Double adoption dans la Magyarie

Maggyar ?

Cirth et Lilly avaient été conviés les deux élèves de l'orphelinat "Drake" à venir discuter avec eux de la suite des évènements concernant leur petit groupe, actuellement pris en charge par Kubilay Bones.

En arrivant devant elle, Lilly s'inclina avec respect, son éternel sourire aux lèvres tendis que tout dans son attitude témoignait de son enthousiasme et énergie naturelle qui tranchait d'autant plus avec l'attitude mesurée de Cirth qui s'était contenté de saluer sa tutrice d'un signe de tête sans baisser les yeux, non pas en signe de défi mais simplement car on ne quittait pas des yeux un adversaire potentiel, c'est-à-dire n'importe quel être vivant dans la même pièce que lui.

Ils écoutèrent en silence les évolutions de leur condition et Lilly accueillit la nouvelle avec un sourire qui semblait capable de fendre sa figure en deux. Visiblement l'idée d'avoir une dépendance pour eux, ce qui équivalait à un palais en vérité dans leur esprit, ravissait la jeune fille dont les yeux pétillaient. Cirth de son côté n'en voyait pas l'utilité et hocha sobrement la tête. Le seul côté appréciable serait de pouvoir s'entrainer sans avoir à subir les stupidités des autres élèves... et sans risquer de vouloir en tuer pour s'amuser... et se faire punir.

Finalement Kubilay reprit la parole pour évoquer l'idée de faire d'eux de véritables Maggyars, bien qu'ils ignorent quelque peu ce que cela signifiait de manière concrète. Lilly avait progressivement perdu son sourire pour se faire pensive tendis que Cirth n'avait... pas eu la moindre réaction.

Finalement, lorsque ce fut à leur tour de répondre, Lilly prit la parole.

Non merci.

Cirth et Lilly se dévisagèrent une seconde avant que le yamilo ne se détourne, Lilly rougissant davantage et détournant les yeux, profondément mal à l'aise. Ce n'était pas véritablement étonnant. La jeune fille voulait intégrer la garde royale et était pour ainsi dire une fangirl de la reine actuelle au point qu'elle avait même coiffé ses cheveux de la même manière qu'on disait qu'elle s'y prêtait. Ridicule.
Lilly était doucement mais sûrement sortie du carcan dans lequel elle avait préalablement été éduquée et, sa liberté retrouvée, il semblait que ses attentes aient quelque peu changé. Elle demeurait loyale à ses enseignements mais souhaitait les mettre à disposition du collectif dans lequel elle se reconnaissait. Et bien qu'elle soit reconnaissante envers Kubilay, elle était de moins en moins... conforme aux enseignements préalables. Contrairement à Cirth dont la position avait été encore davantage renforcée depuis les attaques de l'ordalie contre la cité.

Cirth reprit.

"J'ai constaté votre compétence et je souhaite accroitre les miennes. En quoi consiste la voie des Maggyars ?"

Le jeune yamilo voulait savoir dans quoi il mettrait les pieds avant d'envisager la moindre réponse. Contrairement à Lilly qui fonçait tête baissée, Cirth préférait l'information avant toute action.

Maggyar ?

Lilly quitta le jardin, laissant Cirth et Kubilay continuer de discuter.

Le jeune yamilo reporta son attention sur sa tutrice, écoutant avec la plus grande attention le moindre de ses propos qu'il internalisait et tentait d'assimiler, notamment pour essayer d'en déduire la portée afin de prendre la meilleure décision possible pour lui.

Il entendait les différences de pratique magique entre les peuples. Il devait admettre ne pas s'être posé ce genre de question. Dans l'absolu, il se moquait de savoir qui pratiquait comment. Mais il reconnaissait que ce genre de donnée pouvait permettre de mieux appréhender certaines phases, notamment de combat contre des mages ressortissants de ces endroits. Pour autant, il demeurait quelque peu perplexe face à un tel constat. Il avait toujours cru, visiblement à tort, que les mages allaient naturellement vers l'un ou l'autre selon leurs affinités ou les nécessités et non pas par une chose aussi dénuée de sens et stupide que l'étaient les traditions. Évidemment, il comprenait qu'il y avait une part culturelle qui s'imbriquait intrinsèquement avec l'éducation, enfin... le conditionnement. Malgré tout, il était surpris que semblent être aussi rares les mages qui développaient les différents aspects des pouvoirs qu'il leur était possible de dompter.

Cirth conserva le silence tendis qu'elle poursuivait ses explications, notamment sur la source de ses pouvoirs d'ombre. Il hocha doucement la tête. Il n'avait pas vu ça exactement comme ça mais ça lui permettait de mettre des mots sur les sensations qu'il avait à ce propos, les deux allant dans le même sens.

Mais c'est sans conteste la démonstration qu'elle fit en frappant l'arbre avec et sans user de l'énergie vitale qui finit de le convaincre qu'il était primordial pour lui de savoir maitriser les deux. Malgré lui, le rouge de ses yeux s'anima un peu plus, signe flagrant de son intérêt pour la chose, bien que les traits de son visage n'aient pas changé d'un pouce.
Il était déjà en train d'imaginer les évolutions de ses pouvoirs avec un tel enseignement.

"Je souhaite suivre cette voie." annonça-t-il finalement de son ton désincarné habituel.

La perspective des entrainements, sans doute nombreux et compliqués, à fournir, ainsi que les recherches attenantes, ne lui faisait pas peur. Au contraire, pour lui c'était le gage que la voie était sérieuse. Il comptait en retirer... énormément.

Maggyar ?

Le soir de son acceptation, Cirth était retourner au manoir, comme demandé par sa tutrice, afin d'apprendre les règles de base d'une vie de maggyar. Il s'agissait d'après lui surtout d'une vie saine et dépourvue d'artifices et il fut presque surpris de constater qu'il en appliquait déjà la plupart des préceptes. Certains, naturellement, d'autres par conditionnement depuis l'institut de feu le Roi.

Ainsi, à l'orphelinat il avait été habitué à avoir un repas par jour au maximum. depuis qu'il était à l'académie, il n'était passé qu'à deux repas au lieu d'un et demi. l'ajustement ne lui poserait pas énormément de soucis puisqu'il ne mangeait que pour sustenter. Il ne trouvait aucun plaisir réel dans la nourriture même si il appréciait évidemment un peu plus certains plats que d'autres. C'était sans doute les périodes de sommeil qui lui poseraient le plus de problèmes car il avait pris la "mauvaise" habitude de travailler tard, coupant son sommeil en deux parts : 4 heures de sommeil de nuit et 3h de plus en journée, fractionnées différemment selon son emploi du temps qui changeait selon les jours de la semaine. Il dormait principalement entre les cours et sur la pause méridienne, puisqu'il ne prenait guère plus de 10 à 15 minutes pour manger, sans se presser pour autant. Surtout depuis qu'il ne mangeait plus avec Jace.

En revanche, il ne méditait pas. Plus encore, il ignorait ce que cela voulait vraiment dire et comment on pouvait faire pour y parvenir. Quand il avait envie de réfléchir sur un sujet il le faisait sans attendre dans se plonger dans un état second qui avait, d'après lui, le désavantage le couper du monde.

Finalement, quelques temps plus tard, Kubilay invita le jeune yamilo à faire un petit voyage qui les fit échouer dans les montagnes. Plus précisément c'est devant un lac, balayé par les vents froids qui se frayaient un chemin entre les pics rocheux qu'ils établirent leur petit campement. Le lendemain matin, Cirth fut invité à commencer l'entrainement par un exercice dont il ne comprenait pas la finalité.

Bien qu'il obtempéra, se mettant torse nu dans le froid mordant et s'asseyant en tailleur sur un pic rocheux un peu plus haut, il se retint de répliquer que le froid était surtout connu pour engourdir les muscles et les sens si on y restait trop longtemps. Mais, sans doute parce qu'il percevait que cette remarque ne mènerait à rien, il se tut pour écouter les explications de Dame Bones.

A mesure qu'elle expliquait les choses, Cirth fronçait davantage les sourcils, non pas en signe de désaccord mais plutôt d'une forme d'incompréhension qui s'estompa cependant avec sa demande. Il hocha simplement la tête et ferma les yeux en se concentrant sur ses sensations. Ce n'était pas bien compliqué de sentir chaque parcelle de sa peau aux prises avec le vent froid et l'humidité qu'il apportait de concert. Il se demandait en quoi le fait d'être un yamilo allait l'aider.

Il sentit l'index de Kubilay toucher son front suivit d'une sorte de vif surplus d'énergie... une autre énergie que de l'énergie magique. Pas besoin d'être un génie pour comprendre qu'il s'agissait d'énergie vitale. Sous le coup de la sensation, il rouvrit une seconde les yeux comme s'il tentait de voir des effets concrets sur son corps autrement que par ses sensations physiques, avant de finir par les refermer pour se prêter pleinement à l'exercice.

Naturellement, il oublia le froid de la même manière qu'il passait outre la douleur, c'est-à-dire en la prenant pour ce qu'elle était : une information. or, il savait déjà ce que cette information induisait, et puisque ce n'était pas le message qu'il attendait, elle aussi, il la relégua à un recoin de son esprit pour descendre plus profondément dans ses sensations, à la recherche de son énergie vitale et de ses réserves.