Confrontation. (PV) (TERMINÉ)

La rencontre que le vieux moine avait passé avec le roi lui en apprenait beaucoup sur l'état des lieux en Targatt. Le roi peinait à maintenir son influence et la fatigue qui l'habitait n'était pas pour jouer en sa faveur. Il avait peur que des vents de résistance ce déclenche et agissait en conséquences. Heureusement pour lui, Drake Leckard restait un mage d'une puissance rarement égaler, surtout pour un humain. Il pouvait donc compter sur sa magie et sa ruse pour continuer de maintenir le pouvoir en place dans la cité. Le pouvoir en place et les Etheristes semblait ce regarder en chien de faïence, dans une confrontation silencieuse ou personne ne faisait le premier pas. Qui gagnerait entre Drake et le mysterieux chef des Etheristes, voilà qui était une bonne question. Seulement ce n'était pas le sujet et Adhil n'avait pas l'intention de prendre partie. Il appuierai le pouvoir en place en envoyant régulièrement des rapports au saint empire, comme sa mission l’exigeait.

En ce matin qui suivait sa rencontre nocturne, le moine en profita pour écrire une missive en direction du Saint-Empire. Ils les informaient de la situation sur place qu'il avait pu observer ainsi que les ordres que le roi lui avait donnés. La missive était dénuée d'émotion et présentait simplement froidement les faits, sans prendre parti. Ça serait au ecclésiaste proche de l'avatar de choisir la suite des manœuvres après avoir lu le parchemin. Le parchemin en tant que tel était d'ailleurs codé, avec un chiffrement par décalage, ce qui rendait la missive illisible. Elle était même écrite en turc, ainsi même si un espion interceptait la missive, elle ne pourrait pas être déchiffrée. Il termina sa missive en la scellant avec le sceau personnel de l'ordre monastique et fit apparaître un aigle qui la donnerait en main propre au conseiller. Une fois le rapace envolé, il se prépara pour une nouvelle journée dans les rues de la cité.

Il laissa sur place les effets personnels qui ne donneraient aucune information sur lui et emporta son équipement. Il portait sa longue toge, ses protections de cuir ainsi que son armement. Il avait aussi apporté le journal qu'il tenait régulièrement, évitans de donner des prises à des potentiels ennemies qui pourraient parcourir la cité. Après s'être fait une toilette, il quitta le palais, saluant légèrement les protecteurs au passage. La bague que le roi lui avait donnée à elle seul, suffisait à inspirer le respect aux soldats. Une marque de confiance de ce genre était rare, surtout avec un inconnu nouvellement arrivé en ville. Les ragots fuseraient probablement bientôt, mais ce n'était pas ses affaires. Il demanda rapidement son chemin à une patrouille de protecteur qui lui indiqua la caserne ou il avait le plus de chance de trouver Corvus.

Après avoir marché quelques centaines de mètres, il entra finalement dans le bâtiment. L'endroit puait la sueur et l'alcool et certains protecteurs au repos lui jetait des regards curieux, mais reprirent rapidement leur activité. Il avait l'air d'un vieux sans importance, aucune raison de s'attarder sur lui. Il avait tort, bien sûr, mais cette image aidait beaucoup Adhil dans sa tâche. Il finit par donner deux coups à la porte du capitaine avant d'entrer. Le jeunot était bien là. Un uniforme dépareillé et un regard hautain, c'était lui, assurément. Le moine le salua de la tête avant de lui tendre la bague qu'il saisit après quelques instants. Une fois le message de la bague livré, le moine la reprit et dit très lentement, toujours appuyé par son lourd accent turc.

Puisque nous allons travailler ensemble, il serait bien de me présenter. Je suis Adhil Girija et comme la dit notre roi, je serais votre conseillez pour les prochaines semaines. Je suis sûr que nous pourrons nous entraider mutuellement.

Suite à cette phrase, il s'inclina légèrement avant de relever la tête, plantant son regard dans celui du jeune capitaine.

Adhil n'avait pas besoin d'être un génie pour cerner le personnage qu'il avait devant lui. Un gamin tout juste sorti de l'école militaire très probablement. En le voyant s'affaler sur le bureau, le vieux moine songea qu'il n'avait probablement pas subi un entrainement militaire comme les şövalye Istumients. L'ordre de la balance était discipliner et efficace. Jamais quelqu'un comme lui n'aurait pu occuper le prestigieux poste de Kaptan. Il aurait sans doute été renvoyé après quelques jours d'ailleurs, mais il n'était pas chez lui. Si le roi souhaitait le garder, il devait avoir de l'importance. Enfin... Il verrait bien.

Il finit par se lever et s'approcher de lui, probablement dans le but de l'envoyer de faire voir. Adhil resta de glace et ne chercha même pas à s'éloigner. Il n'était pas la première personne qui souhaitait tenter de l'intimider. Intimidé un moine d'Istumia. S'il savait à quel point il perdait son temps... Même une jeune recrue n'aurait pas bougé, alors un grand moine expérimenté comme lui... Il perdait son temps. Heureusement, il fut sauvé par la cloche. Il sourit et lui expliqua qu'un soulèvement Etheriste était en cours et qu'il devait intervenir. Il hocha la tête et le regarda partir pour faire autre chose. Il aurait pu le suivre, mais il préférait sortir dans la cour et profita des communications télépathiques des gardes.

Il songea que ça serait un système excellent pour les militaires de l'empire et la nota dans un coin de son esprit. Ça serait dur à mettre en place avec une majorité de sans-magies, mais ce n'était pas impossible. Il donnerait cette information à l'empire comme d'habitude et laisserait les autorités cléricales décider de la suite des choses. Il n'était qu'un outil avec pour but d'informer l'empire de l'état de la situation actuelle à Targatt. Cependant... S'il pouvait mettre une dérouillée au Etheriste ça pourrait être intéressant... Bien sûr, la violence gratuite n'était pas la solution, mais s'il pouvait neutraliser les prêtres le peuple pourrait se rallier à une vision du monde plus juste.

Il attendit quelques minutes puis Corvus sortit à nouveau. Il fit un petit discours sur le but des protecteurs, soit de contenir les Etheristes au cercle pour éviter que la révolte ne déborde sur les autres quartiers. Laisser les pauvres hurler dans leur quartier en protège les plus aisés. Un plan intéressant qui pouvait fonctionner. Il n'avait rien à dire sur la façon de penser de Corvus pour l'instant, il semblait d'ailleurs avoir tout le respect de ses troupes. C'était le principal que l'on attendait d'un meneur d'hommes, que ses hommes lui obéissent au doigt et à l'oeil. Il faudrait voir si ça serait une réalité, mais c'était plutôt bien parti.

Il salua poliment les membres de l'escouade personnelle de Corvus à la façon du Saint Empire en inclinant poliment la tête. Il décrocha le lourd bâton se terminant par une massue à chaque bout qu'il portait dans son dos et le fit tournoyer d'une main avant de l'appuyer sur son épaule. Une façon de leur faire comprendre qu'il n'était pas qu'une simple gratte papier. Il fronça les sourcils et s'avança parmi les hommes en le regardant pendant de longues minutes, enregistrant mentalement leur équipement ainsi que leur apparence. On pouvait facilement connaître les talents d'un homme sur le terrain à l'équipement qu'il portait. Il finit par s'arrêter pour jeter un regard neutre à Corvus.

Je vous laisse les tactiques militaires et vous suivrais dans vos démarches, kaptan. Si je puis vous conseiller, une foule ainsi fanatisée et guidée peut facilement devenir violente. Si vous appuyez de la bonne façon, vous pourrez commencer les hostilités et arrêter les coupables de ce soulèvement sans mettre à dos votre peuple. Ainsi vous pourrez éviter que ça se reproduise... Voici mes conseils.

Sur ses mots Adhil fixa le ciel en adressant une prière silencieuse à sa déesse. Qu'elle le protège et lui pardonne ses actes dans les prochaines heures, mais les fanatiques ne doivent pas être tolérés, car il salit le monde et force la balance à se pencher de leur côté. La vocation de l'empire était aussi de régler de genre de problème.

Le souverain avait lu les différents rapports des derniers jours faisant état de cette manifestation "pacifique" dans le cercle et dont certaines des revendications étaient des plus légitimes. Toutefois, il n'était pas assez naïf pour croire qu'en allant justifier les actes et ses directives ça allait les apaiser. Si il s'abaissait à cela il perdrait une grande partie de son autorité en leur montrant qu'il en avait quelque chose à faire et en leur faisant croire que leurs... revendications et leur rassemblement avait un poids. Non. C'était pour cette même raison qu'il avait fait la sourde oreille et les avait laissé faire, quoique sous surveillance. Quelques membres de la garde royale avaient, pour l'occasion, revêtus de simples vêtements de civils et s'étaient mêlés dans le plus grand secret et petit, à petit à la foule. Le but était de prendre la température autant de noter les identités de ceux qui "parlaient trop fort". Ils déterminaient la proportion de civils et d'éthéristes. Si leur meneuse était bien connue, d'autres qui répétaient son message l'étaient beaucoup moins. Jusque là en tout cas.

Drake n'avait pas compté intervenir du tout, les laissant dire et s'essouffler mais à la suite du tournoi, et des évènements qui étaient apparus pendant, le nombre de civils avaient encore augmenté, et de plus en plus d'installations commençaient à devoir fermer en attendant le retour de leur main d’œuvre. Si pour l'instant ça n'avait que peu de conséquence, ça deviendrait très vite un problème majeur si le mouvement gagnait encore en volume.

Ses conseillers, sans doute à la fois sous le coup de la pression sociale, que dans l'espoir de diminuer le pouvoir de Drake, lui avait susurrer d'aller à leur rencontre et de prendre le temps de répondre à chacune des accusations. Le tyran avait donc fait savoir à la plèbe qu'il irait à leur rencontre sous quelques jours.

Comme prévu, cette annonce leur donna l'espoir que c'était là le signe que même le Roi devait plier devant la force du peuple.

De leur côté, le protectorat avait depuis le début n'avait été que peu mobilisé de peur qu'une trop grande présence répressive ne devienne à elle seul le déclencheur de heurts civils. Toutefois, avec le soudain gain de force du mouvement, les protecteurs avaient été appelés à se déployer plus massivement pour juguler la foule en l'empêchant de gagner les quartiers plus respectables, de peur de faire enfler encore davantage le mouvement. Ils parvinrent à la confiner dans le cercle.

Drake, toujours en lien télépathique avec ses forces, appris la libération de Galaad. Encore une décision stupide de la part de son Capitaine mais qu'il pourrait sans doute retourner à son avantage.
Grâce aux scrutateurs, Drake était parvenu à entrer en contact avec le chevalier noir et lui exposer certains... faits présents et futurs. Ce dernier était déjà en route vers le cercle, aussi avait-il bien fait de faire vite. Il n'y avait aucune garantie que Galaad accepterait de coopérer mais Drake l'espérait. Dans tous les cas, il en tirerait parti. Le Roi contacta les membres infiltrés de sa garde par le même moyen, leur donnant leurs prochains ordres et les avertissant des signaux qui seraient utilisés.

En attendant, Drake envoya un message télépathique à Corvus, Adhil ainsi qu'aux trois lieutenants du protectorat.

"Nous avons changé nos plans. Une dizaine de membre de la garde royale sont infiltrés depuis des jours dans le mouvement. Ils se chargeront de monter la foule contre le protectorat et feront en sorte que tous pensent que ce sont les civils qui ont donné l'assaut. Dans un premier temps, le protectorat ne fera que se défendre."

Bien sur, ils auraient aussi pu s'en remettre au hasard à de viles provocations. Mais Drake n'était pas ce genre d'homme. Il aurait aussi pu informer le protectorat de la mission d'infiltration de ses hommes mais avait préféré limiter drastiquement la diffusion de l'information pour ne pas compromettre une éventuelle action future. Et puis qui savait comment Corvus allait réagir... Ils lui servaient donc d'assurance.

"Une fois que la violence aura gagné l'ensemble du mouvement, ce qui ne prendra pas longtemps puisque Zahel les a vraiment bien chauffés... Les membres infiltrés se chargeront de briser les phalanges des paladins en les attaquant par derrière."

Tout était fait pour faciliter l'intervention des protecteurs et leur permettre de s'acquitter de leur devoir envers cette cité tout en rappelant à la foule où se situait le pouvoir.

"Je ferai une annonce peu avant que ça ne commence. Les civils et éthéristes qui seront encore présents au moment du lancement de l'opération seront considérés d'office comme des rebelles. Pas conséquent, vous ne leur accorderez aucun quartier. Toute personne se mettant en travers de votre chemin sera un ennemi."

Drake avait très conscience que ça serait sans doute un bain de sang mais il n'en avait que faire. Bien sur c'était dommage et il avait fait son possible pour préserver les civils qu'une telle chose se produise. Mais Zahel changeait la donne. Ils avaient tous oublié un fait très important. C'était une tyrannie. Et Drake en était le leader infini. Il était temps de leur rappeler qu'ils n'avaient pas leur mot à dire.

"Adhil, je vous remercie d'assister Corvus afin de faire prisonnière la prêcheuse Zahel. J'en ai besoin en vie... pour la suite. Corvus, que ton escouade se divise pour assister les lieutenants et occuper les paladins. Je ne veux pas qu'ils interfèrent. Zahel ne doit vous échapper. Quand à ce... Yearius, si il interfère, tuez le."

Drake de son côté se chargerait de mettre Cain, Yseult à l'abri, sous la protection de Ladon. Encore fallait-il qu'ils les retrouvent ces deux là. Il n'agirait que si les choses se corsaient trop pour ses sbires. Mais il préférait économiser ses forces. Evidemment, si il était amené à intervenir, il ne ferait pas dans la dentelle. Mais pour faire comprendre où résidait sa vraie force, il était préférable qu'il n'intervienne pas directement... du moins pas magiquement.

Il coupa la communication télépathique pour l'heure, restant à l'écoute en cas de besoin et se prépara à rejoindre l'endroit où se situait le mouvement.