"Ca nous fait une belle jambe que vous soyez le capitaine Elecia Asariah...
Tel fut l'accueil que reçut le commandant du protectorat par les hommes assurant la garde de l'une des porte de l'enceinte à l'intérieur de laquelle se trouvait l'armée de métier de Targatt. Cette armée encadrée et commandée par les anciens membres de la Garde Royale et une armée qui avait appris à mépriser le Protectorat et les membres e la nouvelle Garde Royale. Pourquoi ? Cela paraissait évident aux vues de celle qui les commandait : ces deux corps n'avait aucune loyauté, aucune discipline, aucune neutralité. Ils n'agissait que de façon désordonné et rien ne faisait d'eux des outils efficaces. Ils ne disposaient ni de la structure hiérarchique, ni de l'enseignement, ni de la discipline de la Grande Armée tant et si bien que les soldats de celle-ci se sentaient à bien des égards supérieurs. Il faut dire qu'ils furent si sévèrement entraîné qu'ils avaient suffisamment de la croire et d'être certains que c'était vrai.
"Eh ! Manfred ! Va donc demander au lieutenant Burgas si on doit laisser entrer le capitaine du protectorat." cracha le soldat en faction devant la porte. Mais à la surprise de celle qui lui faisait fasse, ce ne fut pas dans la langue classique pratiquée à Targatt. Mais en germanique.
Il s'agissait de la langue de commandement dans la Grande Armée et les soldats ayant une certaines importances, ou souhaitant progresser dans la hiérarchie, apprenait la langue germanique pour arriver à leur fin. Une forme de méritocratie passive mise en place par le Maréchal Von Schlacht. Car ceux qui pouvait prouver qu'ils se dépassaient physiquement et intellectuellement étaient les plus aptes à commander.
Il fallut bien une dizaine de minutes pour que quelqu'un fasse ouvrir les deux lourdes portes permettant d'ouvrir cet accès au camps. Non pas parce que l'opération était difficile, mais parce qu'il fallut bien dix minutes pour que la demande du soldat auquel s'était adressé le capitaine du protectorat parvienne à qui de droit et revienne. Et pendant ces dix minutes, le soldat qui avait si courtoisement accueillit le capitaine s'assit sur la tête d'un gros rondin de chêne séché en allumant une pipe. De toute évidence, en dépit de l'importance théorique du capitaine, il n'y prêtait pas vraiment attention et se contentait de faire son travail de gestion des entrées et sorties. La preuve en était qu'au terme des dix minutes d'attente du capitaine du protectorat, une petite compagnie de cavaliers en armure lourde, noires comme la nuit et serties d'or, se présenta à la porte du camps. Le soldat l'avait remarqué de loin et avait pris la peine d'éteindre sa pipe et réajuster son uniforme pour accueillir les hommes. Celui qui menait la colonne n'adressa aucun regard au capitaine et son aide de camps et lança simplement dans un allemand roque et puissant quelques paroles au soldat. Celui-ci, droit comme un piquet, répondit avec fermeté tandis que le meneur de la colonne retirait son haume et laissait une longue chevelure verte rassemblée en une longue tresse se dérouler le long de son dos. A la réponse du soldat, le chevalier noir jeta un court regard au capitaine, laissant découvrir ses yeux vert jade comme ses cheveux. Mais ce ne fut qu'un instant car le chevalier pénétra dans le camps dès que la porte fut ouverte et s'y enfonça rapidement.
Fort heureusement pour le capitaine de la garde, la porte s'ouvrait également pour elle. Mais le comité d'accueil était à la hauteur de l'amitié que pouvait porter les membres de la Grande Armée à son corps. Six membres de l'élite de l'armée et par le passé de la Garde Royale, les Jeagers, se présentèrent au capitaine et lui demandèrent de les suivre. L'ordre fut donné également a celui qui la suivait. Ce n'est qu'une fois sûr de cela qu'ils commencèrent à s'enfoncer dans le camps. Un camps qui avait des allures de villes. Il faut dire qu'il s'agissait de l'ancien bastion de l'éphémère République que Wilhelmine Schlacht elle-même avait mise sur pied dans le simple but d'assurer à Drake Leckard le contrôle de la cité. Ainsi l'enceinte de pierre et de bois donnait sur une petite cité militaire ordonnée. Les allées étaient larges permettant le mouvement des troupes en formation. Les toits les plus hauts étaient tous parés de tours de guet. Les puits ne manquaient pas au vu de la proximité du fleuve Helmancourt. Mais par là où passait le capitaine et son aide de camps, il n'y avait rein de plus à voir. Les forgs, les armureries, les baraquements, tout ceci leur était, volontairement ou non, dissimulés. Et ni la forme des bâtiments, ni celle des tentes, ne laissaient présager de leur emploi.
Mais ce qu'elle ne manquerait pas de voir, c'était l'importance des troupes au sein de cette forteresse. Il y avait des soldats partout et tous portait l'emblème de Targatt et l'emblème des Von Schlacht sur leur épaule respective. Les quelques civils présents étaient des artisans supervisant la construction des bâtiments, des fermiers vendant leurs produits aux intendants de l'armée, des forgerons et des tailleurs de pierre. Mais aucune bouche inutile. Tout ce qui se trouvait dans le camps était utile. Ou devait l'être pour y rester ?
Le capitaine du protectorat fut ensuite conduit en haut de la petite bute à l'autre extrémité du camps et malgré cela, tout ce qui semblait important à voir fut dérober à sa vue. C'est en haut de cette bute, elle-même entouré d'une petite enceinte, que le capitaine put être autorisée à entrer dans les quartiers du comte Maréchal Von Schlacht. Elle dût d'abord attendre dans une anti-chambre et de l'autre côté de la toile la séparant de celle qu'elle était venue rencontrer, elle pouvait entendre deux personnes parler en germain. Le ton était sérieux mais la conversation finit par prendre fin sur ce qui semblait être le bruit de deux armures se serrant l'une contre l'autre. Ce n'est qu'après cela que la voix de Wilhelmine Von Schlacht, ma voix, finit par demander à un des gardes de faire entrer le capitaine du protectorat.
Je l'attendais simplement derrière une longue table où de nombreux pions représentants des troupes alliés et potentiellement ennemies se trouvaient en bazar. Car la carte sur laquelle ils se trouvaient était entre mes mains et je la roulais pour la ranger dans un coffre. Quant à moi même, je portais un uniforme que j'avais fais faire par un artisan couturier de Targatt. Je troquais le vieux bleu contre du blancs, du gris et de l'or. Une uniformité qui allait de paire avec les couleur de la Grande Armée. Ma rapière se tenait fièrement à ma ceinture avec sa garde dorée refaite et à sa symétrie se trouvait une épée courte en remplacement de l'autre rapière qu'Alrost avait détruit.
Quant à la tente, elle regorgeait de rangement, de coffre et de cartes suspendu aux murs représentant Hésandre, le Monde Connu, la Vallée d'Helmancourt, Arakis, Helgir... Une tente qui était de toute évidence le coeur de la Grande Armée et dans laquelle travaillait son cerveau : Moi.
Le capitaine Elecia Asariah finit par se présenter. Elle n'en avait pas vraiment besoin puisqu'elle m'avait été annoncée. Mais cela révélait une forme de bonne naissance. Néanmoins, m'appeler par mon prénom relevé soit de l'étourderie, soit de l'insulte et dans les deux cas, cela n'allait pas arranger l'opinion que j'avais du Protectorat.
"Maréchal Schlacht... Je vous prierai commandant de vous rappeler la différence de rang et de fonction qui est la notre et de vous tenir à ma distinction comme je me tiens à la votre, capitaine Elecia Asariah. Enfin, je vous en prie asseyez-vous."
Tandis que je désignais deux sièges pour permettre à mes invités de s’asseoir et que le capitaine s'exécutait, son suivant lui préféra s'aventurer plus loin, pensant qu'il était surement chez lui et qu'il n'avait pas de raisons de se plier à mes ordres parce qu'il suivit ceux d'un autre officier.
"Je ne le dirai qu'une seule fois. Vous êtes ici au cœur d'une instance militaire, pas de votre baraquement ou à circuler librement au milieu de Targatt. Donc jeune homme, vous vous asseyez là où je vous le demande et non là où vous le voulez. Sans vouloir outre passer vos fonctions évidemment capitaine..."
A l'appuie de ma demande vint le garde qui avait ouvert la tente au capitaine et son aide de camps et qui se mit à côté de ce dernier jusqu'à ce qu'il rejoigne la place qui lui était indiqué par mes soins. Et au grand désespoir du capitaine, je n'allais pas répondre à une seule de ses question tant que je n'étais pas satisfaite et je comptais bien l'être.
Il finit par s'exécuter et seulement quand ses fesses se posèrent sur la chaise que j'avais indiqué, je répondis à la légère insolence du capitaine du Protectorat.
"Vous assurer ? Car vous pensez avoir ne serait-ce qu'un droit de regard sur ce que je fais avec la Grande Armée ? Je pensais que vous veniez ici simplement pour me demander comment à votre simple niveau vous pourriez m'aider, ce que vous avez fais d'ailleurs. Mais certainement pas vous assurer que j'ai tout ce qu'il me faut après avoir préparer cette guerre depuis plus de six mois. Vous ne pensez pas ? Allons capitaine, loin de moi l'idée de vouloir être désagréable, mais pour l'heure celle qui devrait s'assurer que l'autre dispose de tous les moyens suffisants pour son fonctionnement, c'est moi à l'égard de votre corps. D'ailleurs, devrais-je m'en assurer ? Ou, en raison de mon souhait de maintenir de bonnes relations entre nos deux corps, devrais-je me rassurer de savoir le Protectorat entre vos mains ? Ce quand bien même certains membres du gouvernement assurant l'interrègne ne vous portent pas dans leur cœur. Quelle tragédie que ce soit le cas. Il est certains que vous faites tout ce qui est en votre pouvoir pour assurer vos fonctions ce qui fait de vous un élément capital pour cette cité..."
Ce que cette pauvre enfant ne savait pas, c'était que je pouvais presque m'assurer en effet quele Protectorat fonctionnait correctement. Le Juge m'avait presque offert ce droit. Il suffisait que les choses se présentent au bon moment. Mais mon regard était ailleurs et les aléas du protectorat, si je devais m'en mêler, serait une perte de temps. Un temps que je consacrais à la guerre à venir et surtout à la conquête de ce que j'avais l'intention de prendre pour moi et moi seule.
"Dès lors, je ne vois pas d'objection à vous trouver un poste au sein de la Grande Armée s'il advenait que les aléas de la politique vous évincent. Nous avons toujours besoin de soldats et d'officier aguerris ou volontaires.
Mes yeux verts fixaient ceux du capitaine tandis que je m'asseyais sur la table en croisant les jambes.