Gabriel... n'est pas un ange

Gabriel, comme de nombreux vampires après lui, était humain. Et pas n'importe lequel puisqu'il était issu de la noblesse d'Hochseegrad avec Antoine, son frère aîné. Élevés dans le respect des traditions germaniques, ils étaient destinés à un brillant avenir au sein de la cité, voir du jeune royaume si Antoine se débrouillait bien.

Les premières se passèrent particulièrement bien. Antoine gravissait, en tant que premier né, des sommets politiquement parlant et Gabriel se contentait de faire ce pour quoi il était bon : combattre et tuer les ennemis du Roi, ou de sa famille. Malgré son jeune âge, il était doté d'une carrure que l'entrainement intensif étoffa encore davantage. Mais c'est sa facilité dans le maniement des armes et des quelques styles de combat émergeant, à l'époque, qu'il se fit remarquer par des combattants émérites qui guidaient les troupes sur le champ de bataille.

Antoine et lui-même firent le bonheur, la renommée et la richesse de leur parents, attirant sur leur famille maints bienfaits. Il faut dire qu'Antoine était des plus habile lorsqu'il s'agissait de rattraper les rares frasques de son cadet. Pas seulement en maniant les mots mais également la magie. Car les frasques de Gabriel était effectivement rares mais conséquentes. Il faut dire que le jeune homme était assez sanguin lorsque l'on insultait ou menaçait un des siens. Et cela incluait les femmes que les deux frères avaient épousé et qui, toutes deux, leur avaient donné des enfants. Bien qu'aucun des deux frères ne leur accorde leur amour, défendre l'honneur des leurs était le strict minimum.

Malheureusement, la folie des grandeurs d'Antoine et son apparente perfection, finit par attirer sur eux le regard d'un vampire. La première née de sa lignée maudite et qui avait jeté son dévolu sur Antoine. Ce dernier avait d'abord repoussé ses avances avant de finir par juger que les cadeau de non-vie pouvait recéler de nombreux avantages.

Gabriel ignorait alors les tractations qu'avaient initié son frère en son nom en en celui de son cadet afin d'acquérir le don de l'immortalité. Antoine avait fini par gagner l'intérêt et sans doute un brin d'affection de la part de la vampire qui finit par consentir à enfanter, sous conditions.

Afin de témoigner de sa volonté de la rejoindre, Antoine massacra sa femme et ses enfants. Mais pour s'assurer d'avoir un levier de plus pour faire pression sur Antoine, bien que cela soit ce qu'il désirait aussi, la vampire ne consentit à lui transmettre le don obscur que si son frère le rejoignait dans la non-mort. En tant que nouveaux-nés, les deux frères seraient contraints d'obéir à la vampire sans possibilité de la trahir. Convaincue de la force que son nid s'en verrait renforcé avec ces deux recrues, elle vida Antoine de son sang et lui transmis sa malédiction pour le bénir de la non-mort. Pour Gabriel en revanche, ce fut quelque peu plus compliqué. S'il acceptait de suivre son frère, il refusait de tuer sa famille, pas par amour, mais par idéal de justice. La vampire, frustrée, finit par massacrer la famille de Gabriel et s'arrangea pour le faire accuser, détruisant le prestige si durement acquis.

Arrêté et mis aux fers, il fut condamné à mort mais la vampire lui épargna ce funeste sort en lui proposant d'abandonner son humanité pour vivre. Vivre et se venger. D'elle également pourquoi pas, le défia-t-elle. Il n'en fallut pas davantage pour qu'il accepte le don obscur, se jurant de la tuer.

Antoine lui confierait des années plus tard, qu'il avait toujours imaginé qu'ils la tueraient ensemble. Le but de l'aîné n'étant pas d'acquérir simplement l'immortalité mais surtout un pouvoir qu'il jugeait comme supérieur. Gabriel mettrait presque trois cents ans à lui pardonner, mais puisqu'il était la seule famille qui lui restait, y parvint. Ou parvint à s'en convaincre.

Malgré la manière dont ils avaient rejoins le clan des morts-vivants, aucun des deux frères n'eut de mal à accepter son sort et le don obscur s'avéra puissant chez eux. Toutefois, si après une cinquantaine d'années la vampire accepta de libérer Antoine de son joug, lui rendant la liberté, elle mit presque une centaine d'années de plus avant de libérer Gabriel. La raison ? Le don était puissant, mais contrairement à son aîné, le contrôle n'était pas son fort et il peina pour parvenir à contrôler sa faim, à contrôler n'importe laquelle de ses pulsions auxquelles il donnait libre court sans aucune retenue.

Finalement, une fois les deux frères libérés, ils fondèrent leur propre nid en donnant naissance à leurs propres enfants. Du moins Antoine surtout. Car il s'avéra que les enfants de Gabriel avaient tous le même souci de contrôle que leur créateur. Sans compter le fait qu'ils étaient tous sans cesse assoiffés. De tout.

Après quelques batailles, dont certaines faillirent causer la fin de leur nid, ils s'établirent non loin d'une école de magie, cachée aux yeux de tous. A mi-chemin entre l'établissement et le petit village qui avait commencé à grandir à quelques kilomètres de là, les Helmael se nourrissaient allègrement. Leur nid entra en conflit avec un clan de lycans, attirés, eux aussi, par l'école qui était en train de devenir une petite cité à mesure que les décennies passaient.

Presque 500 ans après qu'ils se soient établis dans ce coin de paradis, leur créatrice vint les trouver pour réclamer leur aide afin qu'elle défasse un de ses ennemis. En réponse, ils entamèrent un combat contre elle et, au prix d'un effort conséquent et commun, parvinrent à la tuer, s'appropriant un peu plus de son don obscur. Gabriel avait sa vengeance et Antoine était donc le seul vrai chef du clan.

La guerre qui les opposaient aux Vinrod ne cessa pas. Pas même tendis que les deux clans tentèrent de s'intégrer à la cité. Officiellement, les Helmael avaient cessé de se nourrir sur les citoyens... ils préféraient le faire sur leurs esclaves. Antoine se lança dans la politique en jouant avec les hautes sphères tendis que Gabriel se contentait d'assurer la protection de leurs membres. Une des rares exceptions, et sa pire déception, fut sans nul doute la création d'Hedryan. Le vampire était fort et volontaire. Violent et sans peur. Des qualités qu'il appréciait mais qui étaient par trop présentes chez lui. Gabriel fut contraint d'exiler son rejeton pendant presque 300 ans. Mais son retour fut pire encore. Bien qu'il s'avère être un rabatteur de génie et un exécuteur hors pair, d'autant plus lorsqu'il s'agissait de tuer des De Rayem, il demeurait incontrôlable et finit par être tué par un Leckard.

Antoine s'opposa, exceptionnellement, à ce que l'on venge sa mort, au grand dam de Gabriel, afin de ne pas s'attirer les foudres de l'archimage et Roi de l'époque, Drake Leckard.

Tendis que le pouvoir changeait de mains, les Helmael se firent plus discrets mais jamais inactifs. Ils polluèrent les bas-fonds grâce à Teyrnon qui s'occupait de gérer une partie de la pègre en leur nom. Gabriel devait, malheureusement, se tenir tranquille et, de dépit et d'ennui, se plongea dans un profond sommeil qui... ne dura que quelques semaines. Il fut réveillé, quelques jours avant les attentats de l'ordalie, par son aîné qui réclama sa présence. Il avertit Gabriel qu'il partait quelques temps, a priori, ils s'agissait pour les Helmael de préparer une alliance avec un petit royaume que les leurs dirigeaient. En son absence, Antoine avait laissé des directives à Gabriel et l'autorité nécessaire pour faire en sorte que leur "famille" reste dans l'ombre et ne se fasse pas plus remarquer que nécessaire. Pour ce qui était des affaires commerciales, Gabriel ne prit même pas la peine de lire le parchemin laissé par Antoine, le confiant à Teyrnon. Ces choses ennuyaient profondément Gabriel et il détestait faire des choses qu'il n'aimait pas.

Ainsi réveillé, et forcé de le rester, il allait devoir s'occuper... et savait exactement comment.

"Bridgess !" Appela-t-il.

D'apparence humaine, au teint un peu blafard il a une beauté magnétique à la fois fine et sauvage. Grand pour son époque, plus même que son frère aîné, il a les cheveux d'un blond pâle ce qui ne fait que davantage ressortir la teinte carmine de ses iris. Carrure élancée qui ne dissimule pourtant pas ses muscles saillants.
Il a un visage aux traits fins et quelque peu anguleux. Contrairement à certains de ses congénères qui masquent ou altèrent suffisamment leurs traits pour se faire passer pour des humains, Gabriel de son côté n'en voit pas l'intérêt, étant parfaitement à l'aise avec sa nature.
Malgré sa beauté, son visage est le plus souvent fermé, ne souriant que peu. Il faut dire qu'il 'y a pas lieu de sourire à sa nourriture pas vrai ?
Il ne se départit jamais de sa bague de jour, qui lui permet de marcher sous le soleil sans être inquiété par une combustion spontanée. A moins de subit une disjonction de masse en pleine journée bien entendu. Plusieurs vampires n'avaient pas eu de chance de jour-là. Gabriel aurait été de ceux-ci si il n'était pas suffisamment doué en métamorphose pour faire en sorte que sa peau ne craigne plus les rayons du soleil.

Gabriel est un être tout ce qu'il y a de plus charmant. Physiquement. Psychologiquement, il est loin de ressembler aux idées romanesques et par trop romantiques que se font de nos jours les adolescentes en mal d'amour à propos des vampires. Oh bien entendu, il pourrait se montrer courtois. temporairement et par intérêt immédiat. Mais pour le reste, il n'a que faire des cérémoniels et des rituels humains. D'ailleurs, dans les faits, il n'a que faire des mortels qu'il ne voit que comme son gibier. Des proies aux dépends desquelles il se plait à s'amuser longuement.

A l'image des enfants qu'il créé, aucun vice ne lui est réellement étranger et il n'a aucun remord à quoi que ce soit. De son vivant c'était déjà le cas mais ce trait s'est accentué avec le poids des années. étrangement, celles-ci n'ont pourtant pas eu d'impact sur son impatience. Quand il donne un ordre, il est obéit immédiatement ou sévit. Toujours violemment.

D'après lui les vampires sont une espèce à part entière et non pas une sous-classe comme la classification des mages tend à le faire croire. Peu importe qu'ils soient issus d'une malédiction ou pas. L'essentiel étaient qu'ils étaient bien là. Les Vinrod sont sans doute de ceux qui les ont les plus subis et Gabriel caresse le rêve de faire de l'un des membres de ce clan de chiots apeurés qui a fui la cité, son toutou de compagnie.

En attendant, il se tient éloigné de la politique, laissant son frère, nettement plus doué que lui pour ces choses futiles, gérer tout cela. Malheureusement, avec les voyages d'Antoine à répétition dans le but de nouer une alliance avec nid plus lointain, Gabriel s'est récemment senti contraint de jouer le rôle de patriarche par intérim.