La fin du cauchemars (TERMINÉ)

Temporalité : Attaque démons + 1 semaine.

Au bord d'un cours d'eau agité, Ayo s'amusait avec des copains à traversé d'une rive à l'autre. Des fruits, quelques légumes et des tourtes pour le pic-nic. Quelques unes de leur mère les avait accompagné et surveillait les garnements de leur bienveillance. Tout se passait bien, comme à son habitude, Ayo faisait ces blagues à la noix grâce à sa vitesse quand il ne se vantait pas d'être celui qui réussit le mieux le jeu de traversée. Il faut dire que le jeune garçon avait une intelligence kinesthésique plutôt épatante par rapport aux autres. A vrai dire, Ayo était aussi agile qu'il était débile. Dans cette scène animée, on voyait notamment la mère de Ayo, sa professeur de magie élémentaire et Harmony. Des intrus puisqu'elles n'avaient pas leur place dans ce souvenir précis. Mais ça ne semblait pas perturbé le garçon qui inconsciemment se réfugiait dans ce paisible et lointain souvenir.

Tandis qu'il se vantait encore de sa victoire éclatante, des bruits étrangers vinrent perturbés cet idylle. Des cris, des déflagrations, des bruits sourds captèrent son attention. Le sol trembla sous ses pieds, la peur parut sur son visage. A chaque fois que le sol tremblait ainsi, son rêve se dissipait et tout ce qu'il trouvait au réveil, c'était des monstres et les tortures qu'on lui promettait. Depuis le le rituel, non depuis sa capture en fait, ce genre d'épisode se répétait inlassablement. Il ne restait généralement pas longtemps conscient durant ces séances de tortures. La douleur le maintenait éveillés en un sens bien sûr mais si son corps répondait à la douleur par des cris et autres formes de réponses physiques mais son esprit se faisait la malle pour une douce illusion; pou échapper à une réalité qu'il ne pouvait pas supporter.

Mais cette fois ci, la fin de l'illusion ne révéla pas la même chose. Il vit le seul garde de la pièce partir en trombe. Un cris étouffé, un bruit sourd. Des soldats firent irruption dans la pièce.

Les membres enchaînés en étoile à des liens qui lui permette à peine de toucher le sol, gris de poussière et de sueur mais pâle comme un mort. La seule eau qu'on lui donnait était au-dessus de sa tête. Une goutte après l'autre, une chute de quelques mètre avant d'atterrir sur sa tête. Parfois, un garde lui jetait le contenu d'un verre sur la tête, quand l'envie leur prenait, le verre avec. De nombreux hématomes couvrait le corps nu du jeune garçon. Des plaies à peine refermées dont quelques unes laissait coulé encore un peu de sang sur les dalles froides qu'il touchait à peine du bout de ses pieds. Les chaînes qui le retenait faisait office de Rada'an et lui retirait toute possibilité d'utiliser la magie. En plus des chaînes et des tortures dont il avait visiblement été la victime, on pouvait voir sans mal qu'il se trouvait au centre d'un pentagramme trop complexe pour être compris par le premier venu. Il prendrait sans doute un grand érudit pour en comprendre tous les signes et pouvoir ne serait-ce que faire des pronostiques viables sur sa fonction.

Tant bien que mal, il finit par lever la tête quand un soldat s'approcha de lui avec le reste de sa troupe.

"Hi....Un coup de main?" Parvint-il à ironiser avec sa voix déformée par la douleur.

La prise d'Arakis fut rapide. Bien plus rapide que ce que le maréchal Von Schlacht avait envisagé, même si elle soupçonnée un affaiblissement critique des démons depuis leur défait dans la Vallée d'Helmancourt. C'était donc environ mille cinq cent mages qui avaient pris d'assaut la cité contre une poignée de sbires débiles de démons morts des lames de la Grande Armée et de l’intelligence de son commandant.  La cité fut rapidement libérée sans plus de dommages matériels et humains.

Ceux-ci, voyant des forces qui n'avaient rien à voir avec leurs anciens maîtres, trouvèrent suffisamment de force et de courage pour venir pleurer et remercier les soldats de les avoirs libérés tandis que ceux qui avaient joué de connivence avec les démons tentèrent, en vain, de fuir la lame vengeresse de cette partie de la Grande Armée envoyée saisir Arakis au nom et pour le compte de Targatt.

La corruption était omniprésente tant les démons été restés longtemps entre les hauts et épais murs d'Arakis. Ainsi, dès que la surface fut sécurisée, des opérations de lutte contre la corruption, passant parfois la destruction pure et simple de bâtiments entiers, commencèrent. Mais rapidement, elles dirigèrent les forces magiques de la Grande Armée vers les profondeurs de la cité, là où les démons avaient surement couvé le plus fort de leur nauséabonde corruption. Les troupes forcèrent donc barricades et galeries maigrement défendues par des sbires beaucoup trop loyaux pour leur propre intérêt jusqu'à parvenir aux geôles de la cité, noircies par la magie noire employée et inondée d'une terrible odeur de sang séché, de corps en décomposition et d'excrément négligemment poussé dans un coin. L'odeur ne devait pas poser de problèmes aux monstres assurant la garde de ces lieux et qui, non seulement refusèrent le combat, mais en plus fuyaient lâchement.

Leur sort n'allait pas être différent de celui des autres pauvres âmes qui avaient cru que suivre les démons étaient une excellente idée et ces gardes des enfers furent rapidement écrasé par les soldats de la Grande Armée. Dans les geôles, il y avait biensûr beaucoup de morts, mais aussi quelques vivants. La plupart étaient de mages et ils étaient tous mal en point. Le chef de cette section de soldats, tous des Jeagers, décida des les laisser dans leur geôle le temps de demander au général Leroy, et peut-être au maréchal Von Schlacht si elle était disponible, quoi faire de ces pauvres âmes tourmentée.

En attendant, les soldats regardaient ceux qui se trouvaient dans les cellules et leur demandaient de quoi les identifié tout en leur donnant, en petite quantité sur les ordres des mages de soin, de quoi boire et manger. Ce fut un jeune homme qui attira l'attention d'un des Jeagers et qui appela son commandant. Son traitement était de toute évidence bien plus sévère que celui des autres prisonniers.


Le commandant alla alors à la rencontre du prisonnier qui, malgré son état, trouvait le moyen de faire un trait d'humour. En des périodes moins spéciales, le commandant aurait pu accepter de se prêter au jeu de la plaisanterie. Mais là, il s'agissait d'un contexte dans lequel il avait combattu, une semaine plus tôt, des démons et dans le cadre de l'offensive sur Arakis, pour lequel il fut avertis de faire preuve d'une vigilance extrême : les démons et leurs sbires sont connus pour leur fourberie. Dès lors, que l'un des sbires de démons morts à Targatt tente de se faire passer pour une vicitme de leur propre esclavage ne serait pas surprenant. Il était donc hors de question de libérer le jeune homme. Il subirait le même traitement que les autres : il conserverait ses fers et serait légèrement nourrit le temps d'être interrogé.

Le commandant du groupe de Jeager s'avança vers le jeune homme et le regarda un instant avant d'enfin ouvrir la bouche.

"Hm... tu n'as pas l'air d'être un citoyen originaire de Melghir... Dis-moi prisonnier, quel est ton nom et d'où viens-tu ?"

Le commandant attrapa un chaise dans le couloir avant de s'asseoir devant le jeune homme touten sortant une pipe à tabac.

"Tu nous excuseras, mais nous ne pouvons pas te libérer tant que nous n'aurons pas reçu les rada'an pour tes camarades et toi. Tu comprends que je ne peux pas te faire raisonnablement confiance ? Après tout, nous ne savons même pas pourquoi tu es là, n'est-ce pas, démon...

Il s'agissait là de provoquer le jeune homme, voir sa réaction pour essayer de trouver des indices sur sa nature et les raisons de sa présence ici.

Enfin...enfin il allait être libéré. Une lueur d'espoir perçait enfin ses idées noires. Celles qui le hantaient quand il n'était pas dans son refuge mental. Du moins c'est ce qu'il croyait. Mais, bien qu'il l'ignore, ça n'allait pas être le cas.

Pendant que le soldat qui le trouva allait sans doute chercher un supérieur, il lui fut apporter de l'eau. Ce n'est pas ce qu'il manquait le plus mais pouvoir en boire de vrai gorgée n'avait pas de prix. On lui donna aussi à manger, directement à la bouche, puisque personne ne daignait le détacher.

Le capitaine arrivé, il fit d'abord la remarque que Ayo ne semblait pas être du coin. Il se doutait bien qu'il n'était plus à Targatt, mais n'y avait pas vraiment réfléchit. L'idée de s'échapper lui était venu de nombreuses fois mais il ne parvenait pas à repérer grand chose qui puisse l'aider. L'humain en question lui demanda son identité. Ayo répondit le plus simplement du monde, mais non sans difficulté, après une quinte de toux qui lui valu de cracher un peu de sang.

"A..Ayo Izu..ra.. Je vie.. * Quinte de toux* ..de targatt.."

En émettons ce son, cette phrase, il parut soudainement perturbé, perdu, désorienté. Et pour cause, sa voix qui était encore celle enfant avait complètement changé. Aujourd'hui, ce n'est plus la voix d'un enfant qu'il entendait mais la voix muée, mature, d'un jeune adulte. Une chose particulièrement perturbante vous en conviendrez. Avant qu'il ne puisse vraiment réaliser cet élément, le capitaine, ou peu importe son rôle en réalité, lui parla à nouveau. Lui signifiant qu'il ne sera pas libérer maintenant. Soit disant qu'ils ne pouvaient pas le libérer tant qu'il n'aurait pas reçu les rada'an. C'était sérieux ça? Il ne pouvait pas au moins briser les chaînes de sorte qu'il ne soit plus étendue comme une étoile au milieu de cet horrible cercle magique.

Sa tête tomba comme s'il n'avait plus la force de la soutenir; ce qui n'était pas tout à faux en soit. Pourtant, il se mis à rire. Il tenait plus. C'était sa manière d'évacuer le trop plein d'horreur, le trop plein de chose qu'il n'était pas taillé pour supporter. Est-ce qu'il comprenait pourquoi on ne pouvait le détacher? Non. Même s'il était véritablement quelqu'un dangereux, il n'était de toute évidence pas en état de l'être. De plus, ses chaînes le privait de magie. Mais ce soldat de merde n'arrêtait pas son culot ici. Non. Il alla jusqu'à insinuer que Ayo était un démon. Une colère tacite mais présente dans son regard, même alors qu'il riait plus tôt, se fit beaucoup plus présente à cette insinuation. Sa face se déforma sous le joug d'une nouvelle émotion. Si plus tôt l'épuisement, l'espoir, la douleur dominait ses expression, plus l'humain parlait plus cette colère prenait le contrôle.

"Un démon..."
Ayo releva la tête fixant le soldat en face de lui comme s'il était une grosse merde incapable de voir la réalité qu'il avait sous les yeux. Ô on sentait toujours l'épuisement du jeune homme, mais
cet état de faiblesse n'était plus au contrôle.

"Ouais...T'as raison..." Une nouvelle quinte de toux fit jaillir un peu de sang qu'il s'efforça de cracher à la gueule de capimerde en face de lui. Un raté malheureusement.

"Je n'arrive même pas à te cracher à la gueule proprement. Je suis un réel danger ouais..." parvint-il à prononcer difficilement.

Le désespoir le saisit à nouveau, la fatigue, il manqua de peu de s'évanouir, une fois de plus. Il ne comptait plus le nombre de fois ou il était comme tombé dans les pommes durant son séjour. Cette fois, en plus des autres raisons, s'ajoutait sa voix qu'il ne reconnaissait pas. Il avait l'impression que quelqu'un d'autre parlait à sa place. Tant bien que mal et sur un ton qui avait tout perdu de son hostilité, ou presque au profit d'une importante désorientation, il demanda en baissant la tête à nouveau.

"Com...bien d'année de...depuis ...la céré..." Il s'arrêta un instant..hésitant. Il voulait savoir depuis combien de temps il était là. A ces yeux, cela pouvait être des mois comme des années. Il ne savait pas qui avait été couronnée mais il savait quel roi avait précéder. Attendez...non...qui était-ce déjà? Ces souvenirs étaient flous. Après quelques instants, il trouva la réponse à sa question.
"De..puis la mort Drake?"

Il devait savoir combien de temps s'était écoulé. ça ne lui servirait pas à grand chose en réalité. Il s'agissait surtout de reprendre pied, d'avoir un repère temporel sur le temps qu'il avait passé ici. Un simple réflexe sans doute.

Tant bien que mal, le jeune homme luttait contre l'épuisement. Ses bourreaux s’efforçaient de le garder en vie pour leur rituel et accessoirement s'amuser à le faire souffrir. Maintenant qu'on venait le libérer, il découvrait que la condition de prisonnier ne prenait pas fin à l'arrivée de libérateur. Ces derniers prolongeaient sa condition sans raison pertinente à ses yeux. Enfin...peut être qu'elles l'étaient mais lui s'en cognait royalement. Si seulement il était en avait l'énergie, il lui ferait comprendre le fond de sa pensée. Seulement voilà, il n'avait pas cette énergie.

Pour toute réponse à son crachat et sa remarque provocatrice, le soldat tenta de le calmer, de lui faire comprendre sa position et que le comportement du jeune prisonnier ne l'aidait pas vraiment; au contraire. Mouais...Ayo n'était convaincu mais pour être honnête, il ne se penchait pas sur la question. Il voulait juste qu'on le laisse tranquille, qu'on le libère, qu'on le soigne peu importe mais pas qu'on l'emmerde et quelque chose lui disait que ce n'était que le début.

Le jeune homme lui demanda depuis combien de temps était mort Drake. C'était le premier événement qui lui était venu en tête pour se repérer un peu. Mais après coup, il se souvint que le jour de son enlèvement il y avait un tout autre événement en ville : La cérémonie du trône.

Ayo contredit le capitaine avant qu'il ne termine.
"N..Non... La cérémonie du trône. J'étais dans la forêt"

Pendant qu'il galérait à parler, un soldat lui fit lever la tête pour lui passer un Rada'an. Ce même soldat se mis en position de soutien tandis que d'autres le détachait. Enfin... Ils avaient commencé par les chaînes retenant ses bras vers le haut. Naturellement sous l'effet de la gravité, ses pieds purent enfin touché pleinement le sol bien qu'un soldat l'aidait à tenir debout. Une fois de plus il toussa salement et quelques gouttes de sang s’échappèrent de sa bouche. Depuis le temps, il était habitué au gout du sang. Il n'y prenait pas goût pour autant. Par moment, ça lui donnait presque la nausée. Il fut ensuite allongé sur une civière tandis que des mages de soins s'affairait sur son cas lui procurant une douce chaleur régénérant peu à peu ses cellules meurtries.

Finalement, le capitaine lui demanda comment et pourquoi il s'était retrouvé là. L'image du poing qui lui arriva en pleine tronche lui revint en tête. Il n'avait pas grand chose à dire sur le comment. En revanche, il se souvenait vaguement de truc dit par le démon qui l'a "accueillis" et l'autre qui dirigeait les rituels sur lui. Il jeta un œil à l'autel un peu plus loin avant de gémir un peu de douleur sous l'effet des sorts de soins qui tiraillait ses chairs pour refermer ses plaies.

Il regarda son interrogateur un instant. Dans ses yeux, on pouvait voir la souffrance qu'il avait traversé durant sa captivité et la peur qui en découle. Des larmes se frayèrent un chemin le long de ses joues l'obligeant à répondre. Plus ou moins sanglotant de soulagement.

"On m'a étalé dans la forêt. Je me suis réveillé enchaîné à cet autel" répondit-il en montrant vaguement une autre partie de la pièce.
"Il voulait tiré quelque chose de moi. Un espèce de liquide qu'il ont mis en flacon.....Ils...Je ne sais pas combien de fois ils ont recommencer. J'a...J'avais l'impression de...J'en sai rien. ça faisait telle..tellement mal. Leur truc, un espèce de rituel, ça m'a..changé. Mon corps semble plus grand, ma voix n'est plus la même. Je ne sais pas ce qu'ils m'ont fait"  

Ce petit speech n'avait pas été de tout repos, parler lui était douloureux. Il s'arrêtait parfois pour reprendre son souffle.