Transfuge et métempsycose

Cain avait commencé à reprendre conscience sous le coup d’un sentiment d’urgence, d’alerte et de mort. Mais c’est son dernier souvenir qui l’éveilla subitement. Plus précisément, le moment de la trahison d’Alrost et de l’explosion. Ses yeux s’ouvrirent subitement et sous l’impulsion, il exerça un mouvement pour se redresser. Ce faisant, son front se heurta brutalement au plafond, l’assommant presque de nouveau. Les battements de son cœur s’emballèrent tandis qu’il réalisait être enfermé dans un endroit clos et suffisamment restreint pour qu’il le compare instinctivement à un cercueil. Une analogie qui ne l’aida pas à se calmer. Bien au contraire. La peur et la colère submergèrent son esprit tant et si bien qu’il se mit à utiliser rapidement tous les pouvoirs et sorts de sa connaissance pour tenter d’en sortir. En vain. Il ne parvint qu’à vider le lieu exigu du peu d’oxygène qu’il contenait. Ses forces déclinaient déjà tandis qu’il suffoquait. Ce n’est que dans cet état où une rage paniquée avait pris le contrôle de sa personne qu’il se rendit pourtant compte, en arrière-plan, que son corps était intact, sans qu’il ne comprenne comment se prodige était possible. Il était cependant incapable d’y prêter une plus grande attention car sa conscience était entièrement consumée par ce qui ressemblerait, pour n’importe quel mage spirituel, par une folie destructrice. Malgré cela, il ne se rappelait que trop bien de l’atroce douleur qui l’avait alors saisi pour que ça ne soit pas réellement arrivé. Son corps, au moins, avait été détruit. Il était mort. Il le savait.

Un raclement sourd de la roche contre de la roche lui signala la présence d’une autre personne, à l’extérieur de sa prison et de sa prochaine libération. Lorsqu’enfin un peu d’oxygène lui parvint, il avala goulument une longue gorgée avant de sauter à la gorge de la personne, ses mains surmontées de griffes acérées manquant de peu de se planter dans la carotide du celui qui lui avait ouvert. Il ne parvint toutefois pas à l’atteindre car son élan fut stoppé brutalement alors qu’une de ses griffes faisait perler une goutte du sang de celui qui lui avait ouvert.

Pris dans un étau qu’il reconnaissait comme télékinétique, Cain ne chercha pas à se débattre, sachant pertinemment la perte de temps et d’énergie que ce serait pour lui. En revanche, il tenta d’employer le sombre verbe. A peine les mots se formaient-ils dans son esprit que le démon qui lui faisait face empoigna sa gorge qu’il écrasa sans ménagement. De colère, Cain tenta de l’employer sans parler, ne réussissant qu’à se déclencher une vive douleur à la tête et un saignement de nez.

L’homme sourit, sans le lâcher pour autant.

« Tu n’es pas encore assez fort pour utiliser le sombre verbe sans support parlé, petit frère. »

Les sourcils du jeune homme se froncèrent davantage et des pics d’ombre jaillirent du sol pour tenter de transpercer  l’archi-duc qui essayait de se présenter officiellement.

« Je suis Gos… »

Le démon émit une vive lumière, en rien positive, détruisant les pieux avant qu’ils ne le touchent. Il fit naître un étau autour du cœur de Cain. Un moyen de pression pour qu’il se tienne tranquille mais le jeune hybride eut tôt fait d’utiliser la métamorphose pour générer un second cœur, et l’attaqua de nouveau, dans un temps record, en tentant un sort de magie noire. L’instant suivant, les yeux de Cain s’agrandirent sous le coup de la surprise autant que de la douleur tandis qu’une importante quantité de sang coulant de sa bouche, ses organes ayant sui le retour de flammes de son sort, contré sans qu’il ne comprenne véritablement comment, par l’archiduc qui n’avait, semble-t-il, rien fait pour.
Le démon, tenant toujours fermement Cain, le contempla quelques secondes avant de reprendre.

« Je m’appelle donc Gosuyn, archiduc, commandant de 45 légions, 6e fils de Bélial, et par conséquent, ton frère aîné. »

Ce n’est qu’une fois la présentation faite qu’il daigna relâcher Cain. Ce dernier s’affaissa jusqu’à poser un genou au sol, le filet de sang s’amenuisant enfin. Le jeune homme, davantage par fierté que par réelle envie, se redressa et tenta de dire quelques mots mais ses cordes vocales entièrement écrasées ne le lui permirent pas. Gosuyn pénétra dans l’esprit du jeune homme qui lui adressa un regard assassin sans qu’il n’en fasse grand cas.

« Tellement d’idées fausses et d’erreurs dans une si petite tête. Laisse-moi en corriger certaines. »

Cain eut un mouvement de recul, se mettant sur la défensive alors qu’un bouclier presque si sombre qu’il était presque opaque apparaissait devant lui. Gosuyn tendit son index, touchant le bouclier du bout de son ongle. Comme si l’impact avait été infiniment plus puissant, le bouclier vola en éclat dont certains égratignèrent Cain sans qu’il ne semble s’en apercevoir. La différence entre eux était bien trop grande… Tellement qu’en réalité il ne parvenait pas à l’évaluer, ne faisait qu’accentuer son impression d’impuissance. Le visage du jeune homme se renfrogna, poings serrés, il se tenait prêt à répliquer, ou tenter de le faire du moins, mais fut décontenancé par ce qui suivit.

« Commençons par un petit cours d’histoire. » annonça-t-il à Cain tandis que sa bouche se fendait en un sourire. Le jeune hybride lui adressa un regard incrédule. Mais Gosuyn prit bel et bien la parole dans le but annoncé, a priori.

« Les dieux, la Création… nous, les démons. Contrairement à ce qui se dit, les démons sont nés du Chaos primordial en même temps que les dieux, qui, eux, sont nés de l’ordre originel. Dieux et démons ont toujours été opposés. Les démons primordiaux, parce qu’ils sont les rejetons du chaos, ont su transformer leurs faiblesses en force et ont pu transgresser les règles établies par les dieux. Pour tenter de les réguler et de les contrer, les dieux ont créé les anges et autres créatures de lumière.

La guerre qui s’en est suivit a réduit en poussière la première version de la Création qui existait alors, et les combats ont redoublé d’intensité pour s’accaparer les âmes des morts. A cette époque, le cycle des âmes tel que tu le connais, n’existait pas. Elles dérivaient dans la Création sans but. Certaines finissaient stockées quelque part, ou détruites. Les plus chanceuses s’incrémentaient dans une nouvelle créature à naître mais ce n’était là que le fruit du pur hasard.

..Presque tous les démons primordiaux sont morts dans ces premières batailles. Ils ont emporté dans leur chute la plupart des premiers dieux, n’en laissant que trois parmi lesquels : Cosmos et deux de ses frères. Bien entendu, ces casses pieds s’étaient reproduits, mais leurs descendants étaient un moindre mal en comparaison des premiers nés.

Quoi qu’il en soit, ces trois chieurs ont alors créé les diables. Leur but initial était de combattre le Mal par le mal. D’abord afin réguler notre nombre puisque depuis le début de la guerre d’autres générations étaient nées. Mais les diables devaient également nous empêcher de nous accaparer trop d’âmes. Du sabotage pour tenter de saper la puissance que nous étions en train d’acquérir. Normalement, les dieux comptaient sur les diables pour nous supplanter et devenir l’équipe négative à leur solde, jouant pleinement le rôle que ceux-ci avaient prévu pour participer à leur pathétique Création en devenir. Cependant, même eux n’avaient prévu que les diables se rebelleraient, se mettant à la fois à combattre les Anges et les Démons. Le Mal après tout, prend souvent des formes inattendues. »

Cette idée semblait faire rire le l’archiduc intérieurement, à moins que ses yeux ne pétillent parce qu’il avait été lui-même témoin d’une partie du récit qu’il livrait à Cain. Le jeune hybride quant à lui, demeurait silencieux, sans comprendre ce qui se passait. Il était davantage focalisé sur ses propres questionnements que sur l’histoire antique d’une espèce à laquelle il n’appartenait même pas vraiment. Tout ce qu’il voyait, c’était qu’il était passé de trépas à la vie, passé du demi-plan d’Alrost aux enfers. Aucune chance qu’il se trompe compte tenu de la saturation en énergie négative qu’il recevait et qu’il peinait à réguler pour ne pas s’écrouler sous la pression. Et pour l’instant, tout ce qui lui venait en tête, derrière la fureur de sa résurrection, était de savoir « pourquoi » ? Pourquoi était-il en vie ? Pourquoi était-il là ? Pourquoi devant Gosuyn ? Et pourquoi ce dernier lui racontait-il ça ? Ca n’avait aucun sens… Son frère ne lui avait-il pas juré de le tuer ? Pourquoi l’avait fait revenir dans ce cas ? Cain se redressa lentement, avec précaution, tandis que son aîné continuait son cours accéléré.

« Les dieux, sentant leur emprise faiblir, ont profité d’une bataille particulièrement vorace pour scinder leur Création en une multitude de plans isolés les uns des autres. Evidemment, nous n’avons pas laissé cela arriver sans rien faire. Père raconte qu’ils ont détruit les deux frères de Cosmos à ce moment-là. »

Un sourire cruel fleurit sur les lèvres fines de Gosuyn qui reprit le cours de son récit.

« Ils ont créé les plans afin de limiter l’envergure des batailles opposant Bien et Mal, de même que les interactions conflictuelles entre émanations de l’Ordre et du Chaos. Un fait nécessaire pour eux, pour permettre l’émergence de nouvelles formes de vie plus « équilibrées ». Les dieux ont donc mis en place ce que vous prenez pour des règles « naturelles », ce qui inclut le cycle de réincarnation des âmes. Pour les êtres piégés dans ces plans, il ne s’agit ni plus ni moins que de prisons. Le fait est que 99% des créatures, toutes origine confondues, naissent et meurent dans leur plan d’origine sans avoir eu l’opportunité de visiter d’autres plans, parfois même sans avoir ne serait-ce que connaissance de leur existence. »

Cain fronça les sourcils, en soupçonnant où il voulait en venir, sans que ça ne lui plaise. Mais sans être certain de quoi que ce soit, il préféra, pour l’instant, continuer à se taire. Gosuyn poursuivit.

« Quoi qu’il en soit, la nouvelle organisation des plans posait de nombreux problèmes. Pour nous comme pour les diables, ça nous privait des âmes. Où est le souci me demanderas-tu ? L’équilibre souhaité par Cosmos et la plupart de ses rejetons. Sur le long terme, nos deux espèces se seraient probablement éteintes et l’influence nécessaire à la préservation du nouvel équilibre aurait été mis à mal par notre absence. Quelle ironie ! »

Gosuyn lâcha un rire bref avant de reprendre, étrangement passionné par ce qu’il racontait. A moins que ça soit simplement le son de sa propre voix qui le mette dans un tel état.

« Les démons et les diables ne sont pas si différents dans le fond. Du moins, ne le sont-ils pas dans leur souhait de survie. »

La bouche du démon se fendit en un sourire cruel et malsain tandis que ses yeux pétillaient de malveillance.

« Les démons ont convaincu les diables de leur intérêt commun et une trêve fut conclue, le temps que les diables, qui avaient la réputation de toujours respecter les contrats qu’ils passaient, puissent conclure un contrat avec les dieux, au nom des démons primordiaux et d’eux-mêmes. J’ignore comment tout ça a été négocié mais je sais que Méphistophélès et Bélial, notamment, ont entubé tout le monde ce jour-là. »

Les yeux jaunes du démon retombèrent sur Cain qui se sentit passé au crible sans comprendre la raison. Peut-être avait-il lu dans son esprit à quel point il se moquait de tout ça, et qu’il n’accordait pas non plus beaucoup de crédit à ses propos de manière générale. Le jeune hybride se contenta de soutenir son regard sans ni prononcer le moindre mot, ni faire quoi que ce soit. Après le silence de quelque secondes, Gosuyn reprit.

« Le contrat était fort simple. Il permettait aux démons et diables de se partager les âmes des personnes ancrées dans le mal tandis que les Cieux récupéraient les « bons ». Initialement, les dieux avaient souhaité que les diables servent simplement à « punir » les âmes un temps, leur accordant ainsi la rédemption pour leurs actes avant d’accéder au repos éternel, ou à la réincarnation. Cependant, nous ne voyions pas les choses ainsi et les anciens parvinrent à faire changer les termes du contrat en faisant valoir les closes d’un antique pacte passé entre les dieux et les démons primordiaux. Grâce à cela,  si les diables demeuraient bien contraints de relâcher les âmes une fois suffisamment punies, les âmes qui parvenaient chez les démons n’avaient aucune garantie d’être libérées un jour. »

Cain fixa un point fixe à côté de son frère. Il avait beau ne pas vouloir accroder le moindre crédit à son récit qui ressemblait davantage à une forme de propagande ratée qu’à un fait historique, même antique, le petit démon ne pouvait s’empêcher de replacer quelques pièces du puzzle en l’écoutant. Ca expliquait pourquoi on disait que les démons étaient un nombre infinis tandis que les diables avaient un nombre fixes… Ils ne pouvaient pas corrompre autant d’âmes que les démons pour que celles-ci les rejoignent pleinement. Mais même ainsi, Cain savait que parmi le flot d’âmes, rares étaient celles suffisamment tordues, et puissantes, pour se transformer sans être détruites. Que devenaient toutes les autres ? La torture éternelle pour toutes ? Probablement… Mais en fin de compte, Cain était plutôt curieux de voir sous quelle forme ça se présentait. Les mortels confondaient sans cesse les attributions des démons et des diables. Le « vrai diable », qui punit pour les péchés présumés, n’est pas un démon mais bien un diable. Les cercles qui « trient » les âmes selon leurs péchés ne sont pas côtés démons, contrairement aux croyances populaires, mais bien côté diables qui bénéficient de plusieurs strates définies, tels des demi-plans, finis et tous gouvernés par les plus puissants des diables.

Côté « enfers », les démons n’avaient pas le luxe d’avoir plusieurs strates. Ils se contentaient d’un seul et unique plan que l’on disait « infini ». On racontait aussi qu’il se fondait lentement mais surement dans le plan négatif. Il grimaça légèrement malgré lui en imaginant l’état des démons dans plusieurs millénaires si la prétendue fusion s’avérait réelle. Mais ça soulevait en fin de compte beaucoup d’autres questions. Comme par exemple pourquoi est-ce qu’ils se contentaient de rester dans leur plan ? Vu toutes les âmes accumulées, ils avaient, probablement, largement de quoi faire sauter leur strate et ouvrir un portail permanent. Si les démons, comme le prétendait Gosuyn, étaient passés maîtres dans la rupture des règles naturelles, pourquoi est-ce qu’ils n’avaient pas déjà envahis le plan matériel ? Il avait beau chercher, Cain ne voyait pas les démons comme des bergers qui collectionneraient les âmes pour le plaisir. La voix toujours rauque à cause de l’étranglement, il parvint tout de même à articuler.

« A quoi ça vous sert d’avoir autant d’âmes prisonnières ? Je veux bien croire que vous êtes sadiques et que vous aimez les voir souffrir éternellement, mais peu de démons peuvent en réalité s’en nourrir… A quoi ça vous sert d’en stocker toujours davantage au final sans les utiliser ? »

Les yeux ocres de l’archiduc considérèrent un instant Cain avant de laisser tomber une main sur l’épaule de son cadet en riant. Le jeune hybride du faire un effort physique conséquent pour ne pas s’effondrer sous l’impact. Il avait l’impression qu’un rocher venait presque de lui arracher l’épaule.

« Je comprends pourquoi certains te préfèreraient morts. On te prend pour un débile qui fonce tête baissée mais quand tu veux, tu tiltes vite. »

Conclut l’archiduc simplement en considérant Cain soudain très sérieusement. Le jeune homme déglutit péniblement tendit qu’il sentait la tension s’accroitre, tout en ayant parfaitement conscience qu’il n’était pas de taille pour faire quoi que ce soit. La main de l’archiduc quitta l’épaule du jeune hybride avant de venir se poser sous le menton du jeune homme, le forçant à croiser le regard de son aîné, qu’il soutint avec toute la fermeté dont il était capable mais étrangement, sans agressivité comme si la situation lui passait largement au-dessus de la tête, comme s’il ne risquait rien. Gosuyn le relâcha et reprit la parole, sans répondre pour autant.

« Cosmos est responsable des lois « naturelles », et ses enfants sont responsables de tout le reste. Ils ont créé les dragons pour être nos geôliers, les anges s’étant révélés incapables de terrasser leurs ennemis naturels. Cependant… »

Cain avait du mal à se concentrer davantage sur ce qui se disait, préférant au récit, une sortie. Il observait les lieux, et le sarcophage en or, clairement maudit, duquel il était sorti. Tandis qu’une sensation de malaise naissait en lui alors qu’il contemplait l’artéfact avec plus d’attention, son frère le contraignit à reporter son attention sur lui.

« Tu te retrouves au cœur d’un conflit aussi vieux que la Création, ne serait-il pas utile que tu comprennes pourquoi ? »

Cain haussa les sourcils. Gosuyn venait-il de lui dire que tous les évènements où on le croyait mêlé à Lehadin étaient liés à l’histoire de l’aube des temps ?

« Je ne vois aucun rapport entre moi et tes histoires. » lâcha-t-il avec un haussement d’épaules qui témoignait à lui seul à quel point il s’en moquait.

Gosuyn toisa Cain d’un regard mauvais. Le jeune homme blêmit légèrement.

« Tu n’es vraiment rien de plus qu’un animal. Aucune vision d’ensemble. Soit. Dans ce cas je vais te traiter comme tel. »

L’archiduc claqua dans ses doigts et un collier apparut au cou de Cain tandis qu’une laisse prenait forme dans la paume de la main de son aîné.

« Inutile de perdre davantage de temps. » annonça-t-il tout en commençant à incanter.

Cain avait conservé ses pouvoirs. Il sentait clairement la magie couler dans ses veines. Malheureusement, il paraissait incapable de produire le moindre sort, pire, de provoquer la moindre émanation de magie de sa propre volonté.

Il fut donc incapable de faire fondre le collier et la chaine tout comme il ne put se dématérialiser pour y échapper. Gosuyn tira sur la chaine, attirant violemment Cain à lui. Le jeune homme s’attendait à passer un mauvais moment mais son aîné ne fit que lui tapoter trois fois la tête.

Si Cain ne sentit aucun changement, il put voir trois simulacres de sa propre personne se former à partir de ce qui semblait être…le vide. Trois clones qui s’inclinèrent tous devant Gosuyn.

« C’est quoi ce bordel… ? » murmura-t-il pour lui-même en les contemplant avec un brin de colère et d’incompréhension.

« Dis bonjour à tes remplaçants Cain. » lança Gosuyn d’un air parfaitement blasé, tandis qu’un sourire amusé germait sur les lèvres de Cain qui reprit la parole d’un air suffisant.

« Ils sont plus faibles que moi. »

Gosuyn les fit sortir d’un geste de la salle.

« Hélas, c’est le côté négatif de ce genre de créatures. Mais ce sera suffisant pour le moment. Ca évitera qu’on ne me pose des questions. »

Cain fronça les sourcils.

« Comment ça ? » demanda-t-il, une pointe d’appréhension transparaissant dans le regard.

Gosuyn se pencha vers lui avec un sourire mauvais.

« Tu ne croyais pas que j’allais perdre mon temps à te faire un tel exposé sans un but derrière tout cela. Père a des plans pour toi petit frère. »

« Je ne suis pas ton frère. » parvint à articuler Cain.

Gosuyn se montra faussement pensif.

« Oh tu veux parler de ton hybridité ? Je vais te passer les détails mais Cain n’a aucunement failli à sa tâche. Même si on est passé près de la catastrophe à cause de ton cher Alrost et de l’archange qu’il avait sur l’épaule. Tu es tel que nous le voulions, à quelques détails près. Comme tous les  13e fils ou filles de primordiaux tu es… oh, j’oubliais que ça ne t’intéressait pas. » coupa-t-il avec un sourire ironique.

Cain voulut protester et ouvrit la bouche pour insister mais n’en eut pas l’occasion. Il se prit un coup de poing dans l’estomac qui le plia en deux, en plus de lui briser plusieurs cotes. Il s’écroula, les bras serrés contre son ventre tandis qu’il vomissait du sang une fois de plus. Dans un cliquetis métallique, la chaine se tendit verticalement, et il se sentit arracher au sol de force, soulevé de terre jusqu’à ce que ses pieds ne touchent presque plus le sol. Cain adressa un regard meurtrier à Gosuyn dont les yeux étincelaient de cruauté alors qu’il revêtait sa forme démoniaque, grandissant à vue d’œil pour devenir un avatar digne de ses pires cauchemars. L’archiduc prit la parole, en infernal, alors qu’il continuait de contenir en grande partie son aura, probablement pour ne pas tuer son cadet sous la pression de cette dernière.

« Si tu savais depuis combien de temps j’attends l’opportunité de pouvoir te réduire en charpie. Je me fous que tu n’aies pas conservé les souvenirs de l’autre. Tu es une part de lui et je m’en contenterai. »

Au moins ça éclaircissait les choses qui semblaient pratiquement « normales » aux yeux du jeune homme, du moins à première vue. Le démon saisit de sa main libre le bras de Cain. Entre ses doigts, le bras du presque-humain ressemblait à une brindille. Un petit morceau de bois qui craqua horriblement tandis que Gosyn le lui brisait d’un coup sec. Cain se tendit sous la douleur, ses yeux se mettant à luire de colère.
« Je croyais que ton père avait besoin de moi. » parvint-il à articuler.

« Notre Père. L'un n'empêche pas l'autre. » reprit le démon qui, sans répondre davantage, sourit de plus belle en commandant en sombre verbe « Tais toi donc. »

Cain métamorphosa son bras en griffes et se les enfonça dans sa propre gorge, en évitant les artères autant que possible. Le regard du jeune homme trahissait son inquiétude, sa douleur et surtout, son impuissance. Il enserra ses cordes vocales de ses griffes et se les arracha violemment tandis que le rire tonitruant de son frère retentissait dans la salle. Le visage crispé et le bras tremblant légèrement, Cain ouvrit la paume de main, laissant tomber l’organe vocal au sol. Il retomba finalement au sol, la laisse ayant subitement disparue bien que, hélas, ça ne soit pas de son fait.

A peine avait-il de nouveau touché le sol de ses pieds que Gosuyn envoya plusieurs pieux sur Cain qui se retrouva projeté au mur à quelques mètres derrière lui, transpercé en plusieurs endroits. Malgré lui, il lâcha ce qui aurait pu être un gémissement de douleur bien que, sans cordes vocales ça ressemble davantage à une sorte de gargouillis étrange. Son visage ne fut pourtant déformé par la souffrance que quelques secondes avant d’adresser un sourire amusé au démon. Après tout, il avait été formé toute sa vie à supporter ce genre de choses. Il faudrait que son aîné soit bien plus inventif que cela pour le faire craquer. Sombre verbe exclut.

Gosuyn laissa filtrer son aura jusqu’à ce que le corps de Cain soit sur le point de rompre. Pour résister à la pression grandissante, le jeune homme se transforma partiellement en démon, perdant son sourire alors que ses yeux passaient à un noir de jais.

L’archiduc s’approcha de Cain, en continuant d’augmenter la pression. Parvenu devant lui, il se contenta de l’observer un instant avant de plaquer la paume de sa main sur le torse du jeune homme et de lui lancer un sort de corruption majeur. La nouvelle corruption augmentant le niveau de celle déjà présente jusqu’à ce que les deux ne fusionnent et n’envahissent totalement l’organisme de Cain qui se retrouva en un temps record, entièrement recouvert de nervures noires. Le cœur de cain s’emballa tendis que la corruption, plus « pure » qu’il n’en avait jamais ressentie, faisait naître une souffrance jusqu’alors jamais égalée, y compris psychiquement puisqu’il sentait son esprit se faire entièrement parasiter, plus sûrement encore que son organisme. La surtension fractura chaque os, fit sauter chaque fibre musculaire. Le petit hybride avait ouvert la bouche comme pour hurler mais aucun son n’en sortit si ce n’était des sortes de gargouillis informes à la fois dus à la salive qu’au sang de ses blessures qui continuaient de saigner et de maculer le sol d’une couleur d’abord rouge, puis, de plus en plus sombre à mesure que la corruption gagnait du terrain et transformait de force l’hybride en autre chose. Tandis que Gosuyn appréciait le spectacle, il porta la main à son oreille comme pour mieux entendre un bruit.

« Pardon, tu disais ? »

Trop faible pour supporter une telle charge, le corps de Cain commença à se mettre à muter horriblement, le transformant lentement mais sûrement en une chose boursoufflée, difforme et disproportionnée alors que les os continuaient de craquer à mesure qu’ils prenaient d’autres formes et se replaçaient différemment. Les déformations étaient telles que la tunique simple qui l’habillait depuis son éveil céda en plusieurs points, déchiquetée tantôt par ce qui ressemblait à une peau rugueuse, tantôt par des pics et des écailles.

Les pieux qui, jusque-là, le maintenaient contre le mur, cédèrent, laissant la créature retomber de tout son poids au sol. Gosuyn se contentait d’observer les choses se faire. Cependant, ce n’est que lorsqu’il vit les blessures se régénérer qu’un sourire quelque peu dément étira ses lèvres, dévoilant une série de crocs acérés. Il fit apparaitre son trident qu’il enfonça sans ménagement dans le corps déformé et hideux de Cain. Ce dernier prit plusieurs inspirations rapides avant de mourir de nouveau.

L’archiduc saisit la créature par une patte et la rejeta dans le sarcophage qu’il referma prestement.


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Gosuyn finissait de lire pour la troisième fois consécutive le rapport qu’on lui avait fait sur cet Alrost Erkelion. Il y avait quelques faits étranges avec lui qui méritaient d’être élucidés avant de se mettre à jouer avec lui. Il tournait l’avant-dernière page quand des bruits sourds lui parvinrent du sarcophage.

En soupirant, Gosuyn se releva et sortit Cain de ce dernier. Plus agité encore que lors de son premier passage, le cadet avait le regard d’un animal enragé si bien que l’archiduc fut contraint de l’assommer le temps que la rage et la folie naissante ne quittent, plus ou moins, sa conscience.

Deux heures plus tard, Cain revenait à lui pour découvrir son frère au-dessus de lui, un large sourire aux lèvres.

« Qu’est-ce que tu me fais devenir.. ? » demanda-t-il sans prendre de pincettes, tout en se rendant compte que sa gorge avait été régénérée, comme le reste de sa personne, d’apparence au moins. Bien que tout son corps ait été parfaitement rétabli, des traces de corruption demeuraient visibles par endroit.

Il faut dire que le sarcophage permettait autant de provoquer une forme de corruption que de la réguler et de l’accentuer. Le sarcophage ne permettait aucunement de la soigner. C’était là tout l’intérêt de cet artéfact. Mais c’était aussi ce qui le rendant dangereux. Renforcer, soigner, restaurer, ou même ressusciter quiconque avec cet objet maudit avait un coût élevé pour celui qui en bénéficiait. Evidemment, plus les blessures étaient profondes, et plus le coût était élevé. « Soigner » de la mort était évidemment ce qui permettait de libérer le plus le pouvoir du sarcophage. Et Cain, avec la haute dose de corruption déjà présente dans son organisme, et ses morts à répétition, était justement en train d’en payer le prix. Cependant, pour Gosuyn, l’expérience était un franc succès. Jusque-là du moins.

« Chh Chh. Tout va bien. » fit-il d’un ton qui se voulait apaisant alors que les nervures apparaissaient encore en partie à certains endroits et que les cernes inhabituelles marquaient profondément le visage du jeune hybride. Gosuyn reprit tout de même.

« Les hybrides sont les seuls à pouvoir aller et venir comme bon leur chantent entre les plans. Entre certains du moins. Vous avez l’avantage de votre espèce dominante sans les inconvénients. Un exorcisme par exemple ne te causera qu’une grande souffrance sans pour autant t’envoyer aux enfers, et sans te détruire. Tu es notre émissaire. Il y en a d’autres évidemment. Mais en ce qui te concerne, tu es celui de Père et tu l’as toujours été. Quand Caïn a abandonné son humanité pour embrasser totalement sa nature démoniaque nous avons perdu un précieux atout. Tu as été créé pour remédier à son égoïsme flagrant. Tu es destiné à être le bras armé des enfers sur le plan matériel, et bien au-delà. »

Cain conserva le silence. Bien qu’il semble physiquement presque entièrement remis, il se sentait affreusement mal comme si on avait contraint son corps à ne faire qu’un avec un organisme étranger qui le rongeait de l’intérieur. Il avait vécu trois ans avec ce qu’il pensait alors avoir été un « fort taux de corruption ». Après tout, ça faisait même flipper Alrost. Mais il se rendait compte que ce n’était rien en comparaison de ce qu’il en train d’essayer de finir d’absorber. Son esprit aussi changeait. Il le sentait. Et c’était sans aucun doute le point sur lequel il était le plus effrayé. Jusqu’à quel point allait-il muter ? Si c’était pour le pousser à abandonner son humanité, il aurait compris. Jamais il n’aurait accepté. Mais il aurait compris la stratégie. Mais Gosuyn venait de lui faire part d’un tout autre but. Et en l’occurrence, il ne comprenait donc pas la raison de cette corruption. Cela ne permettrait-il pas à ses ennemis d’avoir une plus grande marge de manœuvre pour lui nuire ?

« J-je…ne comprends pas. » articula-t-il en tremblant légèrement sous le coup  d’une sensation glaçante mais qui le brulait de l’intérieur.

L’archiduc sourit.

« C’est la première étape d’un processus de renforcement. On ne veut pas t’envoyer au suicide après tout. »

Cain ne semblait pas convaincu. Sans doute car l’archiduc lui avait clairement dit avoir envie de le tuer, et l’avoir fait… Le jeune hybride ne savait ni que croire, ni sur quel danser. Tout cela paraissait trop aberrant, trop incertain. Gosuyn lui semblait encore plus instable qu’il ne l’était lui-même. Son aîné, arborant toujours sa forme démoniaque, se pencha jusqu’à mettre son visage au même niveau que celui de son cadet, campant son regard dans celui de son frère.

« Ne souhaites tu pas te venger ? »

Cain ne montra aucune émotion et garda le silence. Gosuyn ne s’en formalisa pas.

« Targatt a les moyens de sortir vainqueur du conflit qui commence. Tu la laisseras faire ? »

Malgré lui son regard se durcit et un rictus où se mêlaient haine et dégout déforma les traits de son visage.
Le démon sourit, satisfait.

« Je n’ai pas besoin de ton aide pour nuire à cette cité et à tous les hypocrites qui y vivent. » assena-t-il avec une froide agressivité.

Gosuyn secoua lentement la tête.

« Pour leur nuire certes non. Mais pour leur survivre en revanche, c’est une autre histoire. Leurs défenses ne sont plus celles que tu as connues. Ni leurs méthodes d’investigation. Par ailleurs, les nôtres ne suivront pas n’importe qui. »

Cain releva la tête vers son frère, surpris, arrachant un sourire mauvais à Gosuyn qui se redressa de toute sa hauteur.

« Tu auras besoin de soutien. Eltnea n’est pas digne de confiance, ni aucun de ceux de ta génération, les 13e. Contrairement à ceux que tu sauras invoquer et contrôler. »

Le jeune hybride se crispa légèrement sous le coup d’un frisson de douleur tandis qu’une nervure noire grandissait sur le côté de son cou et de sa gorge, remontant maintenant jusque sur sa joue.

« Tu n’es pas plus digne de confiance qu’elle. » trancha Cain en oubliant momentanément à qui il parlait. Le démon lâcha un rire bref et franc.

« Tu as bien raison sur ce point ! Aucun d’entre nous ne l’est. » Conclut-il avec un large sourire. « Invoque en un. Pour une obscure raison, tu n’as jamais essayé. Il est plus que temps. »

Cain était loin d’être un maître en matière d’invocation. Mais pour le moment, il était sur le même plan que les créatures qu’il voulait invoquer ce qui lui faciliterait la tâche. Par ailleurs, il était lui-même, en partie, une de ces créatures. Peut-être que ça aiderait.

Il tendit la main et ferma les yeux, tentant de se remémorer les cours de l’académie autant que l’expérience engrangée auprès d’Alrost… bien que jusqu’à présent il n’ait fait que révoquer des créatures et non pas en invoquer.

Un chien de l’enfer surmonté de deux têtes, à la manière d’un cerbère, apparut devant lui. De la taille d’un ours, comme la majorité de ces monstres, il grogna tout d’abord à l’encontre de Cain qui demeura parfaitement stoïque.

« Couché. » ordonna-t-il d’un ton abrupt et absolu. L’animal de compagnie préféré des démons obtempéra.

Gosuyn secoua la tête. « Cesse donc de voir si petit pour une fois. Tu te brides toi-même de peur d’abandonner ta pitoyable humanité alors que ce n’est ni plus ni moins qu’elle qui t’a toujours fait prendre les mauvaises décisions et qui te fait sans cesse revoir à la baisse tes ambitions. »

Agacé, Cain reproduisit l’expérience en invoquant une petite meute de huit chiens infernaux, certains à une tête, d’autres à deux et un à trois têtes. Ils encerclèrent leur invocateur, prêts à attaquer davantage qu'à se soumettre.

Gosuyn avait simplement croisé les bras, attendant que les choses se règlent par elles-mêmes. Deux chiens à une tête, posté sur chacun de ses flancs, sautèrent vers le jeune homme, suivit par le chien à trois têtes qui lui faisait face et qui, probablement, souhaitant arracher celle du jeune sorcier.

Cain écarta les bras de chaque côté de lui, vers chacun des chiens à une tête qui s’empalèrent sur ses mains métamorphosées en pieux. Le chien à trois-têtes de son côté fut stoppé dans son élan par celui à deux têtes invoqués précédemment. Une lutte acharnée commença entre eux. Le chien à trois têtes crachant par sa troisième tête un acide sur le défenseur de Cain qui jappa. Il allait se faire tuer par l’autre molosse quand son agresseur s’écroula, mort. Cain relâcha le contrôle de feu sur l’animal, avec lequel il avait provoqué l’implosion du sac de bile en fusion qu’un des estomacs du chien à trois têtes contenait, lui calcinant les entrailles. Les autres chiens s’inclinèrent devant Cain tandis que le chien à deux-têtes qui l’avait aidé venait de gagner une tête de plus et une carrure suffisamment impressionnante pour pouvoir servir de monture à un démon en armure lourde.
Cain les révoqua.

Peut-être était-ce parce qu’il était encore dans leur plan et qu’il s’agissait des animaux « classiques » ici, mais ça ne lui avait pas demandé réellement d’efforts. Il se tourna vers Gosuyn en essayant de faire abstraction de la douleur persistante quoi que diffuse.
« Appelle un vrai démon. » commanda son frère.

Cain hésita une seconde avant de se concentrer davantage. Pour le coup il n’était pas certain de ce qu’il faisait. Aussi il se rabattit d’instinct vers certains types de démons qu’il avait déjà affronté, et vaincu.
L’un d’entre eux prit forme devant Cain, le visage déformé par la rage. Il se transforma en une forme de brume qui pénétra le corps et l’esprit du jeune homme. Gosuyn haussa un sourcil. Ça c’était bien con. Fait appel à un démon possesseur alors que ses défenses mentales sont au plus bas… L’archiduc attira à lui le rapport concernant Alrost dont il reprit la relecture où il s’était interrompu.

Plusieurs minutes plus tard, la brume réapparue et à peine le démon possesseur avait-il reprit sa forme tangible que Cain lui brisa la nuque. L’archiduc soupira.

« Peut-être pourrais-tu utiliser ta tête avant d’invoquer n’importe quoi ? »

Cain ne répondit pas, occupé à reprendre son souffle et remettre ses idées en place. Gosuyn se redressa et posa la paume de sa main contre le torse de son frère cadet qui ressentit une brusque mais courte douleur dans sa cage thoracique.

« Qu’est-ce q.. ? » « J’ai gravé des symboles anti-possession sur tes cotes. » l’interrompit Gosuyn.

Cain ne trouva rien à redire et s’étonna de le croire sur parole.  

« Je reviens te voir plus tard. Profites en pour me faire une véritable invocation. »

Il frappa dans ses mains. Un des simulacres que l’archiduc avait créé plus tôt réapparut. Gosuyn lui tendit un parchemin.

« S’il meurt de nouveau, mets-le dans le sarcophage et débarrasse toi du démon qui reste. »

Sans davantage de cérémonie, il sortit de la salle souterraine qu’il scella et retourna voir Alrost qui avait eu deux jours entiers pour réfléchir à sa coopération éventuelle. Bon, pour le jeune diablotin, le temps lui aurait paru bien plus long. Mais ce n’était qu’un détail.

Aux termes des deux jours, l’archiduc entre de nouveau dans la salle en tenant entre ses doigts un verre rempli d’un liquide noir. Seul certains rayons de lumière permettent de mettre en évidence que le liquide est plutôt rouge très foncé que pleinement noir. L’archiduc en boit une gorgée, autant par envie que pour montrer à l’hybride que c’est, a priori, sans danger, avant de le tendre à Alrost comme si c’était chose commune. Simultanément à ce geste, il reprend la parole.

« Alors ? »

Alrost saisit le verre tendu et le garde le verre à la main mais sans le boire pour l'instant. Il attend le verdict en restant flegme tendis que Gusoyn regarde ce qu'a écrit Alrost, parchemin à la main.

L’archiduc range le parchemin dans un pan de sa tunique, richement ornée. Puis, il claque des doigts et les démons difformes de l’avant veille, ouvrent la porte pour laisser passer trois serviteurs : une drow et deux humains (un homme et une femme), tous portant des colliers leur assurant une puissante protection. Seul moyen de leur permettant de se tenir dans un tel lieu sans en mourir.

Alrost observe magiquement les nouveaux venus. Si la drow semble posséder un bon niveau de magie, d'après son aura, les humains en revanche semblent inoffensifs, au point de se demander pourquoi et comment est-ce qu'ils avaient atterris ici. Tous semblent en bonne santé mais clairement atteints psychologiquement. Tous gardent résolument la tête baissée, mais Alrost peut aisément détecter, tant à leurs traits qu'à leurs auras, qu'ils sont terrorisés.

L'archiduc fait un nouveau signe et c’est une personne qu’Alrost a bien connu qui entre à son tour : Cain. En chair et en os, en vie, entier et beau comme un sou neuf.

L’archiduc ouvre un bras, invitant Cain à le rejoindre. Le jeune homme obtempère. Une fois à ses côtés, le démon enroule son bras autour des épaules de Cain comme un serpent autour de sa proie.

« Bonjour mon petit. »

Aucune réponse de la part de Cain, ni aucune réaction quelle qu'elle soit. Bien que le corps du jeune homme soit là, que son âme, du moins pour le seul morceau qu'il avait, soit partiellement restauré, l'esprit de Cain était absent. Du moins c'est ce qu'il y paraissait puisque le jeune homme était aussi inexpressif qu'un incarnat. Son regard ocre s'était à peine posé sur Alrost, et aucune réaction n'y avait fait écho. Un fait hautement anormal compte tenu de l'état d'esprit du jeune homme d'ordinaire.

Une émanation magique forte de magie spirituelle est détectée par Alrost. La cible de l’archiduc est Cain qui ne réagit pas. Son regard devient pourtant encore moins expressif.
L’archiduc reprend la parole en lâchant Cain.

« Tourne toi. » Ordonne-t-il à Cain qui se tourne, faisant face aux trois personnes amenées jusqu’à eux. L’archiduc poursuit.

« Désigne moi à laquelle de ses personnes tu dédies un amour sincère. Ou du moins, que tu crois sincère. »

Cain cille et baisse les yeux, refusant de répondre. L’archiduc se penche vers lui et fait glisser ses doigts sur le visage du jeune hybride comme s’il était prêt à le lui déchirer. Cain soutient son regard une seconde avant de pointer son doigt vers la drow. Il n'y avait aucune peur dans son regard, simplement une absence relative comme s'il était sous le coup d'un sceau de commandement. Ce qui n'était pourtant pas le cas.

L’archiduc sourit et fait de nouveau face à Alrost en prenant la parole à son attention à la manière d'un précepteur devant ses élèves.

« Vois tu, il n’est nulle chose plus terriblement efficace que l’amour pour tuer ou faire souffrir quelqu’un. Et, il se trouve que je suis un des maîtres en la matière. »

Alrost avait été quelque peu interloqué et surpris de voir Cain franchir la porte. Mais en fin de compte, il trouvait cela logique. Ca corroborait la première impression qu'il avait eu vis-à-vis de ces démons, bien qu'il ne soit tout de même plus réellement certain que ce démon soit là pour « aider » Cain. Quoi qu'il en soit, Alrost avait suffisamment cotoyé le gamin pour déterminer qu'il s'agissait bien du « vrai » Cain et non pas d'un simulacre ou d'une copie.
Néanmoins, Alrost ne dit ni ne fait quoi que ce soit, se contentant d'observer ce qui se passe et d'essayer de comprendre où le démon veut en venir. Le demi-diable reste sur ses gardes. Par ailleurs, il à un sentiment étrange en écoutant le démon lui révéler dans quel « domaine » il excellait sans pouvoir mettre des mots dessus, il éprouve un très mauvais pressentiment.

L’archiduc matérialise une dague qu’il enfonce avec brutalité dans le cœur de Cain avant de la retirer sans plus de cérémonie. Surpris, le jeune homme recule de quelques pas en regardant vers sa poitrine qui ne présente pourtant aucun signe de la moindre blessure. La drow en revanche, debout à quelques mètres de là, s’écroule, morte. Cain, d'abord hagard franchit les mètres qui les séparent pour aller la trouver. Son attitude tranche subitement avec l'inexpression qu'il arborait depuis le début. Ses yeux ont momentanément retrouvé leur « vie » et c'est la douleur et le chagrin qui les anime. Cain tremble comme une feuille sous le choc d'avoir vu « l'être aimé » mourir devant lui. Des émotions et une attitude beaucoup trop réelles pour qu'il puisse feindre quoi que ce soit. Surtout lui. Alrost est cependant assuré d'une chose : il ne s'agit pas de magie noire classique. Il n'y a aucune trace d'un transfert quelconque, ni mineur ni majeur. Il s'agit donc bien d'autre chose, sans qu'il ne puisse déterminer les rouages de cette magie.

Alrost sent de nouveau les émanations de magie spirituelle, que l’archiduc ne prend pas la peine de cacher, bien au contraire, manipuler de nouveau  l’esprit de Cain qui sans même s’en rendre compte, cesse de pleurer et repousse le cadavre de la drow sans le voir.

« Désigne moi à laquelle de ses personnes tu dédies un amour sincère. »

Cain désigne finalement l’humaine, qui tombe au sol en hurlant de douleur, son âme elle-même paraissant s’embraser. Les hurlements emplissaient entièrement la pièce, ses cris se répercutant durant un long moment contre les parois avant qu'elle ne soit enfin détruite et ne retombe morte.  ait été fait contre elle ni contre Cain.

Cain était tombé à genoux en se bouchant les oreilles quand elle s’était mise à hurler et avait fini par verser quelques larmes de plus quand elle était enfin morte.

Par réflexe, Alrost avait esquissé un mouvement vers Cain mais s'était arrêté. Il avait naturellement souhaité le soutenir mais les émotions ressenties par Alrost sont floues. Le fait de le voir vulnérable et en souffrance trouve un écho particulier chez le demi-diable. Alrost voit en lui la part humaine qu'il souhaitait sauver initialement chez Cain, bien qu'il ne soit pas suffisamment attentif pour en avoir conscience. Contrairement à l'archiduc.

Le chagrin de Cain n’avait toutefois pas été très long puisqu’une nouvelle manipulation mentale le lui faisait oublier. Le jeune homme se relève.

« Désigne moi à laquelle de ses personnes tu dédies un amour sincère. »

Cain désigne maintenant l’humain sont les genoux s'entrechoquent de terreur maintenant qu'il comprend que son tour est arrivé. Il décède à son tour, pitoyablement et Cain semble de nouveau fortement atteint par cette perte.

Alrost avance d'un pas vers Cain mais s'interrompt en croisant le regard de l'archiduc. Au moins cette démonstration lui aura permis d'être entièrement certain qu'il ne s'agit pas d’un enchantement classique mais bien d’un sort inédit et, malheureusement, d’un niveau auquel il ne pouvait pas prétendre actuellement. Autant de signes qu'il avait bien fait de ne pas sous-estimer son hôte. Tout ce qu’il sait, c’est que l’archiduc peut, hypothétiquement, atteindre n’importe qui, tant que la personne qu’il a sous la main, à savoir Cain actuellement, est intimement convaincu d’aimer la cible.

Finalement, l’archiduc manipule de nouveau l’esprit de Cain et repose sa question une quatrième fois.

« Qui aimes-tu sincèrement ? »

Cain lève un regard absent vers son interlocuteur avant de prononcer.

« Luthien Nylathriaa. »

La bouche de l’archiduc se fend en un sourire malsain. Il pose une main sur la tête de Cain comme on le ferait avec un animal de compagnie docile.

Alrost comprends rapidement l’intérêt que l’archiduc avait de persuader que Cain aimait cette elfe. Il s'approche et interpose son bras entre Cain et Gusoyn. Sans agressivité bien qu'il y a ait une légère densification de son aura.

L'archiduc de son côté, ne s'en offusque nullement et, d’un ton suave, il reprend la parole.

« J’ai entendu des rumeurs qui prétendaient que Lehadin était en passe de faire main basse sur votre précieuse Targatt. Nul doute que cette elfe ne doit pas négliger ses efforts pour tenter de contrecarrer ses plans. »

L’archiduc avait profité de ces deux jours pour récolter quelques informations supplémentaires sur cet Alrost qu’il avait attrapé, en plus de gérer la résurrection et transformation de son petit frère bien entendu.

« Je crois qu'il est dans ton intérêt de conclure un marché. »

Alrost est légèrement surpris. Il lève un sourcil un peu plus tard tendis qu'il réalise sa position. Le démon prenait tout simplement en otage l'équilibre des plans.

« C'est ce que les prophéties disent. Les dieux montrent aux mortels ce qu'ils ont envie. »
un petit moment de flottement s'installe et Alrost demande finalement
« quel genre de marché ? »

Alrost ne voit aucune raison de lui faire confiance. Il ne fait déjà pas vraiment confiance en les diables. D'un autre côté, il ne lui semble pas qu'il ait réellement le choix, à moins de vouloir passer tout le reste de sa vie ici, ou de mourir tout simplement.

L'archiduc pouffe légèrement de rire et frappe une fois dans ses mains.

« Je suppose qu'il est déjà exceptionnel que vous ayez compris cela. » lance-t-il à la volée en réponse à la première assertion de l'hybride.

Son sourire s'efface pourtant subitement. Son regard est redevenu sérieux, signe qu'un enjeu sous-jacent existe.

« Soit Luthien meurt et Lehadin va récupérer la cité. Soit tu acceptes de faire quelques travaux pour moi et on évoquera la libération de ton père ultérieurement. »

Alrost fronce les sourcils. Dans sa tête, il y a un certain intérêt qui prend forme. Sans confiance aucune mais l'intérêt personnel est là, en plus de l'intérêt pour la préservation de l'équilibre. Cependant, une chose le dérange. Il ne voit pas de logique réelle derrière les propos du démon.
Très calmement mais sans hésitation, Alrost répond : « Si Targatt tombe, y'aura plus de plans, je ne vois pas ce que vous y gagnez. »

L'archiduc qui se gausse totalement. Grosse hilarité. Il a presque les larmes aux yeux de rire. Alrost doit attendre une trentaine de secondes pour qu'il se reprenne. Alrost se sent un peu idiot et infantilisé, ce qui est en l’occurrence totalement le cas.

« Il ne t'est pas venu à l'esprit qu'un dieu secondaire, dont la marque de fabrique est d'agir dans l'ombre sans se révéler, ne pouvait pas devenir aussi puissant, actif et se tenir seul face aux autres sans soutiens ? »

La flegme d'Alrost le quitte un peu tendis qu'il se rend compte de l'enjeu, de l'alliance prétendue mais possible qui est sceptible d'exister entre des démons et le dieu de la guerre et du chaos. Quel marché les démons avaient-ils passés avec Lehadin pour l'assister dans la destruction des plans ? Ils ne l'auraient assurément pas fait sans avoir une solution pour ne pas subir ces… désagréments. D'une manière ou d'une autre, ils devaient donc avoir l'assurance d'y échapper. Mais Alrost ignorait comment. Par ailleurs, il se rend également compte de sa situation plus que précaire. Jamais un démon ne révélerait ses cartes à un ennemi potentiel. Soit il était un mort en sursis, soit un pion… Dans tous les cas, Alrost est mécontent et plus inquiet encore que d'ordinaire par la situation qui illumine la prophétie sous un nouveau jour.

L'archiduc sourit de plus belle, sachant pertinemment qu'il avait gagné de base.

« Qu'est ce que je peux faire pour vous ? » finit par demander Alrost d'un air blasé et dégouté.
L'hybride n'a pas encore l'intention de trahir le démon mais on perçoit clairement son mécontentement. Un signe, pour n'importe quel démon, que le pion pourrait se retourner contre lui à la première occasion décente.

L'archiduc qui sourit toujours, pointe du doigt le verre qu'Alrost a toujours dans la main et lui intime.

« Commence donc par boire. »

Alrost porte le verre à son nez, le sent et observe le liquide avec vision lucide, et en même temps, il demande « Corrompu ? »

L'archiduc qui hausse les sourcils, étonné de la question qui semble affreusement naïve.

« Peu t'importe. » conclut-il d'un ton neutre. Au final, il était évident que, quelle que soit la réponse, elle ne changerait rien au fait qu'il boirait ce liquide ou son chemin s'arrêterait là.

Alrost ne le boit pas et commence même à l'éloigner très légèrement, baissant le bras qui le tient.

Gusoyn secoue la tête à la manière d'un parent qui surprend la bêtise de son enfant. L'instant suivant, un raz de marée mental submerge l'esprit d'Alrost. Sa volonté s'effrite. Le demi-diable est toujours conscient mais n'a plus la volonté de résister. Il porte le verre à ses lèvre et boit le le contenu d'un trait.

Cain durant tout ce petit interlude, n'avait pas décroché un mot et fixait Alrost d'un air absent.

Alrost tenta de détruire le liquide avant qu'il arrive dans sa gorge. Si tous les éléments constitutifs du sang avaient bel et bien été détruits, la corruption qui, jusque là s'attachait au sang qui la contraignait, passa directement dans le sang du demi-diable, rendant son effet, bien que mineur, plus rapide que d'ordinaire. Le demi-diable avait l'impression d'avoir avalé un miasme immonde et impossible à recracher ni à vomir qu'il peinait à déglutir et qui...paraissait bouger à la manière d'une chose vivante dans sa gorge.

Alrost grimace en confirmant par la pensée qu'il n'aurait jamais du boire ça. Il se doute que ça va le corrompre ce qui l'ennuie quelque peu, pour ne pas dire que ça l'agace gravement.

L'archiduc ne bronche pas bien qu'il sache parfaitement ce que l'hybride a tenté. Il semble davantage intrigué qu'autre chose comme s'il s'attendait à une réaction, qui ne dépendrait pas forcément d'Alrost.

« Avant toute chose, pour savoir ce que je peux te confier, je me vois dans l'obligation de te tester. »

Gosuyn ne laisse pas du tout le temps à Alrost de réagir et libère entièrement son aura en reprenant sa forme démoniaque.

Alrost chancelle sur ses appuis, à un haut-le-cœur et manque de vomir sous la pression dévoilée. Ses jambes l'abandonnent et il tombe un genou au sol, sa tête lui tournant affreusement sous la pression, avant de vomir pour de bon.

De sa forme démoniaque, Alrost pourrait peut-être déduire l'identité de son interlocuteur, notamment grâce à la forme de ses cornes et de sa queue. 6 cornes dont 1 cassée, formant un angle très particulier et une queue surmontée, non pas d'un dard comme la forme de Cain mais d'une sorte de boule compacte où de minuscules pics sont visibles. Alrost relève la tête et voit son apparence. Il se pare d'une protection mais qui n'a que peu d'effet.

Le démon matérialise cinq petites sphères d'énergie noires qu'Alrost esquive en se téléportant. Une boule d'énergie apparaît derrière lui, à une trentaine de centimètres de lui, ce qui n'est guère étonnant puisque le démon avait déjà laissé voir à l'hybride qu'il parvenait sans mal à prédire ses téléportations, et à les suivre en conséquence. Alrost se téléporte une nouvelle fois, cette fois-ci, juste à derrière l'archiduc, il prépare un pic de glace et il se téléporte une fois de plus, devant l'archiduc, de sorte à ce que le démon se prenne le pic de glace par derrière et son attaque de front comme une sorte de prise en tenaille.

Le pic de glace se rompt en touchant de plein fouet le dos du démon dont l'attention n'a cessée d'être fixée sur Alrost et qui n'a pas daigné esquisser le moindre mouvement pour se protéger de l'attaque. Pendant le petit jeu d'Alrost, le démon n'a pas chômé si bien que la salle est finalement pleine de sphères d'énergie qui fondent, de toutes parts, sur l'hybride.

Alrost lance un sort pour augmenter sa rapidité d'action et de réflexion et invoque une sorte de créature qui peut se confondre avec un quatuor, avant de tenter de dissiper une sphère noire. La sphère vacille et finit par s'évanouir dans les airs. Cette action, bien que couronnée de succès, a coûté énormément d'énergie à Alrost.

Le quatuor devait servir de protecteur au demi-diable et génère des murs diverses pour tenter de stopper les autres sphères. Les murs sont détruits presque instantanément. L'élémentaire, en revanche, se prend des dégâts monstrueux, mais il est en vie. Pour une raison non identifiée, il se retourne contre Alrost.

Alrost tenta de dissiper une nouvelle fois une sphère. Trop rapide, il parvient à dissiper la couche supérieure d'une des sphère, la privant de son énergie brute, mais il se prit le noyau de corruption qui explose sur lui, sans lui créer de dommage, mais qui commence à s'incruster dans son organisme. Les sphères étaient constituées de deux à quatre couches. Face à Alrost, deux suffisaient. La première était composée d'énergie négative tendis que le noyau était un condensé de corruption. La première membrane d'énergie négative était en fait là pour protéger le coeur et permettre à la corruption de passer presque n'importe quelle défense. Lorsqu'il ajoutait une membrane de désintégration, il était sur à 100 % de toucher, et possiblement, de tuer. Mais, en l’occurrence, tel n'était pas son but pour le moment. Du moins était-il suffisamment assuré de toucher sa cible sans avoir besoin de passer au niveau supérieur.

Alrost commençait à ressentir une grande fatigue, tant du fait de son utilisation rapide de sorts qu'à cause de la pression de l'aura de celui qui lui faisait face, ou de la corruption qui s’impreignait doucement mais sûrement en lui. Il choisir finalement de se changer en sézig de foudre et il essaya d'envoyer des charges d'énergie denses et concentrées sur les sphères afin de les détruire. En même temps, il essaie de désactiver son quatuor ce qui fonctionne qu'il avait été forcé d'esquiver. Quand le sort cesse, à la place de l'élémentaire, y'a une flaque de corruption dont le liquide miasmatique semble chercher à se reformer, bougeant légèrement au sol vers le position d'Alrost, cherchant visiblement un hôte. Une dizaine de sphères sont finalement détruites parme condensé d'énergie.

L'archiduc adresse un très léger sourire à Alrost avant de se téléporter derrière lui. L'attrapant par la nuque, il force les sorts actifs d'Alrost, parmi eux le sézig, à se désactiver et fait de même avec ses propres sphères. Gosuyn projette finalement l'hybride au sol.
Alrost tente d'atterrir sur ses pieds mais sent qu'il n'y parviendra pas.  Il place son bras devant lui pour se protéger la tête et la nuque du choc qu'il encaisse tant bien que mal. Il a le souffle coupé tendis qu'il fait subitement connaissance avec le sol. Le bras est cassé sur le coup. Le reste des os le fait souffrir.

L'archiduc n'a pas attendu et a suivi Alrost dans sa chute de sorte à atterrir sur Alrost, pieds joints sur sa colonne vertébrale qui cède dans un craquement sonore. Le demi diable étouffe un cri de douleur.

Une masse à proximité d'Alrost attire son regard. Il s'agit du corps de Cain qui gît à ses côtés, troué de partout, probablement par les sphères. Cette soudaine vision génère, en plus de la douleur et du contexte, une certaine gène.

Alrost essaye de dégager le démon de son dos en envoyant la plus forte charge télékinétique possible puis, il prend sa forme de diable. L'archiduc redescend de son paillasson sous le coup de la poussée, accordant à Alrost de faire un pas en arrière tendis qu'il observe la nouvelle forme de son invité.

Gosuyn claque une fois des doigts et deux chiens de l'enfer à trois têtes apparaissent. Ils sont chacun plus grands que des chevaux et plus massifs que des ours. Ils se ruent sur le cadavre encore chaud de Cain qu'ils dévorent, mettant du sang et des tripes un peu partout autour d'eux. Gosuyn de son côté secoue la tête d'un air vraiment blasé. Il avait totalement oublié la présence de Cain. Voilà le résultat. Bah, tant pis. Au moins ça fera plaisir à ses deux favoris.

Il finit par de nouveau poser le regard sur l'hybride qui avait essayé de se connecter à l'élément terre pour augmenter ses capacités de régénération. Alrost est incapable de bouger mais reste sous sa forme et profite du pouvoir de régénération. En même temps, il se relève par télékinésie et reprend ses distances avec l'archiduc.
Pour Gosuyn, Alrost venait tout simplement de montrer qu'il avait encore la volonté de combattre. Parfait.

Une épée apparaît dans la main de l'archiduc.

« Prépare toi à défendre ta vie. »

Il charge Alrost en un battement de cils et essaie tout simplement d'empaler Alrost par un coup d'estoc.
L'hybride, par télékinésie, se décale juste assez pour que la lame passe à côté de lui, et, en même temps, il se créé une armure de roches.

L'épée est une voleuse d'énergie vitale et étant à portée, Alrost sent ses forces être absorbées par l'épée. Gosuyn ne lui laisse guère le temps de se reposer et dans le même mouvement, pivote l'inclination de son poignet pour faire un coup tranché à l'horizontal qui fait voler les pierres de l'armure de roches qu'elle rompt. La lame, sous la force du coup, enfonce même quelques pierres dans sa chair.

Alrost se téléporte à l'autre bout de la pièce et use de la métamorphose pour étendre son bras sous forme d'éclair avant de lui faire reprendre sa forme charnelle le temps de toucher le démon. Dès le toucher, l'hybride lance détection des failles.

Le démon saisit son bras et le lui broie tout en l'empêchant de changer de forme. Il lève son épée et te tranche le bras de l'hybride.
Alrost reçoit les données relative au sort qu'il a lancé. Il perçoit les « failles » mais se rend compte comptes que ce n'est pas au corps à corps que qu'il l'avantage. Les failles sont fines et peu nombreuses, signe soit qu'il n'a presque jamais été grièvement blessé, ou que sa capacité de régénération est sensationnelle.

Alrost a mal du fait de ses os brisés et de son bras tranché. Il émet un petit râle de douleur tendis que celui-ci tombe, tranché par l'épée voleuse de vie. Essoufflé, il commence à peiner. Il ramène ce qui reste de son bras à lui et cautérise la plaie en utilisant le feu. Gosuyn hoche la tête, une lueur jalouse dans le regard. Akrost fait le rapprochement entre Gosuyn et l'immunité de Cain au feu, qui empêche presque toute forme de brûlure, y compris donc celles subies consciemment pour tenter de soigner une plaie ouverte.

Quoi qu'il en soir, la corruption continue de pénétrer l'organisme d'Alrost mais ne s'étend pas encore. Elle attend d'être profondément ancrée pour cela.

Alrost essaye de métamorphoser les murs et le sol de la pièce pour en faire des pics de roches afin d'embrocher Gosuyn. Il ressent une grosse résistance et voit le mur qui se déforme pour devenir des pieux de roches. Une réussite sans doute, à ceci près que l'attaques est tournée contre l'hybride.

Il emploie le sort de passe-muraille pour éviter les pics. Il imagine que le mur ou Gosuyn pourraient avoir d'autres modes d'attaques et préfère jouer la prudence.

Le mur se reforme, libérant la vue de Gosuyn. Il secoue doucement la tête d'un air déçu.

« Bon. Qu'on en finisse. »

Le démon file vers l'hybride qui l'esquive de justesse. Alrost entend l'archiduc murmurer comme un mot de commande tendis qu'il se téléporte au loin. Le démon arrive toujours parfaitement à suivre le mouvement d'Alrost et le prend de vitesse. D'un coup aussi précis que vif, il le tranche en deux. La seule chose que détecte Alrost pendant une fraction de seconde, c'est que on l'épée semble avoir changé de propriété entre temps, bien qu'il s'agisse pourtant de la même.

Alrost reprend sa forme en tombant au sol en criant tendis que la douleur irradie sur son visage : « Mais qu'est ce que tu veux de moi bordel ?! »

L'archiduc le toise d'une lueur malveillante, un sourire carnassier et il achève Alrost d'un coup d'épée  dans le cœur. C'est la fin pour lui, il le sait. Des regrets ravivent certains souvenirs tendis qu'il rend son dernier souffle.

L'épée de l'archiduc disparaît et il frappe dans ses mains, t'as les deux démons dégueulasses et difformes qui chopent les deux morceaux d'Alrost et ils les traînent au travers de couloirs, jusque dans les sous-sols.

Alrost se réveille subitement, en sursaut et ouvre les yeux pour se rendre compte, malgré l'obscurité totale, qu'il est enfermé dans une boite. C'est l'intense douleur qui l'éveille, avec la sensation qu'il n'est pas lui-même, pas totalement du moins. Ses sensations semblent altérées, étrangères en quelque sorte et il parait fébrile, pas physiquement, psychologiquement, comme en proie à un flot d'émotions incontrôlées.

Il utilise un sort de vision lucide pour tenter d'y voir clair et comprendre, il lance également une détection des failles sur sa personne tout en demeurant allongé dans cette boite noire.

Le sort de vision lucide lui apprend que la corruption a commencé à s'ancrer profondément, et qu'elle commence à se répandre plus rapidement que ce qu'il avait pu voir au cours de ses voyages. Il se demande si ce n'était pas là l'attrait, ou le rôle, de l'artefact dans lequel on l'a placé puisqu'il ne ressent rien d'autre qu'une impression néfaste à son propos. Il sait que sur un être comme lui la vitesse d'expansion et de croissance est trop rapide pour que ça ne vienne pas de l'intervention d'un tiers, être ou objet. Alrost comprend qu'il est au cœur d'un artefact qui lui a rendu la vie, et qui lui fera payer, probablement, un prix élevé… d'où la sensation de malaise qu'il ressent de plus en plus fort. Il ne parvient pas non plus à se téléporter.

Alrost se rend compte que ses idées sont légèrement embrumées, comme si quelque chose empêchait sa conscience de les saisir. Ça peut venir de plein de choses. Et il ne peut pas déterminer exactement d'où ça vient.

Il voit les failles préexistantes mais aucune concernant les blessures qui ont causé de mort, comme si elles n'avaient existé, comme si ça n'avait été que le fruit de son imagination, tout en sachant pertinemment que tel n'était pas le cas.

Le constat finit de blaser et de le mettre en colère. Il sait qu'il est mort. Mais il ne s'attendait pas à être ressuscité. Le plus stressant était encore de ne pas savoir pour quelle raison un démon l'avait gardé en vie. Le plus aberrant était sans doute son état de corruption. Il ne pensait pas se voir dans un tel état un jour, lui qui, jusqu'à présent, avait tôt fait d'éviter les sources de corruption... De colère, il se met à donner des coups dans la paroi au-dessus de lui pour tenter de la défoncer. Rien n'y fait, il tente de rajouter des sorts de renforcement pour faire grandir sa force. Mais rien ne change.

A mesure qu'il déploie sa force et s'énerve sur la paroi, il sent sa colère grandir et croître de plus belle jusqu'à devenir une rage telle un flot impossible à calmer.

Finalement le lourd couvercle en pierre bouge dans un bruit de raclement. Il laisse apparaître un démon. Alrost peut évaluer que sa force doit être supérieure à la sienne, mais nettement moins fort que Gosuyn. Alrost, à poils, s'imagine lui arracher la tête mais se retient, sa haine se lit toutefois sur son visage.
Il parvient tout de même à demander d'un air autoritaire et condescendant : « Je suis où là ? Où est ton maître ? »

Le démon fait un signe de tête courtois et ne fait pas attention au ton employé.

« Ne vous en faites pas, la colère devrait retomber rapidement. »

« J'espère bien. » réplique-t-il d'un air super agressif mais conscient que c'est anormal.

« Si ça peut vous rassurer, vous vous en sortez mieux que de plus jeunes esprits. »

« Du genre Cain. »

Le démon acquiesce.

« Il faut toutefois admettre qu'il est en bien plus piètre état que vous l'êtes. »

Commente-t-il sur le ton de la conversation tout en faisant signe de le suivre. Alrost obtempère. Ils ne croisent personne dans ce qui ressemble à un grand palais, ancien. Alrost observe les lieux pour repérer de potentielles sorties mais aucun des portes ne se ressemblent et aucune n'est ouverte. Sa vue se restreint donc à la série de couloir qu'ils empruntent.

Ils ressortirent des souterrains pour se retrouver dans le palais infernal typique : roche noire classique, tentures rouges sang, certaines vraiment imbibées de sang a priori d'après l'odeur qui émanaient de certaines. Le long des couloirs, Alrost pouvait voir des gens, vivants et morts, emprisonnés dans les murs. La plupart ne bougeaient pas mais il avait pu surprendre, en un ou deux endroits de légers mouvements, signe que certains étaient bien encore en vie, mais, très probablement, en train de vivre leurs derniers instants. A moins que les murs puissent faire perdurer leur agonie sur des… décennies. Vu les émotions qui transparaissent de leur visage, Alrost pouvait deviner qu'ils ressentaient une douleur infiniment supérieure à ce qu'il pouvait avoir vécu. Tout transpirait la souffrance partout où il passait, ce qui ne faisait qu'accentuer le malaise latent qui ne l'avait pas quitté depuis sa sortie du sarcophage. Des statues de démons pétrifiés ornaient à la manière de vases, les détours de certains couloirs. Là encore, leur apparence était somme toute trop précise et leurs traits trop déformés pour qu'il puisse s'agir d'autre chose que de véritables démons, éternellement pris au piège.

Et finalement, le majordome fit entrer Alrost dans une sorte de mini salle du trône, presque une anti-chambre. Sur le siège légèrement surélevé, l'archiduc trônait. Il parlait à Cain qui, riait à moitié. Alrost fronça légèrement les sourcils. En regardant avec davantage d'attention, il pouvait entrevoir une faille chez le jeune homme qu'il avait trahi. Une différence avec celui qu'il avait tenté de tuer. Et maintenant qu'il le remarquait, il avait eu la même impression plus tôt, quand Cain avait été remanié sous ses yeux pour menacer Luthien. Comme si il était revenu à un état précédent...physiquement et psychiquement. Pourtant son apparence était exactement la même que celui qu'il avait quitté.Même son âme était semblable. Bien que… un filament semblait y avoir été ajouté. A moins que ça ne soit lui qui fasse tenir la créature.. ? Il n'était pas certains de comprendre ce qu'il voyait. A moins qu'il n'y ait rien à voir et qu'il ne s'agissait que d'un tour que lui jouaient ses sens qui étaient à fleur de peau depuis sa résurrection.

Le majordome coupa court à ses élucubrations pour annoncer : « A genoux devant l'archiduc Gosuyn, 6e fils de Bélial et commandant de 45 légions. »

Les deux en train de parler se tournèrent vers Alrost, qui ne s'agenouille pas. Il adressa un regard mauvais à Gosuyn bien qu'il incline, malgré tout, la tête, presque respectueusement à son hôte. Visiblement, le demi-diable n'était pas totalement suicidaire. Cependant, ce n'était pas suffisant aux yeux de l'archiduc. Alrost sentit un étaux, non pas mental comme ça avait été le cas précédemment quand il avait du boire le verre mais bel et bien physiquement. L'archiduc, au risque de lui briser une nouvelle fois quelques os, le contraignit à ployer l'échine en tombant à genoux devant lui. Alrost aurait peut-être pu résister un très court instant. Peut-être. Mais Gosuyn n'avait pas pris la peine de lui en laisser le luxe.

« C'est bien ». commenta l'archiduc en contemplant Alrost à genouillé devant lui tendis que Cain semble jubiler de le voir ainsi comme un chien.

L'archiduc prend la parole.

« Souhaites-tu retourner dans le plan matériel ? »

« Oui. »

« Tu iras donc mais avant d'être libre de tes mouvements tu me rendras service. »

Alrost attend le détail.

Une carte apparaît devant Alrost, en lévitation. Elle montre une frontière, un village spécifiquement à la lisière d'Impérii. En haut à droite résident deux inscriptions.
Le premier nom ne ressemble pas au nom d'une personne, il s'agit du nom d'un village dont la localisation a été entourée : Lortannet. La seconde inscription en revanche ressemble déjà davantage à un nom : Bella Talbot.

« Dans 4 jours, une délégation d'Imperii passera par ce village. Il s'arrêteront, durant deux jours au maximum, dans une des auberges du village pour t'y attendre. Ton rôle est des plus simples. Tu les escorteras et les aideras dans la mesure du possible à obtenir l'objet qu'ils cherchent. Quand ils l'auront récupéré, tu me le remettras en mains propres. Ho… Évidemment, sans laisser le moindre témoin. »

Alrost se doutait que ce serait le cas mais il reformule pour vérifier qu'il a bien compris.

« Je dois escorter une délégation d'Impérii, retrouver l'artéfact qu'ils cherchent et tous les tuer pour venir vous le rapporter. »

Le démon sourit en émettant un petit gloussement, loin d'évoquer le démon majeur qu'il était mais qui avait le mérite de témoigner de son amusement pour la situation.

« C'est moins joliment dit mais oui. »

Le démon semblait sur le point de clore le sujet mais il considère Alrost une seconde de plus avant de reprendre.

« En aucun cas tu ne devras le toucher, ni chercher des informations annexes sur le sujet et encore moins tenter de l'activer. Cela reviendrait à rompre notre entente. »

Gosuyn sourit davantage à Alrost.

« Tu es suffisamment renfrogné au naturel pour m'épargner ensuite ta mauvaise humeur quand tu découvriras quoi il retourne. Donc épargne nous cette peine veux-tu. »

Cain émit un rire bref, ses yeux ocres se posant sur Alrost en prenant soin de lui montrer à quel point il pouvait se satisfaire de le voir ainsi, à la solde d'un démon. Lui qui avait passé tant de temps à les combattre se retrouvait à leur botte. C'était ironique et très plaisant.  

L'archiduc finit par se lever et descendit de son siège dans le but évident de s'en aller. Il s'interrompt juste pour te dire.

« Évidemment, puisque le voyage vers le village sera instantané, il te reste 4 jours pour t’entraîner. J'ai fait venir un… humain pour cette tâche. »

Les portes derrière Alrost s'ouvrirent pour laisser entrer une femme. Teint pâle, lèvres bleutées, yeux bleu ciel très clairs, les cheveux blancs. Elle était vêtue dans le style d'une antique prêtresse étrangère, dans les tons bleutés, bien que d'une mode passée de quelques milliers d'années,. Elle était, dans son genre, magnifique. Alrost avait pu remarquer qu'elle se déplaçait sans marcher, en déplaçant de l'énergie magique pure autour d'elle. Son aura, presque totalement contenue, était parfaitement neutre, raffinée, fine. Alrost ne perçut rien d'humain, contrairement à ce que Gosuyn avait pu laisser entendre, ni rien d'inhumain non plus.


Alrost se retourne vers elle et l'observe, il remarque qu'elle est vraiment belle. Avec une légère admiration. Il la salue et lui dit « bonjour ».

La femme adressa un vague regard à Alrost, sans condescendance aucune mais sans rien de plus, comme si elle regardait un nénuphar. Elle prit la parole en s'adressant Gosuyn.

« C'est ça mon élève ? » sur un ton qui aurait pu vouloir dire « tu es sur de toi là ? »

Alrost leva un sourcil mais ne dit rien. L'archiduc hocha simplement la tête avec un sourire goguenard, visiblement ravi d'ennuyer l'humaine. Il repart, en embarquant Cain avec lui. Alrost est laissé seul avec elle.

Elle lâcha un tout petit soupire en regardant Gosuyn partir, et se tourna de nouveau vers Alrost. Elle lui fit un mini hochement de tête en plaçant une main sur son cœur en guise de salutations. La femme semblait un peu maniérée mais tout dans ses gestes transpiraient la grâce.

« Tu peux m'appeler Halia. » se présente-t-elle.

« Enchanté. Moi c'est Alrost Erkelion. »

Elle hoche la tête d'un air entendu, signe qu'elle était, bien évidemment, déjà au courant.

Elle demande cependant à Alrost.

« Avant qu'on commence, quoi qu'il arrive et quelque soit ton degré de fatigue, veille à ce que ton esprit soit imperméable en ma présence. »

L'entrainement auquel elle le soumit ne fut pas une mince affaire. Le pire étant probablement le fait que durant les quelques jours passés avec elle, Halia n'avait pourtant jamais rien fait d'autre que jouer avec son aura, tendis qu'Alrost ne pouvait pas relâcher son attention une seule seconde sous peine de voir son esprit se briser. Si Alrost n'apprit rien en tant que tel, il s'employa au renforcement de sa volonté, ainsi qu'à résister aux attaques mentales, bien qu'elle ne l'ait encore jamais "attaqué" et que sa volonté demeure, en toute circonstance, aussi calme et sereine que l'eau d'un lac. Alrost avait été en mesure de déterminer que l'aura si pénible à soutenir, avait peut-être le don de perturber et détraquer les émanations spirituelles adjacentes, et plus encore. Un fait aussi incroyable que nouveau qui tendait à donner un bref aperçu des capacités acquises tendis qu'elle s'était hissée au-delà de l'humanité qui devait probablement la caractériser à sa naissance.

Aux termes des trois jours, Halia signifie à Alrost la fin de "l'entrainement" et elle lui demande si il se rappelle des directives de Gosuyn.

« oui » répond le semi-diable.

« Très bien. Je n’ai pas envie qu’il vienne chouiner après en croyant que je t’ai détraqué. »

Elle touche de son index et de son majeur le front d’Alrost qui se retrouve téléporté devant une auberge du plan matériel. La téléportation n’est pas semblable que celle d’Alrost employée habituellement par Alrost ou la plupart des mages, celle-ci est plus pure et bien plus brutale.


Suite du RP d'Alrost : lien à venir

Suite du RP de Cain : lien à venir