Comme promis, me voici. (PV)

Comme promis me voici

La jeune femme avait été assez occupée depuis la fin du conflit avec les démons. La reconstruction ne se faisait pas sans peine et les vols, viols et abus en tout genre étaient presque devenus monnaie courante dans le cercle, qui, comme d'habitude était un des quartiers qui avait subi le plus de dommages. Et si certains jouaient la carte de la solidarité avec sincérité, d'autres au contraire, tentaient de tirer profit de la détresse de ces personnes, bien qu'ils en fassent parti pour la plupart.

Pour les aider dans leur tâche, les paladins avaient été dépêchés. Leur aide avait été précieuse du point de vue de la jeune protectrice, bien qu'insuffisante. Aucune force n'était assez nombreuse pour le moment pour pouvoir assurer pleinement la sécurité des personnes ET des biens. Or, les quartiers riches, pourtant moins touchés, avaient aussi vu les patrouilles être augmentées tendis que certains ordres privilégiaient la sécurisation des chantiers. Un choix compréhensible mais contestable. Évidemment, plus vite les chantiers aboutissaient et plus vite les gens seraient relogés, et donc plus facilement les rues seraient ensuite sécurisées. Et puis il serait aussi plus compliqué pour les malfrats de profiter des personnes qui auraient récupéré une partie de leurs biens... Mais toujours est-il qu'en attendant, c'était la population qui payait un peu plus encore.
Ambre était très partagée sur la question et n'arrivait pas à savoir ce qu'elle aurait préféré.  

Après quelques semaines de travail, vint enfin quelques jours de permission durant lesquels elle comptait bien essayer de se détendre et de se sortir de la tête toutes ces préoccupations. Elle avait décidé de se faire plaisir.

Si pour certaines filles de nobles ça voulait dire dépenser sans compter dans des toilettes et des parures hors de prix, pour elle il s'agissait de gourmandises dont elle raffolait. Des glaces principalement et du chocolat mais aussi de la pâte d'amande. Elle pouvait en manger des tonnes sans sourciller. La plupart du temps elle parvenait tout de même à se rationner mais il arrivait tout de même qu'elle ne se fasse des repas entiers qu'avec ces mets les jours où elle avait besoin de compenser.
Elle ne savait pas si aujourd'hui serait l'un de ces jours mais, quoi qu'il en soit, elle comptait au moins savourer une glace.

C'est donc vêtue d'une longue robe verte des plus simples, bien que l'étoffe montre son conteste son appartenance à une famille aisée, et ses cheveux lâchés pour une fois qu'elle sortit de la demeure familiale. Aucune arme n'était visible mais elle avait une petite bourse accrochée à la fine ceinture qui marquait sa taille.

Perdue dans ses pensées, elle ne remarqua pas Brann jusqu'à ce qu'il ne prenne la parole, la faisait presque sursauter. Elle se retourna pour voir qui s'adressait à elle.
Ses yeux de la même couleur que sa robe se posèrent sur le jeune homme avec un léger haussement de sourcils à la pensée qu'il était bel et bien revenu vers elle. Jamais elle n'avait imaginé qu'il ait dit ça autrement que pour être poli. Aussi, qu'il le fasse réellement la surprenait des plus agréablement.

Quand au fait qu'il ait été occupé, oui...

"J'ai eu vent de certaines de vos occupations oui. Mes félicitations pour vos nominations."

Elle lui adressa un sourire sincère mais un brin timide tendit qu'il franchissait les quelques mètres qui les séparaient l'un de l'autre tout en lui indiquant qu'il avait eu envie de la revoir. Son sourire la faisait fondre c'était assez horrible que de sentir et savoir que nos propres émotions nous échappaient. Ses joues rosirent légèrement et elle détourna les yeux pour lisser machinalement sa jupe, signe de son inconfort face à tant de franchise. Elle ne put pourtant pas s'empêcher de redresser la tête comme pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas avant de répondre enfin.

"Ca m'étonne en fait... Mais ça ne me dérange pas. Au contraire."

Elle replaça une mèche de cheveux roux derrière son oreille avant de poursuivre.

"Je comptais aller savourer une glace. Vous voulez m'accompagner ?"

Elle songea que ça sonnait vraiment très enfantin et un peu sot sans doute d'en manger alors qu'il faisait encore un peu frais. mais le Soleil brillait et elle en avait envie. Pour elle c'était une raison suffisante. En tout cas, sa simple présence avait suffit pour lui faire momentanément oublier le reste.

"Comment se déroule votre prise de fonction au Sénat ? Ce n'est pas trop compliqué de tout gérer avec les tensions qu'il y a depuis la guerre ?"

Elle avait beau se tenir éloignée de la politique, la position de sa maison faisait qu'elle en entendait au moins parler. Grâce à cela, elle savait que certains jugeaient Brann bien trop jeune et inexpérimenté pour assumer une telle charge qui demandait a priori un gros engagement et beaucoup beaucoup de patience et de doigté dans la gestion des égos qui bataillaient dans l'enceinte du Sénat, chacun pour faire entendre sa voix. En son nom propre ou pour nourrir les ambitions de son propre camp.
De telles histoires la confortaient dans sa voie de protectrice. Elle ne se jugeait pas assez intelligente et clairement pas assez fine pour jouer comme les politiques le faisaient avec les uns et les autres. Aussi était-elle plutôt admirative que le jeune homme marchant à ses côtés ait réussi à se faire élire à un tel poste.

Ambre imaginait qu'il n'avait pas forcément trop envie de s'étendre sur le sujet, elle voulait juste prendre la température en quelque sorte, par curiosité, mais les détails de ce qu'il s'y passait ne l'intéressaient que peu, voire pas du tout.
Et puis ce sujet était aussi le moyen de cacher le fait qu'elle ne savait pas de quoi discuter. Elle n'avait jamais parlé avec une personne telle que lui et s'imaginait qu'il se lasserait vite d'elle de toute façon.

Comme promis me voici

La jeune femme était transportée d'enthousiasme à l'idée que Brann l'accompagne durant son escapade. Et d'autant plus depuis qu'elle ne s'attendait pas à ce qu'ils se revoient, ou du moins pas si tôt, et encore moins sous l'impulsion du jeune homme. Bon sang...Un Leckard l'accompagnait. Si ses parents l'apprenaient elle perdrait sans doute son sourire mais tant pis. Il n'avait jamais mal agi en sa présence... Enfin... sa seule "mauvaise" action était des plus justifiées vu l'urgence de la situation ça se comprenait tout à fait et en un sens elle comprenait la raison pour laquelle il avait tué ces civils ensorcelés. Corrompus... Les sauver aurait pris trop de temps. Quoi qu'il en soit, elle ne pouvait nier être heureuse qu'il s'intéresse à elle, même si elle ne faisait pas de film sur le fait que ce n'était qu'amical.

Et si ses parents l'apprenaient, hé bien elle trouverait bien comment le défendre. Dans le fond, elle était adulte et elle pouvait prendre soin d'elle et de sa vie. C'était à elle de choisir qui elle acceptait de faire entrer dans sa vie. Et, elle comptait bien donner une chance à Brann de lui prouver que toutes les médisances sur son compte et celui de sa famille n'étaient que des rumeurs infondées.
Alors qu'il acceptait donc de l'accompagner, il l'appela "lady". C'est vrai qu'on disait qu'il avait été plusieurs années en Albion pour représenter les intérêts de sa famille. Toutefois, gênée, la jeune femme reprit la parole en riant un peu.

"Je vous en prie, appelez moi simplement Ambre s'il vous plait. Je suis nettement moins sophistiquée que les autres femmes de la noblesse que vous avez l'habitude de côtoyer."

Ce n'était pas pour se dévaloriser, ce n'était qu'un fait. Elle ne portait pas mille bijoux ou atours rehaussés de dentelles ou tissus hors de prix. Elle n'habitait pas non plus un petit palais comme d'autres nobles mais une simple demeure clairement balèze par rapport aux pauvres gens du cercle mais néanmoins en comparaison de leur statut, ils n'étaient clairement pas les plus riches. Enfin... elle ignorait l'état des finances, ses parents ne lui laissant rien voir ou faire en ce sens mais elle les avait toujours connus comme des personnes plutôt humbles et qui n'affichaient pas leur réussite.

Ils étaient assez décriés par les autres nobles à cause de cela. On les considérait comme des outsiders parce qu'ils semblaient moins riches que d'autres. Pourtant, ils étaient presque aussi vieux que les Leckard. Ils attiraient simplement nettement moins l'attention.

Tendis qu'elle le questionnait sur son nouveau poste il éluda la question en restant vague. Oui c'était indélicat de sa part d'avoir demandé. Evidemment que c'était difficile il ne servait à rien de remuer le couteau dans la plaie en quelques sortes.

"Oui, je suis désolée c'était une question stupide." Elle lui sourit avec chaleur. "Oui, faisons cela."

Finalement, il la complimenta sur sa beauté. Une grande première qui la laissa sans voix durant quelques secondes. Ses joues rosirent davantage et elle afficha une bouille renfrognée et une légère moue.

"Je vous remercie Messire... Mais vous prierai de ne pas vous moquer de moi. Je sais pertinemment que je n'ai rien d'exceptionnel et... je n'apprécie pas que l'on se moque de moi."

Elle lui souriait malgré tout mais on sentait une pointe de tristesse. Ce n'était pas qu'elle se trouvait moche ou quoi. Mais elle préférait l'honnêteté et la franchise que du miel distribué pour rien. C'était au fond, une femme tout à fait simple et pure, sans artifices. Plutôt enthousiaste et clairement un peu trop candide.

"J'ai entrevu la personne que vous étiez lors de notre première rencontre et il m'a semblé l'apprécier. Vous n'avez pas besoin de me complimenter."

C'était vrai, mais en disant cela elle pensait surtout à sa compétence, sa franchise et au regard qu'il avait eu envers son dragon. Un regard bienveillant en quelque sorte et attaché à lui. Ils arrivèrent à la boutique et Brann proposa de lui offrir sa glace. De voir ces sucreries lui redonna le sourire presque instantanément alors qu'une lueur gourmande brillait dans ses yeux. Elle finit par accepter et choisit deux parfums : violette et citron. Curieuse de voir ce qu'allait prendre le jeune homme, il attendait qu'il fasse son choix avec une curiosité très mal dissimulée. Après tout, connaitre les gouts d'une personne était courant entre amis. Voyant qu'il hésitait, elle lui conseilla de prendre la vanille. C'était doux et sucré à la fois mais pas trop fade ni exotique, au niveau du gout au moins. L'idéal pour une découverte. Elle observa avec attention sa réaction à la première bouchée et dégusta avec plaisir la sienne.

"Je vous remercie en tout cas. Je comptais me promener après, il y a un endroit que vous aimez ?"

Comme promis me voici

Tendis qu'il venait de la complimenter, elle lui avait demander de ne pas forcer le trait et de rester honnête avec elle. Il n'avait pas besoin de la flatter pour que sa compagnie soit agréable. Elle savait pour l'avoir déjà subi que les nobles avaient la fâcheuse tendance à enrober de sucre tout et n'importe quoi, à flatter toujours plus que nécessaire. Son père le faisait lui-même de temps à autre quand il s'adressait à des nobles de bien plus haut rang qu'eux. Elle détestait lorsqu'il s'abaissait à procéder de la sorte bien qu'elle en comprenne la nécessité de temps à autre sans doute. Elle trouvait ce "système" biaisé.

Quoi qu'il en soit, à sa supplique, il répondit aimablement qu'il pensait chaque mot et la jeune rousse détourna la tête une seconde de gêne. D'abord pour avoir cru qu'il n'était pas honnête et de l'avoir donc mis en porte à faux, puis parce qu'elle était ravie de sa réponse et refusait d'admettre à quel point c'était le cas.

Finalement, elle avait saisit doucement son bras pour poursuivre leur route.

"Je vous prie de m'excuser d'avoir douté de vous dans ce cas."

Ambre lui sourit d'un air enthousiaste et sincèrement ravi de cette sortie et affermit sans même s'en rendre compte sa prise sur le bras du jeune homme, qui restait malgré tout délicate, elle s'était juste un peu rapprochée.

Alors qu'ils entraient dans la boutique, elle ne remarqua pas particulièrement que la plupart des clients s'en allaient, préférant mettre de la distance entre eux et un Leckard. Ambre de son côté était bien trop occupée à choisir les parfums qu'elle allait choisir pour y prendre garde. De plus, elle avait la mauvaise habitude de ne pas faire attention aux comportements qu'elle jugeait déplacé, comme c'était le cas maintenant. Comme souvent, elle les éludait et faisait comme si de rien n'était sans même avoir besoin d'y penser. C'était naturel chez elle.

Après qu'elle eut choisit ses parfums, elle finit par conseiller un parfum des plus simples pour Brann qui, a priori, n'était jamais venu. Ils allèrent s'asseoir à une des tables pour savourer leurs glaces. Alors qu'elle lui demandait où il voudrait aller ensuite, il évoqua le parc. Effectivement, les arbres commençaient à fleurir et offraient de magnifiques couleurs en plus des senteurs douces des effluves qui émanaient d'eux. Le soleil commençait à taper et être sous les feuillages serait des plus agréables.
Toutefois, il lui demanda avant de parler d'elle. Elle se renfrogna légèrement et comme essayer de différer la réponse qu'elle devait donner, elle prit quelques bouchées de glace avant de se lancer.

"Hé bien... J'ai une sœur aînée et un petit frère qui est encore à l'académie. Ma sœur de son côté est partie découvrir le monde et parfaire sa maîtrise de la création d'objets magiques. Moi... euh... J'ai longuement hésité avant de devenir protectrice. Pour être honnête je n'étais pas certaine de ma voie. Je voulais surtout être utile aux autres et à la cité. Mais je ne suis pas très douée en guérison donc je me suis tournée vers autre chose."

Ce n'était pas très glorieux et elle en avait parfaitement conscience. C'était même un peu gênant pour elle. De son point de vue, elle était accompagnée d'une personne qui personnifiait l'excellence à lui seul. D'abord par la puissance de sa famille puis par sa carrière alors qu'il était si jeune, par sa maitrise de la magie aussi dont elle avait brièvement entendu parlé, et elle en avait eu un aperçu avec son invocation du dragon blanc. Et à cela il fallait ajouter un caractère plutôt avenant, une personnalité qu'elle présumait intéressante et pour couronner le tout, il était en plus terriblement mignon. Elle de son côté n'était qu'hésitation et indécision. Et elle semblait médiocre en comparaison de son interlocuteur.

"Lorsque nous nous sommes rencontrés j'avais été intégré deux jours plus tôt à l'escouade de notre capitaine. Autant dire que je suis une débutante."

Elle rit un peu malgré elle, consciente d'avoir de la chance d'être encore en vie sans doute.

"Je suis désolée, ma vie est des plus insipides j'en ai peur. Je n'ai pas voyagé et je n'ai pas un poste aussi complexe et intéressant que le vôtre. Mais c'est à votre tour. Parlez moi de vous."
Ambre lui adressa un sourire des plus charmants en attendant d'en savoir davantage. de son côté ce n'était pas de la fausse modestie, il était clair qu'elle n'avait pas une très haute estime d'elle-même et qu'elle n'avait pas confiance en elle. Pourtant, le fait qu'elle soit devenue protectrice malgré les risques et le fait qu'elle soit a priori dénuée de talents témoignaient pourtant d'une certaine forme de volonté et force de caractère.

Elle reprit quelques bouchées de sa glace en train de fondre.

Comme promis me voici

La conversation était plutôt agréable bien qu'elle reste pour l'instant des plus généralistes, c'était toutefois nécessaire pour qu'ils apprennent à mieux se connaitre et se cerner. A sa demande, Ambre fit un bref énoncé des faits qu'elle jugeait pouvoir être "utiles" à la discussion. Les essentiels disons sur sa personne ou sa famille bien qu'elle n'ait aucunement abordé les visées politiques de cette dernière ni même le "clan" qu'elle soutenait, ou pas, au sénat. Après tout, Brann lui avait demandé de laisser de côté les affaires politiques, ce qui convenait tout à fait à Ambre qui s'y intéressait peu et n'était jamais certaine de savoir quoi penser de ce dont elle avait vent.

Alors qu'elle mentionnait ne pas être totalement certaine de sa voie et que l'essentiel pour elle était d'aider les autres, son interlocuteur la rassura en quelque sorte sur le fait qu'elle pouvait en effet concilier la fonction de protectrice avec sa "vocation" tournée vers les autres... Jusqu'à ce qu'il mentionne les massacres.
La jeune femme blêmit un peu. Ca faisait parti de ces choses qui la choquaient mais dont elle n'était pas certaine de savoir quoi penser. D'un côté, les éthéristes avaient été déclarés ennemis de la cité et étaient encore aujourd'hui interdits de culte. D'un autre... les civils qui avaient pu trouver leur discours séduisants n'auraient pas du être mis dans le même bateau que les prêtres.

D'ailleurs, par certains côtés, Ambre elle-même trouvait que cette religion pouvait avoir une influence positive. Elle avait déjà assisté à un prêche ou deux. La jeune femme qui les avait fait savait parler c'était un fait. Mais au-delà de la qualité de ses discours, elle l'avait aussi vu donner du pain aux plus démunis et porter un collier d'anti-magie entre autre chose. Ainsi, si autant de monde l'avaient rejointe, ce n'était sans doute pas pour rien.
Ambre était scandalisée par tant de morts, de civils morts. La plupart étaient désarmés disait-on à ce moment là. Ennemis de l'Etat ou pas... c'était une perte immense pour la cité.

D'un autre côté, les protecteurs ne devaient pas eu droit de désobéir. On racontait qu'ils auraient sinon subis le même sort que ceux qu'ils abattaient comme des chiens. Mas qui savait réellement ce qu'il était arrivé ? Le Roi, qui était mort. Et les prêcheurs, qui étaient morts également...Comme tous les présents à ce rassemblement d'ailleurs.

"Je ne pense pas que notre Reine actuelle soit capable de massacrer des innocents comme ce fut le cas avec votre... enfin... euh... l'ancien Roi."

Le mot qui lui était venu de prime abord n'était autre que "grand-père". Après tout, c'était bel et bien le cas non ? Drake Leckard était, avait été, le grand-père de Brann. Et malgré l'affection naissante pour le jeune homme, il n'en demeurait pas moins que ce lien direct entre lui et le tyran qui avait pris le titre de Roi, faisait parti de ces choses qui la mettait sous pression et l'angoissaient. Tout le monde prétendait que la pomme ne tombait jamais bien loin du pommier... Ambre redoutait que cela puisse être le cas, bien que jusqu'à présent, Brann ne lui ait donné aucun signe réel que ça puisse être le cas...

Sauf quand il avait fait appel à son dragon pour tuer ces pauvres âmes corrompues... Mais elle éluda ce fait. Ils étaient corrompus et nombreux. C'était sans doute nécessaire. Elle n'en savait trop rien. N'ayant que peu d'expérience au combat, elle n'avait aucun recul sur ce que ses aptitudes lui permettaient de faire ou pas. Sans doute Brann avait-il vu qu'ils ne s'en seraient pas sortis indemnes avec sa technique ? C'était du passé maintenant...

Finalement ce ut au tour du jeune homme de parler de lui. Malgré tout le mal qu'elle se donnait pour ne pas avoir l'air de trop s'intéresser à lui, elle buvait pourtant littéralement ses paroles, soucieuse d'en retenir chaque détail.
D'ailleurs, elle avait omit qu'il soit également professeur. Oui, décidément... elle était à la traine. Ils ne devaient pas avoir énormément d'années d'écart et pourtant il avait déjà accomplies mille et unes choses là où elle peinait à en assumer une. De plus, si être au sénat dénotait une forme particulière d'intelligence -selon elle du moins- et une habileté politique certaine, le fait qu'il soit professeur démontrait qu'il avait également des aptitudes exceptionnelles en matière de magie d'invocation et qu'il était reconnu par ses pairs.

Encore un peu et Ambre se serait cramé les yeux tant il avait l'air d'attirer la lumière. Du moins le regard de tous sur lui. A coup sur il faisait rejaillir tout ce qu'il y avait de meilleur chez les Leckard, ce qui ne leur faisait pas de mal compte tenu de leur réputation.

"Votre famille doit vous être très reconnaissante de tout ce que vous faites pour elle. Sans parler de votre renommée personnelle qui me met un peu mal à l'aise je dois l'avouer."

Elle baissa d'un ton et se pencha légèrement vers lui à la manière d'une personne prête à dire un secret.

"Vous êtes certain de vouloir être vu en ma compagnie ?"

Ambre ne disait pas cela pour être ni complimentée ni plainte, ni quoi que ce soit d'autre. Elle n'avait aucune forme d’arrière pensée si ce n'était de ne pas vouloir l'embarrasser ou lui nuire de manière indirecte en étant vu aux côtés d'une fille inconnue de la noblesse montante de Targatt.

Finalement, il proposa d'aller dans le parc comme il l'avait mentionné plus tôt. Ambre acquiesça de bonne grâce, trop ravie que ce moment se poursuive, et se sentant, étrangement, en sécurité à ses côtés.

"Avec joie." Répondit-elle avec un sourire pétillant de joie.

Comme promis me voici

Un brin impressionnée par la somme assez incroyable d'accomplissements du jeune homme qui lui faisait l'honneur de sa compagnie, Ambre se sentit toutefois obligée de lui demander si il ne souhaitait pas qu'elle prenne ses distances avec lui. Après tout, sa famille montait les échelons mais du fait de sa toute nouvelle notoriété, n'était pas forcément des mieux vues par les plus anciennes et les plus puissantes. Aussi aurait-elle tout à fait compris, compte tenu de son statut et de son mandat, en quelque sorte, que Brann préfère ne pas s'afficher avec elle.

Sans s'attendre le moins du monde à sa réponse, qu'elle soit négative ou positive, elle fut en revanche franchement surprise par le geste rassurant, doux et... elle n'osait pas y penser et pourtant, un geste plutôt romantique qu'il eut à son égard. Rosissant de ce contact, elle ne retira toutefois pas sa main de la sienne. Ses grands yeux verts se chargeaient seuls de témoigner de l'affection naissante qu'elle lui portait en brillant plus intensément encore que d'origine, ses iris ressemblant à deux émeraudes.

Le clin d’œil charmeur qui suivit n'arrangea en rien l'impression que des papillons dansaient dans son ventre et rendaient chacune des paroles et chacun des gestes de Brann plus exquis que tout ce qui les entouraient.

Si sur le moment, l'idée qu'il ne puisse s'agir que d'un geste amical, un témoignage de son amitié, fut vite démentie puisqu'il ne se sépara point qu'elle tendis qu'ils quittaient la table pour se diriger vers le parc non loin de là.
Gloussant intérieurement telle une enfant trop heureuse, elle le suivit de bonne grâce à travers les allées bordées d'arbres majestueux et bosquets fleuris plus somptueux les uns que les autres. Avec calme, ils marchèrent un moment en silence. Il semblait profiter des lieux ou en tout cas du moment présent tendit qu'elle profitait toute entière de ce moment avec lui.

Finalement, ils s'arrêtèrent dans un recoin plus calme encore qui par son recul donnait un avant gout du paradis. Du moins, dans l'esprit de la jeune femme, un des Paradis devait sans doute bien ressembler à un tel lieu non ? Calme, reposant, si beau... Son regard retomba sur Brann tendis qu'il s'arrêtait devant le banc.
Sa question la fit quelque peu redescendre sur terre. Songer à ses parents ou à sa famille en général n'était pas exactement en adéquation avec le "paradis".

Elle prit un instant pour réfléchir à la réaction de sa mère tout particulièrement. Elle avait un côté dual assez complexe à cerner, même pour sa propre fille. Toutefois...

"Ne vous en faites pas pour ma famille, si il le faut je ferai valoir que notre... amitié ne peut que bénéficier aux Heasley. Après tout, vous êtes l'étoile montante de Targatt. Et dans le pire des cas, si vous deviez tomber en disgrâce, les Heasley n'auraient qu'à me mettre cette "erreur" sur le dos. Après tout je suis jeune et si insouciante que j'en suis même devenue protectrice, du moins telle est je suppose la vision qu'en auront les vieilles familles."

Elle lui sourit d'un air un peu mutin. Ambre avait beau se désintéresser de la politique, elle en comprenait toutefois les enjeux, tout comme les tenants et aboutissants. Aussi, ce genre de levier lui paraissait des plus simpliste.
Ambre aurait pu faire un petit discours pour tenter d'expliquer quelle était la position de sa famille par rapport aux Leckard mais en fin de compte, elle n'en avait ni envie, ni assez à dire car dans le fond elle ignorait si sa famille avait eu de vrais liens avec l'ancien gouvernement. La rouquine espérait secrètement que ce ne fut pas le cas mais elle savait aussi que sa mère ne lui disait pas tout. Loin de là d'ailleurs.

Quand à leur "amitié", elle avait manqué de peu de parler d'une "relation". Une amitié était une forme de relation non ? Mais le mot ne pouvait que trop laisser entendre qu'elle désirait un autre type de relation que de l'amitié. Et, par timidité comme pour éviter de le froisser en osant prétendre connaitre ses sentiments réels à son égard, elle avait choisi d'employer un mot. Habituellement elle aimait ce mot. Mais avec Brann, oui, avec lui, ce mot lui semblait fade et sans saveur. Ce qui... était inquiétant en fait. Ils se connaissaient si peu, il était impensable qu'elle puisse commencer à tomber amoureuse. Pas si vite. Pas comme ça. Et pourtant... Bien qu'elle soit loin de pouvoir dire qu'elle l'aimait, il était clair qu'il l'attirait aussi sûrement que la lumière attirait les papillons de nuit.

La jeune protectrice se rendit compte qu'elle avait tout de même inclus dans son hypothèse la "déchéance" du jeune homme. Ambre espérait qu'il n'en serait pas vexé. Ce n'était pas du tout ce qu'elle espérait pour lui. Mais ça partait du simple constat que la cité, et son peuple, étaient d'humeur changeantes. Dangereusement lunatiques même de son point de vue. Et il y avait toujours des dommages collatéraux. Récemment, les Leckard avaient subi de lourdes pertes et il était clair que les loups rodaient, impatients de pouvoir finir le travail. Après tout, les Leckard n'étaient pas détesté pour rien non plus... Normal qu'ils aient des ennemis.

"De mon côté, que vous soyez un Leckard me donne d'autant plus envie de vous connaitre."

Les paroles avaient échappée à Ambre qui serra légèrement plus la main de son sorcier, se sentant à la fois obligée de se justifier.

"Je ne pense pas que vous soyez un monstre comme certains le disent de l'ensemble des membres de votre famille. Personne ne devrait être jugé à son nom de famille, et puis, personnellement, je suis plus que ravie de passer ce temps avec vous."

Ses yeux se perdirent un instant dans ceux du jeune homme. Cillant finalement, elle détourna son regard pour s'absorber dans la contemplation d'une fleur à quelques mètres d'eux. Ambre revint pourtant rapidement à lui. Hésitante, elle replaça maladroitement une mèche de cheveux derrière son oreille, pourtant déjà parfaitement en place.

"Je sais que c'est prématuré et même vraiment cavalier de ma part..."

Habituellement c'était les hommes qui s'ouvraient sur ce point.

"Bien que notre escapade ne soit pas terminée, j'aimerai savoir si vous accepteriez de me revoir.

A mesure qu'elle se rendait compte de son audace et de ce qu'elle était en train de proposer, à qui elle était en train de le proposer, et comment elle était en train de le faire, Ambre baissait de plus en plus la tête, presque honteuse, tendis qu'elle s'emmêlait verbalement les pinceaux dans un stupide babillage.

"Pour manger ou glace... ou pas. Simplement pour se promener ou... ou pas. Euh..." J'apprécie réellement votre compagnie."

Finit-elle par avouer le plus simplement du monde sans toutefois oser croiser son regard. En même temps, les choses de l'amour ou tout ce qui s'y apparentait n'avaient jamais recéler un grand intérêt pour elle. Ce qui pouvait expliquer sa tendance à négliger son apparence.
Toutefois, elle imaginait qu'une relation à deux niveaux ne pouvait que mal finir. Si l'un aimait mais que l'autre appréciait simplement... Ainsi, elle préférait paraitre abrupte et trop directe, que de risquer un quiproquo qui lui ferait sans doute du mal tôt ou tard. Si Brann souhaitait que leur relation n'aille pas plus loin, elle saurait s'en contenter, mais préférait le savoir avant de laisser éclore davantage de sentiments à son égard.

Comme promis me voici

Brann lui paraissait si doux, prévenant et à la fois si lucide sur ce qui se disait de lui ou de sa famille qu'Ambre se demandait parfois si il avait des défauts. Des vices cachés... Évidemment, elle se doutait qu'il faisait en sorte de se présenter sus son meilleur jour. Tout le monde procédait ainsi après tout. Mais les meilleurs jours des uns étaient clairement au-dessus des meilleurs jours des autres. Et Brann semblait être de ceux qui dominaient la foule par leur simple présence. La jeune femme ne serait pas étonnée de voir une assemblée entière de politiciens faire silence sur un simple geste de sa part. Mais au-delà du magnétisme qui se dégageait de lui, il lui semblait être une personne sincère et tournée vers les autres, aussi étrange que cela puisse sonner quand on pensait qu'il s'agissait d'un Leckard.

Après tout, là où d'autres ne lui aurait accordé aucun regard, ou seulement pour proférer quelques moqueries, il s'était montré attentionné et remarquablement doux. Une telle chose ne saurait être feinte pas vrai ? Ambre avait fini par se persuader qu'elle pourrait l'aider à réhabiliter son nom.

Et en tout cas, il n'avait pas mal pris ses remarques et avait même renchérit pour confirmer le fait qu'on les jugeait tous sur les actes perpétrés par Drake. Et c'était effectivement le cas même si, avant la prise de pouvoir du tyran, les Leckard étaient déjà fort mal jugés. Il semblait en fait que ça avait toujours été le cas. Certaines histoires pour enfants avaient même remplacé le croque mitaine par un Leckard. C'était pour dire depuis combien de temps ils étaient détestés et craints à la fois. Pourtant, Ambre ne voyait pas vraiment de noirceur chez Brann. Et d'ailleurs Alecto Leckard, son oncle était connu pour être un merveilleux guérisseur. Ce qui lui faisait penser, et croire, que peut-être... peut-être le temps était-il venu pour montrer la lumière qui habitaient aussi les Leckard.

Après tout, nul n'était foncièrement mauvais. Et même les pires criminels avaient droit à une seconde chance. Et Brann étant très loin d'en être un, méritait sans doute encore davantage que l'opinion publique finisse par se ranger de son côté et voit enfin en lui un espoir de changement, d'amélioration. Ambre était persuadée qu'un petit génie comme lui avait forcément des idées pour rendre de nouveau la cité et ses habitants, heureux. Un tyran n'aurait par ailleurs pas accepté le Sénat et n’aurait sans doute pas la patience d'enseigner ni de dédier sa vie à sa famille. Or Brann semblait répondre présent aux trois : le peuple, la connaissance, la famille. Non, décidément, elle ne voyait rien de mauvais en lui et en fin de compte, commençait même par croire que son aura pourtant plutôt sombre n'était qu'un des héritages de sa famille. Bon, elle avait appris que ça ne pouvait se transmettre si aisément et que l'aura fluctuait et suivait la construction de la personne. Mais... Ca ne convenait pas à Brann. A moins qu'elle ne se laisse aveugler par son désir de l'aider à obtenir ce qu'il voulait, ou par son désir de continuer à s'approcher de lui.

Brann avait même fini par confier qu'il ne se pensait pas si mauvais que cela. La main libre de la jeune femme se posa sur leurs mains entrelacées, comme pour confirmer leur proximité, ou le rassurer. Avec un sourire sincère et bienveillant, elle trancha.

"Un nom n'a jamais déterminé un personne à faire le bien ou le mal. Au mieux ça donne peut-être une légère inclination mais dérisoire face à la volonté propre à chaque être."

Elle retira doucement sa main en continuant sur le même ton, foncièrement positif et tourné vers un futur qu'elle voulait radieux.

"Je ne vois nul mal en vous. Quand bien même vous auriez fait quelque mauvaise action, nous en avons tous fais, à dessein, ou pas. Ça ne nous rend pas forcément plus mauvais. De plus vous êtes aujourd'hui entièrement tourné vers les autres. Une qualité si admirable ne saurait être synonyme de malveillance. Et puis, tout le monde a droit à sa chance."

Elle y croyait dur comme fer. Tout le monde pouvait changer. Tout le monde pouvait évoluer. Il suffisait que quelqu'un croit en eux et leur ouvre la voie. Elle ne pensait pas forcément capable de servir de guide, et puis Brann n'en avait clairement pas besoin, mais elle croyait d'ores et déjà en lui. Elle avait toujours refusé de croire qu'une famille entière aurait été bonne à jeter. Et le jeune homme lui démontrait par chacune de ses paroles et chacun de ses actes qu'elle avait eu raison.

Finalement, Ambre se laissa aller et lui indiqua vouloir le revoir et passer du temps avec lui. Elle l'appréciait. Tête baissée, par honte de s'être laissée aller à une telle déclaration alors qu'ils se connaissaient à peine, elle n'osait pas croiser son regard. Il devait la trouver incroyablement stupide ou la prendre pour une fille facile... Est ce qu'il se moquerait d'elle si elle avouait en plus être vierge ? Ce n'était de toute façon pas le sujet et il n'y avait aucun moyen qu'elle ose aborder ce genre de sujet avec lui ! Ou en tout cas pas maintenant...

Elle sentit finalement les doigts de Brann se glisser sous son menton pour lui relever le visage en douceur. Les émeraudes rencontrèrent les yeux de celui qui menaçait de s'emparer pour de bon de son cœur.
Il prononça quelques mots qui firent battre son cœur plus vite encore. De joie, d'appréhension et d'une pointe d'envie de sentir sa présence plus proche encore.
Il était si facile de se laisser subjuguer par ses yeux ocres que pendant une seconde, le visage de la rouquine s'approcha du sien. Ce ne fut que lorsqu'elle sentit le souffle de Brann sur les siennes qu'elle reprit ses distances en se permettant un sourire, mais toutefois sans lâcher sa main pour autant.

"La question que vous m'avez posée me semble pertinente en sens inverse. Votre famille verrait-elle d'un mauvais œil nos escapades ?"

Après tout elle ne brillait pas comme Brann le faisait dans la cité et ne bénéficiait d'aucune renommée. Elle n'était qu'une protectrice parmi d'autres. Cependant, elle était prête à faire pas mal d'efforts pour s'améliorer si ça pouvait faciliter leurs relations, quitte à accéder à de lus hautes responsabilités. Elle ne s'en n'était pas réellement inquiété jusque là et avait au contraire mis un point d'honneur à commencer "en bas de l'échelle" car d'après elle, c'était primordial d'avoir une vue claire de ce qui se passait sur le terrain avant de prétendre monter en grade. Elle s'était d'ailleurs vaguement imaginée passer lieutenant d'ici une dizaine d'années mais, si elle s'impliquait davantage, et s'entrainait encore plus, peut-être... peut-être pourrait-elle mériter le poste plus tôt. Au moins pour ne pas faire honte à Brann si jamais ils poursuivaient leur "amitié" vers une relation plus intime.

Mais c'était sans doute bien trop tôt pour s'en préoccuper. Comme souvent, elle préférait commencer à voir les axes d'amélioration pour se remettre en question avant qu'on ne lui fasse de remarque. Ambre percevait les "axes améliorations" comme autant de manière pour une personne de grandir et de s'épanouir, même si le coup c'était des situations extérieures qui l'avaient poussé à prendre telle ou telle décision, dans le fond, toute évolution était positive.

Le craquement d'une branche près d'eux la fit sursauter. L'instant suivant, un animal bondissait sur eux. Par réflexe, son tigre apparut et au-dessus de la créature que le félin aplatit au sol de tout son poids. La créature coincée sous lui était un gros chien, malade a priori si on en jugeait par la forte quantité de bave qui s'échappait de la gueule du molosse. Quand à ses yeux rougis par la rage, ils étaient si exorbités qu'ils risquaient fort de quitter leurs orbites.

La créature se débattait mais heureusement, le poids du tigre était tel que le chien ne pouvait se relever. Toutefois d'autres aboiements rageurs se firent bientôt entendre et deux autres chiens dans le même état débarquèrent à leur tour. Étaient-ils malades ou quelqu'un jouait-il avec eux ? Mystère à résoudre.
Ambre les enveloppa dans un bouclier d'air.

Comme promis me voici

La jeune femme n'aimait que trop la proximité avec Brann, toutefois elle n'était pas encore assez esclave de ses sentiments pour se permettre de briser toutes les règles de bienséance et encore plus si ça la faisait passer pour une fille facile. Elle n'avait déjà que trop conscience d'être indécemment éprise de lui pour des raisons qu'elle ne parvenait pas à déterminer. Ou qu'elle ne voulait pas déterminer. Après tout, mettre des gens dans des cases n'était pas son fort. ce qui expliquait sans doute qu'elle accorde la même chance à tous.

Elle n'avait donc pas franchit les quelques centimètres qui séparaient ses lèvres de celles de Brann bien que l'envie fut présente. Et puis, si ils se voyaient davantage, ils auraient bien l'occasion de "jouer" davantage à ce jeu de séduction bien qu'Ambre y excelle bien moins que lui. Il n'en demeurait pas moins qu'elle avait certains atouts qu'elle pourrait peut-être mettre en valeur. Déjà elle ne le fuyait pas. C'en était un non ?

Finalement Brann répliqua à sa question que personne parmi sa famille n'aurait quoi que ce soit à dire des personnes qu'il côtoierait puisqu'il en était le patriarche. Oui... c'était vrai... Pendant un instant elle avait oublié ce détail d'importance. Effectivement, à ce titre, il n'aurait sans doute pas à subir les désaccords ou critiques des autres membres. Ou si tel était le cas, il semblait dire qu'il s'en moquait. Ambre lui rendit son sourire. Leurs doigts s'entremêlèrent et alors qu'il semblait de plus en plus clair qu'elle ne pouvait échapper une nouvelle fois à l'envie d'effleurer ses lèvres, un bruissement suivit d'un grognement les interrompirent.

La rouquine avait eu la présence d'esprit d'appeler son tigre qui avait plaqué le chien sous lui, l'empêcher de bouger malgré ses tentatives pour se redresser et pour mordre. Le molosse se débattait comme un beau diable et deux autres congénères émergèrent à leur tour. Ambre entoura Brann et elle-même dans un bouclier protecteur et se prépara à utiliser son pouvoir de static.

L'invocateur de son côté avait choisi de combattre les chiens par un autre canidé d'une taille impressionnante. Le gros loup subit bien une morsure mais pour le reste, il mit en pièces les chiens enragés. Finalement, Brann lui demanda de tuer le chien que son tigre maintenait au sol. Elle lui adressa un regard suppliant, peu encline à abréger la vie d'une créature qu'elle aurait peut-être pu sauver. Encore une fois... Cependant, elle ignorait si il y avait davantage de ces monstres et si le sort ou la maladie qui les avait rendu fous était contagieuse. Dans le doute, en effet, la logique et un certain pragmatisme voudraient qu'on les abatte. Elle se mordit la lèvre inférieure alors qu'une épée apparaissait entre ses mains frêles.

Après une seconde de plus d'hésitation, elle enfonça profondément la lame au travers du crâne du molosse jusqu'à le lui transpercer. Quitte à le tuer, autant le faire sans qu'il ne souffre outre mesure. Elle avait pourtant détourné le regard pour le faire et son tigre vint se frotter sa tête contre elle un instant comme pour la réconforter avant de bondit sur la branche d'un arbre.

Il avait raison, le danger n'était peut-être pas passé. Une petite chouette prit forme aux côtés du tigre et s'éleva joyeusement dans les airs, toujours ravie d'aider... à distance. Ambre ferma les yeux une seconde alors que tout ce qu'elle voyait lui parvenait. C'est ainsi qu'un détail l'intrigua...

Il n'y avait personne dans les environs, du moins, aucun humain, mais un parterre entier de fleurs et les bosquets environnants étaient tous morts à une centaine de mètres d'eux, dans un petit endroit encore plus reculé que celui qu'ils avaient trouvé.

Elle avait beau ne pas pratiquer la magie noire, il était aisé de repérer une zone de corruption après avoir vu quelques démons à l’œuvre et entendu parler de ce qu'ils avaient fait dans le cercle. Et justement,une dague des plus étranges semblaient plantée dans le sol au centre de la petite zone. Un vestige sans doute de l'attaque qui avait eu lieu quelques semaines plus tôt. C'était une chance que personne ne l'ait prise et que seules les animaux errants dans le parc aient été affectés.

Le tigre avait d'ores et déjà bondi de son arbre pour se mettre en route et avait toutefois pris soin de ne pas pénétrer la zone, clairement limitée par l'herbe morte en un cercle parfait.

Ambre également était restée à l'extérieur du cercle. En tant que protectrice, elle était censée savoir quoi faire pour régler ça, et le faire évidemment. Elle avait beau avoir quelques connaissances en magie blanche qui était un de ses domaines préférés, elle n'était pas certaine d'avoir la puissance requise pour désactiver un tel sort... du moins, c'était la première fois qu'elle voyait de ses propres yeux un objet maudit qui causait à lui d'aussi importantes corruptions. Sans doute le serait-ce moins sur des humains que sur des bêtes sauvages mais ça restait dangereux. S'en approcher était risqué et s'en saisir encore davantage. On risquait de perdre la tête par un simple contact avec cette magie, alors en tenir dans le creux de sa main la source... était impensable. Même un sorcier verrait sa volonté lui échapper.

Le mieux aurait été de lancer un bouclier saint suivit de faire léviter l'objet jusqu'à une boite d'anti magie capable de contenir ses effets. Mais hélas, si elle connaissait théoriquement certains de ces sorts, ils étaient d'un niveau bien trop élevé pour qu'elle puisse les lancer.

"Vous devriez reculer un peu." lança-t-elle plus sérieusement à Brann tendit qu'elle se parait d'une vive lumière sacrée, censée pouvoir atténuer les effets, -et brûler les négatifs-voire, avec de la chance, les faire reculer afin qu'elle parvienne devant l'objet. Elle comptait essayer de la bénir pour en sceller au moins les émanations magiques, ce qui nécessitait qu'elle s'en approche suffisamment pur le faire. Ensuite... quelqu'un de plus aguerri qu'elle pourrait sans doute le détruire. Peut-être.

Elle doubla le sort d'une protection contre le Mal et fit un pas pour entrer dans la zone...

Comme promis me voici

La jeune protectrice avait été peinée et un peu affectée par le fait d'avoir tué le chien enragé. Le contact de la main de Brann sur son épaule et ses propos l'aidèrent à accepter le geste qu'elle venait de perpétrer. Il n'avait pas tort dans le fond. Ca ne devait pas être agréable de vivre ainsi même pour cet animal. Et si il avait attaqué d'autres personnes ça aurait été encore pire. Donc oui, c'était sans doute la seule solution en effet. Ca ne la rendait pas moins douloureuse mais elle se contenterait de cela. Machinalement, elle effleura la main posée sur son épaule de la sienne, comme pour le remercier silencieusement.

"Je... Tu as raison..." Trancha-t-elle simplement dans un souffle.

Décidée à éviter que ça ne se reproduise, ou du moins à trouver d'où venait le soucis avec ces animaux, ils finirent par trouver une dague qui émettait une zone de corruption plutôt conséquente pour un si petit objet. Inutile d'aller bien loin pour en comprendre la provenance puisque quelques semaines plus tôt des démons étaient passés par là... Il suffisait que l'un d'eux l'ait perdu, ou pire, qu'il l'ait jeté ici à dessein telle une triste rémanence des souffrances qu'ils avaient déjà infligé à la cité.

Ambre avait gentiment demandé à Brann de reculer un peu. Toutefois peut-être aurait-elle du préciser que c'était pour éviter qu'il ne soit brulé par sa lumière... Parée de celle-ci et d'une protection contre le Mal, elle entrait dans la zone de corruption quand elle se fit stopper par le jeune Leckard qui l'interpella pour l'empêcher d'aller plus loin. "Dangereux" pour elle... Il s'en faisait pour elle ? Cette seule pensée, hypothèse, aurait facilement pu la faire glousser de plaisir mais elle se contenta de lui sourire.

Finalement, elle se retint à grande peine de demander en quoi ce serait moins dangereux pour lui que pour elle, après tout elle était protectrice, c'était à elle d'intervenir et pas à une personne aussi importante que l'était Brann. Comme pour lui répondre, il invoqua la créature féminine qui s'en saisit avec une facilité déconcertante avant de disparaitre. Où diable était-elle allée avec cet objet de malheur ?! Pour toute réponse, il lui sourit. Ce à quoi elle répondit par une moue peu satisfaite.

Se rappelant soudainement que la lumière divine qui irradiait d'elle devait brûler un peu Brann, elle désactiva son sort, permettant au jeune homme de s'approcher de nouveau d'elle. Ce qu'il fit pour la rassurer concernant le sort de l'objet. Il s'en occuperait...? Pour Ambre, ça voulait dire qu'il trouver le moyen de s'en débarrasser, de le détruire. Il était sans doute bien plus à même qu'elle pour le faire. Mais il faudrait tout de même que la jeune femme fasse un rapport de l'incident le lendemain, bien qu'elle soit aujourd'hui en repos. Les hautes instances demanderaient simplement à Brann ce qu'il en avait fait et le récupérerait sans doute pour le détruire si ce n'était pas encore fait lorsqu'ils viendraient le voir. Après tout, c'était la procédure normale en matière d'objets de pouvoir. Brann lui demanda si elle préférait rester ou rentrer après avoir prévenu qu'il s'occuperait donc du poignard.

"Je te remercie de prendre l'objet en charge, j'admets que ne j'aurai pas su comment le transporter sans réel risque... Mais vu sa dangerosité, mieux vaudrait t'n débarrasser rapidement. Je le signalerai à un abjurateur du protectorat. Il te rendra sans doute visite dans la journée, compte tenu du type d'objet trouvé."

C'était la procédure et une manière de garantir les sécurité des citoyens. La régulation et le contrôle des objets magiques était bien normal dans une cité mage. Et leur désactivation ou destruction encore plus lorsqu'il s'agissait des démons.
Pour le reste, la réponse était des plus simples. Même un tel incident n'aurait pu la détourner de lui et du fabuleux moment qu'ils passaient ensemble - si on omettait la partie concernant le pauvre chien. Avec un sourire qui se voulait joyeux, elle répondit en saisissant délicatement la main de Brann dans les siennes, y entrelaçant ses doigts.

"Rien ne pourrait assombrir cette journée. Restons encore un peu..."

Ambre se mit sur la pointe des points pour déposer furtivement un baiser à la commissure de ses lèvres d'un air tout à fait innocent avant de se détourner, comme si rien ne s'était produit, et de l'entrainer de nouveau sur les chemins sinueux qui composaient le parc.
Elle avait bien failli l'embrasser pour de bon mais heureusement, la rouquine avait su se retenir pour faire quelque chose de plus... mignon et qui portait sans doute moins à conséquence.

Comme promis me voici

Une fois passé l'épisode malheureux de la dague démoniaque, elle avait timidement entrelacé leurs doigts avant de le provoquer, en quelque sorte, en lui volant un semblant de baiser avant de l'entrainer sur les chemins du parc. Elle évitait soigneusement de trop penser à son attitude cavalière. Que dirait sa famille si elle la voyait adopter un tel comportement ?! Ce n'était pas ainsi qu'elle avait été élevée. n lui avait appris à toujours être dans la retenue, à ne pas se montrer, à ne pas faire de vague, à se fondre dans la masse en quelque sorte. Or ce n'était pas exactement ce qu'elle faisait actuellement.

Brann avait le don d'éveiller en elle des envies de renouveau et d'aventures. Et puis d'ailleurs, même si le conflit qui avait ravagé la cité était en soi une chose affreuse, elle ne pouvait s'empêcher d'être heureuse d'une certaine manière de l'avoir vécu. C'était toujours de l'expérience à prendre et au-delà de ce simple état de fait, Ambre devait admettre après coup qu'elle avait apprécié sortir de sa zone de confort et être mise à l'épreuve. Évidemment elle aurait préféré que nombre de ses camarades ne meurent pas dans la bataille...

Le jeune homme la fit sortir de ses pensées alors qu'il lui proposait de s'asseoir devant le lac. Trop absorbée dans ses pensées, elle n'avait même pas noté qu'ils s'en étaient approchés. Le soleil tombait d'une manière qui rendait la vision surréelle et incroyablement belle. Ou peut-être était-ce simplement du au fait de l'agréable compagnie qu'elle avait ce jour.
Quoi qu'il en soit, elle replia sa longue robe sous elle avant de s'asseoir dans l'herbe.

Il passa son bras autour de ses épaules et la jeune femme releva ses yeux verts vers celui qui faisait battre son cœur. Des paillettes vinrent illuminer son regard alors qu'il lui avouait ne pas vouloir que ce moment se termine. A combien de filles avait-il tenu ce genre de propos ? Beaucoup sans aucun doute. Malgré cela, et trop désireuse d'y croire, ils firent leur effet. Ambre laissa le jeune homme approcher son visage du sien jusqu'à ce que leurs lèvres ne se touchent enfin.
La sensation était si douce et pourtant elle faisait naitre tellement plus de choses en elle que c'en était assez incroyable. Il en avait profiter pour l'attirer toute entière contre lui et elle s'agrippa légèrement au veston du jeune homme, comme de peur qu'il ne s'agisse que d'une illusion. Même la sensation de sa main dans ses cheveux lui paraissait plus intense, comme toutes ses sensations en fait.

Il rompit finalement le baiser et lui proposa de recommencer quand ils se reverraient. La jeune femme avait les joues roses de plaisir et se contenta d’acquiescer d'un air légèrement absent. Elle avait évidemment hâte de recommencer et même de poursuivre, mais elle était partagée car il semblait que ce rapprochement sonnait toutefois le glas de leur escapade. Malgré cela elle ne pouvait pas être triste compte tenu de la situation. Elle ne le serait qu'après quelques heures... ou jours sans lui.

"Je suppose que tu vas devoir retourner à tes fonctions."

Elle se releva en évitant de marcher sur sa robe et lui sourit avec chaleur.

"Si je peux t'assister en quoique ce soit, fais le moi savoir."

Non pas qu'il en ait besoin mais si ça pouvait lui permettre de le revoir plus vite... elle était preneuse. Elle n'était pas occupée toute la journée tous les jours durant, il lui arrivait d'avoir des horaires décalées et même des permissions, comme c'était d’ailleurs le cas aujourd’hui. Et puis, pour lui, elle trouverait forcément du temps...
Son cœur battait la chamade tendis qu'elle pensait simplement au fait incroyable que Brann Leckard l'avait embrassée ! Elle gloussa intérieurement sans vraiment réaliser les implications futures si toutefois leur relation devenait plus sérieuse et intime.