Biographie

La gardienne de la viiiie

Ma très chère Delphine,

Je suis désolée de t'avoir fait subir tout ça. Mais je ne supportais plus de te savoir loin de moi. Je ne sais pas ce dont tu te souviens, je ne sais pas ce que l'on t'as dis, alors je vais juste te raconter ma version de l'histoire... qui est aussi un peu la tienne.

J'ai rencontré ton père, Cernnunos Oneiros, chez un ami commun : le général Erion Tumindil, sous les ordres de qui j'ai servi pendant la guerre contre les drow. Il est vrai que Cernnunos a suivi des chemins sombres dans sa vie, il a fait des choses terribles, et c'est en drow qu'il est mort, ici, à Targatt. Mais à l'époque, il était un elfe repenti, plein de regrets et désireux de faire le bien. Nous sommes tombés amoureux. Il m'apprit les secrets des forêts et des arbres qu'il connaissait si bien. Nous avons vécu tranquillement en fabricant des potions et des enchantements pour aider les autres dans leur travail. Nous t'avons conçue, nous nous sommes financé... Nous avons été heureux pendant quelques années, nous étions loin de ma cité natale Lindornëa.

Mais mes parents finirent par apprendre ce qui se passait entre nous. Pour eux, voir leur fille épouser un paria, un elfe banni de sa propre cité, qui n'était même pas noble et dont le sang n'était pas pur, c'était intolérable. Je ne sais plus ce que disaient leurs lettres exactement mais leur message était clair : je devais quitter cet homme et revenir immédiatement. Ils ont insisté, j'ai refusé. C'était si incompréhensible pour eux qu'ils ont pensé qu'on m'avait ensorcelée. Ils ont finit par débarquer sans prévenir avec leur garde, ils nous ont séparé de force et m'ont ramenée avec toi à Lindornëa. Comme nous ne cessions d'essayer de nous retrouver Cernunnos et moi, ils nous lancèrent un sortilège d'éloignement. Malgré cela je ne pouvais pas m'empêcher d'essayer de le voir. Nous échangions des lettres en secret. J'ai même obtenu un poste de guetteur sur nos murailles juste dans l'espoir de l'apercevoir, même de loin. Je restais à la cité, je ne pouvais pas errer de par le monde avec toi. Tu étais si petite, adorable, tu étais mon rayon de soleil. Mais... malgré cela, je n'arrivais pas à oublier Cernunos. J'essayais de penser à autre chose, de reprendre mes études sur la magie blanche... mais mon coeur était toujours ailleurs. Je de faire le guet sur les remparts la nuit, et je commençais même à m'aventurer hors de nos terres, pour me rapprocher de lui, juste un peu plus. Plusieurs fois nous avons essayé de briser le sortilège, mais c'était à chaque fois un échec, et à chaque fois je plongeais un peu plus dans le malheur.

Après notre dernier essai, j'étais si désespérée que j'ai attenté à ma propre vie. Cernunnos n'était plus là à mon réveil, mais je sais que c'est lui qui m'a sauvée parce que je me souviens qu'à mon réveil, entre mes mains posées sur ma poitrine, il y avait une jolie branche de chêne. Je le sais maintenant, mais à ce moment là j'avais complètement perdu la mémoire à cause du choc... Tes grand-parents ont fini par me retrouver et ont fini de me soigner. Mais, au lieu de m'aider à retrouver mes souvenirs, ils m'ont fait croire que tu étais ma petite sœur. Je ne me rappelais pas, mais je savais que je t'aimais profondément. Tu étais très jeune, peut-être que tu te souviens quand même de m'avoir vue de temps à autre. Ayant peu à peu repris goût à la vie, je suis retournée parcourir le monde avant de m'installer à Targatt.
Quand j'ai retrouvé la mémoire grâce à Lùthien, j'ai réalisé tout ce qui s'était passé, tout ce que mes parents m'avait fait. Peut-être qu'ils cherchaient à me protéger à leur manière, mais je ne suis pas prête à leur pardonner. J'ai aussi compris ce temps que j'avais passé sans toi, alors que tes grands parents veillaient à ce que tu restes bien hors de mon influence... jamais ils n'auraient accepté que tu viennes vivre ici avec moi

Avec tout mon amour,
Saéline

***
Mon tendre Chad,

Tu es celui qui me connaît le mieux aujourd'hui, et pourtant j'ai tant à te dire. Mes cauchemars, ma tristesse... je peux maintenant presque tout expliquer. Je me souviens, et chaque chose reprend sa place.

Par où commencer ? Le début sans doute : Je ne suis pas fille unique... du moins je ne l'étais pas. Je t'ai dit que la bibliothèque de mon demi-plan m'avait été cédée par mon père. Mais pourquoi me l'aurait-il laissée alors qu'il est en vie ? En réalité, elle appartenait à mon frère Malthen. Je dois beaucoup de ce que j'ai appris à mes parents, mais je crois qu'il m'a élevée autant qu'eux. C'était un grand érudit, en plus d'être un excellent invocateur... et un héros de guerre.

Quand il est tombé contre les drow, mes parents ont tout tenté pour me dissuader de partir à mon tour, mais rien n'aurait pu m'empêcher de suivre les traces de Malthen. Je me souvenais que j'avais été soldat, mais pas que je l'avais été pendant les guerres elfiques. Comme j'étais d'une grande famille et que j'avais été instruite aux arts de la guerre, on m'a rapidement nommé lieutenant, et c'est à la table des officiers que j'ai rencontré Lùthien pour la première fois.

Après la guerre, il y a eu Cernunnos, la naissance de Delphine et le conflit avec mes parents que je t'ai déjà raconté. Et puis ma perte de mémoire. Je ne comprends toujours pas comment j'ai pu oublier que Delphine était ma fille... Toujours est-il qu'une fois remise, j'ai eu envie de voir du pays et j'ai rejoins l'Ordre de l'Etoile. C'est un ordre ancien qui protège la vie sous toutes ses formes. Une de ses missions principale est de protéger le petit peuple et le cacher au yeux du monde connu. En tant qu'ainés du petit peuple, c'est à nous Elvarions que revient cette tâche. Dans les faits, nous venions en aide à toutes les créatures qui en avaient besoin, et il nous arrivait souvent d'aider les mages victimes de l'ordalie. C'est de cette manière que j'ai appris à connaître les cités telles que Targatt où ils trouvaient souvent refuge, tout comme toi. J'ai servi l'ordre pendant quelques décennies, et puis j'ai décidé de m'installer à Targatt. La suite, tu la connais.

Je savais que j'avais perdu une partie de ma mémoire, mais Lùthien était bien la seule à pouvoir me rappeler que Cernnunos avait un jour compté pour moi. Ne t'inquiètes pas, il n'y a que toi dans mon cœur aujourd'hui, mais je vais avoir besoin de temps pour faire le deuil de certaines choses. Il y a des souvenirs que j'aurais préféré ne pas retrouver, mais c'était le prix à payer pour retrouver ma fille.S'il te plait, essaye d'être bon avec Delphine. Je sais qu'elle n'est pas ton sang mais elle compte beaucoup pour moi.

Avec tout mon amour,
Saéline