Retrouvaille entre les tulipes (pv Ambre)

Retrouvailles

La jeune protectrice avait appris la veille le retour de sa cousine et était restée incrédule quelques longues secondes avant d'éclater de joie. C'était tout simplement merveilleux ! D'abord le retour de Viserion quelques mois plus tôt, et maintenant celui de sa cadette que l'on avait cru morte. Ambre en aurait facilement pleuré de joie si on l'avait pas mise en garde : sa cousine avait passé son temps à fuir Drake et ses sbires. Ca n'avait pas du être facile pour elle dont il fallait la ménager. La rouquine s'était contentée d'acquiescer sous l'évidence.

N'y tenant plus, elle se rendait dans la demeure de famille dès la fin de son service pour revoir sa cousine et amie. Elle ne prit même pas la peine de se changer, trop impatiente et enjouée à l'idée de renouer ces liens qu'elle avait cru brisés par le décès supposé, et par trop prématuré de Violette. Ambre avait eu du mal à surmonter la situation. Entre les quelques De Rayem qui étaient ses amis à l'académie et Violette, leur violente disparition, à tous, avait été compliqué à gérer. Mais c'était une merveilleuse nouvelle et elle avait hâte qu'une partie de sa vie retrouve sa joie d'antan. Bien qu'elle soit comblée avec son fiancé évidemment, elle n'avait pour l'instant, jamais retrouvée d'amis comme l'étaient Violette et certains des autres "disparus".

Pénétrant dans la demeure de famille, elle demanda à un serviteur de bien vouloir la prévenir qu'elle souhaitait la voir. Quelques instants plus tard, elle vit la jeune femme arriver vers elle dans une robe et un chapeau aussi blancs que les lys. Ambre sentit son cœur faire un bond de joie et des larmes lui montèrent aux yeux tendis que Violette lui prenait les mains et l'entrainait jusque dans le jardin.

Violette fut la première à reprendre la parole d'un ton enjoué pour lui proposer diverses choses à boire ou à manger. Ambre l'interrompit pour la prendre dans ses bras et la tenir tout contre elle, oubliant momentanément qu'elle portait encore son armure et que ça ne devait pas être des plus agréables en plus de ne pas être très propre non plus... Elle la relâcha un instant plus tard tendis qu'une larme de joie roulait le long de sa joue.

"Excuse moi... Je suis tellement heureuse de te savoir saine et sauve et de te revoir."

Elle essuya à son tour sa larme en souriant toujours.

"Je veux bien quelques biscuits et un peu de thé." Finit-elle par demander, démontrant par là qu'elle était restée, malgré les 4 années qui avaient passé, aussi gourmande qu'à l'origine.

D'ailleurs, Ambre avait la fâcheuse manie de se relever la nuit pour grignoter en cachette. Surtout à l'académie où elle avait enquêter longuement pour trouver un accès fiable. Quelques fois elle entrainait Violette dans sa quête de sucreries nocturne et elles avaient passés plusieurs nuits à engloutir leur butin. Du moins... avant que Drake ne brise une partie de leur enfance. A ce titre d'ailleurs, Ambre espérait que sa cousine n'hésiterait pas à se confier à elle comme c'était le cas à l'époque.

Avec la douceur d'une mère, Ambre replaça une mèche de cheveux de Violette. Soudain un peu plus sérieuse, elle hésitait à lui demander...

"Comment vas-tu ? Ton retour n'est pas trop... pénible ? Je sais que ta mère eut être très envahissante des fois." Tenta-t-elle de dire sur le ton de la plaisanterie pour essayer de se détendre elle-même.

Elle n'avait pas envie de faire revivre de mauvais souvenirs à sa cousine mais il était important pour Ambre qu'elle sache comment elle allait afin de faire tout ce qu'elle pourrait pour l'aider si nécessaire ou, en tout cas, pour qu'elle retrouve ses marques le plus agréablement possible et qui sait, lui faire peut-être oublier plus rapidement les horreurs qu'elle avait du vivre...

Retrouvailles

Après le câlin forcé, Ambre s'était excusée de cet élan qui avait pu la mettre mal à l'aise mais ça n'eut pas l'air d'être le cas et sa cousine avait essuyé encore une fois ses yeux humides en rassurant son "aînée". Dans la foulée, la protectrice avait finalement accepté les biscuits et le thé. Il faut dire qu'en plus de sa gourmandise, elle avait en plus sauté un repas avec sa patrouille qui s'était éternisée. Et puis, elle avait quelque peu oublié son ventre, lui préférant Violette et leurs retrouvailles. Toutefois, à l'évocation de choses à manger, l'estomac d'Ambre s'était immédiatement rappelé à son bon souvenir par un grondement significatif qui aurai vaguement pu ressembler au grognement de son tigre.

Ambre rit toutefois de bon cœur, autant pour les réclamations de son ventre que devant l'enthousiasme dont faisait preuve Violette. Elle respirait la joie de vivre et l'entrain. Ca n'avait pas l'air feint. Donc c'était... Une très bonne chose. Mais mieux valait tout de même s'en assurer !

Tendis qu'elle relevait une mèche rebelle, Ambre lui demanda assez maladroitement si ça allait et si la réadaptation n'était pas trop pénible, notamment à cause de sa mère qui, Ambre en avait récemment fait l'expérience, pouvait très vite être étouffante.

La protectrice sentit la main de sa cousine se poser sur la sienne et la serrer un peu, sans doute pour la rassurer davantage par le biais de ce contact. Et ça fonctionna très bien cumulé à ses propos. Toutefois, Ambre mourrait d'envie de lui poser mille questions sur son voyage, les endroits où elle est allée, comment ils vivaient etc mais jugea que ses questions étaient trop intrusives et surtout malvenues. Elle avait du vivre des choses difficiles et ne voulait certainement pas gâcher cette journée en parlant de ça maintenant. Peut-être qu'elle finirait par se confier à elle. Mais d'ici là, elle ne l’ennuierait pas.

"Oui, elle finira par se calmer une fois rassurée je pense. Je pense comprendre ce que tu veux dire en terme de nostalgie."

Ca restait une démonstration d'amour pensa-t-elle, pas étonnant que ça ait pu lui manquer et qu'aussi étouffante qu'elle soit, ça lui fasse plaisir.

"Ici j'admets qu'il s'est passé pas mal de choses. La cité a énormément changé je trouve, mais peut-être est-ce parce que j'appréciais vraiment ce qu'elle était autrefois. Bien que ce soit notre ancienne prof d'invocation qui ait récupéré le Trône, je trouve l'ambiance en ville des plus étranges... Ca me met mal à l'aise parfois mais globalement, tout va bien. J'ai intégré une bonne escouade et mes collègues sont plutôt gentils."

Ambre souriait d'un air ravi. Elle avait hâte de partager sa joie avec sa cousine. Ce n'était nullement pour
qu'elle l'envie ou quoi que ce soit de genre, mais plutôt pour la faire réintégrer plus vite encore sa vie. Elle lui faisait un petit résumé, à sa manière, donc décousue, comme dans l'espoir de lui faire vivre une partie de ses joies et qu'elles puissent reprendre là où elles avaient été séparées.

En se demandant ce qu'elle pouvait lui dire, elle s'interdit de parler de l'attaque des démons ou de quoi que ce soit qui puisse avoir un lien avec les Leckard de près ou de loin. Mais elle songea à sa liaison avec Brann et rosit, gênée. Ambre ignorait quels sentiments Violette pouvait nourrir à l'égard de cette famille... Elle n'avait pas envie de la choquer mais la protectrice songeait qu'il était sans doute préférable qu'elle apprenne la nouvelle d'elle plutôt que d'un inconnu dans la rue. Car après tout, depuis le bal de la reine, Brann et elle n'hésitaient pas à s'afficher ensemble. Violette en entendrait forcément parler un jour ou l'autre...

"Je.. J'ai commencé à voir quelqu'un d'ailleurs." Elle hésita un peu une fois de plus et continua. "C'est un Leckard mais il n'est pas du tout comme ce que disent les rumeurs à propos de cette famille." elle s'était empressée de dire cela comme dissiper tout malentendu éventuel.
Et, comme pour se justifier, Ambre, rougissante et les yeux brillants d'affection se mit à le décrire tel qu'elle le voyait.

"Je te le présenterai à l'occasion, tu verras ! Il est tellement attentionné et gentil...Et puis, il cumule les rôles d'importance et pourtant il reste disponible pour moi. Il... Enfin, tu verras, tu ne pourras que l'apprécier ! "

Finit-elle par dire en gloussant de plaisir en repensant à l'élu de son cœur sans même se rendre compte qu'elle avait omis de lui donner son prénom avec tout ça. Et puis, jugeant qu'elle avait largement assez parler d'elle, Ambre finit par reprendre la parole.

"J'ai découvert un marchand de glaces en ville, je t'emmènerai en manger quand tu voudras, mais après tu ne pourras plus t'en passer ! " Les yeux verts émeraude la jeune femme luisaient littéralement de gourmandise... puis elle se souvint qu'elle ne voulait pas lui imposer quoi que ce soit et se calma toute seule.

"Est ce qu'il y a quelque chose que tu aimerais faire ? Ou un endroit où tu aimerais aller ? Si je t'accompagne, je suis certaine que ma tante acceptera de te laisser y aller. "

Ambre lui sourit d'un ton enjoué.

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Leurs retrouvailles se passaient plutôt bien et le ton était plutôt léger ce qui convenait parfaitement à Ambre, en plus de la rassurer. La rouquine s'était mise à lui conter rapidement ce qu'il s'était passé, en omettant volontairement les passages les plus sombres pour éviter de rappeler d'éventuels mauvais souvenirs à sa cousine.

La protectrice en était venue à évoquer l'ambiance étrange qui régnait, ce à quoi Violette répondit que c'était sans doute normal compte tenu des tragédies qui s'étaient succédées en peu de temps. Toutefois, elle avait raison sur le fait que Luthien parviendrait sans nul doute à arranger tout ça ! C'était d'ailleurs en cours. Enfin... ses efforts avaient été ternis par un meurtre et une disparition, les deux touchant les jumeaux De Rayem... Décidément, cette famille enchainaient les coups durs depuis les trois dernières années. De plus, les filles les avaient plutôt bien connu à l'époque où elles étudiaient puisqu'ils étaient quasiment du même âge. Une ombre plus triste passa dans son regard en pensant à la manière inhumaine dont on a avait tué le directeur de l'académie. Et la disparition de sa sœur, enceinte, laissait planer sur la conscience d'Ambre une frustration certaine et un profond sentiment d'injustice.

Elle n'en fit pas part à Violette qui continuait en évoquant qu'il était du ressort d'Ambre de protéger tout le monde maintenant qu'elle était protectrice. La rouquine se mit à rougir fortement. Violette disait ça comme si c'était un exploit.

"J-je suis une simple protectrice tu sais. Ni la plus talentueuse ni la plus puissante. Mais je continuerai à faire de mon mieux tout le monde !"

Ambre avait parlé très très vite comme si elle craignait qu'on la prenne pour davantage qu'elle l'était. Elle avait toujours été plutôt humble, mais manquait surtout de confiance en elle. Ca avait toujours été le cas. Et bien qu'elle ait fait de gros progrès dans ce domaine, elle retombait facilement dans ses travers lorsqu'elle était avec des personnes qui la connaissaient bien, et qui pourraient donc légitimement en attendre beaucoup plus d'elle. La peur de les décevoir ou de ne pas être à la hauteur resurgissait facilement dans ces moments-là.

Finalement, elle avait continué sur une lancée plus joyeuse en évoquant celui qu'elle aimait. Ambre craignait qu'elle puisse mal le prendre, se sentir blessée mais contre toute attente, elle lui prit les mains et lui assura son soutien. La rouquine se pencha subitement par-dessus la table pour la prendre dans ses bras, manquant de peu de tout renverser, tant elle était heureuse. Elle plaqua ses mains sur la table pour la stabiliser et adressa à Violette un regard mi-amusé, mi-désolé de son élan d'affection et d'avoir été si maladroite. En se rasseyant, Ambre se rappela qu'elle avait toujours été un amour mais la rouquine avait sans doute oublié à quel point.

Violette la questionna sur le nom de son amoureux. Oui, elle ne l'avait pas mentionné.

"Il s'agit de Brann Leckard. Oui on l'avait croisé quelques fois à l'académie mais il était dans les sections supérieures. Il a quelques années de plus que nous."

Les yeux verts émeraude de la rouquine s'étaient mis à briller d'amour.

Finalement la conversation dériva sur la nourriture, plus spécifiquement les glaces, et sur les endroits que Violette aimerait visiter. Sans en être vraiment étonnée, elle fit savoir à Ambre son souhait d'aller voir les artisans. Ambre gloussa d'amusement avant de se lever.

"On peut y aller maintenant si tu veux. Enfin, laisse moi juste quelques minutes pour enfiler quelque chose de plus adapté."

Si Violette acceptait, Ambre irait retirer son armure, prendre quelques minutes pour se rafraichir avant d'enfiler une robe. Elle avait toujours quelques affaires à elle et un peu d'argent dans trois ou quatre des demeures des différents membres de leur famille. Une habitude qui avait été prise par ses parents depuis la prise de pouvoir de Drake. Une simple précaution mais qui était restée.

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Comme à l'époque de l'académie, Violette trouvait toujours les mots pour la rassurer bien qu'elle soit la plus jeune des deux. Ambre lui sourit de plus belle en se promettant de continuer à toujours donner son maximum en toute circonstances ! Sauf peut-être quand il s'agissait de faire à manger... Heureusement qu'ils avaient des cuisiniers compétents. Si elle était née dans le cercle, nul doute qu'elle aurait fini par empoisonner sans le vouloir sa famille avec ses plats. Elle ne savait pas pourquoi mais peu importe ce qu'elle mettait dedans, ce n'était jamais très bon au final, et ce, même quand elle s'évertuait à suivre la recette scrupuleusement. Elle avait, du coup, plus ou moins abandonner l'idée et se contentait de faire tout le reste ! Comme par exemple savourer ce que les autres préparaient !

Finalement la conversation dériva sur Brann Leckard, son amoureux qu'elle décrivit le plus honnêtement possible. Violette la rassura sur le fait qu'elle ne voyait pas d'inconvénients à ce qu'elle fréquente un membre de cette famille qui l'avait pourtant forcée à fuir autant de temps. Elle lui demanda même si il ne s'agissait pas du patriarche. Ambre lui sourit de toutes ses dents.

"Oui, c'est bien lui ! Les nouvelles vont vite pour que tu en aies déjà entendu parler."

La rouquine toutefois ignorait dans quelles conditions cela avait pu se faire car, à l'époque du moins, on prétendait que c'était un enfant que était devenu patriarche. L'ancien prince héritier aujourd'hui recherché. A la remarque, elle se rendit compte qu'elle ne l'avait jamais questionné sur sa famille. Elle jugeait que cela pouvait être douloureux ou problématique pour Brann et n'avait pas non plus envie qu'il croit qu'elle était avec lui à cause de famille car seul le jeune homme l'intéressait en vérité.

Elle préférait croire qu'il était devenu patriarche du fait de l'incapacité pour une personne aussi jeune de le devenir. Ou aussi instable d'après ce que l'on disait. Dans tous les cas, elle n'était pas très à l'aise avec le passé de cette famille et préférait donc le laisser là où il était : dans le passé. Elle entendait déjà Viserion lui faire la morale en prétendant que c'était dangereux et qu'il faudrait qu'elle soit plus curieuse, ne serait-ce que pour ne pas se faire "avoir". Mais, pour l'instant, c'était au-dessus de ses forces. Elle refusait la possibilité de le vexer. D'un autre côté... elle savait aussi que Viserion et Brann allaient se rencontrer pour discuter d'un éventuel mariage... Si cela aboutissait... elle commencerait peut-être à le questionner. Après tout, à ce moment là, les Leckard deviendraient sa famille d’accueil, ce serait donc plus légitime sans doute.

Finalement, elle proposa à sa cousine de l'accompagner au-dehors. D'abord pour manger une glace, c'était important ! Puis pour aller où elle le souhaiterait. A sa demande d'aller voir les artisans, Ambre gloussa de joie et se releva pour aller mettre une tenue moins... connotée. Elle voulait profiter de ce moment avec Violette et ne comptait pas être sollicitée par tout un chacun durant le laps de temps.

Une quinzaine de minutes furent nécessaires pour qu'elle retire son armure, se rafraichisse et passe une tenue plus adaptée à leur escapade. Elle redescendit avec une robe verte des plus simples.

"Allons-y !" Décréta-t-elle en levant le poing vers un horizon fictif comme si elles partaient vers une grande aventure.

Prenant le bras de Violette, elle l'entraina avec elle hors de la demeure en direction du centre économique et artisanal de la cité. Elle en profiterait pour acheter une nouvelle épée si elle trouvait son bonheur. La sienne datait de ses 14 ans et elle avait, depuis, gagné en force et pris quelques centimètres qui la rendaient moins optimale qu'à l'époque. Peut-être... qu'elle en profiterait également pour acheter un bijou. La rouquine n'avait pas l'habitude d'en porter et n'en possédait pour ainsi dire presque aucun mais elle convenait que cela pouvait facilement ajouter une touche finale sur une toilette. Peut-être que ça plairait à Brann ?

Mais pour flâner, rien de tel qu'une glace ou une pâtisserie d'abord ! Elle entraina Violette dans le glacier aux mile parfums. Il avait là toutes sortes de sorbets de fleurs ou de fruits. Ambre ignorait quel était le processus pour parvenir à donner tant de saveur mais il fut heureux qu'elle n'ait pas trop de temps libre sinon elle aurait bien pris 10 kilos en quelques semaines à force d'y venir !

La rouquine opta pour une glace à la violette. Ca aurait pu être un hommage à sa cousine mais c'était surtout que c'était un de ses arômes préférés. Une fois que sa cousine eut choisi, elles dégustèrent leurs glaces en marchands dans les rues pleines de boutiques en tout genre.

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A l'évocation du patriarche de la maison Leckard, Violette sembla moins à l'aise. Ce n'était guère étonnant compte tenu du fait qu'elle avait du fuir cette famille... Ambre pouvait comprendre que ça ne soit pas si facile de revenir et de devoir apprendre les fiançailles de sa cousine avec l'un d'eux. Mais Brann était bien différent du reste de sa famille. D'ailleurs, on disait que, tout comme Brann, l'oncle de celui-ci était un très bon guérisseur. Comme quoi, cette famille avait pas mal de positif en fin de compte. Dédier sa vie aux autres, politiquement, en enseignant ou en les soignant était, pour Ambre, le signe qu'une personne ne pouvait qu'avoir un bon fond. Sinon, que pouvait-on en retirer ?

Violette évoqua avoir "eu de la chance". Ambre lui sourit.

"Ha oui ? Comment cela ?" renchérit-elle d'emblée avant de se rendre compte que ça n'était pas très malin de lui poser cette question si elle n'était déjà pas très à l'aise. "Peu importe, ce n'est pas plus mal que tu aies vite été remise dans le bain." tenta-t-elle de dire pour se rattraper.

Ambre finit par aller se changer et entraina Violette à sa suite pour rejoindre le quartier commerçant. Il ne remarqua pas vraiment sa fatigue. De base, elle-même n'avait pas une très bonne constitution mais il fallait croire qu'avec les entrainements réguliers, son corps avait fini par gagner un peu en endurance. Elles commencèrent par une glace. La rouquine avait les yeux qui pétillaient un peu plus de joie à chaque bouchée et souriait de toutes ses dents à Violette qui semblait également apprécier sa glace à la vanille, du moins jusqu'à ce qu'elle manque de la faire tomber en allant se coller contre une vitrine.

La protectrice la rejoignit tranquillement et la laissa observer les items et les matériaux pendant un long moment avant de se mettre à pouffer de rire devant l'expression émerveillée qu'elle arborait. Ca faisait plaisir de la voir ainsi. Son enthousiasme pour son domaine de prédilection ne s'était pas non plus tari.
Finalement, elle reprit la parole.

"Qu'est ce qui te plait le plus ? Ou de quoi as-tu le plus besoin pour commencer ?" demanda-t-elle presque innocemment.

Elle ne gagnait pas énormément mais elle avait mis quelques soldes de côté et pour fêter son retour, elle aurait souhaité pouvoir lui faire un cadeau réellement apprécié et utile. Ambre n'avait tant besoin que ça d'un collier. De plus, elle avait un goût esthétique assez particulier si bien que lors des sorties mondaines, on ne l'autorisait pas à se choisir ses propres toilettes. Elle verrait plus tard. Au moins Violette employait utilement tout ce qu'on lui offrait. Dans le fond, Ambre n'aurait pas tant d'occasions que cela de mettre ce collier.
Oui, en fait elle préférait aider Violette à lancer son activité même si c'était peu de choses et sans doute insuffisant.

Ambre leva la tête vers l'enseigne pour se rendre compte qu'elle la connaissait. Elle était malencontreusement entrée en collision avec le maitre de l'atelier lors d'une course pour rattraper un familier devenu fou après avoir consommé trop d'herbe à chat. Ils avaient fini par sympathiser un peu.

"Est ce que tu veux entrer ? Je pense même qu'on nous laissera aller voir l'atelier quelques minutes si ça te dit ?"

Peut-être qu'elle s'avançait un peu trop... mais il lui avait lui-même proposé de lui rendre visite à l'occasion et elle ne l'avait encore jamais fait. Ce serait l'occasion.

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Ambre se rendit bien compte de la gène de sa cousine mais plutôt que de l'interpréter comme le signe qu'il aurait fallu qu'elle abandonne son idée ou la laisse tranquille du moins, choisir ce qu'elle voulait faire sans la presser mais ça eut l'effet inverse. La rouquine l'interpréta comme de la timidité plus que de la gène et valida implicitement le fait de s'incruster chez le maître façonneur, à défaut de pouvoir lui offrir quelque chose dont elle aurait réellement envie ou besoin.

"Soit ! Je garderai cette somme pour te faire un cadeau plus énorme une prochaine fois, quand tu auras besoin d'une matière précise ! Mais si tu vois quelque chose que tu souhaites, dis le moi s'il te plait ! "

La jeune protectrice en civil était ravie de cette balade en ville et encore plus avec Violette si bien qu'elle avait un sourire constant sur les lèvres qui diminuait ou s'agrandissait sans jamais disparaitre. Finalement, elles entrèrent chez le maitre artisan. Un apprenti les accueilli en premier lieu, leur demandant en quoi ils pouvaient les aider.

Ambre expliqua brièvement vouloir voir le maitre artisan qui lui avait dit de passer. L'apprenti n'osa pas réellement revenir sur les dires d'Ambre et se contenta d'aller chercher le vieux nain.
En le voyant, la protectrice se pencha un peu pour le prendre dans ses bras comme si c'était un vieil ami. Le nain parut d'abord décontenancé avant de se mettre à rire en tapotant dans le dos de la rouquine.

"J'ai bien failli activer le sort de transport pour te faire quitter les lieux ! Qu'est ce qui te prend d'étouffer les vieillards ainsi ?!"

Ambre gloussa d'amusement. Elle savait qu'il détestait ces démonstrations mais elle n'y pouvait rien, il lui faisait penser à un petit papy amusant et bourru et s'était prise d'amitié pour lui. Aussi, elle s'amusait à le taquiner, ce qu'il lui rendait bien malgré le peu de temps qu'ils se connaissaient. C'était comme si ils étaient amis de longue date, ou presque.

Le nain jeta un coup d'oeil vers Violette.

"Bonjour Mademoiselle. Puis-je vous aider ?"

"Oh pardon, elle est avec moi. Ma cousine Violette s'intéresse au façonnage et comme tu es un maître en la matière, je lui ai proposé de venir te voir."

"Tu me flattes mais tu sais bien que je ne vais pas révéler mes petits secrets héhé."

Malgré ses propos, il fit signe à Violette de le suivre en arrière boutique. Par une toute petite porte, on entrait dans un autre monde où mille choses étaient entreposées comme matière première en tout genre. Le tout s'étalait sur une bonne trentaine de mètres, sur des étagères toutes aussi imposantes que leur contenu. Au fond de la salle se trouvait l'atelier et les "aides" au façonnage, c'est-à-dire divers objets magiques qui était directement destinés à accroitre ces compétences ou à façonner plus facilement certains matériaux plus durs que l'acier. Enfin, un coffre bardé de sorts en tout genre était relégué dans un coin de l'atelier.

Il y avait quatre établis. Le premier semblait surtout servir à étaler ce dont ils auraient besoin et les trois autres, à la conception à proprement parler. Un des apprentis s'affairait sur un pan d'armure qu'il enchantait tendis que l'autre était en train de faire l'inventaire semblait-il à la manière dont il pointait du doigt les étagères.

L'établi réservé au maître artisan était nettement plus conséquent et il était affairé sur une simple clé, d'apparence mais qui recelait à elle seule davantage de magie que la plupart des objets présents dans l'atelier. Des runes en mouvement la parcouraient.

"Je n'ai pas encore terminé le dispositif. Voyez-vous ce que cela pourrait être demoiselle Violette ?"

Demanda-t-il finalement pour tester son niveau de déduction et d'expertise avec son air bourru mais pas dénué d'une forme de gentillesse.

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Ambre s'était restée dans la boutique principale. Peu intéressée par les objets magiques et leur façonnage, elle restait admirative de ceux qui en avaient les connaissance et la capacité, mais sans avoir une curiosité suffisante pour la pousser davantage vers ce domaine si particulier. Le maître artisan avait entrainé Violette dans leur atelier et l'avait questionnée pour évaluer son niveau.

A sa réponse, il se mit à rire en lui donnant une tape amicale dans le dos, sans réellement doser la force qu'il y mit. Il reprit son sérieux en s'adressant à un de ses apprentis.

"Au moins tu sais énoncer une évidence." Lança-t-il en prenant la clé dans le creux de sa main. "Une clé qui sert à verrouiller ou déverrouiller, elle est bien bonne celel-là..." ricana-t-il dans sa barbe avant de crier dans l'atelier. "Même une novice a pu deviner ! Je me demande vraiment à quoi tu me sers des fois Finn !"

Le dénommé Finn, jusque-là en train de ranger les étales en les remplissant des matériaux utiles à leur profession s'interrompit pour lui adresser un large sourire.

"A cacher votre gnôle des proprios !" répondit-il au tac-o-tac.

Le nain explosa de rire.

"C'est bien vrai ma foi !"

Il se tourna de nouveau vers Violette et tapota le dispositif inachevé dans sa mimine.

"Tu n'as pas totalement raison cependant. Il faut aller au-delà de la forme de l'objet pour en comprendre sa vraie fonction. La clé est le dispositif. La forme n'a pas toujours d'importance. Et pour le coup, la forme de clé est une fantaisie demandée par le client. Quant au dispositif lui-même, il doit permettre, à terme, une auto-défense et une riposte efficace en cas d'attaque physique comme magique. Comment gèrerais-tu l'énergie qu'un tel l'objet devrait contenir pour un tel emploi ?"

Le nain reposa le dispositif pour lui laisser le temps de l'observer davantage si elle le souhaitait, se grattant la barbe de ses grosses mimines d'un air pensif.