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Récit - Sermandor

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Lun 23 Mar - 7:54
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Sermanbor



Chapitre 1

****

Il était une fois, au début de notre âge, alors que le monde se relevait d’une nouvelle guerre céleste qui vit le règne des dragons prendre fin sous les coups des anges et des démons, toutes les races de la Terre retrouvèrent la paix. Libéré du joug salvateur ou tyrannique des géants ailés, toutes les races retrouvaient, les unes après les autres, les joies de vivre ensemble. Même si les longues années d’oppression des grands vers marquèrent à jamais le paysage de monde et les esprits de chacun, les Hommes et les Petit Peuple, comme on appelle désormais toutes les races qui n’étaient pas humaines, pouvaient se tolérer sans se faire la guerre.

Les Nains rouvrirent les vastes portes de leur royaume et recommencèrent à inonder d’or, d’argent et de pierre précieuses aux couleurs flamboyantes et plus diverses que celles des plus grands arc-en-ciel, toutes les provinces du monde. Les Elvarions, pendant de si longs siècles chassés de leur terre d’origine, revinrent peut à peu de leur exile dans les terres blanches et froides du nord, revinrent dispenser leur savoir et leur sagesse aux races mortelles. Les Elfes Sylvains, les plus gracieux et plus simple de tous les elfes, reprirent le contrôle de leur forêt si longuement ensanglantée par les traques qu’ils subirent et transformées en brasier par quelques dragons primordiaux qui ne pouvait supporter leur vu. Les orcs, transformés en arme de guerre, comme certains humains du Nord, par les grands dragons, retournèrent au-dessus des grandes montagnes, là où ils virent le jour et où se sentaient en sécurité, parmi les leur et loin du tumulte d’un monde renaissant et qui leur en voulait encore. Les semi-hommes se mélangèrent aux racs qui voulurent bien d’eux et de petites communautés virent le jour au milieu des grands royaumes. Elles étaient paisible et semblait loin de toutes les considérations de guerre, de férocité, de cruauté qui animaient encore le cœur de la plus grande des races de la Terre : les Hommes.

Sur une terre meurtrie par une guerre aussi courte que terrible, les Hommes s’entredéchirèrent une fois de plus. Car sous le règne des grands vers, certains humains furent bien plus fidèles que d’autres et servirent leurs maîtres avec plus d’audace et de dévotion que n’importe quels autres humains. Les Germains, les Épiréins, les Biligares et les Nordiques furent de ceux qui, durant toute la deuxième ère, vouèrent un culte sans faille aux dragons en plus des grands dieux du Panthéon classique. Ils les imitaient dans leur façon de régner. Ils les imitaient dans leur culture de la force, du pouvoir et de l’amassement de richesses. Ils leur obéissaient. A l’inverse, certains peuples de l’Ouest du Monde Connu, les Hésandrins, les Imperiens, les Latins ou bien, à l’Est, les Slaves, ne se soumirent jamais aux grands dragons et tentèrent, pendant toute la durée de la Deuxième Ère, de résister. Cette résistance fit qu’au lendemain de la disparition de bon nombre de ces despotes ailés, les peuples de l’Ouest et de l’Est voulurent se venger des peuples du centre et leur faire payer cette ère de terreur et de soumission.

Ainsi la Guerre Céleste ne fut pas ce qui provoqua la plus de morts parmi les Hommes et les races mortelles. Mais ce fut la guerre fratricide au lendemain de cette guerre venu des Paradis et des Enfers. Une guerre qui vit se déchirer des pays entiers et des familles. Une guerre terrible qui, dura longuement, plusieurs dizaines d’années avant que la rancœur ne soit remplacé par la douleur liée à tous ces morts. Les ennemis d’hier, las d’une guerre qui ne trouvaient pas d’issue, finirent par signer la paix et les peuples purent retrouver leur logis et leurs terres. Les champs se refirent peupler de fermiers et d’enfants jouant dans au milieu des brins de blé, d’orge et de seigle. Les vergers et les vignes, rebâtis, redonnèrent des fruits en abondance et le vin, les liqueurs et les alcools se remirent à couler à flots aux tables des survivants. Le commerce entre les provinces repris et d’un bout à l’autre du monde connu, on pouvait de nouveau trouver des denrées exotiques telles que les savoureuses dattes d’Arijaä ou les épices de Mulughs. Les navires repeuplaient les mers, et en particulier la Mer d’Azur, lien entre les plus grandes et prospèrent civilisation ayant survécus, parfois au prix de la mort de beaucoup des leurs, à la dernière guerre céleste. Enfin, entre des murs ancestraux renaissait la pratique étendue de la magie.

Autrefois exclue de l’emploi commun par tous les mortels et maîtrisés presque naturellement par les Haut-Elfes et les Elvarions, les humains qui la maîtrisait en gardait jalousement les secrets dans des cités cachées du regard des grands reptiles. Quant à ceux qui ne s’en cachaient pas, ils étaient à leur service. De puissant mage qui apprirent des dragons eux-mêmes et qui obtinrent, pour leur soumission et leur adoration pour les grandes bêtes, le titre de Prêtre-Dragon. Un titre qui était plus qu’une simple décoration. Car leurs âme étaient appelées non pas à rejoindre les Enfers ou les Paradis, mais Jubilée, la terre où les âmes de tous les dragons vont quand leur enveloppe physique était détruite. Mais pour prétendre à une telle récompense, les Prêtre-Dragons s’employaient à servir leur maître, mais aussi à apprendre les méandres de l’emploi de l’Énergie Première, l’énergie de Cosmos elle-même. L’énergie qui baigne toute la Création, la maintient en ordre et de laquelle naissent la magie blanche, la magie noire et la magie neutre. Nullement raffinée, la Grande Énergie est difficile à maîtriser et traître, pouvant rendre fou ses utilisateurs mortels, les vouer à des transformations disgracieuses, les détruire à petit feu ou tout simplement effacer leur corps comme leur âme. Les grands dragons, Cardinaux comme Primordiaux, furent créés à partir de cette Grande Énergie qu’ils utilisaient avec aisance, comme les Dieux l’employaient avec une grande facilitée. La frontière entre la nature terrestre des grands vers et leur prétention divine était donc fine et c’est ce qui leur permis de vaincre les Anges et les Démons lors de la dernière Guerre Céleste, très souvent au prix de leur propre vie. Car pour combattre des entités aussi puissantes que les Archanges et les grands Démons, les grands dragons durent se battre jusqu’à épuiser leur dernière goutte de pouvoir. Ainsi, s’ils n’étaient pas tués lors de leurs combats, les races mortelles profitèrent de leur faiblesse pour les vaincre et les mages qui s’étaient pendant toute la deuxième ère cachés du regard de ces grandes bêtes, les achevèrent.

Ce fut le sort de l’une des progénitures de Barod le Noir, le plus grand et le plus terrible des Dragons Cardinaux, dont la mort, ou la survie, alimente toujours les imprimeries. Ainsi, Slonomokaj, le dragon qui régnait sur les terres de l’Ouest d’Ereb, celles-là même où les ancêtres des Hésandrins et des Impériens avaient refusé de se soumettre à son règne, fut vaincu sur son trône pourpre par le premier de la ligné des rois d’Hésandre, Octave le Pourpre, premier roi d’Hésandre, souverain des Promontoires du Monde jusqu’au dernier fleuve des Hommes d’Art. Mais la sœur aînée de ce fier dragon aux écailles aussi rouge que la pierre des monts depuis lesquels il exerçait son règne, elle, n’eut pas le même sort. La plus avide des dragons primordiaux de la dernière ère, elle, non seulement survécu, mais ses sbires, les Prêtre-Dragons qui étaient à son service, continuèrent de la servir. Cachée dans les hauteurs des Montagnes Noires sous une épaisse couche de neige éternelle qui la couvrit après sa victoire sur l’archange Raguel, Mala Auris attendait, silencieuse, au pied du temple que ses prêtres-dragons lui avaient en des temps lointains construit. Les blessures que lui avaient infligé l’Archange se refermaient doucement et chacune des écailles dorées de son cuir retrouvait, lentement, leur éclat aussi terrifiant qu’hypnotisant. Mais ce long rétablissement qui, à l’époque où les peuples du monde connu la vénérait ne prendrait quelques jours, prendrait désormais des années, voir des siècles.

Par soif de pouvoir et de conquêtes, le Grand Prêtre-Dragons, Osgaroth, qui continuait à servir Mala Auris, décida qu’il était temps de mettre la main sur la seule chose qui permettrait de passer outre la prière des mortels pour confier à sa maîtresse tout le pouvoir dont elle a besoin pour retrouver sa toute puissance et réclamer des rois et des reines mortels l’empire qui était légitimement le sien. Cette chose n’était autre que les gemmes d’Aravan, des gemmes qui contenaient la forme la plus pure d’énergie, la Grande Énergie elle-même. Minée par les Nains des Monts Brumeux et façonnait depuis des millénaires par les Haut-Elfes et les Elvarions, même la plus petite de ces gemmes pouvaient alimenter un sort pendant une décennie tant la quantité d’énergie enfermée en son sein était immense. Cependant, il fallait pour cela que le Grand Prêtre-Dragon Osgaroth puisse pénétrer le royaume nain de Domujuthna et forcer les chambres du Mont de Fer. Cet immense pic gris, un des piliers du monde, se dressait en miroir du Mont Aravan à l’extrême est de la Roumélie et de l’autre côté des Monts Brumeux. Par temps claire, il était possible de voir le sommet brisé par l’appétit de Barod le Noir du Mont Aravan depuis le sommet du Mont de Fer. Ce dernier devint le lieu le plus sûr du royaume nain des Monts Brumeux car les flancs de cette montagne, perchés au bout d’une péninsule s’effaçant dans la mer émeraude qui ouvrait la voie vers les grandes étendues verte et riche de Xia, étaient fait de pierre noire, la même roche qui se trouvaient sur les flancs des Montagnes Noires et qu’aucun dragon, cardinal ou primordial, ne parvint à rompre.

Ainsi, les grands mages à l’ouest du Monde Connu ne furent pas inquiets à l’idée qu’Osgaroth cherchent à mettre la main sur les gemmes d’Aravan. Il lui faudrait une armée et peut-être bien l’aide de sa maîtresse, Mala Auris elle-même, pour venir à bout des portes du Royaume de Domujuthna. Alors, la nouvelle qui effraya bien des initiés finit par perdre en intensité jusqu’à devenir une légende et finir, au bout du compte, par devenir une histoire pour faire peur aux enfants.
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Mar 24 Mar - 22:19
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Sermanbor





Chapitre 2

Mais il y avait, à l’ouest du Monde Connu, de l’autre côté des Monts Enneigé et proche de l’Océan des Divins, une personne qui donnait bien plus d’importance à ce genre d’histoires et de légendes que n’importe qui d’autre. Oui, il y en avait un et qui n’avait rien à voir avec un magicien, un Prêtre-dragon ou quoi que ce soit que ces légendes mettaient en œuvre. Pour ne rien arranger, cette pauvre âme n’avait rien de celle d’un enfant trop curieux de savoir si ces légendes étaient vrai ou trop apeuré par ses parents.

Il s’agissait ni plus ni moins que d’un humain des plus banale. Il habitait dans la riche et prospère province d’Osna, à l’embouchure du Rheinen et du Sombard, les deux plus grands fleuves à l’ouest d’Ereb et plus précisément dans une région vinicole où la culture du vin et et les vergers étaient légions. La vigne couvrait sans limite les plaines et les vallons au côté de grands arbres fruitiers qui bénéficait du microclimat d’Osna et qui offraient aux plantes, comme aux Hommes, le loisir de vivre avec des Été et des Hivers doux. La sécheresse n’avait jamais été un problème pour les habitants d’Osna car en plus des deux grands fleuves qui traversaient leur terre pour se jeter dans la Mer du Nord, il y avait une multitude de rivières et de ruisseaux qui se frayaient des chemins sinueux entre les propriétés des agriculteurs et des seigneurs de ce royaume.

C’est donc non loin du lit du Sermanbor que logeait cet humain plus banal que tous les autres et qui semblait être bien trop préoccupé par l’idée que le ciel lui tombe sur la tête. Il logeait dans une grande demeure à la façade blanche comme la craie et au toit d’ardoise noire dont les murs tombaient dans les eaux du Sermanbor et supportaient une grande roue à aube qui tournait lentement, au rythme de la rivière dans laquelle elle était plongée. A l’intérieure de cette vaste demeure, il n’y avait pourtant que lui. Du moins, quand il était là. Le reste de l’espace était occupé par une gigantesque collection d’objets divers et variés. L’humain était un collectionneur et amassait dans son grand cabinet de curiosité toute sorte de babioles et de reliques qu’il ne cessait d’accumuler, parfois de manière un peu compulsive, comme son père avant lui, son grand père avant lui et même son arrière-grand-père avant lui. Ainsi, on retrouvait dans les coffres mal rangés et mal identifiés toute sorte de manuscrit des Haut-Elfes datant pour certains de la Première Ère, des parchemins dans la langue runique des Nains ou des édits et des textes des humains de toutes les époques. Dans des vitrines couvertes de poussières tant leur propriétaire n’y faisait pas attention et ne les ouvraient pas très souvent, il y avait des tablettes d’argiles couvertes de symboles d’un autre âge, des lames rongées par le temps et d’autre qui semblaient ne pas le connaître. Il y avait des gemmes aux couleurs changeantes et des pierres aux couleurs uniques que l’on ne trouvait qu’en des terres que tout le monde admet être mythique aujourd’hui. Les murs qui ne supportaient pas de grands rayons de bibliothèques chargées de livre et de connaissance de toutes les ères et sur toutes les matières avaient la lourde charge de soutenir de grandes tapisseries blanchies par le temps ou encore vivace au point que l’on pourrait croire, en les regardant, que les personnages qu’elles mettaient en scène, bougeaient.

Évidemment, au milieu de toutes ces richesses d’un autre genre se trouvaient quelques babioles pour lesquels l’humain maître de ces lieux avait payé beaucoup trop cher pour ce qu’elles étaient. De fausses épées naines, des ersatz de gemmes taillées par les elfes, des copies de manuscrits qui devaient être des originaux et beaucoup d’autres choses qu’il gardait dans son grenier ou sa cave pour éviter qu’elles ne retombent sur le marché et ne provoque la déception chez des personnes qui pouvaient véritablement en avoir besoin. Des aventuriers, des compagnies qui partaient pour venir à bout d’une quête. Ce serait véritablement dommage en effet que des personnes qui investissaient peut-être toute leur vie pour venir à bout d’un mal ne soient obliger de s’avouer vaincu parce qu’au lieu d’avoir l’objet qu’ils espéraient avoir, ils se retrouvaient avec une excellente copie. Mais la relation de cet humain avec les notions de quête ou d’aventure s’arrêtait là. Car en dépit du désordre ordonné qui régnait en sa demeure, il préférait de loin y rester, au chaud, dans son grand fauteuil de velours avec un grande tasse de jus de pomme chaud et faire du trajet quotidien entre sa maison et sa librairie le seul voyage qui en valait la peine. Comme son père avant lui, son grand père avant lui et même, son arrière-grand-père avant lui. Et puis, comme il l’indiquait souvent à ceux qui lui demandait pourquoi n’irait-il pas découvrir le monde par lui-même plutôt qu’au travers de ses reliques, il répondait simplement que les quêtes et les aventures, c’étaient pour les braves, les chevaliers et ceux qui avaient un objectif. Lui, son objectif, était de profiter d’une existence paisible entre sa maison et sa librairie, à raconter des histoires aux enfants du village le soir et rassembler de quoi nourrir son imagination.  

Une imagination débordante en effet. Car cet humain perdu dans son village de Vorst aan Semandor était l’auteur de quelques ouvrages de fiction racontant de grandes aventures, toutes plus épique les unes que les autres et qui alimentaient aussi bien sa bourse que l’imaginaire de celles et ceux ayant eu la chance de lire ses écrits. Fort heureusement, pour publier, il utilisait un nom d’emprunt. Un nom qui n’avait rien de très caché puisqu’il avait eu la bonne idée de s’appeler comme la rivière qui traversait le village où il travaillait. Sermandor était donc son nom d’auteur, là où il s’appelait Lucien, Lucien Bartholomé Henri de la Faigrièvre. Un bien grand nom pour la modeste petite personne qu’il était. Mais qu’importait pour ce libraire, amateur de grandes histoires pourvu qu’il ne les vive pas lui-même. La seule aventure qu’il pouvait tolérer, en dehors de sa routine, était d’aller voir Grodnir Barbe-Braise, un nain venant des Montagnes Noires et qui passait toujours à Vorst aan Semandor pour acheter du vin pour son étale, chez lui, dans le grand royaume nain de Negranor. Le vin y était bon et nettement moins cher que dans les grandes villes selon lui.

Aujourd’hui ne faisait pas exception et le nain, sans prendre la peine de frapper à la porte de la librairie, l’ouvrit bruyamment en hurlant de tous ses poumons le nom de Lucien. Dans la réserve de l’échoppe un bruit sourd se fit entendre suivit de quelques noms d’oiseaux de la part de la voix jeune de Lucien. Il finit par sortir de l’arrière-boutique en se massant le front, ses longs cheveux bruns en arrière et tout aussi en désordre que ses favorites d’un noir charbon.

« Grodnir Barbe-Braise, bonjour. Je ne m’attendais pas à vous voire ici ma parole. Vous n’avez pas vu la clochette à l’entrée ? Lança le jeune homme se demanda tout en sachant déjà la réponse si la cloche avait disparue.

- Une clochette ? C’est pour les vaches les clochettes, pas pour les portes ! Alors, maître Faigrièvre, dites-moi, avez-vous pu terminer ce que je vous avais demandé l’hiver dernier, demanda la nain avec sa voix roque et roulant plus que de nécessaire les r tout en remontant nonchalamment sa ceinture déjà bien assez haute sur son torse. Enfin, s’il était encore possible de distinguer le torse du bassin de ce nain à la forme proche de celle d’une citrouille. Sa barbe en partageait déjà la couleur alors la comparaison était d’autant plus facile.

- Ce que vous… l’hiver dernier… Lucien réfléchit un instant, se tapotant du bout de l’index le bout du nez avant de le brandir vers le plafond en signe de succès dans la recherche de cette partie de sa mémoire.

Le jeune humain retourna dans son arrière-boutique t y passa un long moment, déplaçant des papiers et des objets plus lourd tandis que le nain vagabondait entre les étals de livres en face du comptoir, feuilletant quelques ouvrages qui sentaient encore le papier et l’encre neufs. Après de longues minutes à déménager une partie de ses réserves, Lucien revint, la blouse brune couverte de poussière, avec un gros manuscrit entre les mains. Il posa l’ouvrage sur le pupitre de son comptoir, en défit les verrous maintenant l’épais ouvrage clos et passa la manche de sa blouse sur la couverture couverte de poussière, laissa Grodnir découvrir, les yeux pleins d’étoile, le nom de l’ouvrage.

- La saga d’Athrandor, père de tous les nains… Grodnir attira le pupitre vers lui pour pouvoir manipuler le manuscrit sous le regard inquiet de Lucien qui, en plus d’avoir porté à ses lèvres une de ses mains, se balançait presque instinctivement d’avant en arrière. Vous êtes donc parvenus à la finir ? En langue runique et en langue commune ?

- Je dois dire que ça m’a pris un peu de temps. Mais au moins j’ai pu pratiquer mon elfique sylvain et… quelque chose ne va pas Grodnir ? demanda Lucien en voyant que son interlocuteur fronçait les sourcils.

- Les elfes sylvains ? Pourquoi prendre en compte ce qu’ils racontent pour parler du père fondateur de tous les royaumes nains d’Ereb ? Ce ne sont que des pleutres qui ne connaissent rien du partage et ont toujours méprisé les Nains ! répliqua avec un regard de feu le nain qui, malgré l’évident agacement que la connaissance des sources utilisées par Lucien provoquait, manipulait l’ouvrage avec une grande délicatesse.

- Et bien parce que selon les textes que j’ai et que j’ai pu trouver, il semblerait que pendant la Première Ère, les elfes et les nains n’avaient pas vraiment de raison de se mépriser les uns les autres et les écrits elfes sur Athrandor sont généralement plus élogieux que ceux des nains. Ou encore des humains. Pour ce qui reste de texte des civilisations de cette époque. Ce sont généralement les Nains qui ont le plus d’archive sur la Première Ère et n’en doutez pas Grodnir, ce sont les archives que vous m’avez si gracieusement prêtés qui m’ont permis d’écrire presque tout ce manuscrit.

Lucien déglutit à la fin de sa petite tentative de minimiser son emploi des textes elfes dans cette saga, espérant que le nain serait convaincu. Et au regard des étoiles qui ne cessaient de se multiplier dans les yeux de Grodnir à mesure qu’il tournait les pages du manuscrit, l’humain eut la confirmation que sa petite pirouette avait fonctionné. L’homme et le nain restèrent l’un en face d’autre un long moment, seul le comptoir de la librairie sur lequel reposait le manuscrit et les séparait et supportait aussi bien l’enchantement de Grodnir que l’appréhension de Lucien. Puis, finalement, après la lecture de nombreuses pages, le nain finit par refermer le manuscrit et laissa échapper un imposant rire qui aracha un rire bien plus angoissé de la part de Lucien.

- Maître Lucien, vous faites des merveilles, comme toujours. C’est à croire que vous pourriez changer le papier en or, lança Grodnir en faisant un grand signe en direction de la porte qu’il n’avait pas fermer à la suite de son entrée dans la librairie, laissa la chaleur du doux printemps du pays de Sermandor inonder la petite librairie.

- Je ne fais que mon humble travail d’imprimeur Grodnir…

- Et tout travail mérite salaire ! Au vu de la tâche colossale dont vous vous êtes acquitté, je me dois de vous donner un salaire à la hauteur de celui qui doit recevoir ce cadeau. Grodnir disait cela alors qu’un autre nain entrait, après avoir salué Lucien, et donnait à son chef une grosse boîte de chêne vernis, aux angles renforcés par de l’acier nains et fermée par des somptueuses petites serrures.

- A la hauteur de celui qui doit le recevoir en cadeau… qui donc ? répliqua Lucien après avoir retourné les salutations à l’employé de Grodnir qui, curieux de voir ce qui se trouvait dans ce coffret que son chef trimballait depuis Negranor, resta à côté de lui.

- Qui donc ? Et bien je compte offrir cette magnifique saga à mon souverain, Thognuth, roi de Negranor et régent de Negrasur.

- Au… au roi Thognuth ? Grodnir, l’hiver dernier vous m’aviez dit que cette saga ne devait être qu’un cadeau d’anniversaire, pas un cadeau à un souverain aussi puissant que Thognuth.

- Même les rois ont des anniversaires Lucien ! Et je suis certain qu’il sera heureux d’enfin pouvoir lire la saga complète d’Athrandor et rédigée par le fameux Sermandor. Bon, votre paiement mon ami. »

Grodnir n’attendit pas la réponse de Lucien et tourna vers lui le coffret ouvert pour laisser Lucien voir ce qui allait lui servir de paiement. Les étoiles qui étaient dans les yeux de Grodnir passèrent dans ceux de Lucien qui n’en revenait pas. Il n’en revenait d’ailleurs toujours pas alors que Grodnir était parti depuis plusieurs heures avec le manuscrit et désormais descendait le Sermandor pour rejoindre le Rheinen et ainsi le remonter jusqu’à Negranor. Un voyage qui, par la voie du fleuve, ne prenait pas plus de trois jours alors qu’à pied, il pourrait durer une bonne semaine. Et encore, si l’on avait la condition physique pour supporter un tel voyage. Lucien, lui, restait dans la réserve de sa petite boutique, une main posée sur le couvercle du coffret et l’autre tenant une pipe un peu trop chargée en tabac à cause de l’excitation et de l’inquiétude que ce salaire pouvait susciter. L’humain ne cessait d’ouvrir et de fermer le coffret, comme pour s’assurer que ce qu’il avait maintenant entre les mains n’était ni un mirage, ni un sortilège qui finirait pas s’estomper à mesure que le temps passait. Mais le temps passait et l’objet de son état était toujours là. Alors il finit par le regarder vraiment et le sortir de son coffret. Si la monture générale de cette rivière n’avait rien de surprenant, ce qui l’était davantage et que Lucien le vit au premier coup d’œil, c’était les pierres qui constituait cet immense collier. Ce n’était pas une simple rivière de diamant comme une autre au centre de laquelle trônait trois grandes, mais simple gemmes blanches. Non, toutes les gemmes de ce gigantesque collier, fait pour parer le cou et les épaules des plus grands elfes, les Haut-Elfes, était des gemmes d’Aravan, translucides et au cœur multicolore et changeant. Un collier qui forçait l’admiration, la contemplation et l’extase devant un travail aussi grand, si précis et si fin.

Lucien avait bien entendu parler d’un tel joyau, mais il ne se souvenait plus d’où et ainsi, se mit à fouiller dans sa propre librairie à la recherche d’un ouvrage pouvant le guider. Ses doigts glissèrent pendant longtemps sur les reliures et s’arrêtèrent quelques fois pour sortir de leur torpeur des livres comme Pratique de l’orfèvrerie des Nains ou Grands Trésors du Petit Peuple. Ce fut cependant dans un livre appelé L’épopée du roi Gurandilièn que Lucien finit par trouver sa réponse. Tourna les pages du gros ouvrage posé sur le pupitre de son comptoir, il finit par tomber dessus, la copie dessinée de la rivière de gemmes que Grodnir venait de lui donner : le collier de dame Turièl, une haute-elfe, épouse de Gurandilièn et qui tous deux guidèrent leur peuple vers l’exile dans les terres froides du nordpour y reconstruire un nouveau royaume. Pendant la deuxième ère, beaucoup pensèrent, du moins selon les livres dont disposait Lucien, que les deux monarques étaient morts en voyant la violence des assauts du dragon Kravel. Mais le récent retour de quelques Haut-Elfes et Elvarions en Ereb prouva le contraire. Ceci ne rassurait pas Lucien qui, en plus de cela, se souvint de la légende d’Osgaroth, le grand-prêtre-dragron, qui mettrait la main sur les gemmes d’Aravan pour redonner à sa maîtresse sa toute puissance.

Lucien hésita un long moment en faisant ces constations et se mit à pianotée sur les mages du livre en face de lui tout en réfléchissant à ce qu’il devait faire. Non seulement il risquait d’attirer des Haut-Elfes qui voudraient récupérer ce qui leur appartiennent, mais en plus de cela, dès que la nouvelle de l’existence du collier Turièl, les prêtres-dragons et leurs sbires viendrait semer la discorde ici, à Vorst aan Sermandor et ce serait la désolation. Autrement dit, tout ceci était le mélange parfait pour une aventure et ça, Lucien n’en voulait pas. Prenant le peu de courage dont il disposait, non sans longuement hésiter entre simplement jeter dans la rivière le collier ou s’en débarrasser d’une façon ou d’une autre, il décida qu’il devait remettre le collier à Grodnir et demander un autre moyen de paiement. Même si cela impliquait subi le courroux du nain. Car il valait mieux une baffe d’un nain que le ciel qui lui tombe sur la tête. Ainsi Lucien commença à ranger sa boutique en toute précipitation pour pouvoir la fermer et mit le collier dans son coffret. Craignant que le coffret lui-même n’attire l’attention, Lucien l’emmitoufla dans une nappe et sortis en précipitation de la librairie à la porte de laquelle il dût revenir parce qu’il avait non seulement oublié de mettre en évidence l’écriteau « fermé », mais aussi de fermer à clef la porte en question.

C’est pendant qu’il cherchait avec précipitation et désorganisation la clef de cette porte qu’il maudissait de tous les noms qu’il se fit interpeler par la voix d’un vieillard :

« Vous fermez déjà ? lança le vieillard en question à Lucien qui venait enfin de trouver la clef de la porte et s’apprêtait à l’enfoncer dans la serrure.

La main sur la clef qu’il tournait d’une façon mal assurée, Lucien se tourna lui-même vers le vieil homme qui venait de l’interpeler. C’est un vieillard à la barbe blanche, longue, couvrant une bonne partie de son torse et de son visage ridés par le temps. Il portait des habits qui avaient eux aussi subit les affres des années, tous quelques peu rongés pour la partie qui épousait le sol, noircis pas le cendre de la pipe qui trônait au bout des lèvres et fripés de façon générale. Le vieil homme s’appuyait sur un grand bâton de bois surmonté d’une gemme bleue, bien plus que le bleu passé de ses habits. Malgré son âge apparent, il se tenait correctement et ne s’appuyait guère sur son bâton qui devait, sens aucun doute, lui servir d’aide pour les grandes marches que laissaient supposer ses chaussures aux semelles usées.

- Ou…oui je ferme déjà. J’ai une urgence à régler. De toute urgence !

- Vraiment ? Pourtant avant que vous n’ayez cette urgence vous n’aviez pas à vous presser Maître Faigrièvre.

- C’est que… je… comment vous connaissez mon nom ? demanda surpris et déboussolé par l’assertion du vieil homme Lucien qui avait dévalé les marches menant à sa librairie. Le vieil homme pointa alors du bout de son bâton l’enseigne de la librairie qui portait le nom de son propriétaire ce qui provoqua chez Lucien quelques dodelinement à propos. Bon soit ! Mais là je suis fermé donc revenez demain !

Lucien laissa alors le vieil homme qui n’en démordait pas.

- Mais demain je ne serai plus là et peut-être que vous non plus nous ne serez plus là !

- Et bien vous repasserez quand vous serez de nouveau là. Ou quand je serez de nouveau là ! Sur ce, mon bon monsieur, bonne journée ! »

Lucien serra contre lui le coffret et se mit à suivre avec une marche dynamique le lit de la rivière pour rattraper la péniche de Grodnir, laissant le vieil homme derrière. Ce dernier esquissa un sourire avant de se tourner vers l’auberge du village, la fumée de sa pipe poursuivant le jeune humain en dehors de sa traditionnelle routine.
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Dim 29 Mar - 12:02
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Sermanbor




Chapitre 3


Alors que l’après-midi était bien avancée, Lucien titubait presque à force d’effort pour tenter de rattraper la barge de Grodnír. Il en finit même par s’assoir sur une souche d’arbre mort qui gisait sur le bord de la route. Les nains avaient énormément de forces dans les bras naturellement, sinon ils ne parviendraient guère à creuser aussi profondément la roche des montagnes où ils élisent domicile. Dès lors, ils étaient capable de donner suffisamment de puissance à leur mouvement de godille pour faire avancer la barge plus vite que ne le ferait des humains normaux ou batelier de profession. Il fallait en plus de cette force ajouter le courant du Sermandor qui avait dû aider les nains et ainsi, ils devaient déjà être loin. Pour Lucien qui s’adossait contre un chêne, se tenant un flanc pour lutter contre le point de côté qui le transperçait, c’était particulièrement gênant. Non seulement les nains n’allaient certainement pas s’arrêter pour la nuit et naviguer au moins jusqu’à Aarstven, la ville bâtie sur la jonction entre le Rheinen et le Sermandor. Or la ville, à pied, était au moins encore à une bonne demie-journée de marche et dans son état, Lucien ne pouvait pas vraiment espérer y parvenir aussi vite. Il n’était que libraire, pas messager ou percepteur des impôts. Dans les deux cas d’ailleurs, ils avaient des chevaux.

Là encore, Lucien n’en avait pas. Si cela avait été le cas, il l’aurait directement pris chez lui. Or le jeune libraire n’en avait pas l’utilité. Il ne sortait presque jamais de son village et quand c’était le cas, il empruntait les fréquentes barges qui sillonnaient le Sermandor. D’une part il s’agissait du moyen de transport le plus économique qu’il était possible de trouver ici, en Osna et d’autre part, il était beaucoup plus sûr car les voleurs et les bandits n’avaient pas les moyens de stopper les barges. Le dernier en date ayant essayé avait dû être secouru par le batelier qu’il avait essayé d’extorquer. La chaîne que le brigand avait tendue pour immobiliser la péniche s’était rompue et bêtement, les voleurs s’étaient imaginés avoir assez de force pour la retenir. Ils ont finis traînés derrière la barge sur plusieurs centaines de mètre. Dans ces conditions, Lucien n’avait aucun cheval a sa disposition et il lui restait tant de distance à parcourir. Il pouvait aussi faire le pari de retourner à Vorst aan Sermandor pour louer une monture au relais de poste et refaire le trajet en une courte période. Cependant, là encore, c’était faire le pari que Grodnír n’avait pas déjà quitté Aastven quand il arriverait.

Alors que Lucien était toujours assis sur sa souche d’arbre, le coffret négligemment emballé sur ses genoux et reprenant son souffle quand il vit quelqu’un marcher sur la route. Grand et son visage caché par une immense capuche qui se prolongeait en un long manteau, seul l’arc et le carquois de l’individu dépassaient en plus de quelques mèches de cheveux d’un blanc pur et uniforme. Certainement un nordique se dit Lucien. Toutefois, alors que l’individu passait devant lui en le saluant en langue commune, le jeune libraire se rendit compte qu’il n’avait pas la voix si caractéristique des peuples humains du nord. Elle était douce et surtout, féminine. Une femme ? Non, une elfe ? C’était intéressant et surprenant à la fois. Osna était une principauté très calme mais bordée par des royaumes bien plus brutaux ce qui rendait les voyageurs elfes bien moins fréquents. En croiser un était donc une sorte d’honneur pour le jeune libraire qui n’avait jamais vraiment eu l’occasion d’en voir de près autrement que dans les livres. S’il s’agissait bien d’une elfe, alors c’était assez normale qu’elle ne cherche pas à se mettre en avant. Après tout, cela ne faisait que quelques siècles que les grands dragons avaient disparus et les velléités à l’égard du petit peuple, dont les différentes races d’elfes sont les principaux ambassadeurs, n’avaient pas disparues. Lucien s’intérroggeait donc sur la raison pour laquelle une elfe viendrait en Osna avant de se rendre compte qu’elle était sur la même route que lui et surtout en sens inverse ! Peut-être avait-elle vu la barge de Grodnír ! Lucien alors tourna la tête et tout en se levant, interpela l’inconnue qui lui donnait maintenant le dos :

« - Ahem, excusez-moi ? L’inconnue s’arrêta et le haut de son visage toujours caché par l’ombre de sa capuche, elle se tourna vers le jeune humain. Oui… hm… bonjour. Je voulais vous demander si vous aviez croisé, en remontant cette route, une barge avec des nains dessus ?

- De nains ? L’elfe répondit avec un ton peu impliqué ce que Lucien pouvait comprendre. La rivalité entre nains et elfes était connue et il était presque normal qu’une elfe n’ait pas remarqué une bande de joyeux lurons comme celle de Grodnír.

- Oui, des nains sur une barge. Ils descendaient le Sermandor en direction d’Aarstven et je dois leur remettre quelque chose. Donc je voulais savoir si vous les aviez vus. Ils doivent être une dizaine et l’un d’entre eux à une grosse barbe rousse et est particulièrement, fort dirons-nous.

- Non. Répondit l’elfe d’un ton sec avant de reprendre sa route et laisser Lucien.

- Vous êtes sûre ? Je ne veux pas vous importuner, mais c’est très important parce que je ne veux pas des ennuis qu’ils vont me causer.

- Non je ne les ai pas vu l’humain et je n’ai pas envie d’avoir vos ennuis non plus alors laissez-moi tranquille.

- D’accord. D’accord… » finit par dire Lucien en tapotant de sa main libre le coffret emballé sous son autre bras.

Il devait donc se résoudre à retourner à Vorst aan Sermandor pour trouver une monture. Malheureusement, il devrait le faire en marchant non loin de l’elfe qui n’avait pas été trop commode avec lui. Cela pouvait se comprendre. Ils ne se connaissaient pas et il venait de la harceler de questions à propos d’une race qu’elle ne devait guère apprécier. En y repensant, il aurait fait pareil, exactement la même chose. Exactement comme il avait éconduit le vieillard en face de sa librairie. Le destin le mettait bien dans une situation cocasse. D’autant plus cocasse qu’en pianotant toujours sur une partie du coffret dénudé, Lucien se rendit compte que ce qu’il portait était intimement lié aux elfes et que soudainement, ici, sur la route entre Vorst aan Sermandor et Aarstven, il rencontrait une elfe.

Le destin n’était plus en train de simplement se moquer de lui, il était en train de réaliser ce qu’il espérait éviter en remettant dans les plus brefs délais ce coffret à Grodnír. Il ne manquerait plus que le ciel lui tombe sur la tête.

« Ô avant que le ciel ne vous tombe sur la tête maître libraire, je pense qu’il est possible de venir au bout de vos peines.

Venus de nulle part, ces mots figèrent aussi bien Lucien que l’elfe qui marchait devant lui. Ils auraient pu venir d’elle se dit rapidement le jeune libraire. Mais elle n’aurait alors pas saisit en un éclair son arc et armé une flèche, pointé vers le virage de la route. Là, il y eu un silence et une rafale de vent de printemps vint retirer la capuche qui couvrait jusque-là la tête de l’elfe, laissant Lucien découvrir la perfection propre à cette race antique et en même temps, voire son cœur se serrer de terreur. Car la grâce de cette elfe était dirigée par des yeux d’un rouge sang, trahissant sa nature et donnant plus de corps à la couleur de ses cheveux, à sa peau pâle et à l’épais manteau qu’elle portait malgré le flamboyant soleil.

Un vampire oui maître Faigrièvre. Je vous présente Erendíl, fille de Ilien et de Feranor, eux même fille et fils de Nanrak. Lança le vieillard qui débouchait du virage que visait l’elfe et avec à sa suite deux autres chevaux.

- Truvenor ? Comment est-ce possible ? demanda l’elfe qui baissa son arc et rangeant avec une agilité sans pareille sa flèche dans son carquois.

- Ô vous savez, le destin fait bien les choses. Et je suis mage, pas vendeur de sucrerie. Prenez donc cette monture. Et celle-ci est pour vous maître libraire. Le vieillard donna depuis le haut de son cheval les rênes des deux autres à Erendíl et à Lucien qui manqua de faire tomber le coffret dont il avait la charge.

- C’est donc de vous la lettre que j’ai reçu à Varsva ? Interrogea l’elfe qui, sans plus de manière, enfourcha le cheval que le magicien répondant au nom de Truvenor venait de lui donner.

- Une lettre ? Je n’ai pas l’habitude des lettres. Les portails, même en plein milieu d’un nid de vampire datant de la première ère, sont bien plus simples. Comment pensez-vous que je suis venue ici jeune fille ? A pied ?

A ceci, l’elfe esquissa un léger sourire qui marquait le fait qu’elle connaissait le vieillard. Ce n’était pas le cas de Lucien qui, toujours les rênes de son cheval en main. Ne comprenait guère ce qui venait de se passer et n’allait pas rester silencieux sur cette matière.

- On peut m’expliquer ce qu’il se passe ici ? Je vous croise, vous le magicien, à Vorst aan Sermandor alors que vous voulez aller dans ma librairie et maintenant je vous retrouve ici, au milieu d’une route, à discuter avec une vieille connaissance tandis que vous me donnez un cheval ?

Le mage fit se tourner son cheval en direction du jeune libraire et regarda se dernier instant avant de sortir sa pipe et la bourrée de tabac d’Hésandre, connu pour son goût bien plus fort que la plupart des autres tabacs du Monde Connu.

- En ce qui s’agit du fait de vous retrouver ici, au milieu d’une route, les chevaux, maître libraire, vont plus vites que les humains. Ainsi j’ai pu acheter ces bêtes et vous rejoindre alors que vous crachiez vos poumons. Quelqu’un d’aussi cultivé que vous devrait le savoir non ?

- Cela ne répond pas à ma question vieil homme ! Qu’est-ce qu’il se passe ? dit Lucien en reposant avec bien plus d’assurance sa question. Le mage et l’elfe se jetèrent un regard avant que le premier ne laisse s’échapper une longue bouffée de fumer et ne réponde.

- Cher maître Faigrièvre, il semblerait que le destin ait décidé de vous accorder l’aventure de toute une vie et de faire de nous vos compagnons pendant celle-ci. Cette réponse provoqua un froncement de sourcils chez l’elfe, comme si la mention du destin à plusieurs reprises par le mage la faisait réfléchir.

- Alors non ! Je vous le dis tout de suite, pas d’aventure, pas de quête ou autre chose avec moi ! C’est d’ailleurs pour cela que je m’en vais remettre ceci à Grodnír, pour être sûr que cela ne me concerne plus !

- Et quand vous aurait remis le coffret et son contenu à Grodnír, pensez-vous que les problèmes vont s’écarter de vous, comme par enchantement ?

- Si je ne l’ai plus, il n’y a plus de raison que l’on m’implique dans cette affaire vieil homme donc je m’en vais de ce pas remettre cette boîte et retourner chez moi, prendre une camomille et demain, toute cette histoire sera terminé ! Je prends ce cheval et je vous le ramène. Dit Lucien en montant de façon maldroite sur le gros cheval de trait que le magicien lui avait donné.

- L’histoire ne vous oubliera pas Lucien. Répondit alors avec un ton ferme le magicien. Vous avez vu un objet que bien des forces, qui vous dépassent, convoitent et recherchent. Pas seulement les chasseurs de trésors, les prêtre-dragons ou les elfes. Il y a des forces qui nous dépassent et qui, dans l’ombre ou la lumière, cherchent à accumuler plus de puissance. Vous êtes impliqué désormais et simplement retourner la pierre à l’envoyeur ne va pas vous faire disparaître.

Il y eut un long silence alors que Lucien essayait de bien comprendre ce qu’il venait de lui être dit. Il était maintenant un rouage dans une affaire bien plus importante ? Exactement ce qu’il avait cherché à ne pas être depuis des années ! Il était très bien chez lui, dans son cocon, à raconter des histoires et des fictions où d’autres, plus braves, plus intelligents, plus forts que lui, se retrouvaient malgré eux ou parfois de leur fait, embarqué dans des aventures aux dimensions gigantesques. Lui cherchait la tranquillité d’une vie qu’il pouvait lui-même écrire, loin des tumultes d’un monde qui ne tiendrait jamais compte de sa modeste existence.

- Ça ne sert à rien de vouloir à ce point l’impliquer Truvenor. Vous voyez bien que toutes ces histoires ne l’importe que très peu. Accompagnons le à Aarstven et après cela, avisons sans lui, nous irons plus vite ainsi, dit l’elfe en commençant à faire marcher son cheval en direction de la ville d’où elle venait.

Cette attitude était des plus surprenantes pour Lucien. De ce qu’il avait compris, elle était venue de Varsva, une ville très ancienne à l’Est, à la frontière entre les terres germaines et slaves sur la demande d’une simple lettre dont elle ne connaissait pas l’auteur. Maintenant, elle suivait les demandes de ce vieux mage sans rien dire, simplement parce que de toute évidence elle le connaissait et comme s’il s’agissait de la chose la plus normale du monde. Voilà qui était vraiment incompréhensible pour Lucien et pourtant si familier, car lui-même avait déjà pu écrire des intrigues, des nouvelles, des fictions, des balades où es personnages pouvaient avoir la même attitude. Des écrits où certains personnages ne vivaient que pour cette adrénaline, cette curiosité et ces souvenirs qu’une aventure, une quête ou un simple voyage peuvent donner. Peut-être bien que cette elfe aux dents de prédateur étaient de ces aventuriers qui vivaient pour le frisson et les souvenirs de chacun de leur voyage, de leur réussite ou de leur échec. Mais là encore, il ne n’était pas de ceux qui cherchaient à avoir pareille vie. Lui préférait de lui être celui qui les raconte, assis dans son fauteuil et face à son manuscrit vierge, une plume à la main et en pleine écriture d’histoires qu’il n’a jamais vécu et qui, pourtant, semblent si vraies qu’il aurait bien pu être là à chaque chapitre, à chaque page, à chaque paragraphe. Il fallait cependant être réaliste. Il était libraire et auteur, pas aventurier et avait bien plus de talent à lutter contre des éditeurs véreux que contre une quelconque force que ce vieil homme lui imposait de combattre.

- Puisque vous semblez tant prêt à vous impliquer, nous allons faire comme vous venez de le dire Dame Erendíl. Nous allons allez à Aarstven et là, vous continuerez avec Grodnír ! Finit par répondre Lucien en talonnant son énorme cheval pour le lancer au galop sur la route pavée d’Aarstven.

- Si c’est ce que le destin souhaite » dit à moitié dans sa barbe le vieux mage en lançant lui-même son cheval sur la route. Une dernière assertion qui ne n’échappa pas, une fois de plus, à l’elfe dont le cheval emboîta le pas.

Les trois cavaliers, élancés sur la route d’Aarstven, arrivèrent au bout de seulement quelques heures à cette ville et sans avoir pu croiser le long du fleuve la barge des nains. Comme l’avait imaginé Lucien avant tous ces rebondissements, les nains n’avaient pas chômés et avaient donné tout ce qu’ils avaient pour rejoindre la grande ville avant la nuit. Cette dernière avait d’ailleurs commencée à forcer les habitant d’Aarstven à allumer les braseros, les lanternes et les lampions permettant de garder un semblant de lumière dans cette cité principalement faîte de bois et partiellement montée sur pilotis. Car la jonction entre le Rheinen et le Sermandor n’était pas du sol sec, mais plus un mélange sournois de sol meuble et de vase ne permettant pas la construction d’édifices à même la terre. En entrant de la ville, les chantiers en cours révélaient la batterie de piliers en bois qui hérissaient le sol, parfois à moitié couvert d’une eau boueuse, nécessaires pour supporter les bâtiments toujours plus nombreux de cette cité lacustre aux affaires florissantes grâce aux nombreuses haltes des voyageurs traversant le Rheinen sur le gigantesque Pont Noir, fabriqué avec des blocs de pierres noires arrachés aux Montagnes Noires et taillés directement ici, à Aarstven, pendant la dernière ère. Il reliait la ville à la rive orientale du fleuve et plusieurs petits pont enjambaient le Sermandor pour finir la traversé. Ceci créait déjà beaucoup de passage et les bateliers qui s’arrêtaient pour ravitailler finissaient de donner un dynamisme immense à la ville, même de nuit.

Les lanternes allumées par les services municipaux ne servaient qu’à permettre d’éviter de se prendre les pieds dans un nid de poule. Ce qui permettait vraiment de se déplacer, c’était la forêt de torches que les badauds brandissaient pour voir devant eux et manifester auprès des autres leur présence. Lucien ne manqua pas, après avoir déposé leur chevaux chez un dernier non loin de la ville en échange de quelques piécettes, de se procurer eux aussi des torches. Le magicien lui se contenta d’illuminer le bout de son bâton. Quant à l’elfe, et refusa le flambeau que lui tendit, en toute galanterie, Lucien, clama que cela l’aveuglait. Le jeune libraire se rappela alors que les vampires étaient nyctalope et naturellement, la lumière, en pleine nuit, pouvait les aveugler un cours instant et par conséquente, ils se sentaient plus à leur aise quand ils n’avaient pas de grandes source de lumière près d’eux. Sans surprise donc, l’elfe préféra marcher devant le jeune homme et le magicien pour éviter d’avoir leur lumière dans les yeux tandis qu’ils cherchaient Grodnír. Lucien ne connaissait pas à la perfection le nain. Mais il connaissait très bien la ville et ses principaux points d’intérêt. Non seulement parce qu’il y venait depuis longtemps, mais aussi parce qu’il avait suffisamment de fois utilisé cette ville comme point de départ de ses nombreuses fictions pour bien la connaître. Ainsi, le jeune libraire se fraya rapidement un chemin jusqu’aux quais et pu trouver la barge des nains. Malheureusement, elle était vide et gardée par les gardes de la ville qui ne savaient pas où les nains étaient partis. Leur barge était très bien gardée d’ailleurs, par rapport aux autres bateaux sur les quais. Les nains avaient dû graisser la patte des gardes pour qu’ils soient bien plus attentifs envers leur bateau. Rien d’étonnant à cela pour des nains. Cependant, cela coupait court à l’idée initiale de Lucien qui voulait simplement remettre à bord de la barge le paquet qu’il transportait. Ce n’était certes pas très honorant comme façon de faire. Mais ça l’aurait été tout autant que le fait de l’impliquer, contre son grès, dans une affaire de l’envergure que l’entendait le magicien.

Restait donc d’attendre que les nains reviennent ou que d’aller les chercher. La nuit venant de tomber et les nains étant de gros mangeurs, Lucien pouvait affirmer qu’ils ne reviendraient pas avant le petit jour ce qui excluait définitivement l’idée de les attendre. Sauf s’il voulait mourir de froid tandis que le magicien n’aurait pas prononcé quelques parole alacabrantesques pour se réchauffer que l’elfe ne devait certainement rien sentir en raison de son vampirisme. Il fallait donc chercher les nains. La ville était grande et cela pourrait les occuper jusqu’au petit matin. Dès lors, il s’agissait de rassembler les informations à leur disposition, du moins à la disposition de Lucien, pour retrouver les nains. Le jeune libraire connaissait Grodnír depuis quelques années en raison de son passage à Vorst aan Sermandor pour acheter du vin moins cher mais tout aussi bon qu’à la capital du petit royaume. Il s’agissait donc pour lui de remonter de Rheinen vers Negranor, là où il habitait. Negranor était connue sur les rives du Rheinen pour ses richesses, comme pour toutes les grandes cités naines, mais aussi leur appétit féroce pour le vin en plus de la bière qu’il brassait eux même d’ailleurs. Une bière dont seuls les nains connaissaient la recette et que de très rare auberge servait en dehors des murs de cités naines ou des mines exploités par les nains. Cependant, avec tout le commerce de vin en direction de Negranor, il devait bien y avoir une auberge ou même une brasserie ici, à Aarstven, qui proposait de la bière naine ! Lucien se tourna vers les gardes en sans plus de manières demanda s’il y avait une brasserie qui servait de la bière naine. Les gardes se regardèrent et indiquèrent comme un seul homme, avec une sorte de dégout, qu’il y avait bien l’Auberge du Vieux Cerisier qui servait ce jus d’houblon. La bière naine était tellement amère et alcoolisée que beaucoup de personne ne l’appréciait guère comme boisson de détente. Les travailleurs l’aimaient bien parce qu’elle tenait au corps et était nourrissante. Mais sinon, elle était souvent vu comme une boisson indélicate. Les légendes racontent qu’une de ces bières, brassées dans la cité naine de Domunoria, aurait réussi à priver du goût un seigneur elfe invité par le roi nain Grunín. Légende créée de toute pièce par les détracteurs de cette bière ou réalité un peu déformée, Lucien n’avait jamais pris le temps de se pencher sur la question car les affaires de chopes n’étaient pas sa priorité. Toutefois, il était assez content d’en savoir autant sur les habitudes gustatives des nains car, alors même que lui et les ses deux comparses s’approchaient du Vieux Cerisier, ils pouvaient entendre les rires lourds, gras et raisonnant à cause des r roulés sans limite à cause des effets de l’alcool qui devaient couler à flot à l’intérieur de l’établissement.

Etat de fait qui se confirma quand Lucien ouvrit la porte de l’auberge et fut accueilli par une chope de bière qui s’écrasait sur le linteau juste au-dessus de lui, le couvrant ainsi du liquide noire et particulièrement odorant. La constatation de ce dégât collatéral provoqua le silence dans la grande salle de l’auberge et surtout l’immobilisation du nain qui était à l’origine de cette bavure. Lui et Lucien échangèrent un regard presque entendu et le nain accouru vers le fond de la salle tandis que le magicien et l’elfe entraient dans l’auberge et que le libraire acceptait volontiers le torchon que l’aubergiste lui tendait. C’est ainsi, alors que Lucien épongeait ses vêtements et que l’elfe se couvrait le visage d’une bande de tissu, certainement pour limiter l’odeur ambiante à la limite de lui faire perdre l’odorat, que Grodnír apparut avec le nain maladroit à côté de lui et de toute évidence en train de lui expliquer la situation.

« Maître Faigrièvre ! Je suis véritablement confus pour ce qui vient de vous arriver. Je suis vraiment désolé pour la maladresse de mon gars. Je vous paye un bain dans les bains de la ville. Je connais bien le propriétaire des lieux ! dit avec sa voix roucoulante le gros nain qui ne manqua pas de donner une violente tape dans le dos de Lucien.

- L’intimité d’un bain serait en effet la bienvenue Grodnír, fils de Muelnír, fils de Krachnír, se permit alors le vieux mage qui s’imposa au champ de vision du nain.

- Par la barbe d’Athrandor, mais je ne rêve pas, c’est ce vieux bougre de Bohémond ! Ça doit faire quelque chose comme cent vingt ans que l’on ne s’est pas vu ! Qu’est-ce qui vous amène ici, en plus avec maître Faigrièvre et… Grodnír se pencha légèrement, se retenant de déclencher une tornade en rotant une grimace, pour voir Erendíl qui avait replacé sa capuche au-dessus de sa tête, de toute évidence une elfe ? Elle empeste la forêt à quinze lieux au moins.

La remarque ne manqua de provoquer une altercation visuelle entre le gros nain et l’elfe vampire. Mais le vieux mage, sous le regard plein de question de Lucien, mit un terme à ces enfantillages en ramenant l’attention du nain sur lui.

- La même chose qui a amené votre libraire à se déplacer depuis son modeste village jusqu’ici. C’est-à-dire le cadeau que vous lui avez fait. »

Le nain resta silencieux et remarqua alors que Lucien portait quelque chose sous son bras. Il n’était pas stupide et pas assez alcoolisé pour ne pas comprendre ce que c’était. Tant et si bien qu’il secoua ses lèvres dans plusieurs direction avant de saisir son manteau suspendu négligemment à un bossoir et indiqua au groupe de le suivre jusqu’aux bains. Ils y furent en un rien de temps et tous les membres du groupe se séparèrent de leurs habits pour simplement passer une serviette.

Les bains étaient parfumés et une courte discussion entre le tenancier de l’établissement et Grodnír permit à qu’une partie non négligeable du lieu soit vidé. Lucien fut le premier à arriver dans la salle d’eau, une serviette autours des hanches et le coffret, toujours couvert, sous le bras. Les lieux étaient particulièrement propre, de l’encens embaumé la salle d’une fine fumée qui se mélangeait parfaitement avec la vapeur de l’eau du bassin tout en se permettant de rendre l’expérience encore plus agréable grâce à quelques fragrances pouvant rappeler la côte de la Mer d’Azur. En particulier les roses du désert que l’on trouve dans le grand désert d’Arijaä. C’était une odeur douce qui imposait presque a détente de l’esprit et du corps et incitait à rester dans les bains et profiter des services, aussi bien alimentaires qu’humain, que l’établissement pouvait fournir. Lucien allait bien en profiter. Il était encore collant de la bière que l’un des nains de Grodnír lui avait renversée dessus et toute cette histoire allait enfin prendre fin. Il pourrait rentrer chez lui demain et retourner à sa petite vie, calme et paisible. Il fut rappeler à la réalité par l’elfe qui lui posa une main sur l’épaule pour qu’il dégage l’entrée de cette partie du bain. Naturellement, l’idée de partager un bain avec une femelle elfe n’était pas venu à l’esprit de Lucien qui, sans pour autant s’offusquer outre mesure, marqua tout de même sa désapprobation à l’idée qu’homme et femme se mélange dans un contexte aussi intime. Une remarque qui fut balayé par un terrible rire de Grodnír. Le nain ne manquant pas de remettre en doute l’existence même de sexe entre les elfes tant il était impossible de faire la différence entre les mâles et les femelles. Remarque à laquelle Lucien aurait bien voulut répondre qu’à la différence des elfes, chez les nains, il était parfois vraiment difficile de faire la distinction tant les naines avaient des habitudes vestimentaires et des manières proches de celles des nains. Toutefois, il se fit arrêté juste avant de répondre par Bohémond qui avait eu la grâce de venir en peignoir et non simplement paré d’une serviette. Un choix que la bedaine de Grodnír aurait dû lui imposer si le nain n’était pas si ouvertement content d’exposer sa circonférence. Quand tous finirent par prendre place autour du bassin, les hanches plongées dans l’eau chaude et les volutes de vapeurs autours d’eux empêchant de véritablement figer les regards, ce fut Lucien qui prit la parole.

« Je ne sais pas pourquoi vous teniez à faire cela de cette façon, avec des manières grandiloquentes et un peu de mystère, mais moi je veux simplement remettre une boîte et son contenu à ce nain. Donc, c’est ce que je vais faire et vous pourrez continuer sans moi. Lança Lucien qui prit le coffret et la nappe qui l’entourait toujours et se leva dans le bain pour l’amener à Grodnír.

- Asseyez-vous donc maître Faigrièvre. Nous traiterons votre retour à une vie normale plus tard. Pour le moment, j’ai besoin de savoir comment un nain, gros, empâté et plus penché sur l’alcool et le gibier que sur combattre comme c’était le cas il y a cent vingt ans a pu mettre la main sur de telles gemmes. Le ton avec lequel Bohemond arrêta Lucien puis interrogea le gros nain imposait le respect. Depuis le moment où il l’avait croisé, Lucien n’avait entendu que sa voix gâteuse. Mais là, il entendait une voix forte, autoritaire et qui imposait à l’humain d’exécuter les ordres du magicien, ce qu’il fit sans rechigner.

- Gros ? Empâté ! Bohémond, vous dépassez les bornes, magiciens ou pas !

- Je fixe les bornes ici au vu de la situation où votre bêtise est en train de nous mener. La voix du mage n’avait plus rien d’autoritaire à ce moment-là. Elle était devenue terrifiante et personne n’osait plus parler. Sauf l’elfe qui n’avait pas bougé d’un seul centimètre, comme si elle n’était pas impressionnée par cette voix quasi-divine. Non, elle provoqua chez elle le même froncement de sourcils qu’elle avait fait auparavant, sur la route d’Aarstven. Répondez donc à la question au lieu d’essayer de justifier comment un guerrier comme vous est devenu négociant en vin.

Grodnír une fois de plus fit gigoter ses lèvres sous sa barbe dans un silence qui semblait durer une éternité avant d’enfin répondre, de toute évidence plus calme qu’au moment où il prit la première fois la parole.

- Un antiquaire avait demandé de l’aide pour creuser dans des ruines elfes non loin de Negranor. Il disait qu’il y avait une salle qu’il n’arrivait pas à ouvrir et donc a demandé l’aide des nains. J’y suis allé avec mes gars et comme à chaque fois, j’ai dit à l’antiquaire que je me payerai avec ce que je trouverai dans les fouilles. C’est une pratique courante et il a dit d’accord, pourvu que ça ne soit pas dans la chambre qui était scellée. Alors, pendant que mes gars forçaient la porte, je suis allé avec deux trois nains voir ce qui pouvait nous servir de salaire. C’est comme ça qu’on est tombé sur une autre salle scellée. On l’a ouverte et on est tombé sur une montagne de trésor en tout genre. Des tissus, des pierres, des livres, des richesses et en retrait, ce coffret tout simple en apparence et qui, à l’intérieure contient un véritable joyeux. Enfin, pour ceux qui n’ont pas l’habitude de voir des joyaux comme nous les nains. Comme je n’en voyais pas l’utilité et vu la façon dont il était caché, je suis dit que ça pouvait intéresser un collectionneur comme Lucien. D’autant qu’au vu de son isolement, si cet objet était si important, personne ne l’aurait trouvé là-bas.  

Etonnamment, le mage ne fut pas énervé par l’explication alors que Lucien, lui, avec toutes les connaissances qu’il avait sur les elfes, bouillonnait. Grodnír ne pouvait-il pas se douter que cette boîte contenait quelque chose d’important par le simple fait qu’elle se trouve dans une chambre scellée dans des ruines elfes ? Il fallait être stupide pour ne pas comprendre au moins cela, avec ou sans connaissance.

- Grodnír, dites-moi vous vous souvenez de votre employeur ? demanda calmement Bohémond.

- Hm… assez grand. Un peu vieux mais plutôt bien conservé pour un humain et il ne se déplaçait qu’avec un wyvern d’Epire.

- Osgaroth… marmonna Erendíl, les bras croisée sous sa poitrine et les yeux fermée.

- C.. comment ? Osgaroth ? Celui de la légende ? Le grand prêtre dragon lui-même ? s’interloqua Lucien en regardant avec de grands yeux fixés sur l’elfe puis sur le magicien qui répondit à ses interrogations.

- La description physique n’aide pas beaucoup mais le mode de déplacement lui correspond. Les prêtre-dragons ont toujours utilisé les dragons mineurs pour se déplacer et il n’y a qu’en Albion que les humains ont commencé à dompter ces bêtes. Si ce n’est pas Osgaroth, c’est certainement un de ses sbires. Il y a combien de temps que vous avez fait ces travaux Grodnír ? demanda Bohémond tandis que l’elfe, elle, demanda à Lucien de bien vouloir lui donner le coffret, ce que le jeune libraire fit avec une certaine gêne en voyant l’elfe aussi peu habillée se pencher vers lui pour récupérer l’objet.

- Il y a deux semaines tout au plus. Pourquoi cela ?

- Parce qu’en tant que magicien, je sais que les prêtre-dragons sont sensibles à la Grande Énergie. Sur Terre, cette énergie est omniprésente, mais de façon diffuser. Les gemmes d’Aravan sont des concentrations de cette énergie et sont comme des phares dans la nuit. Si cela fait deux semaines que vous avez récupéré cette boîte et que les prêtres dragons ne vous ont toujours pas attaqué, il doit bien y avoir une raison.

- La boîte en elle-même Truvenor. C’est une boîte elfique de la Première Ère et faite en arbre lune… dit Erendíl qui ne put terminer sa phrase, Lucien la finissant pour elle.

- Un arbre mythique qui était utilisé par les Haut-Elfes et les Elvarions dans leur forge afin d’éviter la perte de puissance magique des artefacts qu’ils fabriquaient. Aujourd’hui on dirait qu’il aurait des propriétés anti-magiques. Le coffret a donc bloqué le rayonnement pendant tout ce temps et sur le site de fouille, son ouverture n’aura fait que conforter les prêtres dragons que les pierres étaient là. Cependant nous avons ouvert le coffret à plusieurs reprises à Vorst ann Sermandor et… ce fut au tour de Lucien d’être interrompu par l’un des nains de la compagnie de Grodnír. Il déboula dans les bains, arme au poing et haletant, révélant qu’il avait couru de toute ses forces entre l’auberge du Vieux Cerisier et ce jusqu’ici.

- Seigneur Grodnír, des prêtre-dragons, ici, à Aarstven, il faut partir, maintenant ! »


* * * *
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