Cirth, pupille de la Nation [terminé]

Cirth est né de parents Yamilos mais n'a aucun souvenirs d'eux. D'ailleurs, ce ne sont là que des présomptions car il fut laissé seul d'aussi loin qu'il s'en rappelle. Il a simplement appris depuis le temps, qu'il semblait être issu d'une espèce maudite mais d'une sorte différente des drows, des vampires ou des lycans, qui, pour certains, étaient autre chose avant leur transformation. Cirth fut toujours le même d'aussi loin qu'il s'en souvienne.

De temps à autre au détour d'un songe, un vague sentiment le submerge, et quelques impressions et flashs, vestiges d'une mémoire infantile et d'un passé révolu. Mais rien de précis. Comment avait-il survécu ? En passant de famille en famille, d'orphelinats en orphelinats. Il finissait toujours par se faire virer. On lui reprochait tantôt de ne pas faire "d'efforts" pour s'intégrer, pour s'intéresser aux autres, et d'autres fois c'était la peur qui poussait les adultes à se débarrasser de lui. La peur pour leurs propres enfants.

Cirth pourtant ne se sentait pas en inadéquation avec eux. u contraire, il avait l'impression de faire son possible pour les aider, ne serait-ce que pour les remercier de lui donner à manger. C'était d'ailleurs de cette manière qu'il avait découvert sa poigne. Mais ses tentatives furent mal prises.
D'aussi loin qu'il se souvienne, il avait toujours su faire des choses avec l'Ombre. C'était comme respirer. C'était naturel et impossible pour lui à réfréner ou empêcher. Il s'y fondait quand il savait qu'il avait fait une bêtise afin de se soustraire à une éventuelle punition, ou pour éviter d'avoir à supporter un sermon sans queue ni tête comme les adultes en avaient le secret. L'Ombre était son domaine, son refuge. Mais ça contribuait à le faire passer pour un être maléfique.

Pourtant... il faisait son possible pour être utile aux personnes qui le recueillaient. La première fois qu'on l'avait mis dehors, il n'avait que 6 ans. Le couple qui prenait soin de lui avait trois autres enfants. Le plus jeune était gravement malade et ils n'avaient pas les moyens de faire venir un guérisseur, ni même d'acheter la moindre potion. De ce que Cirth avait compris, ils ne pouvaient rien faire pour lui et le voir souffrir les faisait eux-mêmes souffrir. Bien qu'il ne comprenne pas comment une telle prouesse était possible, que l'on puisse souffrir sans avoir de blessures physiques, il avait tenu à les soutenir.

L'enfant de trois ans n'avait pas souffert. Cirth l'avait tout simplement empêché de respirer. L'enfant déjà affaibli s'était rapidement évanoui et était mort dans la foulée. Dans son sommeil. Une mort douce. Dans l'esprit du jeune yamilo, il était évident que ce serait une bonne surprise pour les parents. Pourtant, au matin, ils étaient effondrés, en larmes, criant parfois, et en tout cas en proie à une agitation qu'il ne comprenait pas. Les aînés de la famille avaient eux aussi les joues rosies par les larmes qui ruisselaient et qu'ils s'efforçaient d'essuyer d'un revers de manche. Pourtant, celles de Cirth demeuraient irrémédiablement sèches. Lorsqu'on lui demanda si il éprouvait de la tristesse, il répondit par la négative et, au contraire, leur demanda pourquoi ils avaient des réactions si disproportionnées alors que la source du problème avait disparue.

Suite à cela, il apparut évident qu'il était mêlé à la mort du bambin. Les parents le jetèrent dehors. Il fut recueilli successivement par trois familles différentes. Avec ou sans enfants. Toutes finirent par lui reprocher sa "froideur", son comportement "monstrueux" et sa "méchanceté". Il ne pensait pourtant pas forcément à mal. mais c'est vrai que face à la violence dont il avait été témoin de temps en temps, il n'avait pas eu la réaction à laquelle les autres s'attendaient. Il lui arrivait effectivement par moment d'éprouver un certain plaisir lorsqu'il voyait la souffrance d'une autre personne. Pourtant, rares furent les moments où il y avait pris directement part.

Finalement, à ses douze ans, c'est une personne bien particulière qui vint à lui. Elle lui proposait une place dans la classe spéciale d'un orphelinat. Cirth refusa dans un premier temps. Trop d'enfants, trop de bruits... Il aurait encore des problèmes. Pourtant, la femme avait expliqué qu'il s'agissait d'un orphelinat placé directement sous l'égide du Roi. Il souhaitait prendre soin des enfants, leur fournis à manger, un toit et surtout, les instruire. Les entrainer. Elle avait alors montrer à Cirth qu'elle pouvait elle aussi manipuler l'Ombre et s'y réfugier comme il le faisait. Elle finit par évoquer le fait que le Roi souhaitait simplement les pousser à déployer leur plein potentiel. Toutefois, contrairement aux autres orphelinats, la place n'était pas gratuite et elle l'avertit qu'il lui faudrait se battre pour la conserver, elle et les faveurs qu'elle permettait d'obtenir.

Une honnêteté qui fut bien accueillir par le petit yamilo. Pour une fois, le marché était clair et plutôt logique. Le Roi faisait un investissement.
Elle expliqua brièvement que l'orphelinat était "caché" et "isolé". Aussi, si il accaptait, il ne devrait pas s'attendre à pouvoir revoir ses "familles" ni ses "camarades de jeux".
Il accepta et intégra un orphelinat regroupant une quarantaine d'enfants de toutes races ou presque. Si au début il y avait autant d'humains que d'elfes, ils n'étaient que trois yamilos. Tous étaient âgés entre 7 et 15 ans. Après trois mois passés à travailler et à les évaluerjour après jour, alternant les classes "classiques" et les exercices pratiques, leur instructrice finit par donner à chacun une mission secrète à remplir.

Au terme de l'épreuve, ils passèrent de quarante à dix-huit. Les deux orphelins les plus vieux à avoir survécus rejoignirent l'académie de magie "officielle" pour parfaire leur maitrise dans des domaines que l'instructrice ne maitrisait pas avant d'intégrer, à terme, les services secrets du Roi Drake Leckard. Leur bienfaiteur.

Durant plus d'une année, ils poursuivirent leur entrainement, leur instructrice les poussant toujours plus loin dans leurs retranchements, les forçant à dépasser chaque fois leurs limites. Deux élèves de lus décèderent pendant l'entrainement.
Cirth, durant ces quelques mois passés, avait remarqué une chose étrange se produire avec ses compagnons elfes. Certains s'étaient mis à "changer". Leurs cheveux s'étaient obscurcis, ou avaient même carrément blanchi totalement pour l'un d'eux, et leur peau s'était assombrie jusqu'à ressembler à s'y méprendre aux drows de "sang" déjà présent.

Le petit yamilo pourtant ne changeait pas. Ni l'autre représentant de leur espèce d'ailleurs. Et là où les humains avaient rapidement gagnés en musculature, exception faite des plus jeunes, eux n'avaient semblent-ils pas gagné grand chose en force physique, bien que leurs pouvoirs se soient considérablement accrus.

Tout suivait son cours. Ils s'entrainaient, aiguisaient leurs sens et s'instruisaient. Ils avaient même eu la chance de rencontrer le Roi qui était venu en personne les saluer comme les futurs membres de ses services. Cirth avait été impressionné par le charisme de ce vieil homme qui imposait le respect par sa simple présence, qui transpirait la puissance et la maitrise. Le Roi avait même pris le temps de rencontrer chacun des quatorze "enfants" en privé. Certains étaient ressortis avec une mission. Cirth en faisait parti. Il s'en acquitta avec plus de difficultés que prévu bien qu'il ne s'agisse que d'une simple prise de renseignements. il réintégra l'orphelinat. Il avait eu plus de chance que les trois autres. Le seul des trois qui rentra avait un œil en moins.

Et puis un jour... leur directrice ne se montra pas. Elle n'était jamais en retard pourtant. Son retard s'étendit jusqu'à devenir une absente pure et simple. Comme ils l'avaient appris, ils avaient activé un sort d'alarme destiné à la capitaine de la garde royale, une certaine Tryana Leckard. Là encore, personne ne vint. ni elle, ni le Roi qu'ils avaient tenté de prévenir en activant un parchemin. Les jours passèrent et finalement les semaines. L'ambiance se dégrada et les enfants se divisèrent en deux factions. Ceux qui souhaitaient sortir et récupérer leur "liberté" en profitant de l'opportunité et ceux qui demeuraient loyaux à ceux qui à qui ils devaient tant.

Le sort d'occultation lié au demi-plan commença à présenter des signes de faiblesse, fluctuant, et occasionnant plusieurs défaillances. Puis ce fut au tour de tout le demi-plan notamment en terme de mesure du temps autant que par sa place dans l'espace. A mesure qu'il perdait en intensité, le demi plan dans lequel était situé l'orphelinat perdait des salles. des pièces entières étaient effacées pour préserver le plus d'énergie possible. Pour ne rien arranger, il était impossible de sortir du demi plan sans "autorisation". Les enfants qui tenaient tant à retrouver leur liberté avaient essayé de profiter d'une fluctuation pour tenter fuir le demi-plan mais ils échouèrent.

Une bataille s'engagea alors entre les deux groupes malgré le danger que cela représentait. Les combats furent d'une violence inouïe compte tenu de leur jeune âge. Les loyalistes l'emportèrent.

Au moment où il céda, tous les vivants présents dans l'orphelinat furent téléportés en catastrophe sur une petite placette du cercle. Ils y apparurent dans un fracas assourdissant, ce qui restait du demi plan se disloquant à moitié dans le plan matériel, détruisant en partie la place et les alentours directs avant de se dissiper comme si il n'avait jamais existé. La relique magique qui gérait le demi-plan reposait à terre, déchargée et brisée. Pour les 8 enfants qui avaient survécu, il ne s'était écoulé que deux mois depuis "l'absence" de leur instructrice. Combien de temps s'était-il réellement écoulé ?

Il n'y a pas grand chose à dire sur le physique du jeune yamilo qui, dans toutes les catégories pourrait faire office d'archétype. Plutôt petit pour son âge, il ne mesure que 1m48, il a un visage aux traits fins et enfantins. Ils lui confèrent un air presque innocent, avant que l'on ne comprenne que ce n'est la sagesse mais le "je-men-foutisme" qui animent ses traits comme son regard. Sans être blasé pour autant, disons qu'il n'éprouve que peu d'émotions et encore moins de sentiments si bien que la plupart du temps son visage est incroyablement neutre. Presque autant que celui d'un incarnat, ce qui peut expliquer qu'on le confonde parfois avec eux.

Outre sa carrure en rien impressionnante, il a les cheveux noirs, des oreilles non sans rappeler celles des elfes bien qu'il n'en soit pas un. Sa peau est blanche tirant légèrement sur le gris lui donnant le teint d'une personne malade ou fatiguée ce qui a tendance à renforcer son aspect souffreteux et fragile.
La seule particularité réellement notable reste ses yeux. Comme tous ceux de son espèce, ils sont rouges. D'ordinaire, d'un rouge très foncé qui tire sur le noir. Mais au moindre signe d'excitation (c'est-à-dire d'un sentiment un peu plus fort que d'ordinaire), ils passent du rouge sombre à un rouge vif luisant.

Cirth est semblable à tous les autres Yamilos. Si il a bien un coeur battant dans sa poitrine il ne s'agit que d'un muscle et ce n'est certaienment le siège des "émotions" comme ont tendance à le dire les humains. Cependant, il est arrivé que ce muscle se soit mis à battre plus fort sous le coup du plaisir, de l'excitation, notamment lorsqu'il s'était retrouvé dans une situation violente.

Il n'a toutefois encore jamais éprouvé de haine envers qui que ce soit, pas même face à ses adversaires. cependant, ça ne l'empêche pas s'impliquer plus que de raison dans chaque acte si tant est qu'il ait une dimension "violente". Qu'il s'agisse d'occasionner des dégâts physiques ou mentaux, Cirth se plait à en infliger sous toutes ces formes et un de ses plus grands plaisirs reste de voir de la douleur et du chagrin dans le regard des autres. On pourrait le croire purement sadique mais il a développé également un fort penchant pour le masochisme puisqu'il n'a pas déprécié non plus de se prendre des dégâts lors de certains combats. Un trait mal perçu par ses camarades de l'orphelinat. Pourtant, les deux autres yamilos qui y étaient initialement avaient développé exactement les mêmes... affinités. Finalement, c'était leur instructrice qui leur avait expliqué que c'était des aspects "normaux" pour des personnes deleur espèce et qu'il n'y avait pas lieu d'en avoir honte. Elle s'était méprise. Cirth n'en éprouvait aucune honte ni aucune gène.

Au delà de ces aspects, il ne ressent pour ainsi dire presque rien et le peu qu'il peut lui arriver de ressentir sont instantanément masquées et oubliées dans un recoin de leur esprit. Innocemment cruel, il est cependant très intolérent envers certains types de personnes, notamment celles qu'il juge déloyales envers leur hiérarchie, du moins si cette hiérarchie est digne d'être écoutée. Car si tel n'est pas le cas, la renverser est l'option la plus sure à ses yeux.

Stratège, il ne se bat que lorsqu'il est sûr de gagner et n'hésite pas à fuir quand la survie est en jeu, ou quand la récompense n'est pas la hauteur du risque. N'ayant pas de force brute pour lui permettre de dominer physique, il n'hésite pas à employer toutes les autres approches moins, nobles mais qui lui permettront de parvenir à ses fins.

D'un point de vue "social", il n'est pas spécialement désagréable, cependant il n'est pas non plus spécialement agréable. Il n'héiste pas à énoncer des faits et prononcer des jugements sans prendre en considération la psyché ou la sensibilité de la personne d'en face dont, il faut l'avouer, il se moque éperdument la plupart du temps. Bien qu'il aient appris les règles pour "se fondre dans la société", et malgré le fait qu'il soit effectivement capable de les appliquer, il ne le fait que lorsque c'est nécessaire. Donc principalement pour approcher quelqu'un. Son absence de sentiment fait qu'il n'a aucun scrupule à jouer la comédie d'un bout à l'autre ni même à jouer avec les sentiments des uns et des autres pour obtenir l'effet souhaité. Autrement, il ne voit pas d'intérêt à s'ennuyer avec de tels codes ridicules.