Daphné me récupéra ainsi au sommet de la tour de l'Académie. J'étais inconscient et l'énergie négative entrait en moi comme un raz-de-marée.
Les elfes scellèrent mon absorption naturelle à la magie. Je ne sentais rien. Pour les mages, surtout, les êtres immortels, la magie représentait tout.
Sans magie absorbée, c'était comme si rien n'existait. J'étais juste seul. Plus rien n'existait autour de moi.
Erion-sama et Aldaril-dono avaient ainsi commencé appeler ceux qu'il détestait le plus ; les Elfes Noirs. On les appelait communément les Drows.
Les serviteurs de la Matriarche me prirent pour m'emporter. Un serviteur laissa son bras tendu, paume vers le ciel. Tumindil donna une bourse rempli d'or comme payement de cette faveur que leur faisaient les Drows pour chaque Hérétique.
Ainsi, commença mon voyage vers les sous-terrains des Montagnes Noires.
Ainsi, commença mon voyage vers les « Enfers ».
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Quand je repris conscience, j'étais attaché. Le mot sanglé aurait été plus juste.
Puisque j'étais réveillé, j'appelais quelqu'un. Quelqu'un qui vienne me parler et me détacher de préférence.
Après plusieurs minutes, une elfe aux cheveux blancs et au teint noirâtre fit apparition devant moi. Cette personne posa ses yeux sur moi, elle m'évaluait, je le sentais. Les sceaux m'empêchant de recourir à la magie et à elle de m'alimenter étaient toujours en place. Ce qui fait que j'étais sans la moindre défense. Aussi fragile qu'un nourrisson.
Elle me déclara être la matriarche des elfes noirs ; elle se nommait Victoria O'Lesuthson. Et bien, j'étais enchanté de la rencontrer, mais certainement pas dans ces circonstances.
Elle m'expliqua brièvement ce qui allait m'arriver, même si en l'occurrence, je n'allais pas avoir beaucoup le choix...
Elle me dit donc que j'allais être enfermé dans une pièce où il allait augmenter l'énergie négative à l'intérieur. Une fois les sceaux enlevés, ma maladie fera en sorte que cette énergie rentre à l'intérieur de moi au plus profond de mon être pour le « nettoyer » de toute énergie positive qui ait pu circuler en moi.
Pour faire simple, c'était un lavement, mais constituer d'énergie. Selon l'énergie dominante corporelle et spirituelle, l'énergie emmagasinée n'était pas la même. Enfin, uniquement d'après ce qu'elle me disait.
Pour mon cas, le cas d'une Hérésie, un elfe sylvain qui emmagasinait de l'énergie positive le fait de capter de l'énergie négative transformait peu à peu mon corps. C'était du moins ce que j'avais compris puisqu'elle avait parlé avec plus de termes techniques.
Si j'avais été un haut elfe, ou elfe blanc, le changement aurait été encore plus nocif et plus violent pour mon corps, de même que si j'avais été un sang-pur.
Je devrais peut-être faire une prière de remerciement à mes parents pour avoir eu ce lignage...
Après cette explication, elle me dit que j'allais rester enfermer le temps que le processus se fasse. En l'effectuant comme cela, il accélérait le processus de plusieurs en quelques jours.
Elle quitta la pièce non sans me dire « à une prochaine fois... Si jamais vous êtes toujours vivant. »
Cela me donne envie de faire confiance en elle n'est-ce pas ?
Elle me retira les sceaux qui me liaient magiquement et sortit de la pièce en la fermant.
Je resterais dans cette pièce pour une durée de sept jours. J'avoue que pour moi, ce fut beaucoup plus long.
Comme elle me l'avait expliqué, des utilisateurs de magie noire remplirent la pièce d'énergie négative.
Comment définir cette sensation ?
Mon corps réclamait cette énergie, il la voulait, pourtant, elle était étrangère comme un nouveau besoin dont on ne connaît pas la nécessité, mais néanmoins vital.
Pour l'instant ce que je ressentais par rapport à cette nouvelle énergie, c'était comme un acide qui me rongeait de l'intérieur. Elle essayait de m'imprégner d'elle en excluant l'énergie positive dont mon corps restait marqué malgré tout par le temps.
Comme si on voulait remplir un verre d'huile alors qu'il y avait de l'eau.
La souffrance était indescriptible et intolérable, les mots ne me viennent pas à l'esprit et ne suffisent pas pour cela.
Chaques secondes était une heure ; chaque minute, une semaine ; chaque jour, un an.
Tout ce temps en étant dans l'état indéfinissable. La corruption de l'Hérésie s'infiltrait et envahissait petit à petit la totalité de mon corps.
Je ne sais plus à quel moment cela est arrivé, même si je ne sais pas si je n'avais plus de voix à cause de la douleur ou si la douleur était si immense que je ne pouvais émettre de sons.
Petit à petit, la noirceur définissait ma peau et mon âme.
J'avais déjà entamé des changements physiques avant de venir dans cet « Enfer ». Ce n'était rien par rapport à ce que j'avais imaginé.
En effet, après la semaine d'incubation, ma magie devint berserk et hors de contrôle. Comme je ne connaissais pas la magie noire, je ne savais absolument pas mélangée ma magie avec l'énergie négative. Quand ce mélange se fait contre votre gré et votre volonté, cela peut entraîner quelques effets secondaires.
L'un d'eux est de devenir Berserk et avoir la magie hors de contrôle.
Je défonçais la porte en métal renforcé qui scellait l'entrée de la « pièce » où j'étais.
Mon corps s'était transformé dans la version la plus parfaite de Dryade, c'est-à-dire que, je gardais mon torse, mais que mes bras et mes jambes étaient des racines ainsi que des branches qui permettaient d'attaquer.
Cet état d'Affliction n'était pas uniquement sur Dryade, mais également avec Ratastosk, très rapidement la faune animale des sous-terrains étaient invoqués et attirés dans cet endroit.
L'énergie négative ayant transformé mon corps, il était normal qu'il ait changé mon apparence en Dryade.
L'écorce était blanche et les feuilles grises métalliques.
Les elfes noirs qui avaient connu nombres de crises, avaient affaire à une nouvelle et pas des moindres.
Une crise qui ferait que je serais et redeviendrais pour toujours celui que j'avais été à une époque.
Pour la première étape et période de mon voyage dans cet « Enfer », celui que j'avais surnommé : le réveil de la Calamité d'Argent.