La guerre est toujours rentable
Ta longue pipe à la main, sur une natte importée d’Orient tu médites. Tu as appris à aimer cela, lors de tes voyages, cette culture t’as fasciné. La grâce, la stature, la position, toi qui es une artiste, tu ne peux ignorer ce genre de chose.
Où que tu ailles, tu emportes donc ces affaires si précieuse pour ta perception de la beauté de l’art. Car dans cette méthode, c’est bien la beauté et la perfection que tu recherches. Une beauté que tu n’as jamais pu retrouver depuis que tu as vu ton maître. Ce moment… était si parfait… tu veux le retrouver à tout prix… mais tu n’y parviens pas… Tu sais que n’y parviendras jamais. Et pourtant, tu t’obstines, tu te bloques, qu’importe l’utopisme de ton rêve pour trouver idéal de beauté qui te fait défaut.
Alors que de ta bouche s’échappe un voile brumeux de tabac, dans les méandres de tes pensées tu t’agites. Que faire que faire, tu ne sais pas ? Comment atteindre cette perfection, comment atteindre ce but.
TU NE SAIS PAS TU NE SAIS PAS
Devant le stress que tu génères, tu commences à te mordre les ongles jusqu’au sang. COMMENT TROUVER CETTE BEAUTÉ ??!!!! COMMENT ?
NE POURRAS JAMAIS TU REVOIR CE QUE TU AS VU CE JOUR LA !!!!
Le sang coule de tes doigts déchirés par tes dents, il s’écoule le long de tes lèvres avant de descendre doucement sur le menton, puis de se rassembler, en perle puis en larme afin de former une goutte qui deviendra tache de sang sur le sol de bois.
Alors que tu t’enfonçais dans tes marasmes psychologiques quotidiens, une personne entra dans la pièce. Tu ne pris même pas la peine de te retourner pour connaître son identité. Tu savais déjà de qui il s’agissait d’une part et de l’autre tu étais trop occupé à te scarifier avec les dents. Il n’y a qu’une personne qui ose entrer dans tes appartements sans même faire attention. Cette petite fille que tu avais recueillie il y a des années. Tu ne sais pas pourquoi tu l’as fait. Aurais-tu encore des traces en toi de ton humanité ? Tu en doutais légèrement. Un coup de tête sans doute, tu ne pourrais pas clairement répondre. Peut être que tu voulais juste élever un animal de compagnie, ou que tu as été charmé par son visage juvénile.
Tu as élevé cette humaine comme on éduque un animal de compagnie ou une plante verte au choix. Pour toi c’est une fleur. Une fleur qui devait être cultivée. Et tu aimes ce qu’elle est devenue, ce n’est pas que tu l’aimes personnellement. Pour toi elle n’est qu’un objet jetable. Mais tu aimes la beauté que tu as créée en façonnant cette chose de tes mains.
Lorsqu’elle grandira sans doute tu tuera cette dernière pour éviter à son corps de vieillir. Ainsi elle restera éternellement jeune et tu pourras l’admirer à jamais.
Alors qu’elle se précipite vers toi, elle te prend les mains avec un air paniqué.
Ma Dame… Ne faites plus cela…
Tu la regardes fixement. Elle semble triste pour toi. Elle n’a pas mal pourtant, c’est toi qui souffres, pas elle. Pourquoi pleure t-elle. Enfin ce n’est pas grave. Ces larmes sont magnifiques à tes yeux. La douleur dans l’amour, la peine dans l’amour. Les sentiments magnifiques, surtout quand ces derniers entre en conflit avec la raison. Ce sont ces multitudes d’ambiguïté qui pour toi sont la beauté.
Tu te souviens pourquoi tu l’as récupéré. Ce magnifique visage qu’elle avait quand elle était une fille dans la rue. Posant ta main sur sa joue, tu rapproches tes lèvres des siennes en lui laissant un doux baiser. Oui tu as déjà profité d’elle et tu n’as pas attendu sa majorité, à cause de cela, elle t’aime. Peu t’importait au final.
Reste auprès de moi alors…
Cette phrase est fausse bien entendu, tu lui dis simplement ce qu’il faut qu’elle entende. Après tout on cultive les fleurs pendant toutes leurs vies.
Alors que son visage rougit devant ton baiser, elle annonce enfin la venue première de sa visite.
Ma Dame, nous avons fini de créer assez de drogue soporifique.
Hum, finalement tu te souviens de cette histoire. Tu élèves toi-même tes propres plantes pour tes drogues, tu aimes passer de temps avec… voir plus quand c’est possible, on ne sait jamais jusqu’où peuvent aller tes crises…
Alors que tu te relèves, la petite soigne tes mains. Elle est positive et c’est la magie blanche qu’elle maitrise. Cela t’est légèrement désagréable mais, tu peux t’y faire. Et puis pour toi, les êtres bons sont plus séduisants que les mauvais. Des fleurs si délicates… si douces…
C’est bien ma douce… Vous avez fait le reste du travail ?
Oui Ma dame… Nous avons offert cela à des consommateurs de toutes les zones géographiques. Tant que nous venons leur donner de la nourriture, ils devraient être assoupis pendant des semaines en fumant cela.
Bien… très bien… Au moins grabuge, dit aux autres de venir ici, cela m’attristerait beaucoup que l’une des filles meurt.
Ce qui te déplairait vraiment au vu de temps que tu as passé à les cultiver pour leurs beautés…
Bien madame !
Elle faisait un geste, elle semblait heureuse de ta proposition, à ses yeux, elle pensait que tu devais vraiment l’aimer. Tu en lâcherais presque un sourire devant une naïveté aussi mignonne. Enfin c’est ce que tu aimes chez les gens…
Je vous enverrais dans mon refuge durant les hostilités. Dans le pire des cas, nous déménagerons. Enfin, nos préparatifs pour saluer nos amis sont désormais opérationnels.
Tu souris dans ta barbe, mais personne ne peut savoir à quoi tu penses. Combattre les démons ? Aider la cité ? Que feras tu donc toi, à la fois guide et bourreau des civilisations ?
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