targatt, si il y retournait un jour, Wilhelmine serait devenue Reine de la cité-mage et pas uniquement de Melghir et Arakis. En d’autres circonstances, il aurait bouillonné d’impatience à l’idée de pouvoir l’aider en ce sens. Il faut dire que ça lui aurait permis au passage de prendre sa revanche sur la plupart de ses ennemis. Mais hélas, rien ne disait qu’une telle chose se produirait. Et encore moins qu’elle voudrait d’une calamité comme lui dans ses pattes pour faire le sale boulot.

L’heure n’étant pas aux élucubrations, il revint à la discussion en cours au moment où Lucien marquait une pause plus longue que les autres en fixant la bague étrangement puis Cain lui-même. Le jeune homme lui répondit par un regard interrogatif. Il y avait un souci ? Le vampire reprit pourtant l’instant suivant. En vérité il ne l’aida pas particulièrement mais lui indiquait que personne de sa connaissance ne ferait confiance à une Hésandrinne. Le jeune récupéra la bague.

« Et pourtant, quelqu’un semble bien l’avoir fait. »

Il rangea la bague en songeant qu’il ne lui restait plus qu’à trouver la horde noire, ou un de leur navires du moins et à payer son voyage vers le domaine des Schlacht. Quelqu’un là-bas serait bien à même de lui en dire davantage sur le fantôme qu’il poursuivait. Le nom de la Horde Noire lui disait bien quelque chose mais si vaguement que ça ne lui serait sans doute pas d’une grande utilité.

« Vous pourriez me faire rencontrer un capitaine ou matelot de cette Horde Noire ? »

Oui, il aurait aussi pu chercher ça mais pourquoi perdre de l’énergie dans cette entreprise alors qu’il avait un livre en face de lui capable sans aucun doute de lui donner les informations clés et de l’orienter directement dans la bonne direction ? Feignant ? Non pas vraiment. Simplement impatient.

Cain accepta enfin la proposition de Lucien de rester et le suivit dans les étages. Un léger sourire entendu se dessina sur les lèvres du presque-humain tandis que le vampire précisait que le premier étage était son domaine. Il rosit toutefois légèrement lorsqu’il l’autorisa à aller fouiller dans ses affaires. Visiblement, il l’avait mieux cerné que prévu. Cain ne répondit tout simplement pas à cette assertion. En revanche, son sourire s’étira alors que Lucien lui demandait de respecter l’intimité d’Adélaïde. La perspective qu’il s’imagine que Cain allait… faire quoi d’ailleurs ? Aller espionner la jeune femme ? L’idée qu’il se faisait du jeune homme était assez amusante dans le fond. Mais allons ? Pour qui le prenait-il ? Il respectait toujours l’intimité des femmes voyons… Enfin… il ne faisait aucune différence dans sa manière de traiter les gens, se moquant pas mal qu’il s’agisse d’hommes ou de femmes. Ce constat ne faisant que confirmer ce que Lucien venait de dire, Cain se contenta d’acquiescer silencieusement bien que son regard se soit allumé d’une lueur joueuse pendant une seconde.

L’attrait de l’interdit… oui… il fallait croire qu’il restait assez prévisible là-dessus. Toutefois, il saurait sans doute calmer ses ardeurs. C’est-à-dire qu’il frapperait avant de s’inviter en la présence de la jeune femme. Sans doute.
Sa conscience, aussi faible soit-elle parfois, lui rappela qu’il n’était pas là pour s’amuser. Et encore moins aux dépends de celle qui l’avait tiré d’un mauvais pas. Dommage… Mais c’était on ne peut plus vrai.

Il prit la clé de sa chambre en remerciant Lucien et retint l’emplacement du double de la clé de l’entrée afin de pouvoir entrer et sortir comme il le souhaitait. Ah tiens, les rosiers d’Albion aimaient la chaleur… L’image fugace d’Yseult passa dans son esprit. Oui, c’était assez représentatif.

Finalement, il en vint aux marchands, notamment à ceux qu’il devait rejoindre plus tard. Il en apprit un peu plus sur la nature des rivalités internes. Oui, Cain avait également pensé que le feu qui s’était déclaré avait été intentionnel et clairement dirigé contre quelqu’un. En avaient-ils perdu le contrôle ? Ca en disait long sur la haine qu’ils pouvaient se vouer ou du moins, jusqu’où ils étaient prêts à aller pour les affaires. Le vampire l’avertit par la même occasion de leur propension à être manipulateurs avant de le laisser se reposer.

Cain le remercia avant de poser ses affaires dans un coin et de lancer une barrière mortelle autour de l’objet de sorte que seul le lanceur du sort pourrait passer au travers sans en subir les lourdes conséquences… Ou un abjurateur correct.

La dernière phrase de Lucien lui revint alors qu’il se laissait tomber sur le lit. Des manipulateurs ? Des marchands en somme. Ne l’étaient-ils pas tous ? Quoi qu’il en soit, son égo lui susurrait qu’il saurait forcément s’en sortir après avoir subi les manipulations de Drake et de sa famille des années durant mais sa raison lui murmurait un autre son de cloche moins glorieux. Il était certes en vie alors que Drake non, mais il n’en demeurait pas moins qu’il avait été aisé à manipuler pendant des années et qu’en vérité il n’était pas certain d’être le plus à même à déceler les mensonges et tromperies des uns et des autres. Clairement, il faisait un bon pigeon sur plusieurs aspects. Et aussi rageant que ça soit, il ne pourrait rien faire d’autre que rester alerte en espérant réussir à ne pas se faire avoir. A moins qu’il n’ait un sort qui laide en ce sens…

Il se redressa un instant, cherchant parmi les sorts qu’il connaissait ou même dans ceux dont il avait juste entendu parler. Lire les pensées aurait été évidemment le plus utile. Malheureusement, les seuls qui correspondaient à ses attentes n’étaient pas à sa portée. Du moins… Il n’avait clairement pas le niveau en magie spirituelle pour les lancer. Peut-être pouvait-il se contenter d’un dérivé de bas étages ? Au mieux ça ne ferait que développer son intuition un peu plus. Ce serait déjà ça sans doute… Oui, ce serait toujours lieux que rien. Même si l’effet serait minime et sans doute pas très long.

De nouveau, il se laissa retomber contre le matelas en soupirant longuement. Aller voir quelqu’un pour qu’il lance ce sort était trop risqué et nécessiterait d’abord de chercher un mage « honnête » et non susceptible de se servir de ses dons en magie spirituelle pour davantage que ce pour quoi aurait payé Cain, donc c’était hors de question.

Il resta ainsi quelques minutes avant de sentir son esprit s’embrumer tandis que la torpeur annonciatrice du sommeil s’installait. Il fallait croire qu’il était plus fatigué qu’il ne l’avait cru. Et compte tenu de son rendez-vous, mieux vaudrait qu’il ait totalement récupéré. Aussi laissa-t-il le sommeil s’emparer de lui sans lutter.


Il se réveilla quelques heures plus tard alors que la nuit tombait sur la cité. Cain était sorti du giron de sûreté que lui avaient procuré Lucien et Adelaïde pour honorer l’entrevue prévue avec les marchands. Avant de quitter sa chambre, il avait pris soin de faire deux choses. La première fut de préparer le sort censé l’aider à voir un peu plus clair dans les intentions de ses interlocuteurs. Il ne lui restait plus qu’à le conclure, qu’à le lancer en prononçant le dernier mot. Mais, doutant de la durée d’un sort qu’il ne maitrisait pas ou peu, il préférait le finaliser dès qu’il aurait constaté la présence du marchand.

Il était toujours autant impressionné par les moyens déployés par la cité presque en toute chose. Du moins en apparence. Les rues étaient nombreuses et la plupart de celles qu’il avait arpentées étaient brillamment éclairées.

Il avait bien tenté de choisir vers quel groupe de marchands il allait d’abord aller, mais il avait finalement opté pour la troisième option : ne pas choisir. Pour cela, la deuxième chose dont il s’était acquittée avant de quitter sa chambre avait été de préparer un mot, bref, et assez vague au niveau du ou des destinataires. Son contenu était simple : dire qu’il était retardé et qu’il aurait donc du retard, sans préciser sous quels délais il se présenterait.

Sa manière de choisir était simple : il irait vers le groupe d’abord. Pourquoi le privilégier ? Par curiosité. Cain avait déjà plusieurs « pistes » concernant les raisons pour lesquelles Fabrizio Graziani pourrait avoir besoin de lui. Notamment se venger de ceux qui avaient voulu le tuer et/ou réduire à néant une partie de sa cargaison, d’après ce qu’il restait de son étal. A savoir rien. C’était donc plus sécurisant de faire affaire avec lui mais moins attrayant. Il comptait donc d’abord aller voir le groupe, en apprendre plus et juger ensuite. Enfin… si on lui en laissait la possibilité. Ensuite, il devait admettre que même si s’attirer les faveurs d’une personne aussi riche et donc puissante était sans doute le meilleur coup à jouer, Cain ne pouvait s’empêcher de faire un parallèle non avoué entre lui et son défunt grand-père. Une raison de plus d’entendre d’abord ce qu’avait à dire la concurrence. Au pire, si ça ne plaisait pas à Cain, il pourrait toujours retourner sa veste et jouer contre les premiers en les trahissant. Tout dépendrait de ce qu’ils auraient à dire, et de ce qu’ils lui proposeraient.

Cain en arrivant fut saisi par l’odeur qui empuantissait les lieux. Un mélange de chair brulée et… d’autre chose. Sans doute un mélange de tout ce qui avait brulé. Ce qui en résultait en tout cas n’était pas des plus ragoutants. Fort heureusement, il en fallait davantage à l’Hésandrien pour lui soulever le cœur. Du moins en ce qui concernait la chair brulée.

Il repéra sans mal le navire sur lequel l’attendaient le groupe de marchands et ne vit qu’après, malgré l’or qui l’habillait, le gros marchand. Il donna quelques pièces de cuivre à un gamin en échange de la délivrance du message à Graziani indiquant qu’il était retenu et honorerait son rendez-vous tardivement. Évidemment, il s’en excusait platement.

Après s’être assuré que le gamin partait dans la bonne direction et avait compris à qui le délivrer, il se plaça dans un recoin plus sombre, le dissimulant à la perfection. Il y demeura une bonne minute, s’assurant que personne n’était focalisé sur lui avant de se transformer en air. Sous cette forme, il vola sans être vu jusqu’au navire de ses hôtes et réapparu sur le pont de ces derniers.


« Bonsoir. Je suis attendu. » Se contenta-t-il de dire pour prévenir de sa présence en adressant un signe de tête aux personnes présentes.

La question de Cain au vampire fit se dernier jouer dans ses grandes favorites. Il fallait bien qu’il trouve un moyen d’expliquer à cet étranger la régulation toute particulière de la magie dans les royaumes humains des Germains. Ces derniers toléraient la magie. Ils l’employaient même bien plus que n’importe quel autre civilisation humaine et avec tant d’intelligence qu’à de nombreuses reprise, ce fut cette même magie qui les sauva de la défaite face aux immenses armées de chevaliers reluisant et presque indestructible d’Hésandre. Cependant, les Germains avaient bien compris, à l’image de leurs anciens maîtres les grands dragons de l’ère précédente, que si la magie était un pouvoir immense pouvant servir des causes, elle pouvait aussi les détruire de l’intérieur. Il était donc primordial de la contrôler, de la maîtriser pour éviter que ceux qui l’emploient ne se retournent contre ceux qui l’utilisent à leur fin personnelle.

« Mon cher Cain, je pense que vous devez comprendre une chose chez les Germains et leur conception de la magie. Quand, au lendemain de la dernière Guerre Céleste qui vit la chute des grands dragons, les peuples inféodés aux grands vers et ceux qui n’avaient jamais cessé de refuser leur pouvoir se livrèrent à une guerre féroce, une guerre de vengeance et sans commune mesure avec toutes les guerres entre races mortelles que la Terre connue, les Germains usèrent des mêmes stratagèmes que leurs anciens maître draconnique : la magie. Là où les peuples de l’Ouest et de l’Est allaient en guerre simplement armés de leur courage et de leurs armes, les Germains allèrent sur le champ de bataille avec des mages en plus de leur force naturel et leur sens inné pour la guerre. Ainsi, bien qu’inférieur en nombre, ils remportèrent suffisamment de victoires pour que cette guerre fratricide entre humains ne s’achève sans vrai vainqueur. Les peuples de l’Ouest et de l’Est, déjà fermement opposés à la magie car instrument d’oppression des dragons Primodiaux et Cardinaux, finirent de haïr cet art que Targatt cultive aujourd’hui. Les autres peuples qui servaient les dragons finirent par peu à peu oublier la magie et la reléguer à quelques histoires ou quelques mythes. C’est notamment le cas des principautés épiréennes où règnes les Prince-Dragons, l’empire Maggyar ou encore le grand-duché de Biligari qui ouvre la porte des vastes terres d’Itsumia.

Mais les Germains, eux, n’ont pas oublié. Non, ils ont appris que la magie pouvait être le vecteur des plus grandes victoires comme des plus grandes défaites et qu’elle devait être contrôlée pour qu’elle ne vienne jamais à se retourner contre eux. C’est pour cela qu’est né l’obligation de servir et surtout le Conclave, pour contrôler et museler la magie sur ces terres. Or, avoir un étranger aussi jeune que vous capable de maîtriser avec autant d’aisance un feu d’une telle ampleur a naturellement attiré le regard du Conclave. Non pas parce que vous vous êtes plié aux coutumes de ce pays, mais parce que vous avez déployé une puissance qui interroge et soulève des questions et le Conclave, croyez-en mon expérience, n’aime pas que ne réponde pas à ses questions… »

Lucien continua de jouer dans ses favorites en écoutant les questions suivantes de Cain et ne manqua pas d’y répondre avec bien plus de concision que sa précédente réponse qui trahissait le fait qu’il dispose de connaissances aussi bien historique que quasi-mythologique qui ne se trouvaient guère dans les volumes accessible facilement du public. Soit donc il disposait de ces connaissances parce qu’ils les avaient accumulée au plus près de leur réalisation, soit parce qu’il avait eu accès à une source de savoir qui dépassait toute mesure. Ceci étant mis à part, Lucien répondit simplement que le nom des mages du Conclave n’était pas connu et qu’on de les connaissait que pas le nom de leur pays d’origine. Dans son cas, la magicienne de Lobming. Ce qui était davantage connut était sa maîtrise accrue de la magie élémentaire de l’eau. Lobming est aussi appelée la terre aux cent lacs. Ca ne paraissait donc pas si surprenant qu’une magicienne de son envergure pratique une telle magie. Magie particulièrement utile quand elle est correctement utilisée et surtout quand cette magicienne était tout le temps présent dans les cas les plus graves de maintien de l’ordre ou impliquant un mage. Une personne de terrain donc. Tellement de terrain qu’il était de notoriété public qu’elle passait ses nuits au bordel plutôt que dans les grandes salles de méditations du Conclave.

Content d’avoir pu répondre aux interrogations du jeune mage, Lucien poursuivit son aide en regardant la bague qui lui fut tendue et ne manqua pas de faire une explication rapide en plus de quelques remarques aussi bien pour lui-même qu’à l’attention du jeune mage qu’Adélaïde avait recueillis. La bague n’apportait pas beaucoup d’informations autres que l’éventuel hôte de Cain et Lucien, naturellement lui indiqua la famille à laquelle était liée cette bague trafiquée : les Schlacht. Une ancienne famille de grand nobles germains, chassés du continent pour avoir refusé de se soumettre à la dynastie toujours régnante sur l’entièreté du royaume d’Hochseegrad et qui, privée de ses terres et de ses titres, se bâtit la terrible et glorieuse réputation de mercenaires aux innombrables victoires, aux légions dont la discipline était digne de celle des elfes, à la férocité des plus grand prédateurs et au sens de la guerre plus inné encore que n’importe quels autres Germains. Evidemment, il y avait une part de légende dans cette description bien connu dans le Monde Connu qui n’avait de cesse de demander les services de cette famille dont l’empire s’étendait maintenant sur une île au milieu de l’Aeltique et dont les falaises immenses constitués des remparts naturels face à tous les maux qui pouvaient leur chercher malheurs.

« Hm… »

Lucien se resservit un verre de vin et après avoir entamé une grande partie du récipient avant de répondre.

« Je vais voir ce qu’il m’est possible de vous trouver. Mais gardez bien pour vous votre souhait de vous rendre au Bastion des Schlacht. Depuis quelques temps, il existe de nouvelles tensions entre la ville et le Bastion alors soyez prudent. Je vous dirais quand j’aurai trouvé quelque chose. »

Le vampire ensuite poursuivit et finit enfin son échange avec Cain dans la modeste chambre qu’il lui mit à disposition. Le vampire quant à lui retourna dans la sienne avant de quitter la maison à la nuit tomber pour aller faire ses affaires, ce alors même qu’Adélaïde revint juste avant que le soleil ne se couche et pendant que Cain était encore endormis.

 


La nuit tombée, Cain s’en retourna au port et pu croiser les vestiges de l’incendie et de son combat avec les flammes. Avec un peu d’attention, il pourrait même trouver l’endroit même où il s’était tenu et qui, à la différence du reste du quai en bois, n’avait pas noircie sous l’assaut des flammes.

Mais Cain n’avait pas de temps à perdre et rapidement, il trouva une solution pour aussi bien conserver son attache avec le gros Graziani et les autres marchands du Corridore d’Oro. L’enfant à qui la mage de feu remit sa missive compris plus ou moins sa demande et accouru en direction du gros Graziani dont les vêtements de soie reflétait un peu la lumière de cette qui était dans son premier quartier. Naturellement, tandis que Cain attendait d’être sûr pour faire son voyage parmi les ombres, il ne put entendre aucune  réaction du gros Graziani. Habituellement, les marchands de Poula étaient particulièrement expressifs. Trop parfois. Les marchands de Poula, encore plus quand ils sont patriciens, n’aiment ni attendre ni se voir refuser n’importe quoi de cette façon. Ainsi s’il était resté silencieux, cela pouvait signifier bien des choses. Peut-être acceptait-il le retard de Cain ? Peut-être était-il trop désespéré pour pouvoir se plaindre ? Peut-être avait-il déjà trouvé une solution de repli dans le cas où le mage ne se montrait pas ?

En tout état de cause, Cain prit la direction du Corridore d’oro par la voie de la brume et y apparut alors que quelques marins étaient sur le pont à regarder les étoiles, à partager quelques pièces de viandes ou simplement en train de manutentionner les marchandises qui devaient être vendus le lendemain sur la SchwartzPlatz. Naturellement, les réactions face à l’apparition soudaine de Cain au milieu du pont d’un si riche navire provoqua bon nombre de réactions parmi les marins. La plupart étaient stupéfaits et sans voie en voyant cette démonstration de magie. D’autres, saisis de terreurs, ne calculèrent pas la demande du jeune mage et s’enfuirent, la peur en ventre, dans les entrailles du grand vaisseau. Enfin, les plus téméraires et certainement les moins intelligents, réagirent instantanément. Un des marins se jeta sur la cloche qui se dressait sur le gaillard d’arrière pour avertir tous les autres marins tandis qu’un autre qui sortait son poignard, hurla avec sa voix roque et trahissant son taux d’alcoolémie qu’un vampire venait de débarquer !

Qu’elle idée de dire que Cain pouvait être un vampire ? Il n’en avait pas du tout l’air. Il était juste habillé tout de noir, avec une peau assez pâle et apparaissait de nulle part sans l’usage d’un portail, comme une brume invisible. Autrement dit, du vent. Dans ces conditions il n’y avait aucune raison de croire qu’il était un vampire et qu’il était effectivement là parce qu’il était attendu. Mais les ivrognes de marins qui se trouvaient encore sur le pont, eux, le croyaient dure comme fer et sortirent leur poignard, leurs épées et leurs surins pour faire la peau à cet individu qui se croyait invité. Ils étaient une dizaine et rapidement, ils entourèrent Cain avec la claire intention de lui régler son compte. Une légère concentration de Cain pourrait lui faire comprendre qu’aucun des marins n’avait de pouvoir magique. Mais une pointe d’intelligence lui rappellerait qu’il était à bord d’un navire en bois et que ses flammes, s’il ne les maîtrisait pas, pourraient détruire le vaisseau et ses employeurs avec.

Réflexions ou pas, les marins n’attendirent pas une éternité et se jetèrent, en même temps sur Cain. Ceux qui se trouvaient dans son dos cherchèrent à le maîtriser. Ils en avaient les moyens car chacun d’entre eux devait faire une ou deux têtes de plus de Cain et avec leur stature de montagne, s’il n’y avait pas de magie ou de maîtrise de l’escrime du côté de Cain, ils pourraient l’écraser comme une mouche. Dans le même temps, ce qui étaient face à Cain serrèrent leurs armes et cherchèrent à planter le jeune mage le plus vite possible. Il ne faudrait pas beaucoup d’effort à Cain pour les maîtriser. Toutefois, la moindre bavure pourrait lui faire perdre son éventuel contrat avec le groupe de marchand qui, tandis que les marins se battaient, semblaient prendre leur temps pour rejoindre les ponts supérieurs.

Un service pour une amie

Cain ne tarissait pas de questions et Lucien, comme un hôte modèle, répondait à chacune d'entre elle au point que le presque humain se demandait si sa patience avait un fond, une limite et combien d'années est-ce qu'il fallait pour l'atteindre.

Une question tout particulièrement l'interpelait et tendait à montrer à quel point il était ignare sur bien des sujets, y compris la politique relative relative à la magie, et cela malgré les bases données par Wilhelmine. Ne comprenant pas pourquoi le conseil aurait voulu lui parler, ni quelle faute est-ce qu'il avait pu commettre pour s'attirer leurs foudres.

La réponse du vampire ne se fit pas attendre et il eut même droit à un cours d'histoire au passage pour replacer les choses dans le contexte et expliciter au mieux la résultante, à savoir, la situation actuelle. Il devait admettre avoir un peu sécher les cours d'histoire de la magie à Targatt et n'avoir que peu écouter les préceptes que Drake avait tenté de lui inculquer en la matière comme en politique. Il commençait tout juste à se rendre compte à quel point ces données pouvaient être utiles en fin de compte. Lui qui les avait systématiquement boudé ne s'était en fait pas imaginé que l'on puisse en avoir besoin au-delà de la salle du Trône ou de la chambre du commerce d'un Etat. Et pourtant...

Malgré ce constat, son attention fut tentée d'aller voir ailleurs et il dut faire un effort conscient pour continuer à emmagasiner les informations que le vampire daignait bien lui donner. Il avait toujours eu un déficit d'attention quand les sujets ne l'intéressaient pas d'entrée de jeu mais ce n'était sans doute pas le bon moment de s'écouter ou de faire un caprice, malgré l'envie.

Finalement, Lucien constata simplement que la puissance dont Cain avait fait preuve et sa jeunesse le mettaient davantage en avant que ce qu'il aurait du. Le Conclave, à l'en croire, voudrait en savoir plus sur lui. Cain grimaça en songeant que même quand il faisait en sorte de ne pas faire de vagues en se pliant aux lois débiles d'un pays il finissait par attirer l'attention du pouvoir.
Si une partie de lui s'en enorgueillissait intérieurement, la part consciente quant à elle pestait contre ce coup du sort. Ses pensées étaient et restaient égocentrées :
Son exil pourrait être compromis si il se faisait prendre par ce Conclave et ne donnait pas les "bonnes réponses". Or ces petits-jeux n'étaient certes pas son fort. Il faudrait donc bel et bien qu'il fasse profil bas. Du moins encore plus que prévu. Dissimuler son aura d'une part. Ca lui demanderait plus de concentration et il ignorait combien de temps il pouvait tenir ainsi mais il faudrait bien essayer. Et peut-être devrait-il s'habiller aussi à la mode locale pour éviter de plus attirer l'attention des locaux.

Il verrait ça le lendemain... d'abord les marchands, ensuite selon ce qu'il en résulterait, peut-être ferait-il quelques achats.

La conversation continua et aboutit finalement à des informations concernant sa mission, à savoir retrouver ce Clarence. La bague, les Schlacht... tout semblait assez nébuleux pour le moment mais au moins avait-il des pistes. Enfin !
Il acquiesça à la mise en garde du vampire en se promettant d'essayer de passer inaperçu et d'attendre le bastion de cette famille sans se faire remarquer.

"Je vous remercie. Pour le 'sauvetage' comme pour tous ces éclaircissements."

Finit-il par dire avant d'aller se reposer.

---

Ainsi se retrouvait-il en pleine nuit sur le pont du navire où on l'avait invité. Du moins à ce qu'il avait compris. Peut-être les marchands auraient-ils aussi du prévenir les marins qui s'affolèrent en le voyant apparaitre ainsi. Cain soupira en les voyant sortir leurs armes.

D'accord... Mauvais calcul. Les marins étaient visiblement encore plus arriérés que tous les insectes inutiles qui l'avaient houspillé après l'incendie. Il leur concéda toutefois qu'ils n'avaient pas tort d'avoir peur. Toutefois, si il avait voulu les tuer ce serait sans doute déjà fait, ou en cours du moins. Comment aurait-il du procéder pour arriver furtivement ? Leur demander de monter alors qu'il peinait à aligner deux mots corrects ? Non, il avait choisi la voie la plus rapide. Il ne restait plus maintenant qu'à... rester lui-même en vie sans se faire remarquer.

Apparemment ces idiots le prenaient pour autre chose que ce qu'il était. C'était souvent le cas, Cain n'était plus à une erreur près.
Le soucis serait de les repousser sans attirer l'attention de ceux rester à terre... ou des autorités. Ou de qui que ce soit d'autres que de ses assaillants. Et sans doute ne devait-il pas trop les abimer non plus sous peine de mettre en colère ceux-là même qu'il était venu rencontrer.

Autrement dit, pour une personne qui avait tendance comme lui à foncer dans le tas, à frapper sans trop se poser de questions, c'était comme chercher à se retenir de respirer. C'était possible pour un court instant mais il ne faudrait pas que la situation dure éternellement. Et il restait donc à savoir comment ne pas les endommager et comment leur faire comprendre qu'il était invité ici...
Tout cela alors que les premiers l'attaquaient déjà.

Peinant à trouver une méthode qui lui convienne avec tous ces impératifs, il sentit les grosses paluches des marins situés dans son dos se saisirent de lui tendis que les armes des autres s'approchaient de sa chair un peu trop vite à son gout.
Tant pis.

Il prit une inspiration et souffla devant lui, sur les marins armés qui voulaient le planter. Ce ne fut toutefois pas un simple souffle qui sortit de la bouche de Cain mais un tourbillon d'air aussi violent que fulgurant qui enverrait voler ces débiles plus loin et normalement sans trop les amocher. Il avait juste besoin de gagner quelques secondes pour régler cette situation sans bavures. Il ne se doutait pas qu'il était aussi compliqué de réprimer sa magie. Il faut dire que jusqu'à présent il n'avait jamais pris la peine d'essayer. Il n'en avait jamais vu l'utilité... Comme quoi, finalement tout savoir et expérience pouvait recéler un jour ou l'autre une certaine utilité... Une leçon qu'il essaierait de retenir. Enfin si il s'en souvenait après coup.

A peine son souffle avait-il été lancé qu'il reprit sa forme de brume. C'était le meilleur moyen de se défaire de la prise des matelots sans les blesser. Il reprit sa forme humaine quelques mètres plus loin près du bastingage de sorte à voir ses assaillants arriver sans être pris à revers.

D'un air blasé il tendit les mains devant lui comme pour leur demander de rester en retrait. Malgré l'épée qui battait son flanc il ne fit pas le moindre geste pour la dégainer. Peut-être aurait-il du la défaire carrément et la laisser retomber pour qu'ils comprennent qu'il ne voulait pas se battre. Mais il n'était ni fou, ni idiot au point de croire en la logique et en la bonté d'âme de personnes aussi fortement alcoolisées, pour certains d'entre eux en tout cas. D'ailleurs, Cain n'était de toute façon pas du genre à faire réellement confiance en quiconque. Il ne commencerait pas maintenant avec des inconnus.

Toutefois, il se permit de leur adresser un sourire qui se voulait courtois mais qui trahissait son amusement, avant de s'asseoir sur le bastingage dans une position claire d'attente. Si ils avaient beaucoup voyagé, ces types auraient surement appris quelques mots clés. Il leur confia donc attendre leur commandant, ou capitaine. Il essaya les deux mots. Le jeune homme songea vaguement qu'avec sa chance ces débiles allaient croire qu'il venait tuer leur boss.

Il farfouilla dans son veston pour en sortir la lettre qu'il avait montré à Lucien plus tôt. Toujours fermée. De là où ils étaient, aucun de ces marins ne pourraient voir le sceau mais puisque ça avait tout à fait l'air d'un truc officiel, peu importe de quel office ça venait d'ailleurs, peut-être qu'ils comprendraient sa signification et cesseraient leur attaque. Une sorte de bluff en somme. D'ailleurs Cain ne leur laissa pas le temps de trop étudier la question puisqu'il rangea la lettre scellée au même endroit à peine quelques secondes après l'avoir sortie. Il n'y avait plus qu'à espérer qu'un de ces gars aurait un minimum de matière grise. Dans le cas inverse, il était prêt à reprendre sa forme de brume.

Les marins aux nez démontrant leur état d’écriété, n’avait pas l’intention de se laisser faire par cette « sous race de vampire », comme le plus costaud d’entre eux hurla en chargeant Cain et ce, en Latin. Après tout, l’emploie de cette langue n’était pas complétement absurde puisque le navire où le jeune mage avait eu la bonne idée de se rendre sous la forme de vent venait de la République Marchande de Poula, elle-même au nord de la péninsule latine. Ceci ne changeait pas vraiment l’état de fait dans lequel se trouvait le jeune Leckard qui réagit avec intelligence et non brutalité. Une nouveauté en somme qui lui permettrait, peut-être, de se voir éconduit par ses employeurs.

Ainsi Cain projeta de son souffle les assaillants qui tentaient de lui faire la peau, toujours coincés entre les bras des autres marins. La grande brute à la parole un peu trop libre se fit projeter, avec les autres, sur plusieurs mètres. Mais si ses camarades, à cause de la rafale, n’étaient que tombés et s’étaient vu projeté contre le bastingage, le grand gaillard, lui qui était pile dans l’axe principale du souffle du jeune homme, eut droit à un bain nocturne, son torse le faisant basculer par-dessus bord au moment du choc avec le bord du navire. Les hommes qui voulurent l’embrochés étaient donc un temps sonnés. Mais c’était des hommes assez épais et ils se remettraient très vite de cette petite pirouette du mage. Ce dernier devait aussi s’occuper des autres marins qui avaient quelque peu perdu en force en voyant le plus fort de leur camarade se faire jeter par-dessus bord par une simple brise. Quand ils reprirent leur courage pour briser le cou du mage qu’ils tenaient, il était déjà trop tard pour eux. Cain avait de nouveau pris la forme d’une brise et réapparu derrière ses agresseurs, non du bastingage opposé à celui contre lequel il avait fait voltiger le reste des marins en voulant à sa vie. Surpris, les marins déboussolés cherchèrent du regard leur cible avant d’enfin voir Cain et sans attendre, ils le chargèrent, ne tenant pas compte ni des mots de l’individu qui venait d’apparaître sur leur bateau, ni de son sourire, ni de sa lettre. Dans les trois cas en raison du fait qu’ils étaient saouls et qu’en plus de cela, cet individu qui se voulait pacifique avait trop l’air d’un vampire. Et c’était bien connu, les vampires sont des bêtes sournoises !

Ainsi les marins se jetèrent une fois de plus contre Cain, sabres, surins et cuillères au clair et avec le ferme intention d’embrocher le malin qui avait tenté de s’infiltrer à leur bord. Ce n’était pas de leur vivant qu’il se laisserait berner par ce genre de créature pensaient-ils ! Enfin, pensaient-ils jusqu’à eux-même finir dans l’eau, Cain utilisant une fois de plus sa brume pour s’extirper de ce mauvais pas. Alors que les grognements des marins qui nageaient pour remonter à bord du navire marchands occupaient maintenant la nuit, la réapparition de Cain fut accompagnée de léger applaudissement venant de l’encadrement d’une porte juste en dessous de la cloche que les marins avaient martelée pour prévenir tout le monde. L’individu qui s’y trouvait n’avait rien d’un marin en état d’ébriété. Il était jeune, bien taillé et au visage digne des statues d’Hésandre ou des royaumes latins, une très légère moustache trônait sous des lèvres en forme d’un sourire satisfait tandis que les yeux azurs de ce jeune homme fixaient Cain.

« Bravo, bravo ! Quelle manifestation de vos compétences contre quelques gros bras… mes associés m’ont dit beaucoup de choses sur vous, sur votre discussion et sur votre prestation contre ce terrible incendie qui a ravagé une partie du port marchand. Mais suivez-moi je vous en prie ! » lança alors le jeune homme en invitant, avec un léger sourire, Cain à entrer dans le navire.

Le jeune homme ne manquait pas à la description que l’on pouvait faire des riches marchands de Poula et à la jeunesse de certains. De toute évidence en très bonne santé et de bonne constitution, il arborait aussi joyaux, bijoux et vêtements dignes des petits monarques Germains et des grands ducs d’Hésandre. Ses vêtements avaient les mêmes couleurs que le Corridore d’oro sur lequel Cain se trouvait et une broche sur le béret du jeune marchant présentaient des armoiries imposantes : un navire sur lequel se tenait un cheval et son cavalier tenait une balance. Quant à l’âge de cet homme, il ne devait pas dépasser les trente ans, en tout cas physiquement parlant. La richesse n’était donc pas quelque chose qui manquait à ce jeune homme. Il devait même en avoir beaucoup plus que les marchands qui avaient mandatés Cain, car ce dernier, en arrivant dans les appartements du jeune marchand, vit le contraste immense entre les marchands et celui qui semblait derrière toute cette réunion.

Le jeune homme invita Cain à s’assoir dans une des chaises vides autour de la table très bien garnie et ce ne fut que lorsque le jeune marchand lui-même fut assis que les autres marchands prirent eux aussi place. L’atmosphère était un étrange mélange de tension et de raffinement cumulé à la bonne humeur de l’hôte de Cain qui ne manqua pas de proposer du vin à ses convives et à ordonner à quelques serviteurs, tous de beaux jeunes hommes, de servir à boire et à manger. Chaque convive avait son serviteur attitré et de toute évidence, les autres marchands étaient assez génés par la proximité de ces jeunes serviteurs, un d’eux allant même jusqu’à se servir lui-même plutôt que de davantage se faire servir. Une attitude qui ne manqua pas de lui faire subir un court regard réprobateur du jeune marchand. Ce regard fut sans effet sur le marchand importuné par ce service très masculin ce qui arracha un long soupir au jeune marchand. Il ne commença à parler à Cain que lorsqu’il eut finit son verre de vin et que son serviteur le remplissait de nouveau.

« Un jeune citoyen de Melghir à Hochseegrad… jeune homme vous m’intéressez de plus en plus. D’abord vous cherchez des informations, ensuite vous vous révélez mage et maintenant, je me rends compte que mes associés ne m’ont pas fait part des deux informations les plus importantes qu’ils auraient dû me donner tout de suite… Je suppose que le règne de la Vice-Reine Von Schlacht se déroule bien pour qu’un citoyen de Meghir arbore avec autant de fierté une tenue traditionnelle noble de cette ville ? »

Demanda le jeune marchand en posa son verre plein sur la table et en fixant Cain. Ses yeux révélaient le fait qu’il était intéressé, plus qu’intéressé même tant son regard s’écartait de plus en plus de celui de la curiosité pour devenir celui d’une forme d’envie. Un regard qui allait à l’encontre de la neutralité du reste de son visage d’ailleurs. Naturellement, le jeune marchand attendait une réponse et laissa tout son temps à Cain pour la lui donner. Mais s’il cherchait à changer de sujet, le jeune marchand recommençait à parler et sa voix savait bien plus s’imposer que celle de Cain. Une chose courante chez les marchands de Poula. Versé dans l’art de la négociation, beaucoup d’entre eux suivent des cours de rhétorique et de pratique verbale pour savoir mener à bien leur négociation. Même les plus puissants rois avaient parfois du mal à se faire entendre en présence d’un marchand de Poula à l’élocution parfaite. Comme c’était le cas ici avec le jeune marchand.

« Enfin, je comprends tout cela… Melghir n’a jamais réussi à rivaliser avec Poula, même avant sa domination par ces nobliaux véreux et versés dans les arts. Mais maintenant qu’une germaine est à sa tête… ça devient nettement plus intéressant. Vous connaissez peut-être la Vice-Reine ? Hm ? On parle d’une germaine dans la fleur de l’âge…. Je n’ai jamais apprécié les Germains. Trop rustres, violent et leur sens de l’honneur les transforment en plaie pour les affaires et certaines actions de nécessité… »

Le jeune marchand regarda alors Cain, lui faisant comprendre qu’il était temps de passer aux choses sérieuses.

« Jeune homme j’ai besoin de vous parce que quelqu’un a en sa possession quelque chose qui m’appartient. Une chose très importante pour moi et qui est actuellement entre les mains d’un individu peu recommandable des douves…. »

Le jeune marchand donna alors un papier à son serviteur qui fait le tour de la table pour le donner au jeune Leckard. Quand ce dernier l’ouvrit, il put découvrir un dessin d’un joyau en noir et blanc. Un très gros bijou avec plusieurs grosses pierres tenues entre elles par de fines pièces de métal, certainement de l’argent et de l’or.

« Voyez-vous, ce bijoux est particulièrement important et je voudrais le récupérer. Est-ce que vous voulez procéder à cette extraction ? »

Un service pour une amie

La manœuvre du jeune homme porta ses fruits et le plus gros de ses assaillants et quelques uns de ses copains de beuveries furent repoussés sur le bord opposé. Bon, le gaillard le plus costaud passa par-dessus bord mais peut-être que l'eau aura la vertu de le faire désaouler. Et puis de l'eau fraiche le changerait sans doute de sa boisson favorite en plus de le laver et d'atténuer son odeur.

Cependant il restait ceux qui le maintenaient. Fort heureusement pour ça aussi il avait un moyen simple de passer outre sans avoir nécessité d'attenter à leurs jours. Ce qui pourtant aurait été plus efficace et plus dissuasif que de se soustraire aussi simplement à leur étreinte. Prenant sur lui une nouvelle fois, il se transforma de nouveau en brume et réapparut plus loin, au niveau du bastingage opposé. Il tenta de leur faire comprendre qu'il était invité, ou au moins attendu mais les marins venaient de sonner la cloche et comptaient de toute évidence persévérer dans leur tentative.

Cain fit une légère moue. Est-ce qu'il ressemblait vraiment tant que ça à un vampire ? Bon, il en conclut que c'était toujours mieux que de ressembler à ce qu'il était réellement. Mais peut-être qu'il devrait réellement investir dans d'autres vêtements... Enfin ce n'était pas vraiment le moment de s’appesantir sur un sujet aussi débile. Si ils s'évertuaient à poursuivre Cain ne se retiendrait plus. C'était pour ça qu'il préférait mettre directement les choses au clair avec ceux qui l'emmerdaient en ne leur laissant pas la possibilité de l'emmerder une seconde fois. Leurs petits copains lui foutaient la paix au moins après. Sauf quand ils s'appelaient Leckard évidemment... Mais c'était une autre histoire.

Il utilisa la brume une fois de plus et alors qu'il serrait les poings d'agacement et se préparait à utiliser un sort nettement plus efficace, des applaudissements se firent entendre. Le regard de Cain tomba sur un homme qui n'avait rien à voir avec les marins. Son hôte de toute évidence, ce que ses paroles lui confirmèrent. Si il avait aimé le spectacle c'est qu'il se contentait de bien peu songea Cain, car il n'y avait vraiment rien ni d'exceptionnel ni de spectaculaire dans ce qu'il avait fait. Au contraire, il était presque frustré de s'être retenu même si il était conscient que ça avait été nécessaire et qu'en fait c'était la seule option viable pour lui actuellement : ne pas faire plus de vagues. Il adressa tout de même un signe de tête et un semblant de sourire à l'homme, par pure politesse avant de lui emboiter le pas, non sans jeter un coup d’œil aux marin en passant devant certains d'entre eux.

Cain suivit l'homme dans la cabine où les autres marchands les attendaient avant de pouvoir le détailler davantage, découvrant le détail de ses traits à la lumière des chandelles. Plus âgé que lui, il était richement vêtu et plutôt bel homme pour ce que pouvait en juger l'hésandrien. L'homme semblait avoir un statut supérieur aux marchands qui avaient dépêchés Cain à la base, à moins qu'il ne soit simplement "que" nettement plus riche. Vu la déférence que lui vouaient les autres, Cain pencherait pour un mélange des deux. Derrière chaque personne se trouvait un jeune homme. Des serviteurs à en juger par leurs atours et le fait que ce furent eux qui servirent chaque "convive".

Cain jeta un bref coup d’œil au serviteur qu'on lui avait assigné tendis qu'il le servait avant de revenir à son hôte qui avait reprit la parole.
Un des marchands de son côté refusait d'être servi par le jeune homme qu'on lui avait attribué ce qui arracha malgré lui un infime sourire à Cain, toujours ravi de voir des personnes mal à l'aise pour si peu. Il se demanda si ils arboreraient des mines si gênées si à la place ça avait été de jeune femmes qui avaient fait le service. Sans doute que non.

Reportant son attention sur son hôte qui semblait avoir bien fait ses devoirs le concernant du moins pour les informations accessibles d'ici sans avoir connaissance de son nom, du moins ses associés avaient effectivement faits des rapports plutôt précis.
A l'évocation de la situation de Melghir, Cain hésita un instant. Dans le fond il ignorait si Wilhelmine avait été ennuyée par la nouvelle Reine après qu'elle l'eut aidé à fuir. Évidemment, il songeait que son amie était suffisamment déterminée et intelligente pour ne pas ruiner tous les efforts qu'elle avait fait ces dernières années pour en arriver là où elle était. Et il n'était pas anormal que le monde soit déjà au courant des mesures que la Vice-Reine prenait, comme la réouverture des routes commerciales entre autre. Toutefois, il ne considérait pas porter les vêtements de Melghir avec une fierté particulière. Il était juste particulièrement fier tout court. Mais c'était de l'ordre du détail.

Son interlocuteur semblait attendre une réponse. Cain allait s'exécuter lorsqu'il croisa le regard de l'homme, et en fut légèrement décontenancé. Autant à cause de son aplomb et ce qu'il croyait pouvoir y lire. Est ce qu'il rêvait où l'homme aurait presque pu lui faire des avances ? Sans même s'en rendre compte, le naturel reprit le dessus et il soutint son regard sans aucune agressivité cependant, tendis qu'une lueur joueuse faisait pétiller ses yeux. Après tout, quel mal pouvait-il y avoir à jouer un peu avec son commanditaire ? Il prit la parole en adressant au marchand un sourire qui se voulait timide voire candide, ce qui contrastait fortement avec son regard.

"Pour être franc je ne pensais pas attirer autant les regards dans une cité cosmopolite avec une tenue que je considère comme des plus classiques. Mais je suis en effet plutôt satisfait de voir Melghir refleurir aussi vite et c'est incontestablement grâce à notre Vice-Reine."

Après tout, ça ne pouvait pas faire de mal que de confirmer que tout se passait bien. Qui sait, ça pourrait même les motiver à accélérer ou accroitre le commerce avec la petite cité ce qui ne pouvait pas être un mal. Plus Melghir prendrait de l'ampleur et plus Wilhelmine aurait de quoi faire pencher la balance pour, à terme, faire plier Targatt et en prendre le pouvoir. Ouais... Cain était persuadé que ça pouvait se passer comme ça avec... un petit effort sans doute.

Son ton avait courtois et plutôt enthousiaste. Rien de tel pour passer pour un gentil garçon et faire bonne impression après tout non ?
Le jeune marchand poursuivit en parlant de Melghir et en vint à évoquer Wilhelmine, lui demandant entre deux si Cain la connaissait personnellement et continua quelques instants à déblatérer des propos inutiles. Pour finir de le mettre à l'aise sans doute. Toutefois, Cain ne répondit pas et préféra attendre qu'il en vienne enfin à la vraie raison de sa présence ici avec eux en pleine nuit, ce qui ne tarda pas.

Le marchand lui expliqua qu'un objet de sa possession lui avait été volé par un individu peu recommandable. Bah... Un voleur quoi. Pour les bonnes gens, il était "peu recommandable" de voler. Un voleur des "douves". D'accord...Est ce qu'il étai censé savoir ce que ça voulait dire ? Ca faisait référence "au monde souterrain" dont Lucien lui avait parlé ? Ou juste référence à un lieu  peut-être ? Aucune idée.  Cain le laissa poursuivre en silence.

Un serviteur lui apporta le dessin d'un joyau. Joli en effet. Ca devait valoir une vraie fortune. Pas étonnant qu'il veuille le récupérer. Toutefois... plusieurs choses le dérangeaient.
Il replia le dessin mais laissa la feuille trôner devant lui en prenant une mine désolée, presque attristée. Il réfléchit durant un court instant à la meilleure façon de présenter la chose sans trop les offusquer.

"Vous n'êtes pas sans savoir qu'un mage et en particulier un mage étranger qui arrive ici, se retrouve dans une situation des plus précaires compte tenu des lois en vigueur. Comprenez bien que je serai ravi de vous aider mais si ça devait mal tourner je risquerai davantage qu'un simple petit séjour en prison."

Du moins le supposait-il. Il poursuivit sur le même ton faussement gêné.

"Et au-delà de ça, je m'étonne que, si un tel joyau est une possession personnelle et vous importe tant, vous preniez la peine de régler une transaction avec quelqu'un comme moi devant autant de témoins. Sans vouloir vous offenser Messires."

Ajouta-t-il à l'attention des autres marchands en inclinant la tête avec courtoisie. De son point de vue c'était soit stupide car c'était courir des risques pour rien. D'abord si l'objet était bien réellement à lui initialement, ce qui n'était pas moins sur en fin de compte, il avait du être assez bien protégé donc il avait fallut pour le voler, soit quelqu'un d'informer de l'intérieur, donc potentiellement par une des personnes présentes, soit quelqu'un de particulièrement doué... Dans un cas la taupe pouvait très bien prévenir de l'arrivée de Cain, et dans l'autre Cain se retrouverait peut-être à devoir affronter, ou tenter de berner quelqu'un de plus... doué que lui dans ce type de mission. Ce qui s'avèrerait dangereux.
Il aurait aussi pu demander à confirmer que l'objet lui appartienne bien initialement et qu'il ne soit pas simplement en train de se faire utiliser pour commettre un vol. Ok, dans les deux cas ce serait un vol mais dans un cas il s'agissait de voler pour rendre au vrai propriétaire, ce qui s'apparentait à une bonne action d'après l'idée que c'en faisait Cain, dans l'autre ce serait juridiquement encore plus contestable. Toutefois, il ne poussa pas le vice jusqu'à traiter le jeune marchand de menteur. Pas encore.

"Si vous pouviez m'en dire davantage sur l'endroit approximatif où il est censé se trouver, ou sur le voleur ça m'aiderait à me situer. Ou me donner quelques garanties que je ne puisse pas finir devant le Conclave, voire pire, à moins évidemment qu'il y ait une contrepartie intéressante, dans ces cas-là, je me ferai une joie de vous aider à récupérer ce qui est vôtre."

Oui parce que dans le fond il s'en foutait quand même pas mal de savoir si c'était voler un voleur ou voler tout court. Il se permit un sourire tout aussi innocent en attendant une clarification et la suite des négociations.

A l’air gêné du jeune mage, le jeune marchand répondit initialement par un haussement de sourcil. Se moquait-il vraiment de lui avec une telle comédie ? Même les acteurs du grand théâtre de Pisa, de loin les plus mauvais de toute la péninsule Latine, donnaient mieux à voir en matière de gêne. Mais rapidement, le jeune marchand compris là où voulait en venir son invité et abandonna son air interrogatif pour esquissé un début de sourire qui ne fit que s’agrandir à mesure qu’il écoutait le jeune Leckard. Un sourire qui alimentait le regard intéressé du jeune marchand et qui ne cessait de fixer Cain, chacun de ses mouvements, chacun de ses tressaillements. Aucun haussement et chute des lèvres de son invité ne lui échappait, tout ceci en ne perdant aucunement le fils de la discussion puisqu’à l’instant où Cain finit de faire part de ses inquiétudes et demandes, le jeune marchand se mit à répondre.

« Et dire que mes associés se demandaient si vous aviez assez de maturité pour que je vous donne une telle mission. Je vois que vous leur donnez glorieusement tort et que vous m’assurez de cette maturité plusque bienvenue à mon bord. »

Le jeune marchand lança un sourire entendu à Cain avant de reprendre et simplement faire un signe au serviteur assigné à Cain de le servir au lieu d’être un peu trop attentif à la conversation en cours.

« Avant de régler la question de votre prise en charge par ma compagnie marchande, je dirais simplement qu’il est d’usage, au sein de la République de Poula, qu’un marchand passe toujours un contrat, de quelque nature qu’il soit, devant plusieurs témoins. Vous comprenez que s’il advenait que vous preniez le contrat et que vous ne le respectiez pas, je puisse prouver d’une façon ou d’une autre votre culpabilité auprès du Conclave que vous semblez tant craindre ? hm … ? C’est donc uniquement à cette fin que mes associés ici présents sont là. »

Le jeune marchand délaissa enfin l’objet de son regard pour croiser ceux des autres marchands qui, soit en train d’écouter, soit en train de manger ce que l’immense volume de leur ventre permettait, le lui rendirent avec un hochement de tête manifestant le fait qu’ils savaient bien pourquoi ils étaient là. Le jeune marchand revint ensuite à Cain et de façon décontractée, commença à lui expliquer la raison pour laquelle il souhaitait que ce soit lui qui exécute cette « extraction » comme il souhaitait le dire. Elle était si simple selon lui que le fait de l’évoquer ne lui faisait prendre aucune précaution particulière dans les propos qu’il employait et semblait même amusé par ce qu’il lui était arrivé.

Ainsi, alors qu’il marchait en direction de la SchwartzPlatz, la principale place d’Hochseegrad, il y a de cela plusieurs jours, lui et sa petite escorte se sont fait bousculer par une vague de mauvaise gens. Des pauvres qui avaient certainement réussi à se faufiler dans les murs d’Hochseegrad en passant par les égouts de la ville. Enfin, en tout bon marchand de Poula, il n’avait pas manqué ce jour-là de mettreen avant toute sa richesse et la plus grandiose d’entre elle, le joyau qu’il avait montré à Cain. C’était la pièce maîtresse de sa parure d’apparat et elle était tellement en évidence que n’importe qui qui passait assez près de lui pouvait la lui arracher. Malheureusement, c’est bien ce qui s’était passé avec cette vague de mendiants et de pauvres. Avec leurs petites mains sournoise et leur adresse, ils allégèrent les gens de sa troupe de leur bourse et lui de son joyau. Une perte terrible. Si cette affaire venait à se savoir dans la communauté des marchands de Poula qu’il s’était fait voler un aussi beau et riche bijoux par quelques sans-dents, ce serait un coup terrible à sa réputation et surtout à l’assurance de la sécurité des marchandises qu’il faisait tous les jours transiter dans Hochseegrad et ses alentours. La viande de béöm, ces monstrueux cétacés de plusieurs centaines de mètres, aux dents d’ivoire aussi grandes que des avant-bras et à la longue trompe pouvant projeter des colonnes d’eau à des kilomètres, était précieuse et ils étaient si rare en Mer d’Azur que les villes de l’Aeltique étaient généralement le seul endroit où l’on pouvait trouver ce met unique et aux propriétés diverses. La rareté faisant la valeur du produit et la demande étant très élevée au sud du Monde Connu, c’est un marché où la concurrence est rude, les attaques de pirates et de malandrins fréquentes et la probité d’un fournisseur au cœur de tous les contrats passé par les seigneurs d’Arijaä. Le moindre faux pas d’un fournisseur, même sur le plan personnel, pouvant anéantir tous les marchés qui lui avaient été passés.

Ainsi faire appel à un mercenaire d’Hochseegrad ou bien même à la garde de la ville était une chose impossible car cela propagerait la nouvelle. Alors que demander à un étranger, mage qui plus était, qui lui-même était à la recherche d’informations parfois sensibles sur cette ville aussi vivante que tentaculaire, cela ne pouvait que présenter des avantages. Le premier était évidemment le salaire d’une telle entreprise. Les informations que souhaitaient Cain n’avaient pas la valeur du bijou, mais avec un doux sourire, le jeune marchand assura Cain qu’il serait prêt à payer de la meilleure manière qui soit la différence au jeune homme. Le second, et le jeune marchand précisa qu’il ne souhaitait pas véxer le jeune homme, comme il n’avait pas voulu vexer ses associés, était que Cain était justement un étranger et de toute évidence plein de ressource, beaucoup de ressources. Mais sans aucune connaissance à qui il pourrait, sans risquer une raillerie et d’être éconduit, vendre l’information qu’il venait de lui donner. C’était donc donnant-donnant et dans leur intérêt mutuel de s’entre aider, finit par dire le jeune marchand en laissant se glisser dans sa bouche un grain de raisin.

« Quant à votre inquiétude liée au Conclave, j’ai mis au point un moyen de vous éviter son regard pendant toute la durée de votre intervention à mon profit. Il va cependant falloir agir ce soir et certainement pas plus tard, car cette vermine des douves pourrait l’avoir vendue à n’importe quel marchand de pacotille… »

Le marchand fit un signe à son serviteur qui alla chercher un petit coffret posé sur une table en retrait. Un coffret très simple, avec une petite serrure et une petite clef, tout de bois vernis et portant des inscriptions en latin juste au-dessus de la serrure. Le jeune marchand rassura Cain en lui indiquant que ces inscriptions n’étaient là que pour le décorum et prévenait simplement ceux qui auraient le malheur de s’en prendre à ses biens qu’ils subiraient son courroux. A la fois une explication du pourquoi il tenait à récupérer son bien et en même temps, un avertissement à peine déguisé à l’attention du jeune mage.

« Ceci est un coffret anti-magique. Il dispose d’un sceau à l’intérieur qui annule les effets de la magie. Le sceau est ancien et à tendance désormais à dépasser son simple contenu tant et si bien que sans vous priver de vos pouvoirs, il devrait être en mesure de cacher aussi bien votre aura que votre statut de mage. Tant que vous l’aurait sur vous en tout cas. Mettez-y le bijou quand vous l’aurez trouvé, ramené le à l’entrepôt de la rade nord, au nord de la cité et un de mes agents vous y attendra pour vous ramener ici en toute sécurité. Nous ferons le paiement de votre intervention une fois votre besogne terminée. A moins que vous ne vouliez une partie de votre paiement en avance ? »

Lança le jeune marchand en reprenant un verre de vin. Il devait avoir fini toute une bouteille à lui tout seul et pourtant, il semblait particulièrement en forme et loin, très loin, d’être saoul. Le jeune marchand eu un moment de silence et à la manière dont il regardait son verre, il n’était pas difficile de comprendre qu’il se souvenait très bien de la dernière question de Cain et qu’il attendait simplement un peu avant de répondre, comme pour juger le jeune mage dans ses réactions et sa façon de raisonner avant d’enfin expliquer à qui Cain devrait s’opposer.

« Votre cible, jeune mage, est un individu qui s’appelle Arog Sol Noir, un orque à la peau sombre la terre volcanique et à la tête d’une confrérie de brigands et de voleurs. Ils sont la principale guilde, c’est un bien grand mot, de scélérat d’Hochseegrad et l’or déliant les langues, de nombreux témoins l’ont vu se gargarisé d’avoir pu mettre la main sur un tel joyau les tavernes les moins recommandables des faubourgs d’Hochseegrad. Ce sont des voleurs aussi bien de haut vol que des petites mains comme les sans-dents qui m’ont allégé de mon bien. Ils sont bien organisés et ont leur repaire dans les douves, au sens propre du terme. L’entrée de leur repaire est juste en dessous de la porte nord-est, sous le pont levis. Les douves sont asséchées donc vous devriez pouvoir vous y déplacer facilement. Mais si vous ne tenez pas à rentrer par-là, il doit bien y avoir un moyen d’y pénétrer par les égouts. Je ne peux que vous indiquez sur votre carte les positions des entrées que mes informateurs m’ont donné. Mais pour revenir à Arog, je n’ai malheureusement pas plus d’informations à vous donner. Cependant avec toutes vos ressources, je suis certains que vous pourrez trouver un moyen de récupérer ce qui m’appartient ? Non ?

Un service pour une amie

Cain avait fini d'énoncer les petites choses qui lui posaient soucis, ou du moins qui nécessitaient un éclaircissement, ce qui avait arraché un sourire au jeune marchand et quelques compliments sur sa maturité. C'était bien la première fois qu'on pensait de lui qu'il soit mature. Il aurait donné cher pour que Brann entende ça et s'étrangle, ou Chad. Et plein d'autres. Quoi qu'il en soit, le sorcier rendit son sourire au marchand. Il restait encore à faire le plus difficile : qu'il ne se sabote pas lui-même comme ça lui arrivait souvent. Mais cette fois-ci il n'y avait personne pour rattraper ses erreurs, il ferait donc un peu plus attention...peut-être.

Le marchand fit signe au serviteur attitré de Cain de le resservir. Le verre était encore à moitié plein, n'ayant bu que quelques gorgées à peine. Il n'aimait que peu l'alcool. Mais c'était sans doute du au fait qu'il n'avait jamais été initié et qu'il ne le tenait pas. Or, il détestait ne plus avoir la maitrise de ses sens, il laissa donc le serviteur lui remplir de nouveau son verre bien qu'il n'y toucherait sans doute pas davantage.
Il n'avait d'ailleurs rien mangé non plus. Un brin paranoïaque, il considérait ne pas être là pour jouer et ne comptait pas être distrait, ou pâtir d'un déficit d'attention parce que son ventre serait en plein travail et délaisserait son cerveau. Bon d'accord, il était un brin paranoïaque.

La jeune marchand de Poula lui explique l'usage selon lequel un contrat était passé devant témoins afin d'en garantir les termes. Encore une chose pour laquelle il n'aimait que peu les non-mages. Au moins les mages avaient une multitudes de sorts et techniques pour garantir qu'un contrat soit honoré. Bon... la plupart tenaient de la magie noire et étaient interdits mais qui s'en souciait dans le fond tant que c'était efficace ?

En suivant la logique du marchand, il aurait fallut que Cain ait donc lui aussi des témoins pour lui. Et bien qu'il note ce manquement, il n'en fit cependant pas part. D'abord parce que même si ils acceptent de lui laisser le temps d'en faire venir, il n'aurait pas eu le choix. Les seules personnes qu'il "connaissait" n'étaient autre que Lucien et Adelaïde. Et il était hors de question de les impliquer dedans. D'abord parce qu'il avait des scrupules à le faire compte tenu de leur aide. Ensuite car il ne comptait pas donner des informations à propos des personnes qui l’accueillaient ici. On ne savait jamais. Et puis les "contacts" d'Adelaïde pourraient poser problème donc peu importait la manière dont il retournait la chose, il préférait se plier à leur coutume en faisant fi du fait qu'il n'avait pas de témoins le concernant. Il aurait toujours pu faire appel à la magie... si seulement il connaissait le sort qui permettait une telle chose.

Laissant là ses élucubrations pour se reconcentrer sur le déroulé de la conversation à laquelle les autres marchands acquiescèrent concernant la raison de leur présence ici. Évidemment, vu l'ascendant qu'il avait sur eux ils n'auraient pu agir autrement.

En réponse, Cain hocha simplement la tête pour témoigner que l'explication lui convenait et passer à la suite, ce que le jeune marchand fit d'office en justifiant les raisons qui l'avaient poussé à le choisir lui pour ce genre de mission. Il commença par lui exposer la manière de procéder du voleur. Ou plutôt des voleurs. Puis vinrent les raisons de l’implication d'un extérieur pour régler cette affaire. Cain comprenait tout à fait ses arguments. C'était crédible et ça avait une logique certaine. Il était tout à fait normal dans un tel milieu de porter une attention toute particulière à la préservation des apparences et à éviter que ce genre de soucis ne s'ébruitent. Ce serait un signe évident de faiblesse en plus du manque de confiance qui suivrait effectivement forcément auprès des personnes qui lui confiaient leurs marchandises.

A la réflexion portant l'évidence que Cain était justement un extérieur, mage de surcroit et sans connaissances avec le milieu, tout ceci étant dit "sans vouloir l'offenser", le jeune homme se permit un sourire amusé en retour mais ne fit pas le moindre commentaire. C'était de bonne guerre et il n'était en effet pas du tout vexé puisqu'il ne faisait qu'énoncer des évidences.

Finalement, le marchand lui indiqua que l'extraction devait impérativement être effectuée cette même nuit. Cain ne put s'empêcher de penser qu'il avait bien fait de se reposer avant de venir. Curieux de connaitre ce moyen de le cacher aux "yeux" du Conclave, il se redressa imperceptiblement sur son siège tendis qu'on lui amenait un petit coffret qu'il prit le temps de détailler un peu plus. Vide pour l'instant, il paraissait évident qu'il devrait y déposer le bijou. Soit. Ca éviterait les sort de repérer le bijou. Quand aux inscriptions menaçantes, le jeune sorcier trouvait cela rafraichissant, presque enfantin. Pour autant il ne les prit pas à la légère compte tenu de l'influence que devait avoir l'homme. Ce n'était de toute façon pas l'intention de Cain que de doubler le voleur. Du moins, pas sur l'instant. Il verrait bien lorsqu'il l'aurait entre les mains si la situation avait changé. En attendant, il comptait honorer le marché sans se faire pincer.

Et cette boite d'anti-magie lui serait assurément des plus utiles si elles fonctionnait aussi bien, et de la manière dont le marchand de Poula l'indiquait. C'était la première fois que Cain avait un objet d'anti-magie ente les mains. la sensation était étrange, comme si il sentait la magie fluctuer autour de lui. Afin de vérifier qu'il soit bien capable d'utiliser la magie, il matérialisa une flammèche dans le creux de sa main. Pas plus grosse de la flamme d'une bougie mais suffisante pour voir si la magie "passait" et sans non plus alarmer ses hôtes.

Finalement, le marchand lui demanda d'amener l'objet à la rade nord lorsqu'il l'aurait en sa possession. Cain acquiesça tout en notant la descente ahurissante qu'il avait sans même sembler ressentir les effets de l'alcool. C'était plutôt impressionnant en un sens. Enfin, on lui proposa de recevoir son paiement après s'être acquitté de la tâche, à moins qu'il ne préfère en recevoir une moitié maintenant.

Par mesure de précaution, Cain aurait eu tendance de toute façon à demander une avance. Mais compte tenu de la mission, c'était doublement souhaité. Se rendre dans le repère d'une sorte de guilde de voleurs sans possibilités de faire le change ou d'acheter le silence d'une ou deux personnes était un peu suicidaire. Non pas qu'il ait envie de se faire repérer mais on ne savait jamais. D'un autre côté, en cas de combat ou autre, il aurait préféré ne rien porter afin d'être tranquille et ne pas risquer de perdre quoi que ce soit. Mais à la réflexion il préférait avoir au moins la moitié. Il ferait en sorte de ne pas le perdre.

"J'admets préférer avoir une avance."

Inutile de deviser mille ans sur les raisons qui le poussaient à demander. Visiblement le marchand était au fait des manières de faire et il comprendrait sans mal qu'il s'agissait d'un mélange de prudence et de manque de confiance. Après tout il ne connaissait aucun d'entre eux, et certes c'était bien le but justement, mais il était d'autant plus normal qu'il prenne une sorte de garantie au passage. Ca signifiait aussi qu'il acceptait le travail en question. Toutefois, la suite des informations cruciales concernant le voleur et le lieu où devait reposer le bijou lui firent hausser les sourcils un instant.

Un orc. Vraiment ?! Cain croyait ses créatures totalement débiles et incapables de faire preuve d'une quelconque forme d'intelligence. A moins qu'il ne soit l'exception qui confirme la règle. Ou qu'il soit "guidé" par quelqu'un d'autre dans l'ombre. Bien que les marchands l'auraient peut-être découvert si tel avait été le cas.
Le soucis d'un orc intelligent c'était qu'il allierait l'ingéniosité ou la fourberie supposée des chefs de guildes souterraines avec une grande force et une grande résistance... Rien d'impossible mais ce serait d'office bien plus pénible à affronter. Toutefois, il existait des moyens détournés pour éviter d'avoir à penser à tous ces désagréments.

Bien qu'il se maitrise bien mieux que d'habitude, une ombre de malveillance passa dans ses yeux ocres avant de disparaitre la seconde suivante, remplacée par un pétillement d'impatience qu'un sourire vint illuminer davantage au point de faire douter de ce que l'on avait cru voir l'instant précédent. Son attitude dénotait malgré tout son désir de le confronter voire de l'affronter. Il faut dire qu'il n'avait pas eu l'occasion de se défouler depuis plusieurs semaines et il bouillonnait. Ce serait peut-être l'occasion de se lâcher un peu...

"Un orc donc. Ce sera un défi intéressant je n'en doute pas."

Son sourire s'élargit davantage, réellement amusé par la situation. Même sans être payé, il y avait une chance que Cain finisse par essayer de le dénicher pour se tester, et pur le tester. Mais quitte à prendre des risques, autant que ça lui rapporte.
Il avait toutefois prêté attention aux informations annexes et notamment sur les manières d'entrer dans son domaine.

Après s'être assuré que le marchand n'avait pas d'autres éléments à lui confier, Cain se leva pour prendre congés avant de s'interrompre.

"Oserais-je vous demander de me permettre de changer de vêtements pour des atours plus passe partout et moins... reconnaissables ?"

Le charmant homme savait de par le début de leur conversation qu'il n'avait sans doute pas de vêtements adéquats, et en tout cas, Cain comptait bien essayer de s'en faire fournir. Pour un tel homme ça ne devait pas demander d'efforts. Une tenue de pauvre suffirait même amplement.

Si le marchand répondait par l'affirmative, il se changeait sur le navire et repartait ensuite avec le coffret, ses vêtements et l'avance sur salaire. Il cacherait ses vêtements dans un recoin avant d'entrer dans les douves par la porte nord-est. Il se fondait dans les ombres en remerciant Chad de lui avoir appris la technique, et plus encore. Ainsi, il évoluait sans être vu en profitant des ténèbres des lieux. cette forme lui permettait aussi de ne pas être pris dans les pièges basiques tels que les pièges à ours etc. Cain s'arrêtait toutefois régulièrement pour faire des détections de la magie, juste au cas où. Qui sait, même sans pièges magiques placés sur le chemin, il y avait fort à parier qu'ils en aient quelques uns à leur disposition et sa détection lui servirait alors de boussole pour s'orienter dans la bonne direction. Il se félicitait toutefois de ne pas être allé au rendez-vous désarmé. Ca lui évitait de devoir repasser chez Adelaïde pour les récupérer.

Si le marchand n'avait pas de vêtements de ce genre, Cain donnerait quelques pièces au premier manant qu'il croiserait en échange de sa tenue, le laissant repartir presque entièrement nu. Ensuite, il procèderait de la manière mentionnée ci-dessus.

« Et bien jeune homme suivez-moi, je vais vous permettre d’avoir votre avance et vos habits. Je devrais bien trouver dans le balluchon de mes marins de quoi vous parer comme un des sans dents qui m’ont détroussé. »

Le jeune marchand se levant en s’essuyant la bouche avec serviette de coton, enlevant la légère couverture d’huile qui illuminait ses lèvres après sa dernière bouchée de volaille. Il marchait parfaitement bien et l’apparence qu’il avait à tenir l’alcool était renforcé aussi bien par la maîtrise de sa parole que de ses gestes. Faisant un geste à son serviteur, ce dernier ouvrit une porte menant très certainement à la cabine personnelle du jeune marchand. Passant une main assurée sur l’épaule de Cain, le jeune marchand invita son invité à le précéder.

La cabine était tout aussi luxueuse que le messe qui se trouvaient juste à côté. Des coffres çà et là contenant certainement la richesse accumulée par le jeune marchand avec ses dernières ventes à Hochseegrad, des tapisseries représentant des scènes en tout genre qui couvrait le bois polis du bardage du vaisseau et une large banquette aux draps de soie et de flanelle qui réfléchissaient dans leur plis les quelques bougies éclairant sommairement le lieu. Le jeune marchand se posa à sa petite console et sorti un papier pour y inscrire rapidement le montant total de la prestation et un autre pour y indiquer qu’avait été remis la moitié du prix à Cain. Il demanda alors à Cain de bien vouloir s’approcher, de signer les deux papiers et, s’il disposait d’un tampon, d’ajouter à sa signature son sceau, comme le jeune marchand l’avait fait lui-même avec un bâton de cire bleue et sa bague qui reprenait les mêmes emblèmes que l’on pouvait voir partout sur le navire. Ainsi Cain pouvait espérer deux-cent d’or pour cette opération et cent lui serait donné immédiatement. La somme de papiers que Cain signa, le jeune marchand la reprit des mains du jeune Leckard dès qu’il eut terminé, expliquant que le jeune mage ne pouvait, en aucun cas, conserver sur lui ces documents durant l’opération. La raison évidente étant que s’il venait à être attrapé par l’orc noir, ces papiers le feraient remonter à lui et ça, le jeune marchand ne le souhaitait pas vraiment.

Vint ensuite le paiement et c’est à ce moment-là que ce qui était de moins en moins subtile devint plus qu’évident. Car dès que le jeune marchand ouvrit un de ses coffres, il sortit une petite bourse, certainement contenant l’avance de Cain. Mais en se retournant, il laissait entrevoir une légère, mais suffisamment visible, réflexion, comme si quelque chose n’allait pas. C’est ainsi qu’avant que Cain ne puisse intervenir, le jeune marchand le fit :

« Voilà qui est fâcheux… je me rends compte que je n’ai pas de bourse faite de cent pièce d’or et seulement de cinquante… mes coffres sont nombreux et rassembler la somme prendrait un temps important puisque qu’il faudrait tout inscrire dans mes livres de compte. Peut-être puis-je personnellement vous offrir une avance maintenant et utiliser le temps de votre mission pour que tout soit en ordre de mon côté ? »

Libre était à Cain d’accepter ou de refuser cette avance à peine voilée de la part du jeune marchand qui n’avait pas caché son goût pour la gente masculine, pour le malheur de ses associés. Cette petite escapade en terrain inconnu et en terre étrangère lui permettrait au moins de se mettre à nu et de pouvoir, une fois dédommager pour la lenteur administrative de son commanditaire, de quitter le Corridore d’oro dans l’habit qu’il souhaitait. Le jeune Leckard pouvait tout aussi bien refuser. Après tout, il y avait des risques à partager sa couche avec un étranger. Les maladies, les rumeurs et les manipulations dans les couches étaient fréquentes et souvent très dangereuses. Le jeune marchand n’en serait que très déçu et rabattrait sa déception sur le fait d’imposer à Cain de prendre les cinquante et de réussir s’il espérait obtenir les cent-cinquante restants.

Cain put, ainsi libéré de ses obligations avec le jeune marchand, quitter le navire et commencer sa petite quête secondaire.

Un service pour une amie

Le jeune marchand accepta de bonne grâce de lui donner son avance et de lui fournir des vêtements de rechange. Ca lui enlevait une épine du pieds. Tendis que Cain lui emboitait le pas, il ne pouvait que remarquer la "normalité" de l'attitude de son interlocuteur malgré la quantité assez incroyable de vin qu'il avait bu. Si l'hésandrien l'avait bien remarqué quelques instants plus tôt, il avait pourtant supposé que sa démarche ou ses gestes au moins en seraient plus distraits. Ce qui n'était pas le cas du tout. Cain se demanda vaguement si boire de l'alcool et rester maitre d'eux-mêmes n'était pas là un des entrainements que ces marchands, ou du moins ceux relevant du même blason, devaient relever pour se montrer digne de commander des soulards comme ceux dont Cain avec du se débarrasser avec plus de tact que d'habitude.

Le marchand invita Cain à pénétrer dans sa cabine en lui passant un bras sur l'épaule. Le jeune homme, peu habitué aux contacts physiques disons "classiques" et usuels, dut se faire violence pour ne pas faire un pas de coté afin de se soustraire au contact. Il entra dans la cabine en prenant soin d'en détailler tous les recoins, au risque même de paraitre impoli. Ce n'était pas qu'il l'était particulièrement. Son attitude tenait davantage de l'habitude qu'autre chose. En descendant d'un des plus gros paranoïaques de la cité, il avait hérité de certains de ses comportements, ou du moins, avait été forcé de les adopter. Ce qui, pour celui-ci au moins, lui avait sauvé la mise plusieurs fois.

La cabine était aussi riche que le reste de ce qu'il avait pu voir, plus encore même. Le marchand l'invita à signer les documents qu'il avait préparé, l'arrachant à l'évaluation de ce que pouvaient valoir tout ce que contenait la cabine. Non pas qu'il en veuille réellement, mais il y avait toujours quelque chose à tirer de n'importe quelle information non ? Et puis, les possessions d'un homme en disaient souvent long sur lui. Bien que dans son cas ce soit peut-être légèrement différent puisque cette accumulation n'était pas forcément le symptôme de sa nature profonde mais plutôt celle de sa fonction, dans laquelle il semblait exceller.

Cain se pencha vers les papiers et eut un instant d'hésitation. Pour deux raisons. La première, il aurait préféré signer une fois qu'il aurait reçu effectivement l'argent en question. Et puis... sa signature usuelle, bien qu'il n'ait pas eu beaucoup de documents à signer dans sa vie, indiquait "Leckard". Peut-être serait-il plus judicieux pour lui de ne signer qu'avec son prénom mais est ce que ça ne remettrait pas en question la légalité du document ? Sans doute pas mais en vérité il n'en savait rien. il ne s'était jamais posé ce genre de questions. Tout ce dont il avait conscience actuellement c'est que Drake comme Alecto comme Ladon signaient tous de leur prénom ET du même nom de famille. Bon, ils en étaient tous assez fiers dans le fond donc ça devait forcément aider. Ou peut-être qu'ils ne se posaient même pas la question.

Songeant qu'il devait avoir l'air idiot à hésiter de la sorte, il finit par se résigner à signe de son nom complet et apposa donc "Cain Leckard" à l'encre noire sur le document. Peut-être qu'il ne ferait pas le lien même si il y avait peu de chances que ça arrive. Au mieux le marchand feindrait sans doute de n'avoir rien compris. Au pire, il informerait Targatt de sa position, ou pire encore, se proposerait de le leur livrer. Mais une chose était certaine, il ne le livrerait pas avant d'avoir récupérer son précieux objet puisque c'était a priori d'une urgence capitale et que pour l'instant ils n'avaient que lui sous la main. En revanche Cain nota de se méfier de la suite, enfin, de la livraison, si seulement il en revenait.
D'un autre côté, ça pouvait aussi être une opportunité pour lui. Dans un futur plus lointain, que d'avoir un "allié" potentiel de cet acabit et d'autant plus si il lui était redevable.

Remettant ces préoccupations à plus tard, le marchand récupéra les documents de son côté. Oui, ça avait beau ne pas plaire totalement à Cain, il reconnaissait qu'il lui était impossible de les garder sur lui. Sinon il ne servait à rien non plus qu'il prenne le temps de se changer, autant rester aussi visible qu'il l'était actuellement.

Tendis que le marchand préparait l'avance destinée à Cain, une gène sembla passer un instant sur le visage de son hôte. Une réflexion somme toute un peu trop appuyée d'après l'hésandrien pour qu'elle soit totalement réelle. Son interlocuteur l'informa dans la foulée ne pas avoir toute la somme, bien qu'il lui ait fait signer les papiers prétextant le contraire.
Un léger sourire, à demi dégouté à demi amusé, étira les lèvres de Cain qui songeait qu'il venait de se faire avoir. En d'autres circonstances il aurait été prompt à s'énerver mais ce n'était pas comme si il manquait d'argent. Pour l'instant en tout cas. Et qui sait, peut-être comptait-il vraiment lui payer tout le reste de la somme plus tard. Bien qu'il en soit de moins en moins convaincu.

De toute façon il n'avait pas énormément de choix. Il avait déjà signé... Il mit pourtant un instant avant de comprendre l'allusion et en fait la proposition sous-jacente du marchand. A dire vrai Cain ne fit le rapprochement qu'en croisant le regard de son hôte.
Cain rompit les quelques pas qui les séparaient sans lâcher des yeux ceux de l'homme face à lui. Il était par ailleurs tout à fait au gout du jeune Leckard. Mais quitte à choisir entre le sexe et un éventuel combat, Cain avait pour l'instant une préférence pour le second. Il fallait hiérarchiser ses priorités aussi. Et aussi tentante et inattendue de soit cette proposition, il comptait d'abord s'acquitter de sa mission avant de prendre du bon temps. On pourrait croire qu'il s'agissait là de conscience professionnelle, et d'ailleurs c'était ainsi que Cain tentait de le faire passer mais en fin de compte c'était simplement que l'histoire de l'orc noir avait grandement attisée sa curiosité et qu'il avait hâte de voir ce qu'il en était.

En attendant d'en arriver là, le jeune homme arrêta son visage à quelques centimètres de celui du marchand, lorsqu'il fut sur qu'il pourrait sentir son souffle sur ses lèvres. Et doucement, il formula sa réponse.

"Je serai ravi de recevoir votre contribution personnelle mais j'y serai mieux disposé une fois que je vous aurai rendu votre bien."

Formulé de la sorte il faisait comprendre qu'il préférait rester concentré sur sa mission, ce qui était assez exact en fin de compte.
Il reprit finalement ses distances.

"Pour l'instant, je vais me contenter des 50 pièces d'avance."

Toutefois, il entreprit de se changer devant le marchand. Le jeune marchand de Poula pouvait bien se rincer l’œil, Cain n'était en rien pudique. De plus, il se savait plutôt attrayant physiquement et si le laisser regarder pouvait éviter limiter sa vexation d’avoir été rejeté ce serait parfait. Et le jeune Leckard devait aussi admettre que l'idée même de l'aguicher un peu était des plus amusantes.

Quoi qu'il en soit, il finit par ressortir du navire avec des vêtements passe-partout, l'avance, le coffret dans lequel il devait placer l'objet et censé le protéger également de l’œil du conseil.

Il cacha ses vêtements dans un recoin avant d'entrer dans les douves par la porte nord-est. Il se fondit dans les ombres. Ainsi, il évoluait sans être vu en profitant des ténèbres des lieux. cette forme lui permettait aussi de ne pas être pris dans les pièges basiques tels que les pièges à ours etc. Cain s'arrêtait toutefois régulièrement pour faire des détections de la magie, juste au cas où. Qui sait, même sans pièges magiques placés sur le chemin, il y avait fort à parier qu'ils en aient quelques uns à leur disposition et sa détection lui servirait alors de boussole pour s'orienter dans la bonne direction et demeurait attentif à tout son environnement.

Le marchand ne fit aucune remarque ou manifesta aucune expression à la lecture du nom du jeune Leckard. Connaissait-il le nom de la vieille famille de Targatt ? Cachait-il simplement l'information qu'on venait de lui offrir sur un plateau d'argent ? Difficile à dire tant il restait de marbre. Il ne le fut pas autant quand le jeune mage déclina son offre de paiement. Enfin, son visage légèrement déçu fut illuminé par la promesse de la réception de sa participation plus tard. De toute évidence, il espérait bien que Cain Leckard reviendrait demander son dû et l'avant goût que lui donnait Cain le rendait bien plus souriant qu'auparavant. Mais au lieu de simplement lancer des coups d'oeils, il poussa jusqu'à simplement s'appuyer sur on bureau et longuement observer avant de raccompagner le jeune homme jusqu'au pont du Corridore D'Oro et lui souhaiter bonne chance.

Dès l'instant où Cain reposa les pieds sur la terre ferme, l'attitude des habitants qu'il croisait changea du tout au tout. Auparavant, dans ses habits noirs de Melghir, ceux de la noblesse de la cité état désormais dirigée par sa protectrice, il attirait le regard des jeunes demoiselles, inspirait le respect des plus cultivé et au mieux, une indifférence neutre. Maintenant qu’il s’était habillé comme les paysans des faubourgs ouest, maintenant que ses habits étaient délavés par le temps, affiné par le port et usés par l’effort, les yeux se détournaient de lui, le respect était devenu du mépris et l’indifférence du dégoût. Car sans le savoir, en prenant les habits que lui avait donné le marchand, le jeune Leckard avait aussi pris les habits typique de ceux qui peuplent les Douves, ceux qui, perdus et sans utilité pour la société, se cachent de celle-ci dans les profondeurs puante d’une terre brillante en surface.

Ainsi, le prenant pour un vagabond cherchant sa pitance dans les vestiges du marché de la Rade Est, là où plus tôt dans la journée ses propres prouesses avait peut-être éviter à tout un quartier d’Hochseegrad de partir en fumée, les Gardes lui intimèrent, lui vomissant presque dessus, de quitter les lieux. Cela, il devait de toutes les façons de le faire car il ne lui restait pas toute une éternité devant lui pour répondre aux demandes de son mystérieux et libertin employeur. Il restait encore moins de temps au jeune mage pour tenter de connaître ce que lui voulait le gros Graziani dont les vestiges de l’étale avaient été remballés et sa massive présence dissipée.

Néanmoins, avec la carte à sa disposition, il se rendait bien compte qu’accéder à la Porte Nord-Est n’allait pas être immédiat. Hochseegrad était une cité fortifiée bâtit à l’embouchure d’un des principaux fleuves de la région, le GrossKaiser Fluss. Ainsi, la ville se divisait en deux parties et malheureusement pour Cain, la Porte Nord-Est sous laquelle se trouvait dans la partie orientale de la ville, de l’autre côté du fleuve. Cain pouvait bien tenter de flotter sous forme de brume jusqu’au pont qu’il pouvait voir depuis les quais de la Rade Est. Mais c’était prendre le risque que les Gardes ou la population réagissent comme les marins du Corridore d’Oro et que lui n’ait consommé une grande partie de ses réserves magique. Alors, si les habitants moyens d’Hochseegrad prendraient certainement la fuite, les Gardes donneraient beaucoup de fils à retordre au jeune Leckard. Après tout, certains d’entre eux étaient mages et malgré la puissance importante de Cain pour son âge, il restait un jeune homme sans vrai discipline devant éventuellement s’opposer à plusieurs dizaines de Gardes entraînés et venant d’un peuple connu pour sa férocité au combat et son appétence pour la guerre (1). Il pouvait aussi décider de marcher et profiter de cette promenade pour le travail pour « visiter » la ville. Autrement dit, la découvrir et essayer de trouver des choses intéressantes pour lui et pour l’avenir (2).

Si Cain décidait de prendre le chemin le plus rapide, de se changer en brume et rejoindre le Pont des Larmes, il arriverait sur une architecture imposante de briques rouges liées par du mortier blanc. La plupart des fortifications d’Hochseegrad étaient construites de cette façon. Une différence notable avec les grosses roches de pierres noires des murailles de Targatt ou les immenses blocs de granit des ouvrages hésandrins. En plus de communiquer une sorte de chaleur à l’œil, les brique intensifiaient les flammes des brasiers servant d’éclairage à ceux traversant le pont et ceux le gardant. Une garnison non négligeable d’ailleurs. Elle devait l’être tout autant sur le pont au sud et que Cain pourrait apercevoir depuis le Pont des Larmes : le Pont des Soupirs, encore plus grands et imposant que celui sur lequel il se tenait et où l’apparition ne se fit pas sans grabuge. Comme sur le Corridore d’Oro, les passants hurlèrent au vampire et se mirent à courir, en panique, aux extrémités du pont. Les Gardes, quant à eux, ne se firent pas prier pour prendre la menace au sérieux. Cain put immédiatement sentir l’aura magique provenant de quelques-uns d’entre eux et la réplique organisée des Gardes, arrivant à toute vitesse des deux extrémités du pont levis aux plateaux de bois, pouvait lui faire comprendre qu’ils n’avaient l’intention d’envisager la diplomatie. D’ailleurs, une voix roque, celle d’un homme en épaisse armure et hurlant un ordre en germain, permettait à Cain de comprendre, sans connaître la langue, qu’on ne lui laisserait pas la chance de s’expliquer.

Ainsi, plusieurs sorts d’entrave furent lancer en direction du jeune homme tandis que plusieurs garde, épée longue à la main ou protégés d’un bouclier et armée d’une épée courte, se jetèrent sur le jeune mage. Il y eu d’abord les coups des épées longue suivi d’un mur de boucliers de la part des autres Gardes. Ceux-ci laissaient leurs épées se glisser entre leurs écus pour tenter de piquer le jeune mage, qu’ils espéraient entravé, et l’affaiblir en le laissant se vider de son sang. Cain, s’il faisait attention, pouvait sentir que la majorité des auras étaient positives et la lueur des quelques sorts préparés par les Gardes les plus en retrait laissait présager des sorts de soin et de renfort, ces derniers devant déjà être actif d’ailleurs. Mais aussi des sorts d’attaque violent, assez pour faire trembler les plateaux mobiles du pont en tout cas. Avant que Cain ne puisse envisager une réplique et s’il était suffisamment concentré, il pourrait constater qu’en moins d’une minute, c’était presque une trentaine de Garde qui s’était rassemblés autour de lui. Les deux ponts devaient vraiment être des points de concentration de la Garde en ville. Ce qui restait étrange, c’était qu’en dépit de la réaction rapide des Gardes, ceux-ci semblaient perplexes. La tenue de Cain peut-être ? Les vampires étaient plutôt connus pour bien se vêtir. Son absence de magie apparente alors qu’il venait de se téléporter via de la fumée aussi ? Après tout, il avait le coffret du jeune marchand qui couvrait son aura et son rayonnement magique. Un doute pouvant servir le jeune mage de loin dépassé par le nombre et la puissance de ses adversaires.

(2) L’autre option du jeune mage de Targatt était aussi de remonter l’avenue qui l’avait amené à la Rade Est, traverser la Schwartzplatz, traverser la porte fortifiée la plus proche prendre une direction générale vers l’Est. Evidemment, un tel trajet ne pouvait qu’être ponctué que de quelques remarques acerbes de riches patriciens à l’attention de Cain et de quelques bousculades de la part des Gardes, qui ne prendraient pas à la légère une réplique de la part du jeune mage. Mais cette dureté d’une ville qui méprisait ses pauvres semblait n’alla pas en s’adoucissant lorsque Cain traversa la Schwartzplatz. C’était la plus grande place de la ville, constamment animée par des saltimbanques, des marchés nocturnes ou de jours, des crieurs et quelques vendeurs à la sauvette cherchant à profiter du monde important pour gagner de quoi manger chaque jour. Une telle place pouvait aussi être le cœur de toutes les grandes prises de paroles et quand le jeune demi-démon arriva non loin de l’arbre au centre de la place, un gigantesque frêne, il put entendre une harangue endiablée d’un individu monté sur plusieurs caisses et entourés de quelques hommes en arme. Le point commun entre tous : ils portaient tous l’armure dorée et les tissus clairs si typiques des paladins et le discours de celui qui se dressait au milieu d’une foule toujours plus nombreuse révélait bien cette adoration morbide de la Lumière :

« … Nous ne pouvons, à l’heure où le Mal se répand sur nos terres, où de faux dieux se dressent au sud de nos contrées, prônant l’adoration de divinité païennes et uniques au mépris de la grandeur des dieux anciens et de leur mère à tous, la Lumière, rester inactif ! Citoyens d’Hochseegrad, vous qui êtes mus par l’honneur, pouvez-vous tolérer qu’une telle engeance du démon vive ici ! Pouvez-vous accepter qu’une telle monstruosité touche vos enfants, vos maris, vos femmes et vos parents en pratiquant la magie noire ? »

Si Cain avait changé sa course pour voir ce qui se passait avec ce groupe de paladins de toute évidence fanatisés, il pourrait voir que les hommes en arme avait jeté au milieu du cercle formé par les badauds une drow, d’apparence aussi vieille que lui et très amochée. Elle avait dû chèrement vendre sa peau avant que les paladins ne parviennent à la capturer et la traîner, comme une bête sauvage, au milieu de la place la plus importante de la ville.

»… Cette bête, cet animal issu des démons se tapit dans l’ombre des faubourgs pour vous voler votre âme et la vendre aux Enfers ! A Baki ! Elle cultive l’ombre au milieu de ceux qui vivent sous la Lumière ! Habitants de cette grandiose cité, ne vous laissez plus tenter par pareille mensonge que sont les serviteurs des démons ! Les peaux violassés n’en sont que les serviteurs et ils doivent tous être purgés ! Tous ceux qui portent la marque du démon ou son sang doivent être purifié par la mort ! »

L’orateur fit alors un signe de la main à ses six camarades qui se mirent de nouveau à lyncher la jeune drow, le tout sous les regard si différents des spectateurs qui n'avaient pas encore quitter cette scène peu commune à Hochseegrad. La jeune Drow ne semblait pas dire quoi que ce soit, malgré la douleur évidente et son impossibilité de la contré par de la magie, cette dernière étant entravée par le rada’an lui donnant des allures de chien violenté. Une allure renforcée par le court regard que la drow put échanger avec Cain, un regard qui pourrait tout aussi bien être involontaire.

Un service pour une amie

La différence de traitement était pour ainsi dire flagrante. A peine avait-il troqué ses vêtements pour d’autres qu’il jugeait « passe partout » que l’attitude de tout un chacun sembla être modifiée en conséquence. Il ne s’attendait toutefois pas à autant de véhémence. Il faut dire que c’était bien la première fois qu’il se retrouvait dans la peau d’un mendiant, ou presque. Toutefois, il se rendait soudainement compte de la différence de traitement infligée à ces derniers et aurait presque pu s’en sentir outré. Tendit qu’il lisait sa carte dans un coin en quête du meilleur passage vers sa destination, il se demanda vaguement si il avait eu cette tendance à rejeter les « pauvres » et nécessiteux aussi violemment qu’il l’était lui-même à l’heure actuelle, du temps où il était à Targatt.

Cain n’était certes pas la personne la plus agréable du monde, loin s’en faut, mais il pouvait au moins se targuer de ne pas faire de différence de traitement selon la richesse des uns et des autres. En tout cas lorsqu’il n’avait pas de nécessité à requérir aux services des uns ou des autres. Oui, il s’était toujours contenté de tous les ignorer ou les envoyer balader sans faire grand cas de leurs situations respectives. De son point de vue c’était plutôt positif. Au moins il était juste et équitable… Vous voyez ce que je veux dire.

Les nécessités du moment se rappelant à lui, il replia la carte en soupirant, soudainement agacé d’avoir encore des contre-temps aussi stupides que passer un pont ! Il avait bien imaginé quelque plan pour se fondre dans l’eau et passer ainsi « sous » la vigilance de la garde pour atteindre l’autre rive mais, il n’était décidément pas assez expert dans la maîtrise de cet élément pour une telle chose. Et quand bien même l’expérience serait un succès, ce serait au prix d’une quantité d’énergie importante qu’il préférait préserver, à défaut de savoir ce qui l’attendait vraiment. Affronter la garde aurait été davantage dans ses cordes. Théoriquement. Mais compte tenu de la présence probable de mages dans leurs rangs, et de leur nombre, une fois de plus, il dut renoncer à l’idée de tenter un passage en force. Et clairement, il ne comptait pas se faire attraper. Quitter une cité qui veut vous entraver pour finir dans les geôles d’une autre n’était pas vraiment un plan de carrière idyllique. Et puisque sa liberté était bien la seule chose qu’il comptait préserver coûte que coûte, ça l’obligeait à revoir certains de ces… comportements habituels.

Faute de mieux, il fit demi-tour et remonta l’avenue qui l’avait amené à la Rade Est, traversa la Schwartzplatz, et la porte fortifiée le menant vers l’Est. Il ne fit pas grand cas de la plupart des remarques, sachant très bien ce à quoi il ressemblait. Et bien au contraire, il commençait à les prendre comme la juste mesure de son déguisement. En d’autre terme, il devait être des plus convainquant pour ainsi provoquer autant d’inimitié. Un fait pour lequel il était naturellement doué il fallait l’avouer, même en vêtements de noble. Seule la bousculade de quelques gardes manqua de peu de basculer dans une vindicte brûlante et il dut faire un effort de volonté bien réel pour se contraindre à ne pas répliquer, pas même pas le regard qu’il préféra reporter sur un autre point pour distraire son attention de ceux qui, selon lui, auraient mérité ses flammes.

Pourtant, ils étaient loin d’égaler en cruauté la scène à laquelle il assista un peu plus loin après avoir suivi l’origine d’un brouhaha. Un attroupement s’était formé autour d’un groupe de paladins et de leur prise : une drow. Il était toujours difficile de donner un âge à ces créatures mais elle lui paraissait jeune, même pour cette espèce. La rada’an qu’elle portait rappelait à Cain de bien mauvais souvenirs. Et il avait conscience qu’il aurait très bien pu finir de la même manière à Targatt après sa prouesse au tournoi, ou même après la chute de Drake, compte tenu de l’essors soudain du paladinat et de ses fanatiques de la lumière. Cain les avait toujours vu comme un danger autrement plus réel et autrement plus grand qu’il ne l’était lui-même. Évidemment, tous les fanatismes étaient dangereux, mais le leur faisait froid dans le dos. Ils se cachaient derrière des intentions bienveillantes, derrière toute leur hypocrisie pour commettre les pires actes au nom de leur foi. Ils ne lui rappelaient que trop Yearius et ses comparses et c’est une haine ronflante qui refit surface avec violence. D’un œil extérieur, rien n’avait vraiment dénoté si ce n’était sa posture légèrement plus tendue, ses poings serrés au poings que les jointures blanchissaient et un regard luisant d’une farouche haine. Mais son regard passant de la drow aux paladins pouvait sans nul doute laisser croire que sa colère fut dirigée à l’encontre de cette dernière et de ce qu’elle était censée représenter.
Bon sang, que n’aurait-il pas donné pour apparaître sous sa forme démoniaque et briser les os de tous ces gredins. Ainsi peut-être verraient-ils enfin la Lumière, la vraie. Celle faite exclusivement de feu et de laquelle émanait une corruption telle que même le meilleur des paladins sombrerait en quelques blessures, se pliant à sa volonté, étant consumé par elle.

Était-on une « engeance du démon » sous prétexte que l’on pratiquait éventuellement la magie noire ? C’était décidément bien réducteur. Cain chercha des yeux des gardes. On ne savait jamais, peut-être ces barbares savaient-ils faire la part des choses et rester neutres. Comme diable pouvait-on autoriser cela en pleine rue ? On lui avait appris que ces méthodes étaient faites pour insuffler la peur dans le cœur des plus faibles et que c’était par ce biais que les sorciers parvenaient le plus souvent à s’imposer. Mais de plus près il regardait et plus il lui semblait que c’était là le contraire. Les Lumineux voulaient convertir les cœurs de force tendit que les sorciers laissaient chacun décider de ces actes, et assumer leur choix derrière. Ça le dépassait. Certes, quelques-uns se contentaient de violer l’esprit des gens mais au moins ce qu’ils étaient disparaissait pour permettre l’émergence d’un autre. Autrement dit, pour Cain, ils mourraient, ce qui était d’une certaine manière toujours plus charitable que privé de liberté un être et le torturer à mort comme c’était le cas pour la drow.

Ceux qui soit-disant étaient censés être des défenseurs des plus faibles n’étaient rien d’autre des bourreaux autorisés à faire fi du libre arbitre de chacun pour mettre en esclavage ceux qui ne correspondaient pas à leur précieux adage. En soi, ce n’était rien d’autre que la loi du plus fort, ou du plus vicieux, encore et toujours cette même loi.

Les paladins n’en démordaient pourtant et continuaient à haranguer la foule en osant parler de démons, eux qui visiblement en connaissaient si peu sur eux.

« Tous ceux qui portent la marque du démon ou son sang doivent être purifié par la mort ! »

Au moins c’était clair. Cette cité ne valait pas mieux que Targatt. Tendit que la pluie de pierres recommençait à pleuvoir sur la drow, Cain croisa son regard une seconde. Fruit du hasard ou non, il était hors de question de laisser faire.

Toutefois ces options, bien que nombreuses, lui garantissaient presque à chaque fois la mort, ou un sort encore pire compte tenu des pouvoirs « positifs » des paladins. Il ne pourrait décemment pas les affronter sans se trahir et il savait d’expérience qu’on ne pouvait pas raisonner ces gens-là. Aussi ne comptait-il même pas essayer. Et puis, son intérêt passait largement avant celui d’une inconnue, aussi mignonne était-elle sous les bleus e la sang qui la couvraient. Quant à soustraire la drow à ses geôliers, là encore, l’option était risquée. Il se fraya un chemin dans la foule et ramassa une pierre qu’il brandit. Au moins pourrait-il l’achever proprement sans se mettre en danger pour autant. Une telle créature méritait au moins de ne souffrir inutilement pendant des jours.

Il avait armé son bras mais la pierre ne partit pas pour autant en direction de la drow. « Peut-être que s’il parvenait à la libérer elle pourrait lui être utile en retour » fut sa seule pensée, ou une excuse pour ne pas abréger sa vie et faire davantage plaisir aux paladins… Dans tous les cas, une toute autre idée germa. Et, suivant son impulsion du moment, la mit en œuvre sans attendre, n’ayant que trop conscience des regards sans doute rivés sur lui. Il n’avait pas le droit à l’erreur, et ne comptait pas en faire.

Profitant de l’attention focalisée sur la pierre qu’il tenait et donc sur lui, il matérialisa d’une pensée, des flammes qui prirent naissance à quelques mètres derrière la foule, à l’opposé de sa position à lui, en prenant soin de leur faisant adopter une forme qui se voulait être la représentation typique d’un démon dans l’imaginaire collectif. À tout le moins en avaient-elles les contours. Cain était capable de leur faire prendre consistance si besoin mais ça aurait été prendre davantage de risques et demanderaient un plus gros effort, et quelques secondes de plus. Des secondes qu’il n’avait pas. Il devait agir en simultané, ou du moins le plus vite possible.

Tendit que les flammes prenaient formes, projetant leur lumière et leur forte chaleur aux alentours comme l’aurait fait une aura envieuse de tout consumer sur son passage, il fit mine de jeter la pierre sur la drow dans le but de l’achever. Il profita en fait de son mouvement de bras pour générer un « trou » dans les ombres sous elle afin de l’y faire disparaître. La pierre retomberait normalement à l’endroit où s’était trouvée la drow l’instant suivant, tendit qu’elle venait de disparaître, sauvée par son « maître de feu » venu exprès pour elle. Bon, les badauds risqueraient de croire pour de bon qu’un démon était dans leur cité mais si il parvenait à fuir la place, peu importerait pas vrai ?

De plus, Cain comptait sur la boite pour continuer à préserver son aura sans qu’il n’ait à penser à moduler ou modifier son aura. Malgré cela, si la drow était effectivement bien tombée dans ses ombres, Cain ne serait pas à même de l’y conserver très longtemps. Quelques minutes tout au plus et plus le temps passerait et plus ça lui demanderait des efforts conscients.

En revanche, si sa mise en scène n’avait pas fonctionné, la drow se serait pris une pierre de plus de plein fouet, en pleine tête puisque c’était la zone que Cain visait instinctivement.

Dans les deux cas… il devait maintenant partir…

REMARQUE : Le joueur est invité à choisir une des directions pour sa réponse avant d’en lire l’explicatif. Ceci, évidemment, pour rendre plus « vivant » la quête.

Le spectacle n’était pas beau à voir. Cain put se faufiler parmi les badauds jusqu’à la scène morbide en attirant l’attention de quelques personnes, les plus fortunées d’entre elles préférant s’écarter de lui. Les autres ne firent que grogner en le sentant les pousser. Cependant, le demi-démon ne dénotait pas au milieu de la foule. Avec un simple coup d’œil, il pouvait se rendre compte que les personnes qui s’étaient rassemblées autour des Paladins et semblaient abonder dans le sens de leurs plaidoiries étaient surtout des pauvres et des humains.

Au milieu de cette assemblée principalement humaine, la drow était allongée, très amochée et les coups de pieds des paladins, du moins les coups de bottes couvertes d’armure des paladins, n’arrangeaient pas la silencieuse et fière créature des ombres. Elle n’allait certainement pas leur donner cette joie de la voir souffrir de vive voix ou le voir implorer. Comme le jeune mage de Targatt devait l’avoir appris, les Drows, encore plus les femelles, sont des êtres très fiers et très solides physiquement. Peu de chance donc qu’elle demande de l’aide ou implore la pitié de ses geôliers. Néanmoins, elle avait croisé le regard de Cain sans que le jeune mage puisse déterminer si elle l’avait fait volontairement ou non. Peu de chance qu’elle l’ait fait volontairement d’ailleurs. Le coffret donné par le marchant du Corridore d’Oro le couvrait de sa magie et son aura négative et si ça n’était pas le cas, les Paladins l’auraient immédiatement sentie. Or, alors que le jeune mage brandissait sa pierre, les Paladins continuaient leur funeste office. Le marchand ne semblait donc pas avoir menti à Cain sur l’effet du coffret en bois de Lune.

Quand la foule, inspirée par la diatribe du paladin, se joint à lui et ses frères pour lapider la drow, Cain ne passa pas pour une exception en prenant lui aussi une pierre et la lancer sur la victime de cette violence populaire. Cependant, la violence laissa place à la panique car tandis que les pierres pleuvaient d’un côté de la foule, de l’autre, des flammes prenaient vie de nulle part et embrasaient les pavés, mus par leur propre moyens et leurs propres desseins. Il n’en fallut pas plus pour que les badauds, eux qui se sentaient si puissant en jetant des pierres sur une victime à terre et enchaînée, ne prennent de façon désorganisée la poudre d’escampette. Il n’en fallut pas plus pour que les Paladins, toujours à la recherche du démon à vaincre au nom de la Lumière, un concept bien particulier puisque la lumière, Fari, est toute aussi nocive que l’obscurité, Baki, se lancent à travers la foule et oublient la drow qu’ils persécutaient jusqu’alors. De toute façon, elle n’allait pas aller bien loin pieds et mains liés et privée de toute forme de magie.

Cain lui ne l’était pas et son petit tour de passe passe avec les ombres était arrivé sans encombre. Alors que les paladins brandissaient leurs épées et fendaient la foule en panique comme un seul homme, la jeune drow tomba dans un trou d’ombre et disparue des pavés qui jusqu’alors lui servaient de lit de torture. Tout semblait se passer comme prévu ! Cependant, le jeune mage ne pouvait passer à côté de quelques éléments majeurs, l’un d’eux étant de son fait. Les flammes qu’il avait créées n’avaient aucune aura négative ou aucun rayonnement résiduel du fait de l’emploi de la magie noire que Cain emploie. Non, elles paraissaient simplement naturelles. Le coffret devait donc fonctionner. Mais cette constatation, les Paladins ne l’ont pas faite et ont brandis leurs épées pour se jeter dans la lutte contre les flammes sans réfléchir. Si cette dernière attitude n’avait rien d’étonnant, le fait qu’ils se soient jeté sur les flammes sans avoir remarqué qu’elles n’avaient aucune aura l’était plus.

Néanmoins, Cain ne pouvait pas rester là. Non seulement le petit trou dans les ombres lui coutait de l’énergie et en plus de cela, il se sentait étrangement oppressé par la présence des paladins dès qu’ils sortirent leurs épées de leurs fourreaux. Dès cet instant en réalité, une puissante aura positive irradiait les alentours depuis les six épées des paladins. Elle en allait presque jusqu’à déstabiliser Cain s’il restait trop longtemps près d’elle, ce qui pourrait couter la vie de la drow qu’il venait de sauver.

Il ne lui était offert que peu d’options, mais la panique sur la Schwartzplatz lui permettait de prendre diverses directions.







Direction 4 – Le choix de Cain

Un service pour une amie

Non décidément, il n'avait pas pu se résoudre à laisser ces moins que rien qui se croyaient investis d'une mission divine à continuer de torturer impunément. Pourtant, peut-être étaient-ils bel et bien investis d'une mission divine si on considérait d'où provenaient la plupart de leurs pouvoirs. Toutefois, ça ne faisait que renforcer l'opinion de Cain selon laquelle les dieux ne valaient rien, et certainement pas la peine qu'on se dévoue pour eux. Et si certains pouvaient prôner l'éradication systématique de certains types de créatures, ils étaient ceux qui auraient du être humiliés et lapider en place publique. Rien ne disait à Cain qu'ils n'avaient pas quelques reproches avérés à faire à propos du comportement de la drow. Après tout, ces êtres n'étaient pas connus pour être les plus dociles. Toutefois Cain s'en moquait pas mal. Il ne le faisait nullement pour la fille mais bien pour le "plaisir" de faire chier les paladins.
Il faut dire qu'il était légèrement susceptible depuis qu'il avait appris quelle était sa vraie nature. Aussi, qu'on puisse clamer à tout bout de champ qu'il devrait mourir alors qu'il n'avait strictement jamais rien fait de répréhensible, selon lui, paraissait surfait et dangereux.

Malheureusement, il n'avait pas la puissance nécessaire pour attaquer autant de monde. Pas sans préparation en tout cas et des pièges. Et il avait encore moins envie de s'attirer les foudres du conclave dont on lui avait parlé. Toutefois, il n'avait pas vraiment réfléchi au-delà de "je veux les punir" et avait agi. Sans foncer dans le tas. Après tout il n'était pas suicidaire, seulement légèrement tête brulée. Ca n'avait rien à voir !

Conscient du choix restreint qu'il avait pour soustraire leur victime à ces débiles, il s'était frayé un chemin parmi la foule et avait fait mine de prendre part à la lapidation tout en faisant apparaitre les flammes auxquelles il avait fait prendre les pourtours digne d'un démon. D'accord, c'était un petit plaisir coupable. Mais quitte à faire une diversion, autant mettre toutes les chances de son côté pour qu'elle fonctionne.

Si la brusque montée de flammes et la chaleur qui allait de pair avait eu le don d'attirer l'attention, il n'aurait jamais pensé que ça fonctionnerait aussi bien.
Tous les bouseux et autres dégénérés sadiques en mal de jouissance abusive avaient soudainement été pris de panique et fuyaient en tout sens, lui offrant par là même, la couverture parfaite. Ses ombres firent le reste et sans que nul ne s'en aperçoive, la drow tomba dans son trou d'ombre, la substituant à ses bourreaux.
Les paladins de leur côté auraient du pouvoir éteindre l'incendie avec un sort d'eau puissant mais qui restait des plus simples car les flammes employées étaient issues de la magie élémentaire. Or, ils fondirent sur les flammes comme si elles avaient véritablement été investies par le Mal à l'état pur. Cain fronça les sourcils mais n'en tint pas compte, trop occupé à choisir la meilleure voie à suivre pour fuir les lieux.

Alors qu'il s'élançait à son tour vers la ruelle la plus proche en se fiant au hasard, il ne put s'empêcher de ressentir une forte oppression. Ce n'était pas encore aussi puissant que d'autres sensations du genre qu'il avait eu à subir mais il ne comptait pas attendre que ça le devienne. Un vague regard vers les paladins lui indiqua qu'ils avaient tiré leurs armes. Il était clair pour lui que le pouvoir saint qu'il sentait provenait d'elles. Un frisson le parcouru en imaginant fugacement une telle arme lui transpercer le corps. Tendis qu'il s'enfonçait davantage dans la ruelle, un regard en arrière lui confirma la présence de la garde qui semblait vouloir les disperser. N'aurait-elle pas pu intervenir plus tôt ? Pfff... Il pressa l'allure et s'éloigna au hasard des rues, prenant toujours les ruelles qui lui semblaient les moins fréquentées. Il ne s'arrêta qu'une fois la présence des paladins totalement évanouie. Il s'assura que personne ne le suivait, ou du moins n'arrivait avant de se rendre compte qu'il avait débouché dans une sorte de petite cours intérieure. Les volets en était fermés et mieux valait qu'ils le restent. Il aurait préféré libérer la drow à un autre endroit, n'appréciant que peu l'idée qu'un insomniaque puisse les observer discrètement depuis ses volets ou encore qu'un maniaque puisse leur tirer dessus... Sans doute devenait-il aussi paranoïaque que son grand-père... De toute façon il aurait difficilement pu tenir davantage de temps en maintenant son ombre et son occupante. L'effort commençait à devenir trop important et il était hors de question d'utiliser ses réserves d'énergie pour elle.

Il n'avait même pas pensé l'emmener voir Adélaïde et Lucien. Pourquoi l'aurait-il fait ? Il ne connaissait nullement cette drow et n'allait pas risquer en plus de son tour de passe-passe, la vie et la réputation des seules personnes qui étaient de potentiels alliés pour une fille dont il ne savait rien, et dont il se moquait éperdument dans le fond.

Ses seules raisons de l'avoir aidée étaient d'une part de ridiculiser les paladins et d'autre part, de rendre la pareille à une drow de la même manière qu'une de ses sœurs l'avait aidée il n'y avait pas si longtemps. Toutefois, ce n'était pas Johanne qu'il avait aidé aujourd'hui et les deux femmes ne devaient même pas se connaitre. Il avait donc conscience qu'il s'agissait davantage d'un biais cognitif que d'un véritable argument. Toutefois, pour qu'il n'ait pas pris de tels risques pour rien, il espérait qu'au moins elle lui serait assez reconnaissante pour l'aider dans sa mission pour le marchand. A tout le moins pour lui indiquer un moyen moins conventionnel de passer sur l'autre rive sans alerter la garde.

Mais pour cela, encore fallait-il qu'il la délivre de ses chaines et qu'elle ne s'enfuit pas aussitôt, bien que son état ne le lui permettra sans doute pas dans l'immédiat, ni les liens qu'elle portait ou le rada'an.

Cain fit sortir la drow de ses ombres. cette dernière, malgré sa posture, le regardait avec défiance, de la même manière qu'elle avait nargué les paladins alors même qu'elle était en train d'être lynchée à mort. Le jeune homme arqua un sourcil un instant avant qu'un sourire sincèrement amusé ne fleurisse sur ses lèvres à la pensée qu'il avait toujours eu la même attitude qu'elle dans des situations similaires. Avec Ladon, son grand-père comme les donneurs de leçon comme Marinn ou Yearius... ou la Reine. Il savait que cette attitude avait le don d'exaspérer toutes ces personnes et d'une certaine manière il comprenait pourquoi maintenant qu'il contemplait la même attitude sur une toute autre personne.

Il ne pouvait que présumer ce qu'elle pouvait ressentir mais si ils avaient des attitudes semblables dans de tels cas, peut-être que d'autres points communs pourraient l'aider à communiquer avec elle. Il ne demandait pas à ce qu'elle lui fasse confiance. Ce serait inutile si elle avait ne serait-ce qu'une once semblable à lui. De plus, il était humain et un mâle qui plus est. Sans doute pas la meilleure combinaison à jouer avec une drow. Pour autant Cain ne comptait pas faire des pieds et des mains pour elle. Pas davantage. Si elle refusait que ses liens soient retirés, il la laisserait donc se débrouiller seule. Mais ce n'était ses liens ni aux mains ni aux pieds qui valait l'attention du jeune sorcier mais bel et bien le rada'an qu'elle portait.

Il la vit se raidit tendis qu'il esquissait un mouvement vers elle, aussi s'arrêta-t-il juste avant qu'elle ne se sente assez offusquée, ou en danger, pour lui asséner un coup. Pour tenter de lui faire comprendre ce qu'il voulait faire, n'ayant pas vraiment la tête à essayer de trouver les mots dans cette langue barbare, il fit quelques pas vers l'armature métallique du puits qui permettait d'y faire descendre le seau. Il y apposa sa main qui, sans efforts apparents, fit rougir le métal qui commença à se déformer. Il aurait tout aussi bien pu le faire fondre totalement mais le but n'était pas non plus de détruire tout ce qu'il touchait et il cessa l'opération dès que l'armature donna l'impression de vouloir se briser.

Cain pointa ensuite du doigt le collier qu'elle portait autour du cou, attendant qu'elle lui donne l'autorisation d'approcher. D'un autre côté, comme il n'aimait pas attendre, si elle ne réagissait pas assez vite à son gout, il ferait le premier pas. A moins qu'elle ait peur du feu et d'une petite brulure évidemment. Ce qui serait risible évidemment.
Un mot lui revenait pourtant.

"Angst ?" Prononça-t-il en tentent de faire clairement poindre une pointe de sarcasme dans le timbre de sa voix, ponctuée d'un sourire légèrement moqueur.

Si elle était à moitié aussi fière que lui, fierté mal placée certes, elle accepterait qu'il lui retire le collier ne serait-ce que pour faire taire chez un mâle l'idée qu'une drow puisse être effrayée par si peu. Du moins, si il avait bien retenu les leçons de Tryana sur cette communauté.

Et si malgré tout elle refusait qu'il intervienne, Cain se contenterait de hausser les épaules et de la laisser à son sort. Il reprenait le chemin initial censé, peut-être, le mener vers l'antre de l'orc qui l'intriguait tant. Il n'était pas du genre à s'acharner. Du moins, pas sans bonnes raisons. Or, le sort de la drow ne l'intéressait pas assez pour qu'il ait du temps à perdre.

Tandis que Cain cherchait à apprivoiser à demi-mot la drow qu'il avait sauvé des griffes des Paladins, il ne pouvait savoir, dans sa cachette du moment, que les choses se calmait sur la Schwartzplatz toute proche. Ses flammes n'avaient heureusement pas touché de matériaux inflammables et les paladins, privés de leur jouet, avaient été dispersé par la Garde. La lenteur de cette-dernière à intervenir n'avait pas vraiment de sens, notamment dans les provinces germaniques où il n'existe pas de racisme d'état comme ça peut être le cas en Hésandre ou à Ultharn, une des îles de l'Archipel d'Albion. Cain, sans le savoir, était donc en sécurité pour le moment. Néanmoins, l'heure tournait et plus il mettait du temps à régler les embuches qu'il rencontrait et provoquait, plus il mettrait du temps à rejoindre les douves, à trouver l'orc noir et récupérer la broche du marchand du Corridore de Oro. Or, à la différence d'une simple quête, là, il avait un rendez-vous à ne pas manquer pour remettre la broche et donc recevoir le reste de sa récompense.

Mais ce dernier détail, à la différence des premiers, Cain était au courant et semblait s'en souvenir alors qu'il cherchait à convaincre la drow de ses bonnes intentions. La femelle elfe noir fronça légèrement les sourcils quand le jeune demi-démon sous entendit qu'elle avait peur. Peur de quoi ? De lui ? De sa magie qu'elle ne parvenait pas à cerner ? De ses pouvoirs ? De son aura qui était totalement absente ? Il s'agissait de raisons valables. Après tout, Cain venait de la libérer en utiliser de la magie des ombres et ce sans avoir une seule aura. Cependant, il venait de la libérer de l'emprise de plusieurs paladins qui, une fois qu'ils auraient obtenus ce qu'ils souhaitaient sur la Schwartzplatz, auraient terminé le travail en lui passant la corde au cou à l'extérieure des murs de la ville.

Malgré ses mains et pieds et liés, la jeune drow se mit à genoux et pencha la tête sur le côté pour laisser Cain faire à son rada'an la même chose qu'il venait de faire aux fer forgé du puits. Une fois qu'il l'aurait libérée, elle n'aurait pas besoin de lui pour se dégager du reste de ses liens. Cain allait l'apprendre bien vite. La drow restant silencieuse et ne grimaça même pas à l'instant où le fer de son rada'an tourna au rouge puis au blanc avant de s'ouvrir et tomber au sol. En un instant, l'aura noire de la drow réapparue et s'imposa à Cain, non pas supérieure, mais nettement mieux maîtrisée que la sienne. Disciplinée et sans aucune imperfection dans la sensation que l'on pouvait avoir de sa présence. Cela trahissait aussi bien l'âge de la drow -il n'y avait que les elfes et leur longévité qui pouvaient passer du temps à discipliner et polir leur aura et leur magie- que son savoir magique.

Une maîtrise suffisante pour que Cain ne puisse pas anticiper les deux lames de vents qui se formèrent derrière lui tandis que la drow se redressait d'un seul coup et bondit en l'air. Les deux lames passèrent assez près de Cain pour lui couper nette une mèche de cheveux. Mais ces deux lames n'étaient pas pour le jeune mage noir. Car dès qu'il vit leur cible il comprit pourquoi, avant de se faire lyncher, elle était dans un sale état. Les lames avaient tranchées net les liens qui retenaient les pieds de l'elfe noir et suffisamment endommagé ses menottes pour qu'un violent coup sur la muraille du puits dont Cain avait déformé l'armature. Pour qu'un lame de vent parvienne à endommager du métal, c'était que le mage était, sans pour autant être puissant, précis et concentré.

La drow, après avoir laisser ses anciens liens tomber dans l'oubli du puits sur la muraille duquel elle s'était assise, se massait les poignets tout en regardant le jeune mage noir.

"Un travailleur qui maîtrise la magie des ombres ? Si tu m'as sauvé parce que tu fais parti d'un culte démoniaque, et bien sache que tu t'es fait avoir par ces imbéciles de paladins. Je n'ai rien à voir avec les démons... Maintenant dit-moi, qui es-tu et pourquoi m'as tu aidé ?" lui lança-t-elle en commun.

La drow restait assise sur la muraille du puits en regardant Cain. Mais l'oeil averti pourrait remarquer qu'elle se tenait prête à agir à n'importe quel moment, à bondir et se défaire des éventuels liens de son libérateur.

"Je vais t'accorder mon nom, Falenrith. Je veux le tien maintenant, et le vrai. S'il s'avère qu'il est faux, je te ferai goûter aux mêmes déboires qui ont réduit la troupe de mes bourreaux de trente à cinq..."

Un service pour une amie

Comme prévu, ou espéré du moins, la drow fut sensible à la provocation du jeune homme qui sous-entendait qu'elle avait peut-être peur de lui. Après tout, pour ce qu'il savait, ces êtres passaient pour être d'une arrogance à toute épreuve. Il y avait donc des chances pour que cela fonctionne. Sa théorie avait été vérifiée lorsqu'elle avait posé genoux à terre afin qu'il puisse la libérer du rada'an qui tomba au sol dans un bruit métallique.

Cain n'avait pas du tout pris en compte son absence d'aura et les autres paramètres qui auraient évidemment pu expliquer la méfiance de l'elfe noire. D'une part ça ne lui avait même pas effleuré l'esprit, et d'autre part il s'en désintéressait profondément, même cet état de fait l'amusait un tant soit peu. Sans doute un brin d'égo de Leckard mal placé.

A peine fut-elle libérée de l'entrave magique que deux lames de vent filèrent vers lui. Fort heureusement, il n'en était pas cible car il aurait été... mort probablement sur le coup. Ou à défaut, au moins très grièvement blessé. Et ce n'était pas passé loin... comme l'attestaient ses quelques cheveux tombés, et l'impact sur le métal du puits.
Il était forcé d'admettre qu'il avait été pris de court par la fulgurance de l'elfe à se libérer, comme par la résurgence de son aura qui trahissait une maitrise très nettement supérieure à la sienne. C'était pourtant sans doute une bonne nouvelle pour lui, si seulement elle acceptait de l'aider. Tout comme le simple fait qu'ainsi elle devrait être à même de ne plus se faire prendre. Ce qui l'amenait à se demander comment est ce qu'elle avait pu tomber... ?

Tendis qu'elle venait de se débarrasser de ses chaines dans le puits, il la suivit du regard en se préparant mentalement au moins à ce qu'elle puisse avoir envie d'abréger sa vie à lui. Non pas qu'il se sente en danger immédiat, mais il état clair qu'elle aurait tout à fait pu le tuer sans qu'il ne s'en aperçoive même sur le moment. Si une de ces lames de vent avait touché sa gorge, il serait actuellement en train de barboter dans son propre sang et rendrait son dernier souffle. Il avait beau ne pas aimer ce monde, il appréciait tout de même de pouvoir le fouler en vie. Et le rester le plus longtemps possible semblait être un bon plan.

Il avait, bien sur, eu l'envie de mettre un peu plus de distance entre eux deux mais ce n'était pas quelques mètres de plus qui allaient changer réellement la donne. Et d'autre part, il se refusait à montrer quelque signe de faiblesse. Cain se contenta donc d'observer en silence la drow qui reprenait la parole dans la langue commune. Au moins elle allait à l'essentiel. Tant mieux, il n'aimait pas les bavardages inutiles. Il se permit pourtant un sourire amusé tendis qu'elle le prenait pour un cultiste potentiel.

Cain n'avait toutefois que peu envie de décliner son identité. Il ne répondit donc que partiellement.

"Pourquoi vous avoir sauvé..? D'abord car je ne manque jamais une occasion de ridiculiser ce genre de fanatiques. Ensuite parce que je compte parmi des amis, une de vos sœurs. Cette dernière m'étant déjà venu en aide, j'ai trouvé cela normal de rendre la pareille bien que ça ne soit pas à elle directement... Mais... j'admets avoir eu une autre arrière pensée puisque j'espérais gagner votre concours afin de passer sur l'autre rive du fleuve par des moyens qui m'éviteraient d'attirer l'attention."

Non qu'il aime en confier autant mais en fin de compte il ne disait pas grand chose d'intéressant... et puisqu'il voulait vraiment parvenir sur l'autre rive afin d'atteindre l'antre des voleurs qu'il devait pénétrer afin de récupérer l'objet de tant de convoitises, il aurait été contre productif de mentir pour réclamer plus tard son aide. D'autant plus qu'il en avait besoin maintenant. Aussi, le fait qu'elle semble réclamer de vraies réponses lui avait fait l'effet d'une perche qu'il s'était empressé de saisir.

Toutefois, elle reprit la parole en réclamant le nom du jeune homme dont les traits se tendirent légèrement. Il n'avait pas besoin de l'évaluer pour se douter qu'elle disait la vérité concernant les paladins... Elle en avait donc tué une vingtaine avant de se faire prendre. Les yeux ocres du jeunes hommes se fixèrent sur Falenrith, trahissant une certaine admiration pour lui s'était senti mal rien qu'à cause de quelques épées dégainées. Nul doute que Cain aurait des choses à apprendre d'elle en prévision de son retour à Targatt un jour. Après tout, la Lumière y grandissait aussi de telle sorte qu'il lui faudrait apprendre à mieux se défendre contre ces suppôts. Par se défendre il entendait par là : apprendre à les éradiquer.
Mais là n'était pas la question malheureusement. Il finit par soupirer, abdiquant momentanément.

"Cain Leckard. C'est mon nom."

Il avait donné son nom complet en espérant que ça ne lui dirait rien du tout et surtout pour éviter ses foudres. Et puis, ce n'était pas de sa faute à lui si on l'avait nommé comme un démon. Un nom n'était qu'un nom après tout, ça ne donnait nul pouvoir sur la personne... sauf si cette dernière souhaitait passer inaperçue et qu'elle était potentiellement recherchée, ce qu'elle ignorerait tout autant. Mais la drow ayant eu elle aussi des démêlés, il y avait peu de chances qu'elle ne l'envoie à la garde en risquant quelques problèmes de plus pour elle-même.

En revanche, il était possible qu'elle décide tout simplement de ne pas s'encombrer de lui... raison pour laquelle il se préparait à fuir. Si seulement elle lui en laissait le temps. Profitant que son aura ne soit pas perceptible, il avait préparé un simple sort d'accroissement, qui lui permettrait de rendez sa peau aussi épaisse que des écailles et, si possible de pouvoir résister à d'autres lames de vent si seulement elle lui laissait le temps de le lancer.
Il finit par ajouter simplement.

"Je ne vénère nul démon ou dieu. Aucun ne m'ont donné de raisons de leur accorder le moindre crédit. Je préfère compter sur moi. Malheureusement, je me retrouve coincé de ce côté-ci et mes forces seules ne suffisent pas cette fois-ci. Me guiderez-vous ?"

Il avait beau paraitre calme, il était clair qu'il était pressé. Il souhaitait une réponse suivie d'action maintenant. Qu'elle soit positive ou négative lui importait peu. Si elle était négative il passerait simplement son chemin et se mettrait en quête d'un autre moyen. Toutefois, il espérait que "l'honneur" des drows la pousseraient à accéder à sa requête.

REMARQUE : Le joueur est invité à choisir une des directions pour sa réponse avant d’en lire l’explicatif. Ceci, évidemment, pour rendre plus « vivant » la quête.


Falenrith, toujours assise sur la muraille du puits et en alerte, écoutait avec attention Cain. Toutefois, elle leva un sourcil quand il parla du fait qu'il l'avait sauvé pour solder une dette envers une autre elfe noire. Une telle attitude n'était pas commune chez les Hommes. Ils avaient tendance à ne pas apprécier les drows pour des raisons diverses et certainement justifiées du point de vue de ces mortels. Néanmoins, le jeune mage finit par révéler la vraie raison de son intervention : un donné pour un rendu. S'il cherchait à rendre le service qu'une autre elfe noire lui avait offert, il venait d'en demander un autre. De toute évidence, pour la drow, soit il n'avait pas toute sa tête, soit il avait sa façon de voir les choses.

Tout ceci l'importait peu et Falenrith continua à écouter le jeune mage en silence avant de craquer ses doigts et s'étendre de toute sa longueur pour décongestionner son corps trop longtemps tenu en laisse à son goût avant de faire revenir son regard pâle sur Cain.

"Hm... un travailleur qui emploie la magie noire et cherche à rejoindre l'autre rive ? Serais-tu en train de me dire que tu cherches, Cain Leckard, à rejoindre les Douves ?"

Falenrith hésita un instant avant de se redresser et se lever.

"Tu m'intrigues Cain Leckard et je te dois ma libération. Je vais donc te guider aux Douves. Mais une fois cela fait, nous serons quitte. A moins évidemment que tu n'attires mon intérêt~"

Avec un naturel déroutant et un sourire assassin, Falenrith recula et se laissa basculer dans le puits juste derrière elle, le tout dans un rire malsain.






Direction 3 - Cain décide de faire son chemin.

Un service pour une amie

Il avait tenté d'être honnête dans les réponses qu'il avait faites à la drow. D'abord car il n'avait pas envie de crever si elle avait des doutes quand à sa sincérité, ensuite car il avait jugé que le risque n'était pas si grand que cela. Après tout, une femme potentiellement recherchée serait moins tentée d'aller balancer qui que ce soit sans vraies raisons. Or, elle ne devrait pas en avoir tant que ça à faire valoir. Donc tout allait bien pas vrai ?

Malgré cela, le jeune sorcier restait alerte, autant que possible en tout cas, n'ayant que peu envie de voir sa vie s'achever ici et maintenant. Falenrith s'étonna pourtant simplement qu'un travailleurs, ce pour quoi il se faisait passer dans cet accoutrement, veuille rejoindre les douves. Tiens... comment avait-elle su ? Parce qu'il voulait passer inaperçu sans doute. Ca devait être ça car il ne voyait pas pourquoi un mage noir spécifiquement n'aurait du pouvoir vouloir aller dans les douves ? Il s'attarda une seconde sur cette hypothèse mais sans faits ou connaissances pour l'étayer il se contenta plutôt de répondre à la drow.

"Oui, je souhaite y avoir accès."

Il avait commencé par être franc, autant continuer. Il doutait que la drow accepte de se "mouiller". D'après sa réaction, les douves semblaient être un endroit plus dangereux que prévu pour que même une de ces créatures y réfléchisse à deux fois avant d'y aller.
Toujours est-il qu'il comptait bien s'y rendre, avec ou sans son aide. Fort heureusement, elle parut accepter. Elle sembla même lui proposer un marché : la vie qu'il avait sauvée contre son aide. En vérité la coutume voulait plutôt que l'on n'échange une vie contre une autre mais dans le fond peu importait tant qu'il obtenait ce qu'il voulait.
Le jeune homme acquiesça donc en silence, marquant son assentiment. Seul souci potentiel : si il venait à attirer son attention. Mais il y avait peu de chances. Pas si il continuait à se faire passer pour un vulgaire travailleur aux talents légèrement plus singuliers que les autres.

Toutefois, il ne s'était pas préparé à ce qui suivit et fit un mouvement vers elle alors qu'elle basculait dans le puits en riant. Il resta interdit une fraction de secondes devant la scène avant que la nécessité de son aide ne se rappelle à lui et le pousse à se pencher par-dessus. A peine avait-il jeté un coup d’œil qu'il pesta tendis qu'il se sentait happer par un vent qui n'avait rien de normal. Ce dernier le fit basculer dans le puits comme si il ne pesait rien, ou pas suffisamment du moins. Il se sentait balloté en tout sens, venait parfois heurter la paroi et d'autres fois il lui semblait sentir le contact de l'eau de ci de là. Enfin, il lui sembla se faire happer dans une autre direction et sentit tout à la fois un sol froid qu'il rencontra avec force, et un air autrement plus frais.

La respiration rapide, il redressa la tête pour voir la drow, debout devant lui et tout à fait... sèche. Il réprima un soupire et se releva, non sans d'abord toucher machinalement l'endroit où il avait caché le coffret afin de vérifier qu'il fut bien toujours présent malgré les ballotements furieux qu'il avait subi.

Falenrith lui expliqua dans quel lieu elle l'avait emmené et Cain, en bon élève, jeta un très bref coup d’œil vers le haut. Insuffisant pour avoir un vrai le cœur, mais suffisant pour savoir qu'il ne réitèrerait pas l'expérience. Curieux toutefois de cette vieille demeure elfique, il jeta des regards en tout sens, soucieux d'en appréhender la moindre parcelle. C'est finalement une lueur blanche mouvante et étrange qui attira son attention, bien davantage que l'architecture. Était-ce une créature ? Si oui de quelle nature ? Il ne tenta pourtant pas de s'en approcher, se contentant de suivre la drow dans son domaine.

L'elfe noire avait continué de parler, ce qui étonna Cain qui prenait ces créatures pour incapables de tenir une conversation de plus de quelques phrases. Et si il ne fit pas le moindre commentaire à la plupart de ses propos, il ne put cacher un frisson de dégout lorsqu'elle évoqua les épées des paladins. Il ne les avais pourtant pas subies, pas directement mais ça avait suffit à lui faire prendre ses jambes à son cou et à l’écœurer. Ca avait même suffit à faire émerger chez lui une appréhension bien réelle et encore partiellement présente.

"Si leurs pouvoirs ne venaient que de leurs épées ça explique pourquoi ils ont foncé dans les flammes comme des demeurés... Mais ce sont quoi en fait, de vulgaires humains ? Pourquoi la garde tolère de tels débordements ?"

Ha mince les questions commençaient à fuser mais il n'en revenait toujours pas totalement de la scène à laquelle il avait assisté. D'aucuns diraient qu'avec la famille qu'il avait il devait avoir vu pire, et c'était le cas. Ce n'était pas le spectacle lui-même qui l'avait agacé mais bien le fait que ces connards de lumineux puissent agir de la sorte en toute impunité alors que l'inverse n'était pas vrai.

Elle finit par trancher qu'elle avait une "bonne âme sans aura" pour la protéger. Cain détourna le regard un instant. De son point de vue si il n'avait rien de foncièrement mauvais, il ne se considérait pas "bon" pour autant. Mais bon... sachant que c'était sans doute de l'ironie, il ne releva pas. Pas cette partie du moins.

"Mon aura est simplement dissimulée pour le moment. Mais j'en ai une."

*Malheureusement.* Pensa-t-il compte tenu des ennuis que sa nature -qui vraisemblablement transparaissait dedans- avait pu lui attirer.

Elle n'avait pas besoin d'en savoir davantage mais d'aventure son aura transparaissait pour une raison ou une autre et qu'elle était dans les environs, il préférait la prévenir qu'elle ne lui prête pas des aptitudes qu'il n'avait tout simplement pas, ou ne serait-ce que pour qu'elle ne soit pas surprise.

Emboitant toujours le pas de l'elfe noire, elle finit par ouvrir une porte recélant mille trésors et dont le meilleur de tous était sans conteste les sphères de verres contenant une chose étrange. Cain fronça un peu les sourcils devant deux hypothèses... Poison ou feu grégeois..? il y en avait de pleines caisses. Les yeux ocres de Cain se mirent à étinceler en imaginant que ça puisse être un stock complet du liquide hautement inflammable. Drake et Ladon lui avaient toujours défendu d'en approcher, ou d'en toucher de peur qu'il n'en embrase par inadvertance le tout, et eux avec. Avec de la chance, il pourrait enfin voir les effets de ce feu que l'on disait dévastateur et impossible à stopper. Et qui sait... peut-être qu'il pourrait en embraser lui-même. Il en mourrait d'envie et dut se faire violence pour ne pas tendre la main vers ce genre de jouets. A moins que ça ne soit qu'un simple gaz empoisonné qui, pour certains d’entre eux, étaient tout aussi facilement inflammables...
Peu désireux de passer pour un ignare, il préféra demander des précisions qui, assurément, lui dévoileraient la nature des petites sphères.

"Quel usage vous en faite pour en avoir autant ?"

Pendant qu'il parlait, elle avala cul sec une potion de soins. Il en avait lui-même avalé des tas, ou en tout cas, suffisamment pour les reconnaitre.
Falenrith reprit à son tour la parole afin de creuser davantage ses raisons d'aller dans les douves.
Il hésita une seconde avant d'expliquer.

"Je cherche à récupérer un objet précieux en la possession de l'un d'entre eux. Un orc m'a-t-on dit."

Ca lui permettrait peut-être aussi d'en savoir davantage sur ce mystérieux orc, ses habitudes ou ses plus proches "conseillers". Et puisqu'elle était décidée à l'aider, il préférait qu'elle ait toutes les cartes "utiles" en mains. Il ne comptait ni évoquer son contrat, ni son commanditaire ni... rien que ne fut pas nécessaire. La drow avait devancé effectivement une de ses questions, qu'il aurait tut de toutes façons. Vu la manière dont elle s'arnachait, il était clair qu'elle se préparait tout spécialement pour les douves. Étrangement, Cain se sentit légèrement rassuré de savoir qu'elle l'accompagnerait, au moins au début.

REMARQUE : Le joueur est invité à choisir une des directions pour sa réponse avant d’en lire l’explicatif. Ceci, évidemment, pour rendre plus « vivant » la quête.

Tandis qu'elle continuait à marcher dans les couloirs de la ruine elfique qu'elle avait transformé en cachette, Falenrith écoutait le questionnement de Cain. Le jeune mage ne pouvait pas voir l'expression sur son visage et s'il l'avait pu, il n'y aurait rien vu. De toute évidence, la drow n'avait que trois expression : la défiance, l'hilarité et la neutralité. Entre ces trois état il n'y avait rien. En dehors de l'hilarité, c'était tout à fait normal chez une drow. Ce qui l'était moins, c'était le fait qu'elle parle beaucoup. Trop même pour une drow élevée toute sa vie dans l'Outre-Terre.

Ainsi, au lieu d'ignorer la question de Cain, Flalenrith y répondit sans laisser paraître la gêne que la simple pensé des paladins et de leurs armes lui infligeait.

"Si je savais qui de l'Homme ou de l'arme, je n'aurai pas finis à plat ventre et presque nue sur la place d'une capitale comme Hochseegrad. Tout ce que je sais, c'est que l'aura de leurs armes est particulièrement puissante et aveugle ou provoque des réactions diverses chez les négatifs. Rarement agréables. Or, au vu de l'aura des armes, elle éclipse celle de leur porteur ce qui rend difficile à savoir s'il ne s'agit que d'arme forgé avec un puissant enchantement alimenté par la magie de leur porteur ou des artefacts qui disposent de leur propre puissance. Quant à la Garde..."

Falenrith s'arrêta un instant pour regarder un des murs de verre dans lequel la lumière blanche et douce qui flottait. Une petite masse blanchâtre et gazeuse restait immobile dans le mur de verre juste en face de Falenrith, flottant dans la paroi de verre et réagissant aux mouvements de l'elfe noire. Quand Cain s'approcha, la masse reprit son chemin dans les méandres de verre entourant l'elfe noir et le jeune mage. Pas comme une fuite, mais plutôt pour garder ses distances alors que d'autres petites masses lumineuses se rassemblaient dans les murs et éclairaient de plus en plus les couloirs que Falenrith et Cain empruntaient.

"...Je ne sais pas ce qu'elle fait. Depuis quelques temps, elle et le Conclave ne sont pas très actifs à l'égard des Paladins. La semaine dernière, ils ne sont intervenus que lorsqu'un nécromancien commençait à se balancer au bout d'une corde... Si vous voulez savoir, le nécromancien est en vie. Mais il était amoché et je pense que les Paladins l'ont autant malmené que moi pour avoir des informations sur les pratiquants de la magie noire ici, à Hochseegrad."

Falenrith reprit sa marche en écoutant Cain et ses interventions qui manifestaient aussi bien sa curiosité que son souhait de cacher quelque chose. Cela avait le don d'intéresser la drow. La curiosité est un vilain défaut. Mais elle est dangereuse pour ceux qui en sont à l'origine quand c'est un drow qui l'éprouve.

"Dissimulée ? hm... intéressant. TRÈS intéressant..." lança la drow en continuant à marcher jusqu'à sa salle aux trésors où elle s'habilla et commença à s'équiper.

tout en portant à sa ceinture ses sphères de verre et en mettant dans des sacoches des fioles de différentes couleurs. Elle remarqua l'intérêt de Cain pour toutes les bricoles qu'elle accumulait ou créait elle-même dans les profondeurs de cette ruine. La question du mage dont elle cherchait encore à déterminer l'aura vint confirmer le fait qu'il était intéressé par ses produits.

"Le travail dans certains cas. Dans d'autre, comme pour notre petit séjour aux Douves, pour l'autodéfense. C'est toujours utiles d'avoir à sa disposition de quoi pimenter les discussions où l'on n'a pas l'avantage numérique. Ca a le mérite de diminuer le nombre d'interlocuteurs."

Falenrith finit par s'assoir sur une caisse plaine d'attirail en tout genre pour écouter les explications de Cain quant aux raisons l'amenant dans les Douves. Et pour elle, c'était peu de raisons. aller chercher un objet détenu par un orc baron de la pègre ?

"Hum... aller chercher quelque chose de précieux chez un orc qui est important dans les Douves ? Il y a bien Urog Ecaille-Noire. Mais c'est un demi-orc, pas un orc. Comment un orc pourrait tenir les rènes d'une bande de voleurs ? Ces créatures sont bonnes pour être enchaînées à une charrue ou a servir de bout de viande dans les arênes ou dans les lits de plus dégénérées de nos matriarches. Urog étant un demi-orc, il est plus, malin. Et dangereux. Car à défaut de savoir manipuler la magie, comme si Urog pouvait être un chaman orc, il a reçu une éducation et à su bien s'entourer. Chance pour toi Cain Leckard, j'ai, comment dire, déjà eu affaire avec Urog et ses lieutenants..."

Falenrith regarda avec un début de sourire Cain. Elle attendait la suite de la conversation pour pouvoir affirmer que le jeune mage avait su attirer toute son attention.

"Cependant, tout dépend de ce que tu veux récupérer, ou voler pour être exact, à Urog. S'il est possible d'éviter une émeute attirant les mauvaises personnes sous terre, autant essayer. Non ?"

Un service pour une amie

Les bavardages de la drow avait au moins le mérite de répondre à certaines de ses questions, et il était clair que ses sœurs n'auraient pas eu l'amabilité de répondre à ses interrogations avec autant de zèle qu'elle le faisait. Cain réprima un sourire amusé en constatant qu'il devait avoir face à lui la seule drow extravertie de toute la création. Bon, certes, ce n'était peut-être pas à ce point, mais il n'empêchait qu'elle tranchait sur plusieurs plans avec le reste des membres de son espèce. Du moins, comparativement au peu d'échantillon qu'il avait pu observer, à savoir deux autres individus uniquement parmi lesquels figurait Johanne, ou le secret et le mystère faite drow.

Revenant à Falenrith dont il prenait note de chacun mot, il grimaça légèrement en n'imaginant que trop bien les effets décrits pour en avoir ressenti les prémisses comme pour en avoir fais les frais, à moindre échelle, à Targatt. Si des paladins disposaient d'aussi gros moyens qu'ils puissent chacun être dotés d'une arme aussi... exceptionnelle, mieux vaudrait pour lui qu'il quitte la ville au plus vite, ou à défaut, qu'il reste loin de leurs vision. Et si une telle chose s'était produite dans une cité aussi vaste et puissante qu'Hochseegrad, il y avait une chance que ça finisse par arriver à Targatt aussi puisqu'elle avait maintenant à sa tête une elfe qui défendait la Lumière et semblait avoir les mêmes aspirations qu'Astoria ou n'importe quel paladin. Il ne faudrait pas longtemps pour qu'elle tombe dans les mêmes travers que les dirigeants de cette cité... Quel dommage que le vieux n'ait pas eu le temps d'en finir aussi avec la troupe de paladins qui suivaient ce débile de Yearius. Peut-être, si il y revenait un jour, qu'il finirait le travail, non pas en souvenir de Drake, mais bien pour rétablir un semblant d'équilibre, pensa Cain tout en écoutant avec attention son guide du moment tout en jetant de brefs coup d’œil vers les petites boules lumineuses à mesure que leur nombre croissait.

La garde et le conclave n'intervenaient pour calmer les paladins qu'en dernier recours. Et si ils cherchaient des informations sur des utilisateurs de magie noire, il comprenait d'autant mieux pourquoi Adelaïde avait envoyé Lucien pour l'aider. Quoi qu'il en soit, c'était des raisons plus que suffisantes pour éviter par tous les moyens de rencontrer ces types-là, qu'il s'agisse de la garde, du conclave ou des paladins... Finalement, ça ne changerait pas tant que cela de Targatt. Faire profil bas et éviter d'attirer l'attention au risque de se retrouver lyncher en place publique. On s'y faisait. Fugacement, l'image de la mage aux cheveux verts et tâches de rousseurs qu'il aperçu la veille après l'incendie lui revint en mémoire l'espace d'un instant, avant d'être chassée par d'autres pensées relatives à un présent plus immédiat.

Tendis que Cain indiquait avoir une aura mais que celle-ci n'était pour l'instant simplement -que- dissimulée, il ne fut pas certain d'apprécier l'engouement clair de la drow pour ce fait. Il avait beau la préférer mille fois aux paladins, il n'en était pas au point de lui faire une confiance aveugle, ni de croire qu'il n'y avait aucun risque qu'elle lui nuise d'une manière ou d'une autre... Même si il y avait peu de chances qu'elle le fasse avant qu'ils soient dans les douves. Ce qui en fin de compte, n'était pas non plus des plus rassurants. Pourquoi une telle croyance ? Car les drow semblaient avoir un minimum de sens de l'honneur et puisqu'elle s'était engagé à l'aider à pénétrer dans les douves, au moins jusque là, il devait être en relative sécurité.

Pendant qu'elle s'équipait, le jeune mage se permit de demander des précisions sur les raison d'avoir amassé un tel trésor en terme de dégâts potentiels. Il avait dans l'idée que sa réponse l'aiguillerait forcément sur la nature du contenu mais en fin de compte, ce ne fut pas assez probant pour l'éclairer au point qu'il cesse de supposer. En revanche, il ne put s'empêcher d'esquisser un sourire amusé à son explication. Il appréciait sa manière de voir les choses. Sincèrement. Il s'inspirerait sans doute d'elle en terme de préparation... quand il aurait le luxe d'avoir assez de temps pour cela évidemment.

Finalement, son sourire s'amenuisa jusqu'à disparaitre alors qu'il donnait les informations dont il disposait. Instinctivement, Cain serra légèrement les poings alors que l'étincelle dans son regard ne s'éteignait pas, non pas à cause d'une forme de peur ou de colère, mais bien car il avait hâte d'y être, aussi dangereux que cela puisse être. C'était un mélange de curiosité fort mal placé et sans doute, bien qu'il refuse de le considérer de la sorte, également une forme d'état de manque. Il avait beau ne pas avoir été inactif depuis son arrivée en ville quelques jours plus tôt, et avoir appris ce qu'il pouvait aux côtés de Wilhelmine quelques semaines auparavant, il n'était pas habitué à un tel "calme", et en quelques sortes, il s'y sentait peu à l'aise, comme en cage. Si bien que sans même s'en rendre compte, la perspective d'une situation à risque lui faisait presque plaisir. C'est un des processus sous-jacents qui avaient poussé le jeune mage à secourir la drow, en plus des raisons invoquées.
Aussi, chaque information qu'elle donnait en plus avait le don d'aiguiser davantage son appétit pour la suite des évènements. Un instinct que sa raison avait parfois du mal à réfréner mais qu'il tentait de canaliser afin de ne pas se faire avoir aussi bêtement que ça lui était arrivé dans sa "jeunesse".

Un demi-orc, intelligent, et ayant, comme supposés, de bons conseillers et combattants, mages sans doute également, à ses côtés. Quand au fait qu'il ne puisse sans doute pas être un chaman, Cain préférait le garder dans le champ des possibilités. On ne savait jamais. Il rassembla brièvement ce qu'il savait de ce type de magie... à savoir, fort peu en fait, ne s'y étant pas intéressé réellement jusque là. Il savait que c'était surtout une magie qui faisait appel aux esprits, qu'il s'agisse des morts, de la nature ou des ancêtres, voir d'esprits animaux totems. Mais rien de plus... Pourquoi s'y serait-il intéressé d'ailleurs ? Il n'avait aucune envie de créer des liens avec ses ancêtres, ni avec des animaux, morts ou non. Est ce que ça prenait la forme d'une magie spirituelle ? Aucune idée. Mais si tel était le cas, il pourrait sans douter résister un moment grâce au collier qu'il n'enlevait pas, cadeau de Wilhelmine pour un mariage qui n'eut pas lieu et qui lui assurait un esprit, nettement moins facilement pénétrable. D'ailleurs, quelle utilité de le pénétrer alors que le visage de Cain était et restait des plus expressifs, cela bien malgré lui.

"J'imaginais bien que pour qu'une telle créature puisse prendre, et se maintenir à la tête d'une guilde de voleurs il lui faudrait plus d'atouts que d'ordinaires... Mais si vous l'avez déjà rencontré, alors je tiens peut-être ma chance." Ajouta-t-il d'un air ravi.

Revenant à la sa dernière question, légitime sans nul doute, il hésita une seconde avant de fouiller dans les replis de son vêtement pour en sortir le dessin, froissé, du joyau qu'il cherchait à subtiliser au demi-orc.

"Je souhaite m'emparer de ça."

Il marqua une courte pause le temps de la laisser voir l'objet en question avant de poursuivre sur le même ton.

"Et je suis très favorable à l'idée de nous débarrasser d'un maximum d'éléments perturbateurs potentiels avant de nous lancer."

Conscient de ne pas être sur son terrain et plus encore, d'y aller en aveugle le concernant, il ne pourrait de toute façon que faire confiance, dans une certaine mesure, à Falenrith, aussi finit-il par ajouter.

"Vous me direz comment je pourrai vous aider dans cette tâche."

Le fait qu'il dévoile l'objet convoité allait sans doute déclencher une autre série de questions. Pourquoi risquer sa peau pour ça ? Peut-être tout simplement pour pouvoir s'émanciper car, quoi qu'on en dise, la richesse permettait souvent d'obtenir une forme de liberté que l'on peinait à atteindre par des efforts plus loyaux et laborieux tels que le travail quotidien. Le jeu en vaudrait certainement la chandelle. Et si il lui révélait qu'il n'était qu'un "employé" dans cette histoire, se poserait alors sans doute les questions relatives à ses motivations. Notamment, "pourquoi risquer sa peau pour un autre ?" ou plutôt "qu'est ce que Cain en retirerait ?". Si sa motivation était réellement l'argent, le plus simple serait de voler l'objet et de le revendre, quitte à doubler le marchand de Poula.
Mais pour l'instant, il délaissait ces questions pour se concentrer sur sa tâche à venir.

REMARQUE : Le joueur est invité à choisir une des directions pour sa réponse avant d’en lire l’explicatif. Ceci, évidemment, pour rendre plus « vivant » la quête.

"Urog Ecailles-Noires n'a rien d'une simple créature jeune humain. Tu aurais dit cela d'un orc, personne ne vous aurez contredit, surtout ici, dans les Royaumes Germaniques où les bandes orcs sont exterminées sans coup de semonce. Fait donc attention à tout ce qui est dit sur lui et à tous ceux qu'il a pu rencontrer."

L'elfe noire quitta sa pile de caisse pour se rapprocher du dessin que Cain lui tendait. Ses yeux étaient calmes et sans intérêts. Une babiole devait-elle penser. Le genre de chose qui pouvait bien intéresser un demi-orc ou un humain cherchant à le récupérer ou à la voler. La drow resta silencieuse aux annonces du jeune homme, regardant le dessin sous toutes ses coutures avant de le plier et l'envoyer à Cain.

"J'ai promis de t'amener aux Douves. Je vais donc le faire. Mais je ne t'ai pas promis de t'aider à voler cette babiole"

L'elfe noire finie par saisir une cape suspendue à un crochet de pierre et quitter sa caverne aux mille et une babiole plus ou moins explosive. Elle fit un signe au mage noir de la suivre et après cela, tout devint bien plus silencieux. La drow se mit à ne plus répondre à une seule des questions de Cain à mesure qu'ils progressaient dans les couloirs de cette ruine elfe et que les petites masses lumineuses les suivaient dans les murs.

A défaut de savoir de quoi il s'agissait, Cain pourrait au moins les remercier d'éclairer sa route de moins en moins facile à emprunter, des pans entiers de ruines limitant le passage à de très minces fente, juste assez large pour qu'il puisse passer en rentrant le ventre. La drow ne proposa jamais son aide au mage déguisé. Elle resta silencieuse et s'enfonça dans les ruines jusqu'à un mur de brics et un petit bassin d'eau. Si Cain se penchait pour voir le fond, il ne le verrait pas. L'eau, si claire dans ses mains, était d'un noir profond quand elle était dans le bassin. Falenrith, elle, s'hésita pas et commença à entrer dans le bassin, une brise soudaine, faisant remonter les odeurs de renfermé de la ruine, vint entourer Falenrith et dégager l'eau sous ses pieds. Alors, des marches, grossièrement taillée à même les pierres de la ruine elfique, se découvraient et l'eau du bassin s'écartait à mesure que la drow descendait l'escalier nouvellement mit à jour. L'elfe noir attendit que Cain finisse par la rejoindre dans la bulee d'air que sa magie de vent entretenait avant de progresser dans cette partie manifestement inondée de la ruine.

Ils marchèrent un long moment sous l'eau, le long de couloir englouti et perdu dans un temps ancien et oublié. Les masses lumineuses continuaient à les suivre et éclairait des passages et des recoins aussi inerte que riches. Car chaque parcelle de mur et de sol, bien que couverte d'algues et de coquillages, était un trésor d'histoire. Des coffres encore scellés se trouvaient sur leur route, des tapisseries préservées par l'eau froide et l'absence de lumière flottaient doucement au grès des courants, des vestiges d'ères passées jonchaient le sol, comme figé dans le cataclysme qui avait plongé cette ruine elfique sous les flots et sous la terre.

Même si Cain n'était pas le plus assidu en cours d'histoire, il était bien au courant que les cités humaines se trouvaient très souvent au dessus de ruines elfes. Après tout, si les elfes avaient choisi un emplacement pour bâtir une cité, il était évident que les Hommes feraient les mêmes constatations de bonne situation du lieu, d'abondance des ressource et de facilité à défendre et viendraient construire eux-mêmes une cité sur une terre qu'ils pensaient vierge. Mais, ce qui pouvait surprendre le jeune homme, était le fait qu'un réseau de ruines important, sous une cité de presque trois-cent ans, n'ait jamais été découvert et qu'ainsi, des richesses et des pouvoirs antiques pouvaient encore se trouver là, sous les pieds d'une multitude inconsciente de la richesse et le pouvoir sur lesquelles elle était assise.

La petite promenade sous-marine pris fin quand, après un nouvel escalier, Falenrith et Cain émergèrent de l'eau via un bassin semblable à celui par lequel ils étaient entrés. Les petites masses lumineuses ne les suivaient plus et avaient rebroussé chemin peu de temps avant qu'ils n'émergent de l'eau. Cela pouvait s'expliquer par l'atmosphère des lieux. En effet, si Cain décidait de suivre Falenrith en allumant de quoi s'éclairer, l'elfe noir ne prenant pas cette peine du fait de sa nyctalopie, il constaterait que désormais, ils n'étaient plus dans une ruine, mais dans une caverne, les stalagmites et les stalactites peuplant les plafonds et les sols polis par l'eau suintante le démontrant.

Mais cet aspect naturel laissant progressivement apparaître des formes de plus en plus nombreuses de civilisations. D'abord quelques lanternes espacées, puis des renforts en brique et en pierre taillée, puis des rangements et des torches. Au surplus de ces marques meublantes, la civilisation se faisait entendre par le son, les murmures, les braillements, les harangues se multipliaient à mesure qu'ils progressaient et enfin, ils débouchèrent d'une fente dans la roche sur une allée qui, malgré l'heure, était bondée ! Tout le bas monde d'Hochseegrad était là. Mendiant, voleur, marchands de produits de basses qualité, préteurs sur gage, taverniers peut scrupuleux. La vermine et toutes les mauvaises personnes de la capitale du plus grand royaume germanique. Targatt avait le Cercle et les souterrains, Hochseegrad avait les cavernes naturelles appelées les Douves car leur principal point d'entré se trouvait dans les douves asséchés depuis des années.

Falenrith avait mis sa cape de sorte à cacher son visage et isola Cain un instant avant de lui parler.

"Te voici dans les Douves. Si tu veux rencontrer Urog, tu n'as qu'à participer aux combats de l'arêne. Ce ne sont que des ivrognes et quelques barraqués qui s'y battent. Si tu parviens à bien avancer, je suis certaine que tu pourras attirer l'attention d'Urog. Mais tu veux avancer rapidement, je peux t'aider. Mais cette fois, le fait que tu m'ai sauvé ne suffira pas à me payer. Cependant, mon univers, mes règles et cela implique que tu obéisses à ce que je te demande de faire."





Direction 3 - Liberté du joueur

Un service pour une amie

Le changement soudain de comportement de la drow qui cessa soudain ses babillages, jusque là incessants, laissa à Cain une curieuse impression. Un mélange d'appréhension et de doutes. Non pas concernant son entreprise puisqu'il était déterminé à remplir sa mission. Certes pas pour l'honneur mais simplement pour combler sa curiosité. Toutefois, il n'était pas assez bête pour ne pas se rendre compte qu'en suivant Falenrith, il se plaçait sous une forme de dépendance de sa part. Elle pouvait tout aussi bien le précipiter dans un piège ou quoi que ce soit de plus létal et plus définitif sans qu'il ne soit sur de le voir venir. Par ailleurs, rien ne lui garantissait qu'elle tiendrait "parole". Certes on disait des elfes-noirs qu'ils avaient tendance à avoir un certain sens de l'honneur. Mais dans quelle mesure cela pouvait-il s'appliquer à elle ? Aucune idée.

L'idée ne lui plaisait pas totalement et d'ailleurs, elle lui avait déjà traversé l'esprit plus tôt, mais le changement d'attitude de la drow avait contraint l'idée d'une hypothétique trahison à être réévaluée. Sans aller s'imaginer qu'elle le ferait forcément, il paraissait évident qu'elle cachait quelque chose. Sciemment ou pas, peu importait dans le fond. Cain aurait tout à fait pu la questionner, sans doute. peut-être qu'elle aurait rpéondu. Mais en vérité, il n'y pensa même pas. d'une part car si elle se vexait et le laissait là il n'aurait aucune chance d'entrer dans les douves et de réaliser son petit larcin dans les temps imparti. Ensuite parce que ça pourrait aussi la pousser à l'attaquer dès à présent plutôt qu'à repousser la chose. Or, il évoluait sur le terrain privilégié de Falenrith, il y avait encore ses boules lumineuses étranges et plus important encore : elle lui était largement supérieure en combat. C'était pour ainsi dire flagrant et les propos qu'elle avait tenu à plusieurs reprises n'avaient fait que confirmer cela. Il était donc hors de question de la provoquer inutilement pour se placer, potentiellement dans une situation pire encore.
Cain aurait tout aussi pu l'attaquer dans le dos mais pour les raisons invoquées plus tôt, mieux vaudrait éviter et il chassa cette pensée. Après tout, elle pouvait bien le tuer quand elle le voulait et ne l'avait pas fait. Encore.

Par ailleurs, un simple changement d'attitude pouvait tout aussi bien dénoter autre chose que l'envie de lui nuire... Bien qu'il ne soit pas assez fin analyste de la nature des autres êtres vivants pour pouvoir en déterminer la cause. Bien qu'elle ait clairement à voir avec cet orc. Enfin demi-orc. Il était évident qu'elle avait déjà eu affaire à lui. Et compte tenu de la teneur de ses propos, elle semblait avoir été impressionnée. A moins qu'elle ne soit simplement réaliste, ce qui serait nettement plus mauvais pour lui.

Cain se contenta d'acquiescer, signe qu'il entendait les mises en garde à son sujet.
Il lui avait finalement fait part de l'objet qu'il convoitait. Elle l'examina sans vraiment paraitre s'en soucier avant de le lui rendre. Le jeune homme le rangea de nouveau en emboitant le pas à la drow qui l'entrainait vers les douves,non sans d'abord l'avoir averti qu'elle ne l'aiderait pas à voler sa "babiole". Le jeune homme lui adressa un demi-sourire.

"Je ne faisais que proposer."

Il manqua de peu d'indiquer qu'il aurait volontiers partager en deux la prime promis pour la réception de cette chose, mais n'en fit rien.

Tendis qu'ils marchaient en silence le long du couloir sous l'eau, il faisait peu attention à l'architecture, témoignage de la défaite des elfes de la région puisque si ils avaient été vainqueurs, jamais une cité humaine ne se serait tenue au-dessus. A moins qu'ils aient déserté le lieu avant leur arrivée. Dans tous les cas, il était accaparé par d'autres pensées que l'observation des coffres et autres objets d'antan malgré le fait évident qu'il pourrait tirer un bon prix de certains d'entre eux. Il nota simplement dans un coin de son esprit la facilité avec laquelle un étranger tel que lui pouvait se perdre dans ces ruines qui semblaient plus étendues que de prime abord.

Parmi les pensées qui tourbillonnaient, il songeait également à un marché des plus étranges et sans doute des plus fous qu'il pourrait peut-être passer avec le demi-orc qui faisait peur à tant de monde.

Il ne concernerait pas Falenrith du coup mais bien le demi-orc directement. Le but était de parvenir à tirer son épingle du jeu sans avoir à combattre. Même si ce serait dommage... Il ne comptait toutefois pas crever dans des douves et encore moins des douves étrangères. Donc, l'idée était, si il ne sentait pas que le vol de l'objet soit possible, ni de sortir en vie d'un affrontement, de négocier un gain nettement supérieur à ce simple joyau. Pour cela, il suffisait que cet Urog accepte de lui rendre l'objet et qu'il le fasse suivre par quelques hommes de valeur jusqu'au lieu de rendez-vous avec le marchand. Une fois que Cain aurait été payé, ou même avant, dans le fond, le jeune homme s'en moquait pas mal, il suffirait de faire prisonnier le jeune marchand et de s'emparer de son navire, comme de tout ce qu'il contenait. Sans doute y avait-il quelques pièges mais rien d'impossible à passer pour ceux qui s'étaient emparé de ce joyau au nez à la barbe de ses riches marchands.

Ainsi, Cain aurait rempli sa part du contrat, et Urog grimperait encore d'un cran sur l'échelle de dangerosité pour la cité. Les gardes et le conseil le rechercheraient sans doute plus activement mais au moins de cette manière d'une part Urog prouverait qu'il ne craignait personne, et Cain pourrait se déplacer librement puisque le conseil aura mieux à faire. Du moins... sur le papier ça paraissait amusant et pas dénué d'intérêt.

Les seuls soucis venaient du fait qu'il ne connaissait pas cet Urog, qu'il n'était pas dit qu'ils s'entendent et encore moins qu'il soit assez fou pour se mettre en danger de la sorte pour un coup qui attirerait à lui tous les regards... Sa conscience lui rappela qu'il s'agissait d'un demi-orc chef d'une organisation qui évoluait en souterrain, sous les regards, sans attirer à eux la lumière justement. Autrement dit, il n'y avait aucune chance qu'il accepte une telle chose, et donc aucune raison qu'il lui rende le joyau... Même si Cain commençait à penser qu'il y avait toujours un côté positif à créer le chaos, d'autant plus dans ce genre de cité.

Une moue légèrement blasée apparut sur le visage du jeune homme pendant une seconde avant de lâcher un soupire sans vraiment faire attention à ce que Falerith pourrait penser de son soufflement intempestif.

Finalement, les petites boules lumineuses cessèrent de les suivre. Cain s'arrêta un instant pour les observer rebrousser chemin. Ca devait être l'extrémité de leur territoire. Après un nouvel escalier, ils émergèrent enfin de l'eau et ce fut pour Cain le signal de départ : le moment de se reconcentrer. D'autant plus qu'il évoluait dans le noir. Il utilisa le sort d'altération raciale pour se doter d'une paire d'yeux capable de pallier sa faiblesse et ainsi de pouvoir évoluer sans avoir recours à son feu. Il préférait ne pas se rendre totalement repérable tout de suite, on ne savait jamais. Et puis c'était un sort qui lui paraissait des plus simples en comparaison d'autres types de métamorphoses puisque ça se cantonnait à modifier une petite part.

Il emboita le pas à Falenrith sans avoir plus de quelques pas de "retard" sur elle et se permit toutefois d'étendre ses perceptions. Plus tendu, il constata le changement progressif d'univers. Passant d'une caverne d'aspect naturel à des choses plus artificielles jusqu'à ce que des débuts de vraies constructions se détachent et ne finissent par remplacer totalement la caverne.

Bienvenue dans les douves, songea-t-il tendis qu'ils débouchaient sur une sorte d'allée souterraine bondée et que la drow eut mis sa cape.

Cain fronça les sourcils, ébloui un court instant par la luminosité nettement plus forte et abandonna ses yeux d'elfes au profit des siens. Tendis qu'il observait les profils types des pires personnes de cette cité, Falenrith le prit à part.

Elle lui confirma tout d'abord qu'ils étaient bien dans les douves sans réelle surprise avant de lui dévoiler ses options pour parvenir à Urog. Combattre dans l'arène était clairement l'option la plus amusante. Mais c'était également la plus lente... Trop lente compte tenu des délais contraints qu'il avait. L'autre option ne lui faisait pourtant nulle envie. Obéir à une inconnue. Une drow qui plus est... Il n'avait rien contre cette espèce en particulier, au contraire, il les aimait bien. Mais... nettement moins quand il s'agissait "d'obéir" aveuglément. l'identité de la personne importait peu dans ce cas. Il avait assez donné. Il fronça les sourcils et ses yeux ocres s'assombrirent. Pourtant, il ne commenta pas immédiatement. Il n'avait en vérité pas le choix si il comptait vraiment récupérer le joyau dans les temps.

Son regard se tourna vers les passants et autres nuisibles dans l'espoir qu'une idée lumineuse allait pointer le bout de son nez et lui offrir l'option souhaitée pour rencontrer l'orc sans avoir besoin de passer par elle, mais à part mettre le feu à tout ce beau monde, il ne voyait pas... Par ailleurs, il avait conscience qu'agir de la sorte n'attirerait peut-être pas à lui le meilleur de ces douves.
A contre cœur, il reprit la parole d'un ton nettement plus froid mais qui n'avait rien de personnel à l'encontre de Falenrith.
Autre chose venait de le titiller... Elle avait donc ses entrées auprès des proches -au moins- de cet orc pour pouvoir lui proposer de l'introduire directement... Ce qui la rendait d'autant plus dangereuse à son sens. Toutefois, ça avait aussi le don de piquer sa curiosité.

"Je te suivrai. Quel...paiement souhaiteras-tu ?"

Emboitant de nouveau le pas de la drow, il tenta de se frayer un chemin entre les gens pour ne pas la perdre mais il était clair qu'il avait moins d'aisance qu'elle, sans parler du fait que plusieurs malandrins crurent bons de tenter de lui dérober... hé bien un peu tout; si bien qu'il dut en repousser certains plus fort que prévu pour parvenir à une porte qui tranchait dans ce décor, entier et avec tous ses effets. La porte en question semblait faite de bois et était gardée. Cain jeta un coup d’œil aux hommes de main chargés de la sécurité de ce qui suivait en se rendant compte sans mal qu'ils n'étaient pas de la même trempe que les protecteurs de Targatt. Il tenta d'évaluer leurs auras et en eut le temps tendis qu'ils se mettaient à six pour ouvrir la porte qui... qui avait une épaisseur presque débile. C'était même plutôt bien qu'ils parviennent à la bouger à six... Ce qui laissait supposer qu'ils avaient tous une sacré force. Cain n'avait guère envie qu'ils la testent sur lui.

Il suivait toujours Falenrith en silence, se faisant le plus discret possible, ce qui était d'autant plus complexe qu'il serait toujours largement plus bruyant qu'une drow, et que celle-ci plus particulièrement.
Ils évoluaient dans des couloirs plutôt sombre où régnait une odeur dérangeante non sans rappeler vaguement les relents d'une vieille salle de torture. Ce n'était pas sans rappeler à Cain quelques souvenirs qui dut faire un effort conscient pour les reléguer au second plan. Ce n'était ni le moment ni l'endroit pour ressasser ses idées de vengeance. Et il aurait d'autant moins l'occasion de les réaliser un jour si il ne se concentrait pas un minimum. Comme pour faire écho à ses pensées, Falenrith qui était jusque là restée plutôt silencieuse se retourna vivement vers lui pour réclamer de lui qu'il n'agisse que comme son sauveur "et rien d'autre" ? C'est-à-dire ? Il ne devait pas réagir comme un voleur potentiel ? Il n'était pas bête au point de se compromettre aussi vite tout de même. Enfin, pas sans bonne raison. Cain campa ses yeux dorés dans ceux de la drow en acquiesçant.

Ils reprirent leur marche qui aboutit rapidement à une pièce édifiante en comparaison de tout le reste. Comme d'habitude, l'environnement fut étudié d'un coup d’œil rapide avant d'être relégué au second plan pour observer les convives et le ballet de serviteurs qui se pliaient à toutes les exigences de leurs maîtres. Ca n'avait rien de choquant après tout. Les faibles seraient toujours opprimés par les forts. Cain espérait secrètement faire parti de la deuxième catégorie, et en tout cas, il ferait tout pour et en devenir indétrônable.

Il esquiva un plateau de viande de justesse et évita le regard d'une femme si poudrée qu'elle ressemblait davantage à une vieille poupée de porcelaine mal terminée qu'à un être vivant. Se retenant de grimacer, il préféra se focaliser sur Falenrith qui décidément semblait avoir ses entrées partout. Ils parvinrent finalement devant le maître des lieux. Le sang du jeune homme ne fit qu'un tour en constatant qu'il devait évidemment s'agir du fameux Urog à en juger par sa carrure autant que par la couleur de sa peau.
Mais ce qui surpris le plus Cain furent plutôt les propos du maître des lieux. Il jeta un coup d’œil rapide vers la drow, ou plutôt, vers le "lieutenant favoris" d'Urog... Soudainement, tout ce qu'elle avait pu lui dire sur la créature prenaient un tout autre sens. Ou tout du moins, le sens en question était largement accru.

Par ailleurs, il semblait qu'elle s'était faite avoir pendant qu'elle était en mission pour lui. Il y aurait peut-être moyen de négocier ce point.. si ils en venaient là. Restait encore à savoir ce qu'il lui avait réclamé. Si Cain l'obtenait, il pourrait sans doute procéder à un échange. Quoi que si même Falenrith avait échoué... il avait peu de chances de réussite. Dans tous les cas, ce n'était là que les prémisses d'une partie dont il ignorait encore une partie des règles.

Réservant donc son jugement le temps d'évaluer ses options, il se contenta de garder le silence. Il était évident que la drow l'introduirait quand elle le jugerait bon. En attendant, Cain le trouvait plutôt sympathique de prime abord. Un bon vivant qui gardait ses ouailles proches, et qui visiblement était au courant de beaucoup de choses puisque l'attaque de Falenrith était relativement récente.

Cain aurait peut-être du reporter son regard ailleurs mais il était entièrement focalisé sur le demi-orc. Sans aucune animosité par ailleurs. Il s'agissait clairement davantage de curiosité que d'autre chose. Et quoi de plus normal après tout. Son type de métissage était des plus rare. Du moins, de vivre aussi longtemps et de parvenir à une telle position. N'était-il pas normal pour une personne aussi jeune que Cain d'être intéressé par une telle singularité ?

REMARQUE : Le joueur est invité à choisir une des directions pour sa réponse avant d’en lire l’explicatif. Ceci, évidemment, pour rendre plus « vivant » la quête.

REMARQUE 2 : Les onglets « A la discrétion du joueur » ont vocation à donner des éléments supplémentaire à l'intrigue. Leur ouverture est donc à la discrétion des joueurs selon qu'ils considèrent disposer, ou non, du niveau suffisant pour les caractéristiques et compétence invoquées dans le titre de l'onglet.

Tandis qu'Urog Ecailles-Noires avançait pour serrer contre lui l'elfe noir, Falenrith resta immobile. Mais son visage dessinait un évident visage de colère et d'appréhension. Quand le grand demi-orc arriva enfin à hauteur de la drow, il la serra contre lui d'un bras en agitant presque frénétiquement l'autre.

Urog : Je vous l'avais dit qu'elle reviendrait me petite salope ! Hein que tu reviendrais malgré ton échec cuisant ! Le demi-orc attrapa les cheveux de la drow et la balança sur les convives.

Naturellement, l'opération ne manqua pas d'arracher des ricanements de certains convives et des légers cris de douleurs de la part de ceux qui s'était malheureusement retrouvé dans la trajectoire du corps de Falenrith. Cette dernière, après avoir longuement toussé pour retrouvé son souffle, finit par se redresser et revenir en face de l'imposant Urog, un trait de sang se dessinant sur le coin de sa lèvre.



Falenrith : A ceci espèce d'enfoiré qu'en plus de ne pas m'avoir prévenue sur l'identité du propriétaire de cette maudite épée, tu as donné mon nom aux Paladins ! cracha presque l'elfe noir qui s'essuya le sang provenant de sa lèvre du revers de la main, l'autre se glissant machinalement sous son manteau.

Urog : Tu n'avais qu'à pas mettre en péril tous les Douves avec ton incompétence !

« Je vous l'avais dis, seigneur, que cette femelle était un problème ! Les drows sont tous fourbes et malavisés. » se permit une voix venant des ombres, de derrière le trône orné des corps presque entièrement dénudées des esclaves norz d'Urog.

Falenrith : Silence vermine d'homme-bête ! Retourne dans la boue de tes congénères porcins au lieu de t'immiscer dans cette conversation !

Naturellement, l'insulte fit mouche et un individu autour d'un mètre soixante sortit des ombres, le groin humide et sale, la peau rose marquée par une laideur immense et de poils peuplant son corps d'un blond sale. En plus de se vêtir de cette laideur porcine, il tenait un long bâton orné d'une pierre animée par quelques magie et une robe de magicien. Aussi moche cet homme-cochon pouvait-il être, il était de toute évidence un mage, ou un shaman.

Urog : Il suffit Jamon. Je t'ai dis que tu l'aurais alors tu l'auras espèce de chercheur de truffe dégénéré ! Mais avant que j'en finisse avec ce lieutenant que je croyais être mon meilleur élément, mais qui est en réalité une balance et suffisamment incompétente pour s'occuper de quelques misérables paladins, j'ai besoin de savoir quelques petites choses... le demi-orc se détourna de Falenrith, qui encore une fois glissa sous son manteau une main avant de la ressortir, surement pour se masser son dos meurtrit, et il s'approcha de Cain, dominant de toute sa stature Cain qui semblait bien minuscule tout d'un coup. Qui est ce vers qui me dévisage depuis tout à l'heure et qui t'accompagne Falenrith ? S'il s'agit d'une monnaie d'échange pour éviter que tu finisses en bouillotte du tas de boue qui sert de lit à Jamon, ce gamin à intérêt à avoir quelques qualités.

Falenrith regarda alors le jeune mage noir avec un regard déterminé et lui fit un court clin d'œil avant de répondre.

Falenrith : Je suis certaine qu'il est un excellent élément. Suffisamment pour rétablir un semblant d'ordre ici bas...

Un service pour une amie

Les choses sérieuses allaient enfin débuter. Du moins c'était ce que Cain avait pensé tendis que ses yeux ocres se posaient sur le colosse en plein banquet. Il espérait tout de même que Falenrith savait ce qu'elle faisait car il doutait de pouvoir se débarrasser d'autant de monde en un sort. Fort heureusement, elle avait assez de matériel pour tous les incinérer sur place... avec un petit coup de pouce du jeune homme cela allait de soi. Il faut dire que depuis qu'il avait posé les yeux dessus il mourrait d'envie de voir ce que cela donnait. Son grand-père ne tarissait pas d'éloges sur cette substance et en bon pyrokinésiste il nourrissait un attrait particulier pour tout ce qui était inflammable.

Pour autant, depuis qu'il avait appris que la drow était en fait un des lieutenants du demi-orc, il s'était demandé si elle n'allait pas plutôt le vendre, le trahir, ou quelque chose dans cette veine-là, bien que se pose aussi la question de la raison d'un tel équipement si elle allait en terrain "ami". Pour toutes ces raisons, il n'était pas non plus certain qu'elle serait capable d'utiliser une telle méthode sur ses... camarades bien qu'il doute qu'une elfe noire puisse avoir de tels sentiments.

Délaissant ses pensées pour se concentrer sur l'étude de son hypothétique adversaire, Cain se raidit pourtant lorsque l'orc saisit Falenrith par les cheveux pour la balancer plus loin telle une poupée de chiffon. Ca confirmait qu'il avait une force colossale... Elle lui avait dit de ne rien faire sans qu'elle l'ait demandé mais il y avait une limite. Malgré cela, une part de son cerveau se mit en branle pour évaluer ses options si jamais elle devait crever d'entrée de jeu... Cain jeta un coup d’œil vers l'endroit où la drow avait atterrit et duquel elle s'extirpait déjà bien qu'elle ne soit visiblement pas en parfait état.

Le petit humain s'efforçait de continuer à arborer une mine parfaitement neutre et détachée, comme si le sort de la drow ne lui importait pas. Dans le fond ce n'était pas tout à fait faux. N'était-il pas à ses côtés pour la seule raison de pouvoir récupérer l'objet que convoitait le marchand ?
Si elle mourrait il lui faudrait simplement changer de méthode. Pour autant, il avait d'autant plus envie d'éclater la tête du colosse, d'une manière ou d'une autre. A lui comme à tous les débiles qui lui servaient de pseudo-court. Ces fils de chienne ne lui rappelaient que trop le "commun" de Targatt, tous ceux qui prêchaient le noir du temps de Drake et le blanc le lendemain pour coller à l'image prônée par cette sale elfe. C'était les mêmes qui fermaient les yeux sur les conditions déplorables de certains si ça leur permettait de se croire privilégiés. De simples rires avaient suffi à ranimer sans trop d'efforts la haine bouillonnante de Cain pour ses semblables. Oh bien entendu il comprenait ce que la survie nécessitait de faire, mais n'en avait cure, préférant laisser son ressentiment renforcer sa volonté et son besoin d'agir.

Tendis que la drow reprenait la parole, se défendant de son échec, les pièces du puzzle se remirent en place. Elle avait été envoyée dans un piège en somme. Pas étonnant qu'elle ait pris autant d'équipement avec elle en fin de compte. Elle n'était clairement pas avec des amis et il n'était pas certain non plus qu'elle soit ne serait-ce qu'avec des alliés.
Bien que ça ait tendance à le rassurer un tant soit peu sur les intentions de Falenrith, il avait conscience que pour autant, ça n'était pas forcément pour l'arranger lui. Il était cependant trop tard pour reculer. Sauf si une opportunité digne de ce nom se présentait évidemment. ce qui n'était pas le cas actuellement.

Une autre voix se joignit à celles du demi-orc et de la drow. Les sourcils de Cain s'arquèrent tendis que sortait de l'ombre une sorte de cochon parlant vêtu à la manière d'un jeteur de sort quelconque. Le jeune homme retint un sourire, non pas à cause de l'apparence de la personne mais simplement car il venait de trouver celui qui murmurait à l'oreille du colosse. Compte de l'animosité aisément perceptible entre Falenrith et lui, il était plus qu'évident qu'il avait manipulé son "chef" de sorte à envoyer la drow sue une mission impossible à remplir. Une fois son échec connu, il suffisait de la faire abattre par les pires créatures de ce monde : les paladins. Un plan qui aurait fonctionné sans l'intervention de Cain.

L'homme-bête était intelligent et vindicatif. Donc à ne pas prendre à la légère. D'autant que le jeune homme ignorait quels étaient ses pouvoirs.

Du côté de la drow et de ses "alliés" le ton n'était pas particulièrement descendu, au contraire. Il semblait que le petit porc avait négocié de faire de le drow une sorte d'esclave sexuelle. Cain ne put réprimer un début de rictus dégouté. Il n'aimerait pas être à la place de Falenrith. Comment comptait-elle sortir de là en vie ou sans rada'an ? Ce n'était pas tout d'être équipée, encore fallait-il pouvoir s'en servir.

Finalement il fut mention de Cain qui délaissa le dénommé Jamon pour revenir au demi-orc qui projetait de toute façon d'en finir avec Falenrith et se demandait quelle utilité il pouvait avoir. Le jeune sorcier croisa le regard de la drow tendis qu'elle parlait de remettre de l'ordre.
Un éclair de compréhension illumina son regard un instant avant qu'il ne se tourne vers le demi-orc et ploie légèrement le buste, feignant une révérence.

Il n'avait guère fait attention à ce qu'elle avait fait des sphères et pour lui elle devait sans doute encore les avoir sur elle mais il ne faisait aucun doute qu'elle comptait s'en servir. Toutefois... si le porcelet qui était devant eux était un vrai mage, il saurait se protéger sans trop de mal des flammes et leur mettre des bâtons dans les roues. Du point de vue de Cain, c'était lui le premier ennemi à abattre. Il n'avait rien contre lui. Toutefois, encore plus ici qu'ailleurs, c'était le plus fort et probablement le plus fourbe qui vivait. Et Cain comptait bien profiter de l'avantage tactique. A savoir, le fait qu'il n'avait pas d'aura, qu'il était une pièce rapportée donc inconnue, et puis surtout qu'il ne payait pas de mine ce qui valait que les adultes le sous-estiment la plupart du temps. Après tout, que pouvait bien faire un jeune humain et une drow dans une pièce pleine d'ennemis ?

Tendis qu'il ployait pour faire sa révérence il mit à profit les "cours" d'assassinat de Chad et de sa Lune sanglante. Il laissa une image persistante, rémanente, de lui tendis qu'il venait de se fondre dans sa propre ombre pour ressortir l'instant suivant dans une ombre située juste derrière l'immonde cochonnaille douée de parole. Dégainant sa dague dans son élan, il ne chercha pas à faire dans la dentelle et tenta au contraire de lui enfoncer le bout de métal tranchant et froid sur le côté de la gorge, où il était aisé de blesser grièvement, et presque autant de tuer. Cain poursuivit le mouvement et continua de trancher la chair de sorte à ressortir la lame par le devant de la gorge, tranchant ainsi la carotide, les cordes vocales et tout un tas de choses sur son chemin, qui n'étaient pas destinées à l'être.

Pour ce qu'il savait des mages, peu d'entre eux étaient aussi doués en magie qu'en corps à corps et bien souvent, une fois que l'on avait franchit leur périmètre de sécurité, il était plus facile de les avoir.  Cain avait donc été à l'essentiel en tentant de le prendre par surprise, par derrière et en pénétrant directement ses défenses de par sa proximité directe. Il avait également attaqué la gorge car concrètement, il était possible que ce groin dégoulinant porte une armure légère sous sa robe et le jeune homme ne comptait pas rater son coup. Or, sa gorge était découverte et offrait l'opportunité souhaitée, si seulement sa manœuvre réussissait.

Le demi-orc allait sans doute être assez mécontent mais Cain comptait sur Falenrith pour l'occuper si nécessaire car si sa tentative avait fonctionné, il ne lui restait plus qu'à faire ce pourquoi il était si doué : calciner. Mais avant...il lui semblait qu'il y avait une dernière chose à faire.
Utilisant la maitrise de l'élément terrestre, il tendit les bras vers l'entrée de la salle et tenta de faire s'écrouler de sorte à piéger toutes les personnes dans la pièce avec eux. Ce serait dommage que certains donnent l'alerte et que davantage de gardes ne débarquent. Cain ne se rappelait que trop bien du gabarit moyen de ces derniers et il n'avait pas envie de devoir en affronter une horde entière en plus. En revanche, pour ramener l'ordre, le plus simple était de faire table rase.

Bien que rien ne soit joué, un sourire cruel avait naturellement fleuri sur ses lèvres alors que l'expression dans son regard témoignait à elle seule de la manière dont la situation était perçue par Cain : il se sentait bien. Et plus encore, il semblait s'amuser.

REMARQUE : Le joueur est invité à choisir une des directions pour sa réponse avant d’en lire l’explicatif. Ceci, évidemment, pour rendre plus « vivant » la quête.

REMARQUE 2 : Les onglets « A la discrétion du joueur » ont vocation à donner des éléments supplémentaire à l'intrigue. Leur ouverture est donc à la discrétion des joueurs selon qu'ils considèrent disposer, ou non, du niveau suffisant pour les caractéristiques et compétence invoquées dans le titre de l'onglet.

Urog : "De l'ordre ? HAHAHAHAHA ! Tu me fais bien rire Falenrith ! L'ordre c'est moi ici et franchement, si tout ce que ta monnaie d'échange sait faire c'est rester là à ne rien faire je- qu'est ce que ?!"

Le massif demi-orc voulut attraper par l'épaule Cain, mais fut surpris e voir sa main passer à travers le jeune homme avant de disparaître en même temps que Jamon, derrière lui, lançait un puissant hurlement de douleur. Au même moment, Urog vacilla un instant, se saisit la tête comme si une masse invisible venait de lui frapper le crâne. Falenrith utilisa cette occasion pour lancer ce qui lui rester de sphère en direction de la porte par laquelle elle et le jeune mage-noir était entrer dans la salle du trône d'Urog. L'odeur nauséabonde de l'explosif contenu dans les sphères de Falenrith se répandit aussi vite que l'explosif lui-même n'explose.

En un instant, la pièce, déjà sombre car uniquement éclairée par les lustres en crystal -très certainement volés- et les bougies fut emplie de l'épaisse fumée de l'explosion. Les oreilles de tous le monde présent dans la pièce se mirent à sonner et l'obscurité pris le pas sur toute forme de lumière. Les explosions se succédaient les une après les autres. De la porte qui se fit avaler dans un grandiose nuage de fumé et de cendre jusqu'au trône sur lequel Urog était au début de la rencontre assis. Comme le bardage de marbre -lui aussi volé très certainement- les corps de ceux qui surplombait les sphère d'explosifs de Falenrith volèrent en eclat. Le blanc des lieux se fit donc couvrir, en quelques instants du noir des explosions et du rouge vif du sang de ceux pulvérisé par le feu. Leurs intestins et leurs membres remplaçant la décoration riche et toute aussi volée que le reste.

Puis les explosions qui immobilisèrent tous les survivants cessèrent. Une aubaine pour les deux seuls qui pouvaient, malgré l'importance de la déflagration, bouger.

Le premier était le mage Jamon. Si Cain était bien parvenu à sévèrement blessé l'homme-bête, ce dernier n'en restait pas moins plein de malices et surtout couvert d'une épaisse couche de graisse. La lame de Cain était donc bien parvenue à percer la peau de l'homme-bête, lui arrachant son crit de douleur. Mais la graisse empêcha le coup d'être fatal. Ainsi, Jamon se téléporta dès que Cain commença à être bousculé et désorienté par les explosions à répétition. Le mage se téléporta là où devait se trouver la porte. Mais au lieu de s'enfuir, il vociféra un étrange mélange de commun et de porçin. La raison de cet accès de colère ? L'effondrement de la porte ! Falenrith avait dû lancer assez d'explosif sous la porte pour que les chambranles et le linteau s'effondrent, piégeant les occupant de la cour d'Urog dans sa salle du Trône.

La deuxième qui avait de toute évidence était immunisée à la violence des explosions était Falenrith elle-même. L'elfe-noire, plus remontée que jamais et le visage déformé par une hystérie presque incontrôlable, dégaina une dague et se mit à achever ce qui restait de vivant -mais grièvement blessés- de convives dans la pièces. Elfes, humains, hommes-bêtes, serveurs, esclaves, tous étaient en train d'y passer sous sa lame. Il était manifeste qu'elle avait perdu le sens des priorités car elle ne se focalisé ni sur Jamon, ni sur Urog.

Ce dernier continuait d'ailleurs à agir bizarrement. Il se tenait toujours la tête et maintenant que les explosions l'avait désorienté, il se mettait même à hurler des choses dans un patois orc incompréhensible. Quelque chose n'allait manifestement pas bien. Mais quoi ? Alors que Cain pouvait constater cette attitude déroutante comparé à la tenue et la présence que le demi-orc avait quelques minutes plus tôt, il remarquait aussi que lui-même n'avait subi aucun dégât lié à l'explosion. Quelque chose, ou quelqu'un dans cette salle dévastée devait l'avoir protégé des aléas physiques lié aux explosions.

Quand Cain aurait entièrement retrouvé ses esprits, il pouvait pleinement se rendre compte du carnage et de la violence des explosions dont il ne subit que les effets "sonores". A ce moment là, le jeune mage fut rejoint par Falenrith, couverte du sang de celle qu'elle avait achevé et une sphère explosive dans la main, laissait son visage se découper d'un immense sourire de satisfaction.

Falenrith : "Ahhh ! Enfin un moment pour s'amuser ! Diable que ça me dérangeait ! Maintenant il faut en finir avec eux !"

Le "eux", désignés par la drow, était Jamon et deux autres individus qui semblaient avoir survécus aussi bien aux explosions qu'à la frénésie de Falenrith. Le premier était équipé d'une épée à deux mains et disposait d'une aura magique négative. Le second, tenait un arc et semblait avoir des dagues à la ceinture. Il avait une aura neutre. Jamon, lui, s'appuyait Il restait évidemment Urog aussi ! Mais Falenrith ne semblait pas y porter attention. Alors qu'elle se tenait prête à partir à l'assaut, un autre individu apparu juste à côté de Cain, sans prévenir.

Un service pour une amie

Tout s'était passé très vite. Alors que Falenrith lui donnait son signal de départ, il avait fondu sur l'homme-bête et avait tenté de le saigner comme un porc. En plus d'être très à propos, c'était surtout le moyen qu'il avait considéré comme le plus sur de provoquer une mort rapide.

Du même temps, le demi-orc avait tenté, semble-t-il de se saisir de lui mais heureusement il était déjà dans le dos du cochon. Toutefois, quelque chose loupa... Sa peau était beaucoup plus résistante que prévu et bien qu'il l'ait grièvement blessé, il ne parvint pas à l'achever. En écho au hurlement de Jamon, le demi-orc avait lancé un cri en se tenant la tête. Cain tout en matérialisant par réflexe un bouclier élémentaire -on ne savait jamais si il comptait contre attaquer immédiatement-, s'était permis un demi sourire. Il était clair pour lui que Piggy avait un contrôle sur la créature. En le blessant, il avait du relâcher son emprise mentale sur le demi-orc, le libérant... Il avait surement occasionné de lourds dégâts à l'esprit du demi-orc. De plus, qui pouvait dire depuis combien de temps il était sous contrôle ? Un bref regard au colosse lui confirma qu'il ne serait pas un adversaire avant un certain temps. Toutefois, il n'eut pas le temps de faire grand chose de plus avant qu'une énorme explosion ne retentisse, l'assourdissant et le désorientant complètement.

La poussière et la fumée envahirent la pièce. La puissance des explosions qui suivirent de concert finirent par balayer le bouclier de Cain et il était trop déconcentré par le bruit assourdissant pour parvenir à se concentrer suffisamment ne serait-ce que pour protéger ses tympans en lançant une zone de silence.
Pendant que les autres sphères explosaient de part et d'autre, Cain refusait de faire le moindre mouvement, se contentant d'attendre que ça ne soit terminé, faute de mieux.

Enfin, les explosions cessèrent. Tendis que le bruit et les gravas retombaient, il constata que Jamon s'était téléporté jusqu'à la porte... Au lieu de la passer, il se tourna vers eux en vociférant dans un mélange de langues étrange. Cain ne chercha d'ailleurs pas vraiment à comprendre ce qu'il disait. Peu importait.

Elle n'y allait pas de main morte décidément. Les portes étaient détruites et les gens étaient coincés avec eux. Pas de chance. Toutefois c'était conforme à ce qu'il avait pensé faire donc c'était plutôt rassurant de constater qu'ils avaient la même conception des choses.

Ce n'est que lorsque la poussière retomba enfin qu'il constata que certains pans de murs avaient été entièrement repeints avec le sang et les tripes des personnes qui avaient subis les dégâts de plein fouet. C'était un véritable carnage. Ca avait quelque chose d'horrible et de beau à la fois. Ce qui n'empêcha pas la jeune homme d'avoir un léger haut le corps. Non pas à cause du visuel mais plutôt à cause de l'odeur nauséabonde de l'explosif brulé et du sang qui, se mêlant, suffirait à donner la nausée à beaucoup de monde. Ce n'était qu'une réaction physiologique automatique après tout. Et puis, il fallait dire que si Cain avait bien eu l'occasion de voir de nombreuses morts, c'était la première fois qu'il assistait à un massacre, aussi mineur soit-il.

Drake Leckard avait enfermé Cain lors du massacre des éthéristes, aussi bien pour éviter que son petit-fils et potentiel héritier ne fasse une chose stupide, que pour lui épargner un tel spectacle. Toujours est-il que Cain découvrait donc la chose dans cette salle aujourd'hui.

Un peu plus pâle encore que d'ordinaire, il reporta son attention sur les vivants. Falenrith s'était apparemment mis en tête d'achever tous les blessés tendis qu'Urog était toujours aux abonnés absents. Ce qui était sans nul doute une bonne chose... Jamon par contre, lui, était toujours bien présent comme ses vociférations le prouvaient.
Cain évalua l'état de la drow... et se résigna à essayer d'aller finir le travail lui-même tout en s'étonnant de n'avoir subi aucun dégâts. Son bouclier avait été détruit... il aurait du subir beaucoup plus de dommages qu'il n'en avait effectivement pris. Et bien qu'il apprécie la drow, il ne la voyait pas s'occuper des défenses, et encore moins de celles de quelqu'un d'autre... Mais dans le fond il n'en savait rien et il y avait d'autres problèmes potentiels plus urgents : les survivants.

La drow rejoignit Cain à ce moment-là, lâchant une sorte de soupire de satisfaction. Cain lui trouvait un air tellement soulagé et ravi qu'il lui adressa un sourire amusé. il acquiesça toutefois à sa dernière réplique. Oui. Il fallait en finir.

Le jeune homme tenta d'évaluer ce que pouvaient valoir les deux autres personnes à côté de Jamon. Il avait une vague idée de ce à quoi s'attendre avec ces deux-là. Mais son fil de pensée fut interrompu par une présence qui se matérialisa derrière lui. Prompt à réagir, Cain attaqua l'inconnu. Son coups ne porta pourtant pas car il fut bousculé par la drow qui d'une part le protégeait et d'autre part s'était pris des dégâts à sa place. Mais quelle idiote ! Mais de ce qu'il comprenait c'était à lui qu'il devait sa résistance aux explosions.
Cain lâcha un court soupire. ce ne serait pas la première fois qu'il tuait un allié mais ça l'arrangeait d'éviter...

Faisant face à Jamon, Cain pesta mentalement. Il était clair pour lui qu'il avait quelques compétences en magie spirituelle, en plus de la téléportation. Que ça lui vienne de son bâton ou de ses propres pouvoirs, il pourrait vite devenir vraiment pénible. Davantage qu'il ne l'était déjà du moins. Sans même y réfléchir, il déploya son aura de terreur. Il y avait peu de chance qu'une drow y soit sensible. Quand à l'autre vieux bonhomme, si il résistait à des explosions, il pourrait bien passer outre.

Cain était conscient que l'effet serait moindre sur le type à l'aura négative mais les autres y seraient peut-être assez sensibles pour les pousser à l'erreur, voir les tétaniser avec un peu de chance. Toutefois, le jeune sorcier ne comptait pas attendre de voir ce qu'il en était réellement.

Florien étendit des ombres jusqu'à eux de sorte à se positionner sous et autour d'eux. Il leur fit prendre la forme de pics en les rendant tangibles. Si ça fonctionnait, en plus de les blesser, ça ralentirait voir annulerait leurs mouvements. En simultané, Falenrith avait jeté aux pieds des deux hommes une petite bombe incendiaire qui explosa en touchant le sol.

Cain prit immédiatement le contrôle des flammes générées afin de les amplifier et générer une colonne de feu suffisante pour générer une tempête de feu capable de consumer l’air des cibles, les asphyxiant en plus de les brûler. Falenrith accentua l'effet via sa magie de l'air.

REMARQUE : Le joueur est invité à choisir une des directions pour sa réponse avant d’en lire l’explicatif. Ceci, évidemment, pour rendre plus « vivant » la quête.

REMARQUE 2 : Les onglets « A la discrétion du joueur » ont vocation à donner des éléments supplémentaire à l'intrigue. Leur ouverture est donc à la discrétion des joueurs selon qu'ils considèrent disposer, ou non, du niveau suffisant pour les caractéristiques et compétence invoquées dans le titre de l'onglet.

Maintenant que presque la totalité des serviteurs et lieutenants d'Urog le noir avait leurs entrailles sur le sol et le mur, le combat opposant d'une part Falenrith, Florien et Cain et d'autre part Jamon et ses deux sbires pouvait commencer.

Les explosions et la surprise donnait l'initiative aux intrus. L'aura de terreur de Cain ne fit malheureusement aucun effet. Quelque chose semblait prévenir les effets psychiques de ce genre d'attaque sur les acolytes de Jamon. Quant à l'homme-cochon, il n'avait même pas vacillé et semblait particulièrement concentré. Une concentration qu'il ne perdit ni après l'attaque des ombres de Florien, ni avec les flammes générées par les bombres de Falenrith et commandées par le jeune mage noir. Non, tout ceci n'avait aucun effet sur le mage porcin, ne laissant qu'un coup au corps à corps pour tenter d'arrêter son influence sur ses acolytes, mais aussi son œuvre sur Urog.

Ce dernier semblait d'ailleurs reprendre ses esprits grâce à la concentration de Jamon. Toutefois, il était toujours inoffensif et sur les flancs du groupe formé par Cain, Falenrith et Florien.

Les acolytes de Jamon,, s'ils n'avaient pas soufferts de l'aura de terreur de Cain, accusaient le coup des ombres et des flammes. Les premières infligèrent des dégâts légers aux deux combattants qui perdirent un instant leur garde. Toutefois, seul l'archer se trouva immobilisé entre les pics, aussi dangereux pour lui que pour quiconque cherchant à s'en prendre à lui au corps à corps. Le combattant avec l'épée à deux mains, lui, se délogea rapidement des pointes d'ombre au prix de quelques coupures supplémentaires et avança rapidement vers l'ennemi le plus proche, à savoir Cain. Ce dernier pouvait bien espérer que ses tours de magies avec les flammes arrêterait le combattant. Mais cela ne lui couterait que de la surprise car tandis que l'archer immobilisés subissait des dommages supplémentaires à cause des flammes, dont la lumière le libéra des ombres de Florien, le combattant chargea directement à travers les flammes, abattant son épée à deux mains devant lui. Au contact entre la lame et les dalles du sol, un puissant jet de glace se projeta en direction de Cain. Ce jet s'élargissait à mesure qu'il s'éloignait de la pointe de l'épée longue et le tapis de givre étouffa une partie des flammes qu'il rencontrait.

Libéré des ombres et bien que blessé et brulé, l'archer prit une potion à la couleur rougeâtre avant de tirer en direction de Florien un flèche normale. Celle ci fendit l'air très rapidement, certainement trop rapidement pour que les flammes contrôlées par Cain ne l'interceptent. Quant à Florien, l'impact de la flèche, comme une esquive, lui ferait perdre sa concentration et alors, sa capacité à se téléporter.

Un service pour une amie

Si la première partie de l'assaut s'était plutôt "bien" passée, la seconde semblait plus difficile. Ou, à tout le moins, plus longue. L'homme bête avait survécu, malheureusement. Et il avait deux alliés encore debout. Cain jeta un bref coup d'oeil vers l'orc. Deux et demi. Il faudrait qu'il règle ce problème aussi. Dommage. Il n'avait pas spécialement envie de le tuer. Il aurait plutôt eu envie de converser brièvement, si c'était possible. Nul doute qu'une personne pareille, si elle était douée d'un minimum d'intelligence pourrait s'avérer être un allié de poids. Comme ça avait été le cas pour Jamon d'ailleurs. Toutefois, il n'était assez puissant ou invulnérable pour se permettre une telle prise de risque. Il aurait mieux valu que l'orc reste totalement hagard... Mais il fallait croire que Jamon avait encore des plans pour lui.

Malheureusement, Cain n'avait guère le temps de se préoccuper de lui avec les trois autres à gérer.

Leur tentative précédente avait, semble-t-il manqué de force puisque ça n'avait causé que des blessures mineures aux deux sbires du lanceur de sort. Au moins avait-on réussi à immobiliser l'archer grâce aux pics. Il ne restait plus qu'à l'achever. Florien n'eut malheureusement pas le temps d'enrouler ses ombres autour de la gorge de celui-ci pour en finir en lui brisant la nuque.

Le combattant à l'épée venait vers Cain, faisant fi des pics d'ombre qu'il traversa et du brasier. Résistant. Cain ne pourrait pas le tenir au corps à corps. Il avait beau avoir reçu de nombreux entrainements, il n'était pas pas encore assez stupide pour croiser le fer, qui n'était pas le domaine dans lequel il excellait, avec quelqu'un qui en avait fait son métier. Et qui était encore en vie malgré tout qui plus est. Alors qu'un coup d'épée touchait une dalle, un jet de givre fila vers lui. Cain tendit le bras devant lui, lui opposant un mur de roc composé simplement à partir des dalles de la salle, visiblement assez solide pour arrêter le jet. Mince, son feu ne passerait jamais si il avait des pouvoirs opposés aux siens... Pas sans une dépense considérable d'énergie. Il devait changer de méthode. Cain dissipa son feu. Inutile de gaspiller de l'énergie et de se disperser.

Le jeune sorcier pouvait toujours l'emprisonner dans un bouclier et vider totalement tout l'air qu'il y avait à l'intérieur afin de l’asphyxier mais c'était long et couteux en énergie. Or, Jamon et l'orc l'inquiétait. Pas de temps à perdre donc.

L'archer s'était également libéré et venait de tirer sur Florien. Un geste inutile puisqu'il fut stopper sans même un mouvement par un mur de vent matérialisé par Falenrith et qui les préserveraient de tous les projectiles légers, tels que les flèches, en les détournant dans des directions diverses, et sans qu'elles ne puissent passer le mur.
La concentration de Florien préservée, celui-ci profita que l'attention de l'archer soit, probablement, tournée vers Falenrith, pour de téléporter dans son angle mort et tenta de lui asséner en réapparaissant un violent coup de bâton.

Cain de son côté venait d'avoir une idée qui, avec un peu de chance et de talent, lui permettrait sans doute de contrer Jamon, ou du moins d'interrompre sa tentative d'asservissement de l'orc, et de se débarrasser du type à l'épée.

Seul soucis, il n'avait jamais tenté qu'une seule fois ce sortilège. Toutefois, la volonté de l'orc étant d'ores et déjà réduite à néant, ça ne devrait pas poser de problème.

Cain s'emprisonna dans un cocon de roches et ferma les yeux. Il prit une inspiration, se concentrant davantage et lança son sortilège.

"Possession." Murmura-t-il tendit qu'il disparaissait.

Pénétrant le corps comme l'esprit de l'orc, il lui suffisait d'asseoir sa volonté pour que le corps entier lui obéisse comme si il s'agissait du sien. La possession avait également un autre effet des plus pratiques et particulièrement adapté à cette situation précise : le fait que "tout" Cain soit dans l'orc et qu'il ne s'agisse pas d'une vulgaire projection de sa propre volonté lui conférait nettement plus de forces. Et puis après tout, n'était-il pas un démon quelque part ? N'était-ce pas là quelque chose de normal ?
Quoi qu'il en soit, s'agissant de magie noire et pas d'un pur sort spirituel, Cain avait dans l'idée de dégager Jamon de la tête de son demi-orc, d'en prendre le contrôle afin d'écraser leurs ennemis, pourquoi Jamon y compris, avant de choisir de tuer, ou non, l'orc en question.

La seule faiblesse de ce plan venait de l'esprit de Jamon lui-même qu'il faudrait d'abord jouxter hors de l'orc. Mais ce dernier semblait lutter contre. Aussi, Cain n'aurait qu'à lui donner un petit coup de pouce. Ensuite, pour que l'orc n'oppose pas de résistance contre lui, il lui suffisait de "négocier".
"Je t'aide à récupérer ta liberté, ta tête, et tu m'aides à tuer mes ennemis. Ensuite je te laisse partir."

Un marché tout ce qu'il y avait de plus honnête, et assez simple pour que même un gobelin attardé comprenne.

Cain espérait que ça ne prendrait pas trop de temps... en tout cas, il avait pris soin de créer son espèce de bouclier de roches en espérant que ça occuperait un peu le guerrier. Du moins, assez longtemps pour ne pas causer de problèmes aux autres, ou à lui. On ne savait jamais.

De leur côté, Falenrith franchissait son propre mur de vent juste après la disparition de Florien, pour se précipiter également vers l'archer, dagues à la main, dans le but de l'ouvrir d'un bout à l'autre. il avait beau être rapide, il ne pourrait pas couvrir tous les côtés et se défendre contre deux assaillants, qui plus est, au corps à corps.

REMARQUE : Le joueur est invité à choisir une des directions pour sa réponse avant d’en lire l’explicatif. Ceci, évidemment, pour rendre plus « vivant » la quête.

REMARQUE 2 : Les onglets « A la discrétion du joueur » ont vocation à donner des éléments supplémentaire à l'intrigue. Leur ouverture est donc à la discrétion des joueurs selon qu'ils considèrent disposer, ou non, du niveau suffisant pour les caractéristiques et compétence invoquées dans le titre de l'onglet.

Pour les deux camps, l'affaire devenait compliqué. Avec Jamon concentré sur Urog, des perles de sueurs et de sang coulant sur son viasage gras et hideux à cause de sa forme porcine, il ne restait que l'archer et l'épéiste à deux mains.

Le premier n'allait cependant pas être d'une grand utilité pour le reste de son groupe. Car d'abord surpris par la barrière de vent générée par Falenrith et qui emporta sans dififculté sa flèche, il prit de plein fouet un coup de bâton sur l'arrière du crâne. Cette attaque sournoise de la part d'un tout juste téléporté Florien déséquilibra l'archer. Malheureusement, la faiblesse physique de Florien apparaissait et le magicien ne parvient qu'à étourdir l'archer.

Néanmoins, cela libérait aussi bien Falenrith que Cain. Mais le mage noir avait d'autres chat à fouetter. A moins qu'il ne veuille lui-même être fouetté par quelques pics de glaces. Afin de se préserver de ce destin, Cain plaça entre lui et le jet de glace de l'épéiste à deux mains un mur fait des débris alentours. La construction arrêta une grande partie de l'attaque de guerrier à la lame enchantée. Mais la puissance de celle-ci, ou de son utilisateur, parvint à briser le mur maintenant gelé et légèrement amoché le jeune Leckard.

La sensation pour un adepte du feu et un descendant des Enfers de se faire couper par des pointes de glaces devait être encore moins plaisante que pour le commun des mortels. Mais comment pouvait le ressentir un demi-orc. Se cachant sous une carapace de pierres, Cain décida de s'adonner à une magie qu'il ne maîtrisait pas vraiment. Toutefois, en cas de réussite, le corps de l'orc lui offrirait une puissance immense. Ceci ne serait que temporaire. A moins que son corps physique ne se fasse tuer, l'emprisonnant à jamais dans le corps d'Urog.

La possession allait toutefois être difficile. Cain n'était pas un excellent spiritualiste et malgré la nature de son sort et la protection que le collier offert pour son "mariage" par Wilhelmine Von Schlacht, un puissant mage spirituel comme Jamon, capable d'asservir la volonté d'un demi-orc, pourrait très bien changer de cible. Après tout, Cain s'était déjà fait posséder par son ancêtre. Pourquoi un homme-cochon n'y parviendrait pas ?

Le risque était donc là et dans la lutte de puissance à l'œuvre dans l'esprit d'Urog, Cain fut confronté à la mainmise presque complète de Jamon et ce qui restait de résistance du demi-orc. Un instant de plus et le demi-orc était de nouveau à la merci de l'homme bête. L'intrusion de Cain forçait Jamon à concentrer encore plus de pouvoir pour achever sa domination d'Urog, mais aussi parvenir à expulser le jeune mage noir. Le marché de Cain à l'attention de ce qui restait de l'esprit libre d'Urog ranima un court instant sa vivacité avant de soudainement disparaître dans les méandres de la puissance de Jamon. Méandres qui, désormais, se jetaient sur l'esprit de Cain et la porte ouverte que le jeune mage noir avait ouvert vers son corps.

A cette occasion, Jamon lança un guttural "Abat les traîtres ! Je me charge de l'étranger !" à l'épéïste à deux mains. Celui-ci, sur le point d'abattre son épée de givre sur la carapace de Cain, rapporta son attention sur Florien et le chargea, notamment pour l'écarter de l'archer. Quant à Falenrith, elle devait maintenant faire face à la stature complète et puissante d'un Urog soumis à la volonté de Jamon.

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L'archer était étourdit et Falenrith n'eut aucun mal à le mettre hors-jeu en lui brisant un bras d'un coup sec et bien placé, ou à défaut, de lui briser les doigts, plus fragiles, le rendant inutile au combat en cours. Florien n'avait ensuite qu'à utiliser la corde de l'arc de leur ennemi pour en faire une corde capable de le garder fermement entravé.

Cain de son côté, n'avait pas le temps de s’appesantir sur le reste du combat puisqu'il avait ses propres soucis. Le mur de pierres avec lequel il avait tenté de faire barrage ne résista pas et la désagréable sensation de douleur qui venait de naître lui confirmait avoir été légèrement blessé. Il grimaça alors que la sensation de froid se répandait brièvement en lui avant de disparaitre.

Combattre celui-là lui demanderait trop d'énergie, or, il n'avait pas l'intention d'en dépenser plus que nécessaire. Jugeant qu'il pouvait faire "mieux" que de se défendre ou de répliquer face à cette épée de glace, il s'intéressa à l'orc. Bien qu'il ait déjà déterminé quelques instants plus tôt que ce dernier était en train de se refaire écraser mentalement, il n'avait pas pris la peine d'agir pour la simple raison qu'il pensait le combat déjà terminé avant même d'avoir vraiment commencé. Il avait été persuadé que ses alliés,ou à défaut, lui-même, en finiraient assez vite avec les autres pour pouvoir faire griller ce cochon comme il en avait envie.

Malheureusement, le mage porcin tenait encore debout, et un de ses alliés aussi. Et c'était sans compter avec l'orc si ce dernier finissait par le rejoindre de nouveau.
Aussi, sur le coup, l'idée de tenter une possession démoniaque sur l'orc semblait avoir énormément de points positifs. Ca avait le mérite de soustraire son corps aux coups de l'épéiste de glace, et avec de la chance il parviendrait à s'allier avec l'orc et renverser la situation. Il comptait évidemment sur son collier pour l'aider dans cette tâche puisqu'il n'était pas le meilleur en magie spirituelle. Toutefois, là encore, il savait que la maitrise des sorts spirituels n'était pas la seule clé pour vaincre un autre esprit. Une écrasante volonté. Et si Cain détenait une chose en quantité, c'était bien de la volonté.

Cependant, si la première partie de son plan se déroula comme prévu, la seconde en revanche fut tout à fait différente. Il avait visiblement surévalué la résistance mentale de l'orc qui était déjà presque entièrement sous domination. A moins que ça ne soit Porcinet qu'il avait sous-évalué... Les deux. Ça avait toujours été une des faiblesses inhérente à Cain : son incapacité à juger du risque réel d'une action ou d'un procédé.

Sa famille lui avait toujours reproché de foncer tête baissée "sans réfléchir". Mais ils se méprenaient totalement. Il réfléchissait bel et bien. Simplement, il prenait la décision malgré tout. On pouvait penser que ça venait d'un excès de confiance en lui mais ce n'était pas ça non plus. Il avait simplement une sorte de désinhibition au risque de manière générale. Ce qui paraissait dangereux pour la plupart des gens lui paraissait juste... "faisable". Il n'était pourtant pas du tout accro au risque comme d'autres, loin s'en faut. Mais dès qu'il décidait que le jeu valait la chandelle, même si il s'agissait d'un pari risqué, il tentait sa chance. Après tout, d'après sa propre conception, ceux qui n'avançaient pas, reculaient. Ou plutôt, régressaient. Il n'avait donc jamais ménagé ses efforts en quoi que ce soit. Et si jusque là ils avaient constamment été tournés contre sa propre famille, il avait commencé à en faire pour lui-même pour qu'il puisse, un jour, atteindre ses objectifs personnels.

Quoi qu'il en soit, une fois dans la tête décidément bien occupée de l'orc, il se rendit compte de l'ampleur de la tâche. Jamon finit de faire main basse sur le colosse. Une fois sa prise réussie, son attention se reporta sur Cain tout en hurlant à ses alliés de s'occuper des autres.

Ce faisant, l'épéiste chargea Florien qui fut dans l'incapacité de terminer d'attacher l'archer. Il se téléporta dans un autre coin de la pièce pour se soustraire à la charge, comme à l'attaque de givre qui risquait de suivre.
Toutefois, s'éloigner du cœur de l'action eut le mérite de lui faire prendre du recul sur le combat en cours. Sans attendre davantage, il tendit le bras vers Jamon et tenta de téléporter jusqu'à lui le bâton de mage qu'il utilisait. Si ça réussissait, il s'empresserait de tenter de le détruire. Si ça ne fonctionnait pas, au moins ça devrait avoir eu le mérite de déconcentrer Jamon, quoi qu'il puisse être en train de faire avec "l'étranger".

Falenrith avait également repris quelques distances, pas vraiment pour s'éloigner de l'épéiste mais surtout pour éviter l'explosion puisqu'elle venait de lancer toutes ces dernières bombes sur le mage porcin dès l'instant où son bâton lui avait été pris, ou dès qu'elle eut repéré une faille dans sa concentration. Si ils se débarrassaient de lui, l'épéiste ne serait plus vraiment un soucis. En attendant, il suffisait de rester à distance raisonnable de ce dernier pour l'empêcher d'être utile à quoi que ce soit.

Dans les méandres des esprits entremêlés, Cain peinait plus qu'il ne l'aurait cru. L'esprit de Jamon était vif et plus implacable qu'il ne l'aurait cru de prime abord. Toutefois, ce n'était pas pour le surprendre pour autant. Après tout, il s'était fait une place de choix à la seule force de sa volonté. Cain aurait presque pu avoir un semblant de respect pour l'homme-bête qui avait su survivre et s'épanouir dans ce milieu.

Mais le respect n'avait jamais été une source de force, et le fait qu'une nouvelle fois on puisse tenter de réduire au silence l'esprit du pyrokinésiste avait le don de l'énerver au plus haut point. Il avait bien failli être totalement annihilé lorsque son ancêtre avait débarqué en réclamant son corps. Depuis, il s'était juré que ce serait la dernière fois qu'il perdrait. Dans les faits, il avait perdu maintes et maintes fois contre Drake et ses assauts mentaux, mais, aussi cruel que ça ait pu l'être, à tout le moins les attaques de son grand-père avaient eu le mérite de l'éveiller sur l'importance d'avoir une volonté sans failles pour ne pas sombrer, à défaut d'avoir une technique valable. Et puis, si il ne mobilisait pas toutes ses forces mentales, Jamon aurait tôt fait de prendre aussi possession de Cain.

Cependant, l'homme-bête était très loin d'égaler son grand-père et encore plus loin de valoir un démon digne de ce nom. Si cette chose porcine avait pu prendre sa revanche sur certains de ceux qui se moquaient de lui en prenant la tête, dans l'ombre, de cette organisation, Cain avait des ambitions infiniment supérieures qui le forceraient à affronter des mages bien plus redoutables que ce porc. Pour toutes ces raisons, il était absolument hors de question qu'il puisse se laisser avoir aussi facilement.

N'ayant pas à se préoccuper de son corps pour le moment, et faisant pleinement confiance dans la capacité de ses alliés à s'occuper du reste, le jeune homme mobilisa toutes ses forces mentales, et toute la haine dont il était capable, contre le pouvoir de Jamon. La colère et la haine avaient toujours été ses moteurs, de même que la peur de l'anéantissement. Or, en cet instant, il cristallisait tout cela sur un point, une seule et unique chose à détruire. Ce qui serait certes difficile sans doute, mais pas impossible. Contrairement à Drake ou à son ancêtre, Jamon, lui, était à sa portée. Cain comptait bien le vaincre, ou à défaut, forcer son adversaire à devoir se concentrer exclusivement sur lui. Ainsi, ses alliés auraient tôt fait de l'abattre.

Toutefois, si l'homme-bête venait à se déconcentrer ne serait-ce qu'un instant, Cain en profiterait pour le dégager de son esprit en cherchant à prendre le contrôle, non plus de l'orc, mais de l'homme-bête lui-même. Il ne comptait pas réussir à prendre durablement le dessus, mais si l'opportunité se présentait, il suffisait de l'empêcher de faire une seule action, par exemple, l'empêcher de se protéger contre une bombe - par exemple - pour que l'affaire soit pliée.
Dans le pire des cas, si Cain sentait ses forces mentales s'amenuiser au point de ne plus pouvoir lutter, il utiliserait le sombre verbe, au risque de perdre le contrôle ou que son aura redevienne éminemment perceptible. Il préférait avoir une horde de paladins à ses trousses, et un conclave entier, que de ne plus être lui-même.

Il pouvait sans doute aussi changer de stratégie mais ce serait laisser la porte ouverte sur son esprit sans défense valable à cet intrus. Hors de question.

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REMARQUE 2 : Les onglets « A la discrétion du joueur » ont vocation à donner des éléments supplémentaire à l'intrigue. Leur ouverture est donc à la discrétion des joueurs selon qu'ils considèrent disposer, ou non, du niveau suffisant pour les caractéristiques et compétence invoquées dans le titre de l'onglet.

Le combat redoublait d'intensité !

Avec Urog le Noir de nouveau dans la course, sont esprit désormais entièrement soumis à Jamon, il était une menace importante pour tous les plans de Cain et de ses alliés. Heureusement pour l'elfe noire qui en faisait partie, sa fuite pour éviter les bombres qu'elle venait de lancer sur Jamon l'écartait de la poigne musclée et violente du demi-orc. De la même manière, Florien évita la charge de l'épéiste qui, entraîné dans sa propre course, heurta violemment l'archer. Ce dernier, déjà bien abîmé, s'effondra sous l'effet du choque démultiplié par le poids de l'armure et de l'épée de son meurtrier d'allié.

Florien, une fois éloigné, profita de sa distance et de l'explosion pour attirer vers lui le bâton de Jamon. Mais au lieu de cela, ce fut la fureur de l'esprit provocateur du demi-porc qu'il attira sur lui et qui lui infligea un violent choque mental. Instantanément, Florien cessa sa tentative de télékinésie et chercha à protéger son esprit en concentrant sa magie sur lui-même. L'impressionnante réactivité du mage lui permis de protéger son esprit de l'offensive de Jamon. Toutefois, ce dernier avait dû abandonner la sienne contre Cain.

Et le jeune mage noir n'étant pas en reste, il tenta d'inverser les rôles en assaillant Jamon. D'autant que l'importance de l'esprit de l'homme bête diminuant aussi brusquement que la déflagration des explosions de Falenrith percutait le corps physique du jambon parlant. Dans l'enceinte de la tête d'Urog, l'influence grandi aussi rapidement que celle de Jamon diminua. Mais le dans le monde physique, Falenrith et Florien, la première limitée à ses armes de corps à corps et le second privé de sa concentration, virent l'ancien lieutenant d'Urog frapper trois fois de son bâton au sol. Là, aussi bien dans l'esprit d'Urog que dans la salle dévastée, Jamon disparu. Il ne laissait derrière lui que son sang visqueux tant il y avait de graisse dedans et une odeur de lard grillé.

Dans la tête d'Urog, Cain se retrouvait soudainement seul avec l'esprit réanimé du demi-orc. Celui-ci était tombé à genoux, complétement à la merci des alliés de Cain tandis que son esprit, lui, reprenait peu à peu le commandement de l'empire qu'était sa tête. Toutefois, le demi-orc ne semblait pas chercher à expulser Cain. De moins au début. Au contraire, le demi-orc chercha à user de cette intimité pour parler avec Cain.

"Ainsi mon salut est venu d'un étranger. Voilà qui est nouveau et inattendu. Je n'ai vu que trop tard l'influence de ce traitre de Jamon. Et toi, non seulement tu as suivi ma plus fidèle lieutenant sans la connaître, mais tu as cherché à me préserver. Mon humble personne ne peut pas se limiter à des remerciements. Je suis maintenant ton obligé jusqu'à ce que ma dette soit remboursée. Que veux-tu comme récompense pour m'avoir libéré ?"

Dit le demi-orc avec un calme et une contenance très inhabituels pour cette race. De toute évidence, Urog n'était pas parvenu où il était uniquement grâce à ses muscles. Il était intelligent et sage. Mais cela ne vous protège pas forcément des fourbes et des mages mal-intentionnés.

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Cain était trop concentré sur la tâche actuelle pour parvenir à penser à autre chose, y compris à la crainte que l'idée de perdre ce combat aurait aussitôt fait naître en lui. Entièrement dévolu à combattre l'influence de Jamon, autant pour libérer l'orc de son emprise que pour éviter que Cain lui-même ne tombe sous sa coupe. Il lui opposait une volonté farouche et refusait de céder d'un pouce, ce qui ne l'aurait pas empêcher de perdre du terrain à la longue si ses alliés n'avaient pas pris le taureau par les cornes, ou plutôt, si ils n'avaient pas contraint l'homme-bête à les délaisser pour se concentrer sur sa survie.

De puissantes déflagrations retentirent dans la salle. Ca, c'était signé Falenrith. La drow avait une propension encore plus forte que lui à vouloir faire exploser les choses ou les gens. Mais ce cas particulièrement, Cain en était ravi ! D'ailleurs, suite à cela, il sentit soudainement l'emprise de Jamon s'amoindrir et Cain profita de l'opportunité pour l'expulser maladroitement mais avec autant de force qu'il était possible d'en déployer, pour le rejeter de leurs esprits.
Et sa présence disparut totalement.

Trop concentré tel qu'il l'avait été, Cain n'était pas certain de l'état de ses alliés, mais il percevait encore leurs présence, de même que celle de l'épéiste lourd. Toutefois, il ne ressentait plus celle de Jamon. Il se préparait à reprendre corps, cessant par là sa possession mais l'esprit du demi-orc se mobilisa plus rapidement qu'il ne l'avait pensé. Cain avait pensé qu'après un tel écrasement il aurait fallu à n'importe qui plusieurs minutes, voire des heures, pour se remettre. Mais ça n'avait pas l'air d'être le cas de l'hybride qui, en plus d'être capable de mobiliser sa volonté tout de suite après, lui parla d'une manière qui tranchait avec les rumeurs à propos de ces êtres.

Le demi-orc le remercia en faisant preuve d'une sorte de sens de l'honneur accru et se proposa, en plus d'être son obligé, de le récompenser. Cain avait beau être gentil, du moins d'après sa propre conception de lui-même, il n'en demeurait pas moins que ses intérêts prévalaient sur le reste. Il préférait ne pas commenter le fait qu'il n'avait pas suivi Falenrith "gratuitement". Elle lui devait un service pour l'avoir arrachée aux épées des paladins. Ca n'avait rien à voir. Et si Cain avait effectivement senti sa curiosité s'éveiller dès qu'on avait évoqué la présence d'un demi-orc, il ne pouvait pas non plus avouer qu'il était prêt à lui voler sa propriété. Il n'était pas bête au point d'être trop honnête. Cependant, il était vrai qu'il avait cherché à préserver l'orc pour une raison qu'il ne s'expliquait pas totalement. Peut-être parce qu'il voulait le rencontrer, se mesurer à lui en quelque sorte... Ou parce qu'il était lui aussi un hybride, bien que d'une autre nature que lui. Jamon aussi en était un... donc ça ne devait pas être ça.

*Hé bien... au risque de paraitre cavalier, il y a effectivement deux ou trois petites choses que je souhaiterai.*

Mentalement, sa présence dans l'esprit de l'orc semblerait "sourire". Quoi qu'il en soit, elle était dénuée de la moindre animosité. Cain reprit.

*En premier lieu, je souhaiterai solliciter le droit de pouvoir aller et venir dans les douves. Je n'ai pas spécialement envie de croiser de trop près les paladins et ils sont... partout en ville. Ensuite, hé bien, j'admets convoiter une chose en votre possession.*

Il lui montra la représentation de la gemme qu'on lui avait demandé de récupérer. Cain préférait ne pas mentir. Au besoin, il était prêt à partager une partie de sa récompense pour le travail rempli avec le demi-orc. Mais si il acceptait sans rien demander en retour, ce serait encore mieux évidemment.Il gardait cela en cas de négociations à venir.

*Enfin, je souhaiterai que vous fassiez appel à moi, ponctuellement, si vous avez besoin d'un mage. Jamon semble avoir fui et je suppose que vous n'allez ni lui laisser trop d'avance, ni la vie sauve. Je n'ai pas les mêmes compétences que lui, mais qui sait, je pourrai peut-être vous être utile. En échange de mes éventuels services, je souhaiterai que vous m'aidiez à retrouver une personne.*

Ca faisait sans doute beaucoup mais il en avait demandé beaucoup exprès pour qu'en cas de refus, il puisse se rabattre sur la gemme seule, quitte à abandonner le reste. Évidemment, si tout était accepté ça ne serait que mieux.

Cain resterait dans l'esprit de l'orc le temps de conclure leur petit marché et, ensuite, reprendrait sa forme physique, avec un vif mal de crâne sous l'effort fournis et les assauts mentaux contre lesquels il avait lutté.
Le jeune homme chercherait à vérifier l'état de Falenrith et de Florien dès que le vertige se serait estompé. Il était épuisé mentalement mais n'oubliait pas qu'il restait encore un ennemi à abattre, à moins que celui-ci ne se rende évidemment, ou que le souffle de l'explosion ait eu raison de lui, mais c'était peu probable.

Le guerrier en armure avait tué l'archer par inadvertance mais, voyant qu'il avait été abandonné par Jamon, peut-être avait-il lâché son arme et s'était rendu ? Si ce n'était pas le cas, nul doute que Falenrith et Florien auraient fait en sorte d'en finir, ou de le tenir à distance en le privant d'oxygène pour lui faire perdre conscience au minimum ou par quelques attaques sournoises. Dans le pire des cas, Cain utiliserait sa pyrokinésie pour chauffer le métal de l'armure et de son épée et le rôtir dedans. A moins que le demi-orc ait encore un semblant d'influence sur le guerrier.

REMARQUE : Le joueur est invité à choisir une des directions pour sa réponse avant d’en lire l’explicatif. Ceci, évidemment, pour rendre plus « vivant » la quête.

REMARQUE 2 : Les onglets « A la discrétion du joueur » ont vocation à donner des éléments supplémentaire à l'intrigue. Leur ouverture est donc à la discrétion des joueurs selon qu'ils considèrent disposer, ou non, du niveau suffisant pour les caractéristiques et compétence invoquées dans le titre de l'onglet.

Tandis que Cain était en pleine discussion dans la tête du demi-orc, ses camarades de fortune s'étaient tournés vers le dernier ennemi dans la pièce : le combattant à l'épée à deux main. Il avait le sang de son camarade sur les mains et jusqu'à ce que Jamon ne se retire, faisait preuve d'une résistance et d'une témérité à toute épreuve. Des qualités des plus remarquable pour un combattant au corps à corps. Sauf quand celles-ci étaient tout simplement exacerbée par un puissant mage psychique.

Quand Jamon disparut de la salle du trône d'Urog, tout le courage du combattant à deux mains se volatilisa avec lui. Falenrith et Florien n'eurent qu'à lever une main pour voir le combattant s'effondrer au seul, tremblant de peur, complètement désorienté. Il appelait à l'aide, sa maman tout en souillant tout ce qu'il pouvait avec ses excréments. Le spectacle ne manqua pas de faire rire Falenrith et de susciter une forme de pitié et de dégoût chez Florien. Ce dernier, alors que Cain revenait dans le monde réel, essayait de calmer le jeune homme tandis que Falenrith inspectait le lieu où Jamon se trouvait avant de se volatiliser.

Les deux semblaient aller bien. Florien avait éviter la plupart des attaques qui auraient pu le blesser. Falenrith, même si elle ne semblait pas blessé, boitait un peu et se tenait un flanc. Entre sa témérité qui l'avait amené au devant de ses propres explosions, les quelques décombres qui avaient du tomber sur elle et surtout, surtout le tir allié de Cain lui-même, une bonne nuit de repos et entre les mains d'un guérisseur ne lui ferait pas de mal.

Chance pour Cain, il en connaissait deux qui avaient pignon sur rue dans les Douves. Ils ne seraient pas de trop pour soigner toute cette troupe, le demi-orc compris.

Celui-ci fut d'ailleurs très généreux envers le jeune mage noir. Tandis que l'esprit d'Urog se reformait autours des représentations mentale de Cain et du demi-orc, construisant autours d'eux ce qui ressemblait à une longère orc avec tout le rustique et la praticité de ces habitations classiques des orcs de pur sang, le grand maître des Douves accepta d'écouter les demandes de son sauveur.

Il accorda, sans aucune hésitation à Cain le droit d'aller et venir dans les Douves ainsi que les sections d'égouts sous la partie occidentale d'Hochseegrad contrôlé par ses gens. Ce n'était pas grand chose comme première demande pour le demi-orc qui s'attendait à bien plus important comme récompense.

Il ne fut pas déçu. Quand Cain lui tendit le dessin de la gemme et de tous les ornements allant avec, le visage du demi-orc se fendit d'un sourire.

UROG : "Tu voulais que je fasse appel à toi ? Alors voilà une mission de plus. Cette gemme, c'est Jamon qui l'a fait voler. A qui, je ne me souviens plus. Pourquoi ? Je devais déjà être trop atteint pour que ce porc ne me permette de m'en souvenir. Jamon l'a sur lui depuis qu'elle est revenue de la surface. Trouve le, tue le et tu auras la gemme que sa personne souille de son gras."

Les choses se goupillaient bien : il parviendrait à finir Jamon et aurait sa gemme. Pour sur, son client saurait attendre, surtout si le jeune mage noir trouvait les bons arguments pour convaincre le Latinéen. Toutefois, et malheureusement pour Cain, s'il était parvenu à tuer le cochon lors de son premier coup de couteau, il aurait pu récupérer la gemme tout de suite et cette quête serait terminée. Comme quoi, le hasard fait bien les choses.

UROG : "Maintenant que je fais appel à toi, je veux bien te payer en information. Mais pas ici. Pas dans ma tête. J'ai besoin d'y être seul pendant un temps. Nous parlerons demain l'humain."

C'est à la suite de ces propos que Cain revint dans le monde des vivants et qu'Urog, apaisé, retrouvait enfin ses esprits. Il y eut tout de même une hésitation chez Falenrith et Florien quand le demi-orc se redressa et s'avança vers Cain. Encore plus quand il leva la main. Mais cette main tomba pour frapper amicalement le dos du jeune Targattien. Tout en faisant cela, Urog ne put s'empêcher de laisser échapper un rire roque à l'image de Falenrith et Florien mus entre stupeur et interrogation.

Pendant que tout ce beau monde se remettait sur pied, les décombres qui bloquaient l'entrée de la salle du trône d'Urog finirent par être enlevés par les personnes à l'extérieur. Les flammes des lanternes et des torches éclairant enfin parfaitement le carnage qui se trouvait à l'intérieur et l'état de souillure dans lequel le combattant à deux mains s'était mis.

Urog avertit ses gens de retrouver Jamon et de le ramener à lui vivant ! Seul le petit mage noir, Urog désigna alors Cain, pourrait le tuer. Il indiqua aussi de faire passer le mot sur la liberté de mouvement de Cain dans les Douves et certains parties des égouts de la ville ouest avant de se faire prendre en charge par quelques guérisseurs et laisser Cain, Falenrith et Florien seuls. Etonnament, le demi-orc n'adressa pas la parole aux deux personnes qui étaient jusqu'à présent ses lieutenants. Et Florien ne manqua pas de le faire remarquer.

FLORIEN : "Et bien, je crois que le serment nous liant à notre cher et brutal Urog vient de prendre fin, nous libérant maintenant et à jamais de notre vie de mercenaire dans les souterrains. Ah, la liberté d'enfin agir comme on peut et comme on veut. C'est un sentiment plaisant. Je vais enfin pouvoir retourner à Targatt dans ma petite chambre dans le Cercle avec mes livres, mon chat et un bon verre de whisky de Kalédonie.

Mais j'admets volontiers que vous m'intriguez jeune homme. C'est pourquoi je pourrais bien retarder mon retour en Helmancourt au moins le temps de vous accompagnez dans vos déboires. A moins que vous n'ayez pas besoin de moi cela va sans dire ?"







Direction 3 - Fuck le cinéma, je fais ce que je veux !

Un service pour une amie

Le combat qui avait commencé sur les chapeaux de roue s'achevait finalement sur une demie victoire du petit groupe, étrange, formé par Falenrith, Florien et Cain. Le dernier "ennemi" s'était disons... rendu suite au départ de Jamon. Urog avait récupéré le contrôle de son propre esprit et corps ce qui, Cain le comprenait fort bien, le mettait dans de très bonnes conditions. Si bonnes d'ailleurs qu'il avait accédé à toutes les requêtes que le jeune sorcier avait formulé. A ceci près que pour récupérer la gemme, il devrait retrouver Jamon... Cependant, il y avait peu de chances que l'homme-bête puisse se cacher bien longtemps que tous les gens d'Urog qui s'étaient mis à sa recherche. Cain fut également étonné de l'honneur qui lui serait laissé d'achever le cochon. Il appréciait. Il n'avait rien de personnel contre lui mais il voulait cette gemme et considérant ses fortes compétences en matière de magie spirituelle, Cain le considérait d'office comme à éliminer. Il n'avait pas envie de lui laisser l'ombre d'une chance de pouvoir de nouveau prendre l'ascendant sur qui que ce soit, y compris lui-même évidemment.

Quand il avait récupéré sa forme physique, il s'était tourné vers Falenrith et Florie qui le dévisageaient bizarrement tendis que le demi-orc venait de lui donner une tape "amicale" dans le dos. Amicale car il avait fait en sorte de ne pas lui décrocher les poumons ce faisant. Cain adressa à la drow un sourire radieux, à demi amusé par la bouille qu'elle faisait.

Finalement l'orc ne sembla pas se préoccuper de ses alliés et leur tourna même les talons, laissant Cain songeur et avec un gros mal de crâne persistant compte tenu de l'effort qu'il avait fournis. Florien répondit en parti à sa question en prenant de lui-même la parole pour commenter ce comportement des plus étranges envers les lieutenants qui l'avaient sauvé. Ha, liés par serment. Un serment magique sans doute. Sinon ça ne valait rien... Quoi que le demi-orc semblait avoir un certain sens de l'honneur vu la réaction qu'il avait eu envers lui. Il n'allait pas se plaindre. Le jeune mage noir étudia rapidement les dégâts des lieux. Falenrith n'y était pas allée de main morte... cain s'approcha des traces de sang au niveau de l'endroit où s'était tenu Jamon et préleva un peu de sang en lui faisant imbiber un morceau de tissus qu'il avait préalablement arraché à la tenue d'un des nombreux morts de la salle. Puisqu'il était encore en vie, avoir une chose lui appartenant pourrait les aider à retrouver plus rapidement sa trace. Il rangea le morceau de tissu plein de sang dans sa poche en se redressant.

Cain laissa toutefois transparaitre sa surprise quand Florien mentionna Targatt dont il semblait originaire vu le discours qu'il tenait. Il avait piqué sa curiosité et, bien que Cain soit tenté de partir directement à la poursuite de Jamon, le fait est qu'il avait besoin d'un petit temps avant d'être en pleine capacité de ses moyens et donc efficace. De plus, il devait reconnaitre que Florien et Falenrith étaient des plus utiles. Il sourit à l'homme.

"Un peu de compagnie ne peut sans doute pas me faire de mal."

Il n'avait pas l'habitude d'être accompagné, ni de faire confiance mais dans une cité aussi grande et inconnue il commençait à accepter le fait de ne pas tout contrôler, et notamment de pouvoir des personnes amicales envers lui. Ca tranchait avec Targatt mais qui sait, il finirait peut-être par y prendre goût.

Dès qu'il eut accepté, Florien le gratifia d'un "merveilleux !" et l'invita à lui saisir la main. Il n'eut toutefois pas le temps d'hésiter bien longtemps que Falenrith la saisit pour lui. Ils réapparurent sur l'esplanade du port. Pendant que Florien partageait aux autres sa fin de nuit parfaite selon lui, Cain observait Falenrith et sa blessure. Il acquiesça lorsque le téléporteur mentionna d'aller voir un guérisseur et sourit en songeant qu'il connaissait la personne dont il était question. La dernière fois qu'il était passé par là ou à proximité, il avait fini par voir cette femme du conclave ou il ne savait plus trop quoi. Il observa donc avec attention les lieux pour vérifier le risque avant de reprendre la parole.

"Je pense connaitre le chemin vers le guérisseur dont tu parles. Allons-y. Par contre..." Il hésita une seconde avant de soupirer et d'avouer le plus simplement du monde "J'ai moi aussi un petit travail à finir. Je dois vraiment retrouver cette gemme cette nuit."

Il faut croire que les pseudo mercenaires savaient se reconnaitre et s'apprécier. Du moins était-ce le cas pour ces trois-là.
Cain prit le chemin vers la demeure d'Adélaïde et du vampire qui lui servait d'ami, de garde du corps et de collègue. Toutefois, il fit un léger détour de quelques rues pour récupérer ses vêtements hésandriens et ses effets personnels qu'il avait abandonné dans une cachette improvisée en sortant du navire de son commanditaire afin de moins attirer l'attention en arborant une tenue plus passe partout.
Il pénétra ensuite dans le jardin à la senteur si particulière et frappa à la porte. Il avait beau pouvoir entrer quand bon lui semblait, c'était pour lui un moyen de prévenir qu'il était accompagné. Sinon il serait entré directement. Il en profiterait pour aller mettre ses affaires récupérées dans la chambre qu'on avait bien voulu lui prêté pour l'instant.

FLORIEN : "Vraiment ? Et bien vous pourrez m'aider à élucider la question de la nature de notre connaissance commune Cain. Non pas que les Vampires ne me posent un problème. Après tout, j'ai eu des... discussions avec eux de mon temps à Targatt. Mais il est toujours plus agréable de savoir avec qui, ou quoi on discute. Mais je vous en prie, nous vous suivons."

Lança Florien avant de passer le bras de Falenrith au dessus de son épaule. L'elfe noire, même si elle résista un instant à l'attitude de gentleman de Florien, finit par céder à cause de la douleur qui lui tranchait littéralement le flanc. Entre ses propres explosions et l'attaque de Cain, elle s'était infligée d'importants dégâts que l'adrénaline avaient jusqu'à présent couverts.

Néanmoins, la drow était particulièrement vigilante. Bien plus que Cain et Florien et ce malgré ses blessures. Après tout, la Schwartzplatz n'était pas très loin et il y a encore quelques heures, elle se faisait lyncher par des paladins. Ainsi, si Cain cherchait à éviter le Conclave, elle se garderait bien de croiser la route de ses anciens geôlier.

Florien semblait donc le seul du trio avec l'esprit léger. Assez en tout cas pour lancer une remarque à Cain quand celui-ci récupéra ses affaires. Le mage de Targatt s'inquiéta d'ailleurs de la raison de la venue de Cain à Hochseegrad. Cependant, sa demande n'appelait pas de réponse particulière. Elle était davantage une remarque visant à faire dessiner un sourire sur le visage du groupe qu'autre chose.

Groupe qui parvint jusqu'à la maison d'Adélaïde et Lucien sans encombre et sans mauvaise rencontre. Soit la Tryade veillait sur eux. Soit ils étaient tout simplement assez vigilant pour éviter la Garde, les Paladins et le Conclave. Ils ne firent qu'une seule rencontre. Une personne en capuchonnée marchant d'un pas déterminer dans la ruelle nauséabonde menant au jardin d'Eden de la jeune Impiréenne. Elle longea les trois mages en silence et ne se retourna pas après les avoir croisés, disparaissant dans les rues aussi rapidement qu'elle était apparues devant Cain et ses camarades.



Désormais seuls dans la ruelle aux odeurs de latrines, le groupe entra dans le jardin où quelques lampions éclairaient le petit chemin de gravier séparant la porte de la cour à la porte de la demeure. Aux odeurs du jardin toujours aussi délicates, s'ajoutaient celle de la nourriture qui venaient d'être cuite. Les lumières du rez-de-chaussée et du deuxième étage trahissait l'identité de la personne présente dans la maison et quand Cain frappa à la porte, un court silence suivit d'un bruit de lourd objet en métal. Un mouvement du rideau obstruant la lucarne à gauche de la porte révéla la coup d'oeil d'Adélaïde lancé à ceux qui occupaient maintenant la porte de sa maison et juste après, le son de la lourde serrure s'ouvrant rompit le silence de l'attente.

Quand la porte s'ouvrit, ce n'était pas la petite femme aux cheveux boire et en robe qu'il avait vu se matin qui se trouvait devant Cain. S'il s'agissait de la même femme et de la même aura, l'imposante lance dans sa main droite et son armure de cuire flanquée du symbole de Uetich sur la poitrine la rendait beaucoup moins "inoffensive" qu'elle le laissait paraître le matin de leur rencontre.

ADELAÏDE : "Ne me dites pas Cain que les blessés dans les Douves c'est à cause de vous ?" lança une Adélaïde prise entre sa timidité et un certain agacement.

FLORIEN : "Pour être exact, c'est la faute de Jamon. Mais si on peut se permettre, je crains que notre camarade ne soit plus très loin des bras de Björ... se permit Florien en faisant un signe de tête vers Falenrith. Celle-ci venait de perdre conscience.

ADELAÏDE : "Soit, allez la poser dans le cabinet et ensuite attendez dehors. Je n'ai pas besoin de vous pour me parasiter."

La remarque ne manqua pas de faire avaler de travers Florien qui s'exécuta tout de même. Adélaïde attrapa les jambes de Falenrith et se fit un chemin jusqu'à une pièce à l'odeur très alcoolisée et où plein de flacons cotoyaient des livres, des alambiques et des ustensiles en tout genre.

ADELAÏDE : "Cain, si vous voulez le dîner est prêt ! alors vous n'avez qu'à manger avec votre ami le temps que je m'occupe de Falenrith." cria Adélaïde de la porte du cabinet avant de la fermer. Laissant Cain et Florien seuls dans la maison, la cuisine sentant quelque chose comme un délicieux cochon mariné et la table mise. Mais pas avec des couverts en argent.

Florien hésita un instant avant de s'aventurer dans le rez-de-chaussé, à la recherche de quelque-chose.

FLORIEN : "Je vous confirme donc Cain que nous connaissons le même guérisseur. Mais je n'avais jamais passé la porte de sa cour. Habituellement, c'était lui ou son assistante qui venait dans les Douves ou me donnaient nos commandes à l'entrée... Ah, je me disais bien qu'il devais y avoir du vin. Château Triomphe, 1235, une belle année. Vous prendrez bien un verre pendant le repas ? demanda le mage en donnant la bouteille à Cain.

Florien se sépara de son bâton qu'il rangea à côté de la lance d'Adélaïde et alla dans la cuisine, ne manqua pas de commenter l'excellente odeur qui y régnait et revint sur la table à manger avec le plat du cochon et des légumes dans les mains.

FLORIEN : "Je ne sais pas combien de temps il faudra à la petite pour rafistoler Falenrith. Alors autant en profiter pour se restaurer. Et quoi de mieux que du pied de cochon pour de préparer à en chasser un entier..."

Un service pour une amie

Florien fut déçu de devoir ouvrir une bouteille de Château Triomphe tout seul. C'était le genre de vin que l'on ne trouvait que si l'on y mettait le prix. A peu près comme toutes les bouteilles, tonneaux et amphores venant des coteaux d'Osna. Ils avaient la vie belle les nobles du royaume des chevaliers, protégés derrières leur montagne, a profiter que leurs serfs travaillent pour eux tandis qu'ils profitent des meilleurs choses : le meilleur vin, les plus belles femmes et les plus beaux tournois !

S'asseyant avec un verre bien rempli, tout comme son assiette, Florien finit par répondre à Cain.

FLORIEN : "Tout dépend de l'âge du vampire. Au moins cinquante ans compte tenu de l'âge de ce Château Triomphe. Et ça ne m'étonnerait pas qu'elle soit son apprentie. En tout cas, si elle n'est pas maître des potions, c'est un véritable cordon bleu en plus d'être d'une beauté féroce dans cette armure."

Florien n'avait même pas mit la cuillère ornée d'un morceau de viande baignant dans les lentilles qu'il sursauta au levé soudain de Cain. Dépité par le fait d'avori manqué sa première bouchée, il garda sa cuillère immobile, désormais vide, et levant doucement les yeux vers Cain il lâcha un soupire accompagné d'un "Si tu le dis. Mais pas sûr qu'il soit là au vu du carnage que nous avons fait dans les Douves."

Malheureusement pour Cain, le mage avait raison et il n'y avait pas de signe de Lucien dans la demeure. Simplement une note attachée à la porte du vampire, adressée à Adélaïde : "Urgence aux Douves, risque de réveille d'une amie. Je m'en occupe. Lucien".

Le message permettait au moins de dire aux jeune Leckard la raison pour laquelle Adélaïde était au courant des combats dans les Douves. Les raisons de cette rapidité du vampire pour se rendre sur les lieux alors que Falenrith, Florien et Cain les avaient quitté il y a encore peu de temps relevé du mysticisme propre aux vampires. Ou peut-être de la coïncidence ?

Qu'importait. Cain redescendait bredouille se restaurer. Florien s'excusa de ne pas l'avoir attendu, son assiette presque vide et tandis que le jeune mage noir entamait son assiette, le mage de Targatt se leva, s'étirant avant d'aller se poser en face de l'âtre du feu. Il ne fallut pas beaucoup de temps pour que Cain sente l'aura magique de Florien se renforcer. Il méditait pour restaurer sa magie et le craquement du feu et des bûches brûlant doucement devait l'y aider.

D'ailleurs, il ne bougea pas un sourcil quand Adélaïde sorti du cabinet, s'essuyant les mains avec un torchon légèrement souillé de sang, mais empestant l'alcool pur. Son visage était serein et tout comme sa réponse à Cain.

ADELAÏDE : "Elle va bien. Elle était surtout épuisée et ses blessures l'ont fatiguées plus que de nécessaire. Là, elle doit se reposer. Je demanderai à Lucien de rajouter des lits dans la chambre que vous occupez et la mienne pour héberger vos deux nouveaux compagnons."

Elle jeta le torchon dans le feu, l'alcool faisant grandir un instant la flamme ce qui tira de sa méditation Florien, du moins, son sommeil compte tenu du filet de bave glissant de ses lèvres. Quand elle se redressa pour faire de nouveau face à Cain, elle fut surprise de le trouver en train de lui tendre des pièces d'or. La somme n'était pas peu. La question aussi. Adélaïde lâcha un profond soupire avant d'écarter la main richissime du jeune Leckard.

ADELAÏDE : "Ne m'appelez pas prêtresse. Cette voie m'a suffisamment apportée de problèmes pour que vous me la rappeliez... Mais soit, je veux bien répondre à vos questions Cain... Retrouvez moi dans ma chambre. Je ne ferai pas honneur à Uetich si je m'entretenais de vos interrogations aux yeux de tous."

La jeune femme regarda un court instant Florien qui faisait mine de ne pas écouter leur conversation avant de prendre sa lance dont les cercles magiques s'illuminèrent dès qu'elle la saisit et monter. Elle laissa la porte ouverte et quand Cain la rejoint, elle demanda à ce qu'il la ferme derrière lui.

La chambre d'Adélaïde était particulièrement grande. Elle occupait bien tout l'étage à elle seule. Un espace suffisant en tout cas pour séparer l'autel de Uetich qui trônait en face de la porte du reste de la pièce. La clerc était à genoux face à la porte, paisible et sa lance planté derrière elle, glissée entre les mains d'une statue de bois sculptée de la déesse de la magie.

ADELAÏDE : "Si tu souhaites que je t'aide, parle sans détours et dis moi ce que tu sais sur cette personne dont tu veux tout savoir. Il y a longtemps que je n'ai pas demandé les faveurs de Uetich et je ne pourrais réclamer beaucoup de son temps pour t'aider." finit Adélaïde en invitant le jeune mage noir à s'assoir en face d'elle.

Un service pour une amie